Tribune des militaires : « On nous voit charentaises aux pieds et kalachnikov à la main »

Tribune des militaires : « On nous voit charentaises aux pieds et kalachnikov à la main »

ENTRETIEN. Ancien officier de gendarmerie, Jean-Pierre Fabre-Bernadac est l’auteur d’une tribune appelant les gouvernants à retrouver l’honneur et le goût du patriotisme. Co-signée par des milliers d’ancien militaires, la tribune est sous le feu des critiques, suspectée d’annoncer un putsch. Quelles sont vraiment leurs intentions ?

Front Populaire : Vous avez récemment fait paraître une tribune co-signée par de nombreux militaires de tous rangs pour « un retour de l’honneur de nos gouvernants ». Quel est votre objectif ?

Jean-Pierre Fabre-Bernadac : Je suis persuadé que la population française n’en peut plus dans sa large majorité. Non seulement du Covid mais aussi du laxisme de l’Etat et du « en même temps » de son président. Comme je venais de terminer l’ouvrage Les Damnés de la France, j’ai pensé que le plus simple était, dans un raccourci, de parler de mon ressenti à mes camarades militaires et de leur demander leur accord à travers une signature à une lettre ouverte. Avec un ami nous avons créé le site « place-armes.fr » et y avons glissé la lettre, ceci le 13 avril et non le 21 comme le pensent Mélenchon et la ministre de la Défense. Depuis lors, nous avons l’intention de porter la lettre à l’Élysée, avec une délégation de l’armée, car le président de la République est le chef des Armées. Cela donnera ce que ça donnera mais nous avons l’attention de le mettre devant ses responsabilités.

FP : Il est vrai que votre texte a été publié en amont, mais médiatiquement, il a été mis en ligne sur le site de Valeurs Actuelles le 21 avril 2021, soit exactement 60 ans après le Putsch d’Alger des généraux. Vous comprenez que la symbolique puisse interpeller ?

J-P F-B : La lettre était sur notre site le 13 avril. Le 19 avril, j’étais chez André Bercoff sur Sud Radio pour en parler et j’ai expliqué lors de l’émission que la lettre y était depuis une semaine…A aucun moment il n’était question de cette date, jusqu’à la publication dans Valeurs Actuelles. C’est une polémique stérile qui sert à évacuer le fond du problème. Nous ne suivons pas les éphémérides des évènements du passé.

FP : Pensez-vous que l’armée serait plus à même de régler les problèmes de la France que les hommes politiques ? Si oui, en quoi ?

J-P F-B : Je pense surtout que l’armée est plus écoutée que les politiques, mais je ne pense pas qu’elle resoudrait à leurs places les problèmes ou alors il faudrait que survienne une explosion dans notre pays. Aujourd’hui, en ces temps de crise, l’armée doit être un aiguillon et doit pouvoir devenir une sorte de  « lobby », indiquer qu’elle ne veut pas, comme 90 % de la population, la disparition de la France. Nous ne prétendons pas remplacer les politiques, mais pour beaucoup de Français, nous sommes les garde-fous lorsque le pays va mal. Notre mission est de défendre la France, et ça les gens le savent.

FP : Vous parlez de « soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation ». De quel type de soutien parlez-vous ?

J-P F-B : De tous les politiques. Nous ne faisons pas de tri entre droite et gauche à une condition qu’ils aient la France au fond du cœur. Les gens de ce pays souffrent et nous souffrons avec eux de voir s’amenuiser les perspectives d’avenir sur notre sol pour nos enfants et petits-enfants. Vous avez remarqué que personne ne parle des Gilets Jaunes…Nous avons une liste de milliers de militaires de tous les rangs qui ont signé un texte saluant le courage des Gilets Jaunes, alors qu’on annonçait une fracture entre le peuple et les forces de l’ordre. Je vous avoue que moi-même, lorsque j’ai écrit les lignes sur les Gilets Jaunes dans la tribune, je pensais que cela pourrait faire grincer des dents chez certains militaires. Et bien non, aucun militaire ne m’a reproché ce soutien.

FP : Marine Le Pen vous a exhorté à la rallier. Comptez-vous le faire ?

J-P F-B : Non, nous ne roulons pas pour un parti en particulier. Marine Le Pen est une patriote parmi d’autres et elle a toute la latitude et légitimité pour essayer de rallier à elle les militaires. Chacun d’entre eux tranchera lors des élections en son âme et conscience, mais cela ne saurait nous engager collectivement. Notre seule volonté est de sauver le pays de la destruction. De surcroît, Marine Le Pen a commis une véritable erreur de jugement en méconnaissant une règle fondamentale du monde militaire : elle a parlé des « vingt généraux » en laissant dans l’ombre tous les hommes du rang qui ont signé cette tribune. Or, aucun général n’existe sans ses hommes. Cibler les « généraux » et snober les sans grades est une attitude qui relève des habitudes du calcul politique. Nous ne fonctionnons pas comme cela.

FP : Que répondez-vous à ceux qui vous accusent depuis quelques jours d’être des factieux ?

J-P F-B : Continuez ! …nous sommes passé en une semaine grâce à vous, Madame la ministre de la Défense, et à vous M. Mélenchon, de 500 signatures à 5000 et ceci en excluant tous les civils qui demandent à signer mais que nous écartons pour l’instant. Je vous annonce que nous avons l’intention de créer au sein du site : « Les amis de place d’armes » qui sera réservé aux civils. Du reste, il faut être cohérent, d’un côté on nous voit charentaises aux pieds et de l’autre kalachnikov à la main…Il faut savoir ! Ils vont sans doute devoir interdire les charentaises bientôt…au cas où il y aurait des militaires dedans. C’est ridicule… ou alors que l’on nous dise que l’on n’est plus en démocratie et que les anciens militaires à la retraite n’ont pas les mêmes droits que les civils. Mme Parly nous dit que nous sommes une bande de retraités qui parlent dans leur coin. Vous pensez sérieusement que nous n’avons aucun contact avec l’armée d’active ? Évidemment, l’armée est soumise au devoir de réserve, elle prend ses précautions et c’est très bien ainsi. Bien sûr que nous avons des contacts entre militaires, contrairement à ce qu’ils prétendent en croyant nous marginaliser. De toute façon, l’effet est évidemment contre-productif. Plus ils parlent de sanction et plus les gens nous soutiennent.

FP : Comment réagissez-vous à ce soutien populaire ?

J-P F-B : J’en ai été absolument étonné et très agréablement. Nous avons commencé cette initiative à trois, vous savez… C’est formidable et émouvant de voir que les gens nous soutiennent. Bien sûr, nous ne prétendons pas faire l’unanimité, mais c’est extraordinaire pour nous. Je reçois des centaines et des centaines de messages patriotiques, des drapeaux français, des gens qui me disent leur fierté d’être français, et la gentillesse des gens est désarmante. Vous savez, il y a des cons dans l’armée comme partout mais il y a la droiture et le sens de l’honneur. C’est ça que recherchent les gens et qu’ils ne trouvent plus chez les politiques.

Source : Front Populaire

Source: Lire l'article complet de Profession Gendarme

À propos de l'auteur Profession Gendarme

L'Association Professionnelle Gendarmerie (APG) a pour objet l’expression, l’information et la défense des droits et intérêts matériels et moraux des personnels militaires de la gendarmerie et de toutes les Forces de l'ordre.Éditeur : Ronald Guillaumont

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You