Plus dure sera la chute *

Plus dure sera la chute *

C’est quasiment faire injure aux pays dits du tiers-monde que de soutenir que nos infrastructures publiques comme les routes, les hôpitaux, les écoles, les garderies sont aujourd’hui dans un état de décrépitude tel que nos ministres devraient se voiler la face quand ils sont en voyage à l’étranger.

Le Québec a été gouverné pendant plusieurs années par une cohorte de médecins : le docteur Yves Bolduc, le docteur Gaétan Barrette, le docteur Philippe Couillard, le docteur Roberto Iglesias, secrétaire général du gouvernement libéral. On voit ce que la chose a donné : le Québec n’en finit plus de se relever d’une maladie, qui a quasiment tout détruit sur son passage et qu’on a nommée l’austérité.

Nous sommes maintenant sous la coupe de comptables, que Lysiane Gagnon avait appelés à l’époque le Merveilleux monde des affaires (MMA) : le comptable en chef, François Legault, le comptable à la Santé et aux Services sociaux, Christian Dubé, le comptable à l’Économie, Pierre Fitzgibbon et celle qui l’a remplacé, Christine Fréchette.

Les indices étaient nombreux, mais le chat est finalement sorti du sac dans un article de La Presse publié le 8 décembre 2023. « Pour le premier ministre, il est incontournable d’assouplir les conventions collectives pour donner de nouveaux pouvoirs aux gestionnaires dans les réseaux de la santé et de l’éducation. Des gestionnaires qui, par ailleurs, deviennent davantage imputables et devront “donner des résultats” en vertu des réformes Dubé et Drainville, a-t-il plaidé. “C’est comme ça que ça marche au privé, et c’est comme ça que ça devrait marcher dans le secteur public”, a proclamé le premier ministre dans sa profession de foi. » 

Le gouvernement de médecins avait amené notre système de santé à un centimètre du précipice. Le gouvernement des Top Guns du privé, comptables de profession, a achevé la job. Ces comptables ont mis le Québec tout entier dans un chaos dont on n’entrevoit pas la fin.

À l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, dont les murs tiennent avec de la broche à clôture, on a vu un écureuil dans une chambre.

À l’hôpital de Drummondville, ce sont des chauves-souris qui viennent égayer les journées des patients.

Aux urgences, des employés doivent se payer des douches non souhaitées tellement la plomberie est à bout de souffle.

Les médias rapportent chaque jour comment tant les écoles que les cégeps tombent en ruine.

Le 8 avril, Le Devoir publiait un lourd dossier dénonçant la décrépitude des garderies publiques.

Tout cela sans parler de l’entreprise étasunienne Stablex, pour qui le gouvernement Legault a déroulé le tapis rouge afin qu’elle continue d’enfouir à Blainville des résidus dangereux, allant même jusqu’à adopter sous bâillon une loi spéciale pour satisfaire ses besoins.

Près de vingt pour cent de ces résidus proviennent des États-Unis, ce qui a amené un lecteur du Nouvelliste à écrire que le slogan Maîtres chez nous était désormais remplacé par Mettre chez nous

Tout cela pendant que l’argent public coule à coups de milliards de dollars dans des projets privés qui coulent à pic, Northvolt et Lion Électrique en étant les exemples les plus éloquents.

La lyre. Le golf

Le New York Post, un journal qui lui est pourtant très sympathique, a publié à la une la photo du président jouant au golf, trois jours après avoir semé le chaos dans la planète économique tout entière. Trois jours après l’annonce de ces tarifs, Wall Street avait vu 6 000 milliards de dollars de valeur boursière s’envoler en fumée.

Cette photo m’a rappelé l’histoire de l’empereur Néron, jouant de la lyre en regardant Rome brûler. Les historiens ont considéré Néron comme un être narcissique, imbu de lui-même. C’est ce que les psychiatres disent de Trump. Et, curieusement, Néron était acclamé par la plèbe parce qu’il s’attaquait aux élites. Comme Trump, qui s’en prend à ce qu’il appelle le « deep state ».

J’écris cette chronique le 9 avril. Sur son site, ce matin, ce président, qui se décrit comme un « génie stable », a écrit : « C’est le temps d’acheter ! » Quatre heures plus tard, il annonçait la suspension des droits de douane réciproques qui avaient commencé de s’appliquer à minuit. Et les bourses de s’envoler… De là à croire que des initiés, y compris le président lui-même, ont fait la passe, il n’y a qu’un pas…

Il n’y a pas que les milliardaires qui baisent la bague de Trump qui n’ont pas de soucis avec leur fin de mois. L’ex-grand patron de Cascades, qui a pris sa retraite en 2024, s’est vu remettre un chèque de départ de 10 millions $.

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* Titre d’un film paru en 1956.

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Source: Lire l'article complet de L'aut'journal

À propos de l'auteur L'aut'journal

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