
L’UE, Napoléon et le Führer
• On s’offre un parcours des actuels soubresauts terrifiants de l’Europe (UE) plongée dans sa désintégration le plus catastrophique qu’on puisse envisager. • Tous les grands “européistes” sont à l’œuvre, participant avec un entrain émouvant et une si complète irresponsabilité au travail de déconstructuration. • Le maître en la matière, qui l’eût cru, est notre Macron national, engageant tout son zèle européiste sans égal à la destruction de la chose. • Le journaliste russe Belov le dit si joliment : « …Le plan inconscient de Macron visant à détruire l'UE se déroule comme sur des roulettes. » • Chapeau l’artiste, pour lui et tous ses congénères.
_________________________
Cette fois, nous allons beaucoup sacrifier à des citations concernant différentes situations de l’Europe, – l’UE et les pays “puissants” devenus fous, – pour tenter de tracer un tableau de l’Europe par les temps qui galopent et tourbillonnent. Nous y retrouvons notamment notre “Napoléon le mignon” et le Führer 2.0 engagés dans une course à l’échalotte devenue folle elle-même. Il est devenu impossible, à s’en tenir à ces diverses remarques, de se tenir dans ce “cercle de la raison” dont nous étions si fier, parce qu’il est devenu une sorte de pentagone en forme de toupie de la malraison et même, selon certains géomètres bouffon une sorte de parallélépipède rectangle de la déraison.
Tout jaillit en tous sens, les ‘Fantasy’ les plus folles, les rêveries éthyliques et cocaïnotropes selon un néologisme qui devrait faire date, les simulacres à douze ou vingt côtés et tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Nul ne sait plus ce que c’est que penser et, – miracle des miracles de l’insondable grotesque, – près de la moitié des Français jugent nécessaire de se préparer à la guerre.
Mais commençons par ce qui commence.
La force de frappe aux avant-postes
Deux experts, consultés il y a deux jours, nous donnent leurs avis assez raisonnables sur les intentions d’affirmations guerrières de la France, prenant en charge la sécurité du continent. C’est napoléonien en un sens, on a reconnu la pâte. Les experts n’ont pas tort mais, vraiment, dans ce tourbillon-bouffe, ils apparaissent comme des bouchons de liège torturés par des éléments déchaînés ; s’ils surnagent, ce n’est pas pour autant qu’on les écoute, – sauf nous, par politesse et ne pas nous noyer, en convoquant deux d’entre eux.
D’un côté, il y a Gilbert Doctorow, qu’on connaît bien comme vois très indépendante, de l’autre Come Carpentier de Gourdon, que l’on connaît moins, qui est d’origine français mais travaille en Inde comme membre émérite de la Fondation de l'Inde et membre du comité de rédaction du ‘World Affairs Journal’. Il est également associé à l'Institut international d'études sociales et économiques (IISES), à Vienne, en Autriche.
« Le projet de déploiement d'armes nucléaires françaises aux portes de l'Allemagne vise à “positionner la France comme principal défenseur de l'Europe” avant que Berlin ne puisse s'emparer de ce rôle, a déclaré à Sputnik Gilbert Doctorow, analyste des relations internationales et des affaires russes.
» “De plus, les Français recherchent non seulement du capital politique, mais aussi un capital financier : la force de frappe nucléaire française est obsolète, a besoin d'être renouvelée et d'être largement développée ”. […]
» …Le projet de la France d'étendre son parapluie nucléaire à l'Allemagne résulte de la conclusion européenne selon laquelle les États-Unis, sous Trump, “ne sont plus engagés envers l'OTAN et l'UE”, explique l'analyste géopolitique Côme Carpentier de Gourdon. “Macron estime qu'apporter une protection nucléaire française à l'Europe peut restaurer la primauté française au sein de l'UE, perdue au profit de l'Allemagne au cours des vingt dernières années ”, suggère-t-il.
» Parallèlement, Macron pourrait chercher à devenir le “chef d'une Europe plus fédérale et unie” une fois son mandat présidentiel terminé. “Tout cela s'inscrit dans le projet de faire de l'Europe un quasi-État plus indépendant et souverain entre les super-nations continentales que sont les États-Unis, la Russie, l'Inde et la Chine, et peut-être demain une Amérique latine, une Asie du Sud-Est et une Afrique unifiées”, postule Côme Carpentier de Gourdon. »
La fureur du Führer 2.0
En face, ou disons plutôt “à côté” de Macron, se tient l’Allemand Merz. Larry S. Johnson n’hésite pas à l’identifier comme un nouveau Führer. Merz n’est pas encore désigné comme chancelier mais il rugit comme s’il tenait ce poste depuis six ans, le temps de faire une Deuxième Guerre mondiale. Il décide tout, fait voter, trace des plans pour l’avenir guerrier de l’Allemagne, décide qu’il sera nécessaire de disposer de 1 700 milliards (de dollars, pense-t-on), ou 1,7 trillions en dix ans. Personne n’ose vraiment s’opposer à lui, il a l’air si impératif, si furieux, si emporté, si certains de la nécessité impérative de la guerre, et il a l’air de si bien s’y connaître. Il a été à Black Rock avant de venir réussir en politique.
