YALTA 2.0

YALTA 2.0

Depuis quelques jours, nous faisons tous comme les grenouilles autour de la mare aux canards, nous croassons. Nous sommes accrochés à notre tige de roseau bien flexible aux vents des réflexions diverses et des tourments, le cul dans l’eau. Le débat nocturne général, qui attire par ailleurs les prédateurs, porte sur la possibilité d’une guerre ouverte entre la Russie et l’Europe. Nous n’avions pas encore déterminé précisément si l’action de Trump serait bonne pour nous que le parangon de la fine diplomatie française nous met sur les rails d’un conflit ouvert avec l’ours sibérien. Pour qui, pour quoi, quel est notre intérêt dans cette affaire où l’hégémonie néoconservatrice n’est plus à démontrer depuis la doctrine du Big Stick. Évidemment, tous les inconséquents de la classe politique de notre pays s’alignent sur la volonté belliciste de notre seigneur Élyséen.

Pour remettre un peu de cohésion dans notre pétaudière actuelle, je rappelle que l’amitié entre les peuples n’est que sous l’égide de leurs intérêts mutuels momentanés. Personne ne fait de cadeau aux autres si ce n’est que pour en obtenir un gros bénéfice en retour. Le principe d’un contrat gagnant/gagnant des BRICS ou de l’OCS n’est pas dans la mentalité occidentale trop imprégnée encore de son esprit colonisateur dorénavant obsolète. La donne mondiale a changé et tout porte à croire que l’élite européenne n’en a toujours pas pris conscience.

Trump et son équipe sont bien partis pour nettoyer les écuries américaines dont l’ampleur est supérieure à celles d’Augias. Du tas de fumier qui va en résulter, les miasmes et la pestilence vont continuer à alimenter la corruption européenne. On peut même augurer de voir déferler sur nous certains éléments pathogènes pris dans un grand sauve-qui-peut.

Tout ce qui est pensable est réalisable. Dans le mouvement actuel des rapports de force entre les pays, nous pouvons échafauder moult scenarii. Tout est envisageable, mais il faut tenir compte des réalités politiques, économiques, sociétales et sociologiques pour rester dans le crédible. Dans tous les cas, il faut bannir l’émotionnel qui entrave sérieusement la réflexion.

Restons un moment sur l’imaginaire velléité russe d’envahir l’Europe. Regardons les cartes que possèdent ces deux blocs. La Russie compte 143 millions d’habitants, l’Europe 450. Le plus grand pays du monde dispose de toutes les ressources énergétiques et minières. Il crée de la richesse et délivre des têtes intellectuelles supérieures. Il a de grandioses partenariats avec les plus grands acteurs économiques de la planète et sa voie diplomatique fait école notamment en Afrique qui par ailleurs chasse la France de ses territoires. Pour finir, la Russie a une supériorité technologique notable en matière militaire grâce à ses puces d’appareils ménagers dixit Von der Leyen. Elle et Zelensky ont fait la même école du rire. Ils sont actuellement au sommet de leur art.

Lors de sa prise de pouvoir, Poutine avait tendu la main aux européens qui la lui refusèrent. Sa déception d’alors est-elle un motif sérieux pour enclencher à présent une invasion ? Tous les trains de sanctions à son encontre n’ont provoqué que des sauts qualitatifs aux niveaux technologiques et industriels de son pays, preuve évidente de la capacité de réaction et du niveau intellectuel de ses administrés.

Qu’a-t-il a gagner en Europe au prix de millions de morts russes ? Certes, il y a l’espace maritime sur l’Atlantique et la Méditerranée, mais est-ce suffisant pour enclencher une hémorragie démographique peu soutenable à terme pour la Russie ? Cette dernière serait aussi obligée de plonger dans une économie de guerre peu pertinente pour elle. Je le répète, qu’a à gagner la Russie en envahissant l’Europe ? Nous n’avons pas de ressources naturelles, nos fleurons industriels ont été accaparés par les USA, nous sommes ruinés et assujettis au desiderata de nos usuriers. Cerise sur le gâteau, nous sommes complètement ensuqués par le wokisme alias le suicide collectif.

