par Karine Bechet-Golovko.
Il faudrait choisir : soit le coronavirus est la nouvelle peste et dans ce cas aucune exception n’est possible, les cadavres doivent emplir les rues et ce n’est pas le moment pour acheter son pain ou sauver les migrants, soit ce n’est qu’un virus de plus et l’on pourrait peut-être nous lâcher le pompon et s’occuper réellement de renforcer l’Etat afin que nous soyons en sécurité, notamment sanitaire … En attendant, le spectacle vaut son pensant d’or. Le confinement de la population est une mesure globale (sauf la Suède), les médias du monde entier vous expliquent que la mort vous attend au coin de la rue (ce qui ne fut jamais le cas avant, lorsque l’homme était un Atlante). De leur côté, les policiers sont transformés en agent de financement du monde global, beaucoup moins sympathiques que les pervenches, mais tout aussi efficaces. Et pendant ce temps-là, « l’élite des experts » est immunisée contre ce virus très sélectif. Les migrants doivent à nouveau pouvoir circuler, manifestement ils appartiennent à la nouvelle race humaine, invulnérable. La justice devient électronique … et expéditive. L’école est une parodie, même s’il n’en restait déjà pas grand-chose. Heureusement, la propagande est parfaitemenr rôdée et on ne peut plus vitale pour ce système. Même si elle produit les effets de toute propagande – le rejet.
Chers concitoyens du Monde global, prenez peur, la peste rôde. Mais elle ne concerne pas tout le monde … Finalement, en confinement, les Français peuvent aller acheter du pain, car la peste couronnée s’écarte des boulangeries et de leurs acheteurs.
Les enfants doivent, en Russie comme ailleurs, rester à la maison, l’école est en vacances et les prof tentent de nous donner des cours de piano … par whatsapp – pour les volontaires, afin de s’adapter à une situation, dont l’on ne voit pas très bien la sortie objective. En revanche, selon les organes gouvernementaux, les enfants des parents qui ont des maisons de maître ou des hôtels particuliers à Moscou peuvent se promener … dans leur parc? Les autres … il fallait mieux choisir ses parents, essuies ton nez et arrête de pleurnicher.
Le césar de l’hypocrisie est toutefois décerné à la télévision, qui, en Russie, continue de nous abreuver de ces talk-shows pseudo-politiques, répandant, justifiant, martelant le « bon » point de vue, la bonne parole. Ainsi, sur les plateaux des chaînes fédérales se succèdent les experts, reconvertis au coronavirus. Et le bon peuple, le simple peuple, qui n’est pas la chance d’appartenir à la caste privilégiée des experts (presque des surhommes inaccessibles au virus), qui n’a pas d’hôtel particulier à côté de Moscou, doit rester terré chez lui à les regarder et écouter lui expliquer à quel point il est criminel de mettre le nez dehors, à quel point toutes ces mesures restreignant les libertés fondamentales, faute d’avoir une légalité solide, sont en tout cas absolument nécessaires. Si les enfants peuvent apprendre le piano par whatsapp, ils ne pourraient pas parler par skype ? Certes, cela perdrait beaucoup de son intérêt … Un peu comme le piano d’ailleurs …
Sans public maintenant pour faire la claque, mais il semblerait que même les distances dites « sociales » (et non sanitaires) par Sobianine, de 2 m, ne concerne pas ce peuple élu, protégé par la bonne parole :
Pendant que ces experts, les garants du monde du spectacle, défilent sur les plateaux, la justice, elle, est suspendue : plus d’accès à l’avocat, plus de convocation pour interrogatoire, plus d’accès à la justice finalement, rien. Seulement, la réalisation du fantasme de la justice électronique qui se résume, sans surprise, à des séances formelles de skype pour prolonger automatiquement les détentions. Chaque époque a ses priorités, les nôtres sont assez pitoyables.