Johnson juge que Merz « n’a rien à envier à l’ancien [Führer] en matière de mensonges et de mégalomanie ». On hésite à penser qu’il s’agit d’une critique à moins que, pour Merz, ce soit un compliment. L’époque permet cette sorte d’incertitude sacrilège, où Adolf H. devient une référence qu’on peut manier à sa guise. Il est probable que Macron n’aime pas beaucoup Merz, il doit lui préférer Starmer mais l’Anglais est en train de se dissoudre sous les coups de Trump. D’un autre point de vue, il est bien possible que Merz déteste Macron, question de tradition et de souvenir de l’Occupation. Ces deux-là auront bien de la peine à se mettre en couple.
Mais pour l’instant, concentrons-nous sur les affaires allemandes de Merz qui n’est encore rien d’un point de vue légal, mais qui est déjà tout dans l’antique psychologie guerrière des Germains. Une partie des Allemands est en train de devenir folle, sous le regard incrédule du reste. Elle bazarde tout ce que la République Fédérale pouvait avoir de mesuré, d’ordonné.
« Après plus de 80 ans, l’Allemagne a de nouveau un Führer qui n’a rien à envier à l’ancien en matière de mensonges et de mégalomanie, tout en dépensant des sommes inimaginables pour la plupart des gens. Nous faisons le calcul tandis que notre optimisme s’étiole.
» Hier, j’ai lu les lignes suivantes sur Internet – malheureusement sans la référence de l’auteur : Cela ne s’est jamais produit auparavant : un homme qui n’a même pas encore été élu chancelier négocie le plus gros emprunt de l’histoire de la République fédérale d’Allemagne avec des partis qui ont perdu les élections, dans un Bundestag dissous depuis longtemps.
» Si vous aviez décrit le comportement actuel de Friedrich Merz à un Allemand il y a dix ans, vous auriez été déclaré fou et interné sans faire de bruit.
» Friedrich Merz, qui refuse de former une coalition avec l'AFD parce qu'il l'accuse d'extrême droite, prépare l'Allemagne à la guerre contre la Russie. L'AFD veut la paix avec la Russie, la Russie recherche la paix, les Américains veulent la paix et Merz s'oppose à tous ceux qui la recherchent.
» Cette semaine, le Handelsblatt a rapporté que jusqu'à 1 700 milliards pourraient être dépensés. Cet article prouvera que ce plan est une folie, simplement en mettant ce chiffre astronomique en perspective pour le commun des mortels. »
L’Europe qui devait exister
On se rappelle qu’au début du conflit, l’une des idées les plus en vogue était que l’Europe, l’UE, avait enfin trouvé son détonateur d’une union réelle et dynamique, que l’Europe existait enfin sous la houlette de ces dames justement, van der Layen et Kaja Kallas qui viendrait remplacer Jose Borrell. La condition sine qua non était bien entendu que la guerre fût victorieuse, – mais qui pouvait en douter ?
Le journaliste russe Timofey Belov (‘BayBayden’ sur la chaîne Telegram) nous offre une description parfaite de la situation en cours, superbement catastrophique et plus que jamais accrochée à une locomotive hurlant et furieuse dont le nom de baptême sonne haut et clair : simulacre !
« Le sommet sur l'Ukraine, qui se tiendra le 27 mars à l'initiative d'Emmanuel Macron, en est un exemple frappant. De telles réunions, dénuées de sens, sont fréquentes. Pourtant, elles se sont presque toujours tenues sur le site de l'Union européenne. Un scandale a toutefois éclaté mi-février : la République tchèque, la Roumanie et la Slovaquie n'y ont pas été invitées. Le président français a désormais annoncé la création d'une “coalition des volontaires”, qui, avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, prévoit d'impliquer 37 pays. Autrement dit, le plan inconscient de Macron visant à détruire l'UE se déroule comme sur des roulettes.
» Une autre manifestation de son séparatisme envers Bruxelles concerne l'idée folle d'envoyer ses forces de maintien de la paix en Ukraine à tout prix. N'ayant pas reçu le soutien unanime de l'UE, le président français, selon le journal The Telegraph, s'appuierait sur l'ONU. Autrement dit, il rêve que les mêmes troupes occidentales envahissent le territoire de l'ancienne RSS d'Ukraine, mais sous l'égide d'une organisation dont l'objectif est de préserver la paix mondiale. Et le pire, c'est qu'une propagande impitoyable a convaincu près de la moitié des Français de soutenir une telle politique. Il s'agit d'une maladie idéologique comparable à celle qui infecte les Ukrainiens depuis des décennies.