L’espace maritime évoqué plus haut, notamment celui de la France dans le Pacifique est déjà attaqué par l’hégémonie américaine où ses vassaux de la région font le boulot de sape. Les ressources immergés de nos territoires d’outre-mer sont considérables. Elles sont enviées plus par les USA et la Chine que par la Russie non implantée dans cette région.

Déjà le Groenland est visé par l’Oncle Sam. Haro sur les ressources, mais surtout pour s’implémenter sur les routes arctiques dont les enjeux ne sont pas anodins. Comme cette île, la plus grande du monde, est autonome depuis 2009 sauf en matière de politique monétaire, de défense et de politique étrangère qui restent sous le contrôle danois, on se demande comment va se développer cette affaire ? Est-ce que le Danemark va réagir pour garder ses intérêts stratégiques ou s’allonger par l’entremise d’une collusion bien ressentie ?

Macron 1er joue sur la peur d’une menace russe pour maintenir son leadership de l’impéritie patente. Entretenir une peur réelle ou chimérique procède de l’ingénierie sociale pour obtenir un consentement instinctif des gens peu avisés. De toute évidence, la manœuvre fonctionne admirablement en France. Pendant qu’il agitera le fanion de la guerre pour faire diversion, il nous fera les poches pour des raisons non abiotiques. Par ailleurs, son fameux effort de guerre n’est là que pour combler les lacunes de nos capacités militaires et non pas pour monter en puissance. Nous n’avons ni les hommes ni le matériel pour mener une guerre de haute intensité. Notre marine n’est composée que de pédalos et nos forces terrestres se résument à 50 000 hommes. Pour atteindre le niveau militaire russe actuel, il nous faudra 20 ans de difficultés technologiques et financières. Il nous manque aussi le personnel spécialisé dans des usines dédiées qui n’existent plus. De surcroît, notre capacité de production est dépendante de l’extérieur extra-européen notamment en matière électronique et de métaux rares. Nos généraux le précisent bien : « Pour créer des nouveaux régiments, il nous faut des bâtiments, des casernes, des espaces pour entraîner les hommes. Or toutes ces infrastructures ont disparu ». Nous payons la démilitarisation de la France depuis Mitterrand.

Depuis le retour aux affaires de Trump, nous observons des grands mouvements géopolitiques aux connexes géostratégiques. On ne peut reprocher à Trump et aux autres grands patriotes de par le monde d’œuvrer pour les intérêts de leurs pays réciproques. Ce n’est pas parce que le conglomérat européen n’est dirigé que par des traîtres et des renégats que l’ensemble de la planète est régenté par l’oligarchie mondialiste de sinistre réputation. De toute évidence, les plaques tectoniques politiques se meuvent. Certaines s’élèvent, d’autres s’affaissent. Il y a plein de conciliabules plus ou moins officiels qui tendent à redistribuer les cartes politico-économiques.

Pour faire simple, une nouvelle conférence de Yalta se profile. Comme à la précédente, les mastodontes de ce monde vont adopter une stratégie commune afin de hâter la fin de la guerre en Ukraine, régler le sort définitif de l’Europe et garantir un nouvel ordre mondial placé cette fois-ci, du moins nous l’espérons, sur un juste équilibre économique mondial.

Quoi qu’il advienne, le sort de l’Europe est réglé. L’imminente mise sous tutelle du FMI de la France sera un fardeau supplémentaire sur nos épaules. Nous allons vivre de grands moments chaotiques qui fleurent bon l’Allemagne 1919.

DdG

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À propos de l'auteur Profession Gendarme

L'Association Professionnelle Gendarmerie (APG) a pour objet l’expression, l’information et la défense des droits et intérêts matériels et moraux des personnels militaires de la gendarmerie et de toutes les Forces de l'ordre.Éditeur : Ronald Guillaumont

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