
Nous sommes habitués à partir de la fiction d’un état de nature qui, bien loin d’être un état de l’esprit exprimant la volonté rationnelle, est l’état des animaux dans leurs relations mutuelles.
Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Leçons sur l’Histoire de la philosophie
Le nom de philosophie a été donné à tout ce savoir qui s’est occupé de la connaissance de la mesure invariante et de l’universel dans l’océan des singularités empiriques.
… La nature est en soi, dans l’idée, divine, mais, telle qu’elle est, son être ne correspond pas à son concept ; elle est bien plutôt la contradiction non résolue.
Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Encyclopédie
L’être humain est la véritable Gemeinwesen de l’homme.
Karl Marx, Gloses critiques marginales à l’article : « Le roi de Prusse et la réforme sociale par un Prussien », 1844
… Ad vocem [concernant] Maurer : ses livres sont extrêmement importants. Non seulement la préhistoire, mais aussi toute l’évolution ultérieure des villes libres d’Empire, des propriétaires fonciers possédant le privilège de l’immunité, de la force publique, de la lutte entre la paysannerie libre et le servage, tout cela prend avec lui une tout autre forme.
Il en est de l’histoire de l’humanité comme de la paléontologie. Des choses qu’on a sous le nez, même les meilleurs esprits ne les voient pas, dans leur principe, en fonction d’un certain judicial blindness [une certaine cécité de jugement]. Puis, le moment venu, nous sommes surpris qu’il y ait des traces partout de ce que nous n’avions pas pu voir. La première réaction à la Révolution française et aux Lumières liées à elle, était naturellement de tout considérer sous l’aspect médiéval et romantique, et même les gens comme Grimm n’en ont pas été exemptés. La deuxième réaction à ce sujet est de regarder au-delà du Moyen-âge dans l’âge primitif de chaque peuple – et cela correspond à la tendance socialiste, bien que les savants ici concernés n’aient aucune idée qu’ils y soient liés. Et ils sont alors bien surpris de retrouver ce qui est le plus récent dans ce qui est le plus ancien, et même des Egalitarians to a degree [égalitaires jusqu’à un degré] qui aurait fait frémir Proudhon de peur.
Combien nous sommes tous prisonniers de cette judicial blindness [cécité de jugement] : précisément dans ma région d’origine, dans le Hunsrück, l’ancien système germanique a survécu jusqu’à ces dernières années. Je me souviens maintenant que mon père m’en parlait en sa qualité d’avocat. Une autre preuve : tout comme les géologues, même les meilleurs comme Cuvier, ont interprété certains facts [faits] complètement de travers, de même que les philologues de la force d’un Grimm, ont mal traduit les phrases latines les plus simples parce qu’ils étaient sous l’influence de Möser, etc. (qui, je m’en souviens, était enchanté de ce que la « liberté » n’ait jamais existé chez les Allemands, mais au contraire que « l’air qu’on y respire rende serf »). Par exemple, le fameux passage de Tacite : « arva per annos mutant et superest ager », ce qui signifie : ils permutent (en tirant au sort, c’est pourquoi il est question plus tard de tirage au sort dans toutes les Leges Barbarum [lois des barbares]) les champs (arva), et il reste la terre commune (ager par opposition à arva en tant qu’ager publicus) ; Grimm traduit : ils cultivent chaque année de nouveaux champs et il reste cependant toujours de la terre (non cultivée) !
De la même manière, le passage : « Colunt discreti ac diversi ! », [ils vivent isolés et séparés] devait prouver que les Allemands dès les premiers temps, avaient cultivé leurs terres dans des fermes individuelles comme des hobereaux de Westphalie. Mais dans le même passage, on lit plus loin : « Vicos locant non in nostrum morem connexis et cohaerentibus aedificiis; suum quisque locum spatio circumdat »[ ils n’organisent pas leurs villages à notre mode, avec des bâtiments qui s’appuient et tiennent les uns aux autres; chacun entoure sa demeure d’un espace libre], et de tels villages primitifs germaniques existent toujours dans la forme décrite, çà et là, au Danemark. De toute évidence, la Scandinavie devait devenir aussi importante pour la jurisprudence et l’économie allemande qu’elle l’est pour la mythologie. Ce n’est qu’en partant de là que nous pourrons à nouveau déchiffrer correctement notre passé. Soit dit en passant, même Grimm, etc., trouve dans les écrits de César que les Allemands se sont toujours installés par communautés, et non individuellement : « gentibus cognationibusque, qui uno coiereant » [par familles et tribus, qui s’établissaient en communauté].
Mais que dirait old [le vieil] Hegel, s’il apprenait dans l’au-delà que l’Allgemeine [le général] en allemand et en nordique ne signifie rien d’autre que Gemeinland [les territoires communaux] , et le Sundre, Besondre [le particulier], rien d’autre que la parcelle particulière séparée de la terre communale? Voici les catégories logiques qui résultent bien de « nos rapports sociaux » après tout.
Très intéressant est le livre de Fraas (1847) : Klima und Pflanzenwelt in der zeit, eine Geschichte beider (Le Climat et la flore dans le temps, leur histoire commune) : il démontre en effet qu’à l’époque historique le climat et la flore changent. Il est darwinien avant Darwin, et admet même que les espèces se développent à l’époque historique. Mais il est en même temps agronome. Il affirme qu’avec la culture du sol, en fonction de son niveau, l’« humidité » si prisée des paysans se perd (d’où la migration des végétaux du sud vers le nord), et enfin la formation des steppes qui en découle. Le premier effet de la culture est utile, mais finalement dévastateur par le déboisement, etc. Cet homme est à la fois un philologue érudit (il a écrit des livres en grec) un chimiste et un agronome, etc. La conclusion est que la culture – lorsqu’elle progresse naturellement, sans être administrée consciemment, (en tant que bourgeois, il n’atteint évidemment pas ce point) – laisse derrière elle des déserts : la Perse, la Mésopotamie, etc., la Grèce. Une fois de plus, voilà de nouveau, inconsciemment, la tendance socialiste !
Karl Marx à Friedrich Engels, 25 mars 1868
Enfin, la Communauté apparaît, non par une longue évolution, mais par une révolution à caractère prolétarien qui coïncide avec une émancipation universelle à laquelle succède évidemment une évolution indéfiniment perfectible ; et cela, parce que le salariat est détruit (oui ou non?), la circulation du capital terrassé (oui ou non ?), il n’y a pas de milieu ! .
Raoul Brémond, La Communauté, 1938
Le communisme est la connaissance d’un plan de vie pour l’espèce humaine.
Prometeo, 1952
L’abolition du travail ne peut s’exprimer que sous la forme anti-politique de l’auto-émancipation humaine à qui revient la tâche historique d’affranchir les êtres humains du travail et de solutionner définitivement tous les antagonismes qui en résultent et qui opposent l’homme et la nature, l’homme et l’homme, l’espèce et l’individu, l’activité et la jouissance.
La communauté humaine détruira tous les modes d’activité spécifique liés au système de l’indistinction marchande et d’abord le travail, essence du spectacle qui a exilé l’homme de lui-même en l’enchaînant dans la dictature démocratique de l’isolement narcissique et du foisonnement de la spoliation humaine.
CRITIQUE DE LA SOCIETE DE L’INDISTINCTION





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