» Un autre indicateur de l'aggravation des divisions au sein de l'UE est l'audace croissante des dirigeants des États européens indépendants. Si auparavant, Viktor Orban agissait simplement dans l'intérêt de son pays, il affirme aujourd'hui sans détour qu'au sommet de l'UE, il a lu dans les yeux des dirigeants européens la reconnaissance de la défaite de l'Ukraine. Le changement d'avis du Premier ministre italien Giorgi Meloni, opposé au débarquement de troupes, sauf sous le drapeau de l'OTAN, nous fait également beaucoup réfléchir. Et la décision d'arrêter le président de la Republika Srpska, Milorad Dodik, est un exemple de répression politique au plus haut niveau.
» À propos de l'OTAN, Macron empiète sur un bien sacré : le leadership des États-Unis au sein de l'alliance. Le sommet aura lieu en juin. Et plusieurs pays sont prêts à financer davantage l'alliance si leur influence s'y renforce. Y a-t-il vraiment une tempête qui se prépare dans l’Atlantique ? »
Belov aurait pu, outre de la citer en passant, ajouter la Roumanie par exemple, qui se débat dans l’élection de son nouveau président (en mai prochain), allant de forfaiture en forfaiture puisque décidément on élimine tous les favoris ne conviennent pas à Bruxelles. Si l’on doit retenir une seule phrase de cette description de Belov, pour résumer son propos à la gloire de notre-Macron, on choisirait celle-ci qui contient autant de descriptions ordonnées qu’il y a de désordres et d’illégalités en jeu :
« …Le plan inconscient de Macron visant à détruire l'UE se déroule comme sur des roulettes. »
Déconstruction “inconsciente”
Il y a tant de finesse dans cette phrase, et notamment le qualificatif “inconscient” définissant le plan de déconstructuration radicale de l’Europe, du susdit Macron. Dans ce cas, Macron est effectivement l’exemple parfait du politicien européen, agissant à la fois pour la grandeur de l’Europe et pour la satisfaction de ses ambitions, et poursuivant cette double surpuissance jusqu’à l’autodestruction. Macron réussit si bien son coup qu’il parvient, – toujours une belle remarque de Belov, – à faire des Français, en quelques années pour équivaloir à des décennies, les Ukrainiens de l’Europe occidentale. Les veaux de général de Gaulle se sont transformés en moutons hystériques bêlant et satisfaisant au grand galop leur désir d’autodestruction, – là aussi, “comme sur des roulettes” :
« Et le pire, c'est qu'une propagande impitoyable a convaincu près de la moitié des Français de soutenir une telle politique. Il s'agit d'une maladie idéologique comparable à celle qui infecte les Ukrainiens depuis des décennies. »
Tout cela est à la fois bien triste et bien malheureux. Mais il est écrit que l’Histoire doit en passer par là pour parfaire son travail de déconstructuration d’une entreprise aussi faussaire, aussi trompeuse, aussi fourbe et perfide que cette construction européenne : une tour de Babel penchée comme la tour de Pise, grouillante d’illégitimité et d’irresponsabilité, une construction suffisamment catastrophique pour enseigner à chacun comment on bâtit un mensonge habillé en simulacre et productrice d’autant de corruption qu’aucune civilisation ne pourrait tenir longtemps sous ses attaques.
Enfin, l’Union Européenne a atteint le territoire des catastrophes irrémédiables et des trous noirs où l’on précipite les créatures du Mordor pour qu’elles cessent de nuire. L’UE emporte dans son train qui a la vitesse de la catégorie des TGV (invention française et fierté !), avec ses mécaniciens aussi niais que les zombies de Métropolis, les restes de la civilisation qu’elle prétendait porter au pinacle. Le plus sublime, c’est qu’elle a réussi le miracle de réconcilier les USA et la Russie et de faire des États-Unis le porteur catastrophique de la révolution qui aura enfin raison de cette monstruosité qu’est la modernité.
“Sublime” a-t-on dit, certes, et avec l’intention malveillante qui importe ; car “sublime” dans le sens que lui donnait l’un des hommes du “Siècle des Lumières”, donc qui est parmi les fondateurs de cette modernité… On parle de Denis Diderot, de qui est cette remarque qui vaut si bien pour l’UE :
« S'il importe d'être sublime en quelque genre, c'est surtout en mal. »
Mis en ligne le 22 mars 2025 à 17H30
Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org