
Par Andrew Korybko − Le 31 mars 2025 − Source korybko.substack.com
Le nombre des pertes militaires ukrainiennes, colossal, n’est sans doute pas propagé aux listes électorales ; Zelensky pourrait exploiter ce décalage pour frauder lors d’élections, en s’octroyant une avalanche de voix factices.
The Economist cite des sources ukrainiennes non identifiées qui ont indiqué ce week-end que Zelensky pourrait briguer un nouveau mandat au cours d’une campagne volontairement courte, qui pourrait se clôturer au milieu de l’été et ainsi défavoriser fortement ses opposants en leur laissant trop peu de temps pour se présenter aux électeurs [toute ressemblance avec les dernières législatives françaises serait évidemment fortuite, NdT]. Il envisage ce moyen pour empêcher Trump et Poutine, dont il pense qu’ils conspirent dans son dos, chacun de son côté ou de concert, pour l’expulser de la présidence au travers d’élections.
Mais Zelensky pourrait disposer d’un as dans sa manche s’il suit ce plan, car il est probable que nombre des soldats tués n’auront pas été retirés des listes d’électeurs de la Commission Électorale Centrale. Cela permettrait de l’aider à remporter une réélection frauduleusement, en s’octroyant une avalanche de votes factices. Après tout, Zelensky a affirmé début 2025 que l’Ukraine n’avait perdu que 46 000 hommes environ, alors que les sources russes affirment le plus souvent un nombre de mort de l’ordre du décuple.
Pour ce que cela vaut, le dernier échange en date de soldats morts au combat a vu l’Ukraine recevoir 909 dépouilles, contre 43 pour la Russie, ce qui constitue un ratio de 21 pour 1. Il est donc probable que les estimations russes des pertes ukrainiennes soient plus proches de la réalité que celles qui sont avancées par Zelensky. Si l’on part de ces estimations, on peut en induire assez logiquement que l’énorme écart entre les chiffres officiels de Kiev et la réalité ne sont pas reflétés officiellement dans les bureaux de votes. Si ces derniers étaient tenus à jour, Zelensky ne pourrait pas soutenir son simulacre de 46 000 pertes seulement.
Son gouvernement ne peut pas reconnaître qu’un nombre très supérieur de soldats a été tué, car cela provoquerait un effondrement du moral dans le pays ; ses mensonges passés se verraient exposés et il s’en trouverait encore plus discrédité. Il s’ensuit donc que les chances sont bien maigres pour qu’il permette une mise à jour des listes électorales pour refléter l’échelle effroyable des pertes subies par le pays, d’autant plus que les maintenir dissimulées pourrait faciliter des fraudes électorales. Il n’existe aucune raison pour qu’il se prive de telles fraudes, après être déjà resté au pouvoir sans légitimité depuis l’expiration de son mandat au mois de mai 2024.
Bien au contraire, tout le pousse à s’assurer que les pertes ukrainiennes ne soient pas reflétées dans les listes électorales, chose qu’il pourrait accomplir en utilisant ses influences sur des institutions bien connues pour leur degré de corruption. Quiconque fera connaître la vérité à ce sujet, que ce soit au sujet des véritables pertes ukrainiennes ou au sujet de sa possible tentative de truquer les prochaines élections par ce moyen, pourrait se voir arrêté par le SBU sous prétexte de « sécurité nationale ». L’Ukraine est déjà un État policier sur lequel cette agence exerce un contrôle total, si bien que ce scénario n’a rien de loufoque.
C’est ici que les États-Unis pourrait apporter une différence, en publiant officiellement leurs estimations officielles des pertes ukrainiennes, et en demandant à ce que les listes électorales soient mises à jour pour refléter ces pertes comme condition préalable à une reconnaissance de leur part du résultat des prochaines élections. Zelensky pourrait ainsi se voir contraint au dilemme suivant : ou bien défier les États-Unis et par conséquent voir son processus électoral totalement discrédité aux yeux du monde, ou bien souscrire à cette demande et se discréditer sur le plan intérieur en exposant ses propres mensonges passés au sujet des pertes subies par l’Ukraine.
Il va également falloir du temps pour mettre à jour les listes électorales convenablement, et les États-Unis pourraient même demander à superviser ce processus, pour réduire la probabilité de fraudes, ce qui pourrait étendre la durée des processus, et donc déboucher sur une campagne électorale plus longue que ce qu’aimerait voir Zelensky. Cela aiderait incontestablement ses rivaux, que les États-Unis pourraient également soutenir pour aider à faire partir Zelensky par ce moyen, une forme de revanche de Trump après l’esclandre survenu à la Maison-Blanche en février 2025. Il sera intéressant de voir ce qui va suivre.
Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.
Traduit par José Martí relu par Hervé pour le Saker Francophone
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