Pour continuer sur la question des priorités, alors que chacun doit rester chez soi, la circulation des migrants, elle, va reprendre. Le peuple élu traversant la mer. Elle aussi fait partie du spectacle :
« Le bateau humanitaire Alan Kurdi va reprendre ses opérations de sauvetage de migrants au large de la Libye, a annoncé l’ONG allemande Sea Eye mardi 31 mars. Il sera le seul à opérer dans la zone en raison de la pandémie de coronavirus. Le navire dirigé par la capitaine allemande Bärbel Beuse a quitté lundi soir le port espagnol où il se trouvait depuis deux mois pour des réparations. Il devrait atteindre la zone de secours et de recherche au large des côtes libyennes « vraisemblablement ce week-end », a précisé l’organisation dans un communiqué.
L’absurdité de la situation qui se renforce avec le temps, autant qu’elle s’éloigne de la légalité républicaine, provoque des réactions. Par exemple, dans le Sud-ouest de la France, région magnifique et accueillante, un vent de contestation se lève. Des gens refusent, par principe, de sortir avec leur laissez-passer :
« Anne de Brouwer, Alain Bonneau, Merilu Solito, Michèle Setti et Renaud de Bellefon lancent un appel afin de ne plus présenter l’attestation de circulation.
« Il répond à une inquiétude que nombre d’entre nous, peut-être de plus en plus, partageons sur la privation de liberté aujourd’hui, l’instrumentalisation (réflexe et réfléchie, les deux peuvent exister conjointement) de la crise sanitaire actuelle par les pouvoirs en place, sur comment demain se dessinera (rattrapage du temps perdu à produire, consommer, etc ou prise de conscience d’un changement radical nécessaire ?). Ces inquiétudes sont partagées comme en témoignent ces deux documents, l’un du Syndicat de la magistrature, l’autre de l’observatoire des droits de l’Homme. Ce type de réaction n’est peut-être pas dans l’air du temps, ce temps où la peur tant du virus que du « flic », guide nos actes et positions. Néanmoins il faut partager ce questionnement de l’un d’entre nous « la santé ou la liberté, qu’est ce qui est le plus important ? Nous vous prions donc de le publier dans vos médias, car c’est un appel public nécessaire en ces temps de démocratie au ralentie. », explique Renaud de Bellefon ».
La Russie s’engage sur la même voie, une deuxième semaine non travaillée s’annonce, et les amendes ont été votées par le Parlement. La police pourra donc également aider, comme en France, à compenser les pertes budgétaires. En revanche, la légalité des mesures annoncées de surveillance généralisée des Moscovites étant toujours en discussion, un certain sursis, court, est en place en attendant que le Parlement donne au Gouvernement (contournant étrangement ainsi le Président) le pouvoir de déclarer les circonstances exceptionnelles, seul cadre légal justifiant une restriction massive des libertés. Beaucoup de voies s’élèvent contre ces codes électroniques conduisant à un traçage de la population en général, ce qui dépasse largement la question de la sécurité sanitaire des personnes malades. Et il semblerait que le fantasme tourne court, ces QR codes ne seront utilisés, qu’avec l’autorisation expresse de la personne concernée, et uniquement pour les personnes contaminées ayant choisi d’être traité à domicile. Faute de grives, l’on mange des merles, mais tout n’est pas fini.
L’absurdité de la situation saute aux yeux. Gardons-les ouverts.
Et si vous avez peur d’attraper le coronavirus et ne savez pas quoi faire, demandez-vous pourquoi tous ces « experts », migrants et autres figures emblématiques n’ont pas d’entraves à la circulation. Demandez-vous, finalement, ce que vous faisiez lors de la grippe ? Si en principe vous avez peur d’être malade, il n’y a qu’une seule solution : la première source de maladie est la vie. La solution viendra de toute manière d’elle-même et lorsque nous serons calmement couchés dans nos tombeaux, bien à l’abris de tout, alors je vous le promet, nous ne risquerons plus rien.
Personnellement, je fais le choix de la vie. Et des risques qui vont avec elle. Sans pour autant en accepter les absurdités. Surtout lorsque le spectacle est d’une aussi piètre qualité.
source : http://russiepolitics.blogspot.com
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