« Vous m’avez monté un beau grand bateau » (Gerry Boulet)

« Vous m’avez monté un beau grand bateau » (Gerry Boulet)

C’est à croire que Donald Trump suit de près la CAQ et s’en inspire…

Ses allers-retours, ses reculs, ses virages à 90 degrés sur les tarifs, les taxes et les contre taxes ne sont pas sans rappeler ceux du gouvernement Legault sur le troisième lien, le tunnel, le bitube, le pont à l’est, le pont à l’ouest. Cela me rappelle ce qu’avait dit Gérald Larose du rondouillard sénateur canadien Gérald Beaudoin. Porteur de ballon lors des discussions menant à l’Accord de Charlottetown, ses propositions et contre-propositions déposées d’une heure à l’autre avaient fait dire au président de la CSN : « Cet homme danse le cha-cha-cha dans des portes tournantes… »

Le ministère des Transports du Québec apparaît depuis longtemps comme le chef-lieu de l’impéritie gouvernementale.

Tout ayant été dit sur le troisième lien, on ne s’y attardera pas. Par ailleurs, la saga du tramway de Québec illustre bien comment l’incompétence érigée en système conduit aux innombrables tergiversations qui ont marqué ce projet depuis son annonce, il y a… sept ans. En juin 2024, son coût était estimé à 5,7 milliards $. Six mois plus tard, quand le gouvernement a de nouveau donné son accord, la facture avait atteint 7,6 milliards $. Et on ne sait toujours pas quand ce tramway va rouler.

Toujours dans ce mode de transport, la ministre Geneviève Guilbault annonçait en grande pompe la construction du tramway de l’Est, dont le coût initial est estimé à 18,6 milliards $. Mais si on en juge par les œuvres passées, nous sommes loin de la coupe aux lèvres. D’autant que le maître d’œuvre désigné, Mobilité Infra Québec, n’est pas encore en fonction. Il est clair que toutes ces bébelles de ponts, de tramways, de tunnels se révèlent finalement pour ce qu’ils sont : des leurres électoraux.

Un bateau, chantait Gerry. Aujourd’hui, il pourrait dire un tramway, un pont, un tunnel…

L’aventure de la SAAQclic nous en a encore appris davantage sur ce foutoir de ministère.

Alors qu’il y a au Québec un ministère de la Cybersécurité et du Numérique, il semble que ce qui s’est révélé un fiasco qui a coûté 500 millions de dollars de plus que prévu a échappé au regard du ministre Éric Caire.

Dans une chronique publiée il y a 16 ans alors qu’il sévissait à l’ADQ, je l’avais appelé Urti Caire. À l’époque, il voulait fêter la défaite des Plaines d’Abraham. « Ça fait partie de notre histoire, que ça nous plaise ou non », avait-il clamé. Sous pression, l’opposition réclamant son départ, je l’avais appelé Pré Caire, sa carrière ne semblant tenir qu’à un fil. À la fin de la même journée, il annonçait sa démission. Il y avait trop d’Anti Caire dans les parages…

Les deux ministres ayant dirigé le ministère des Transports depuis l’arrivée de la CAQ en 2018, Bonnardel et Guilbault, soutiennent n’avoir pas été mis au courant des dépassements de coûts dans ce projet de SAAQclic. « On nous a caché ces chiffres », se sont-ils écriés, de concert avec François Legault.

Le Journal de Montréal nous apprenait comment l’incompétence rapporte dans ce milieu. Le salaire du PDG est passé de 230 091 $ à 276 748 $ en deux ans. Celui du VP, de 224 843 $ à 275 356 $ et celui de la directrice du projet, de 151 728 $ à 200 000 $. Et celui du sous-ministre de François Legault, dont la ministre Guilbault a révélé qu’il avait été breffé par la SAAQ, a vu son salaire passer de 342 410 $ à 494 422 $.

Une partie de l’explication réside dans le fait que les compétences quittent les ministères. Et c’est Legault lui-même qui fournit l’explication. « Les projets informatiques, partout dans le monde, c’est difficile, a-t-il dit. Il y a souvent des dépassements de coûts parce que les firmes comme SAP ont plus d’expertise que le gouvernement. C’est difficile parce que [les employés] reçoivent le double du salaire au privé. Relever ce défi-là fait déjà partie de mes priorités », a-t-il indiqué. Comme il le disait lui-même : «On verra…»

Pour en terminer avec Donald Trump.

Le président Ronald Reagan, en 1988, avait vu ce qui arriverait au Parti républicain, qui s’appelait alors le Grand Old Party, si une brute faisait boire le Kool Aid aux représentants et aux sénateurs de ce parti : « Nos partenaires commerciaux pacifiques ne sont pas des ennemis, mais des alliés. Nous devons nous méfier des démagogues prêts à déclarer une guerre commerciale contre nos amis, affaiblissant ainsi notre économie, notre sécurité nationale et le monde libre tout entier, tout en agitant cyniquement le drapeau américain. » Prémonitoire…

P.-S. S’il vous semble que cette chronique embrasse plusieurs sujets, c’est que la coquille de noix de la vérité flotte dangereusement sur des flots agités en ces temps difficiles.

Adblock test (Why?)

Source: Lire l'article complet de L'aut'journal

À propos de l'auteur L'aut'journal

« Informer c’est mordre à l’os tant qu’il y reste de quoi ronger, renoncer à la béatitude et lutter. C’est croire que le monde peut changer. » (Jacques Guay)L’aut’journal est un journal indépendant, indépendantiste et progressiste, fondé en 1984. La version sur support papier est publiée à chaque mois à 20 000 exemplaires et distribuée sur l’ensemble du territoire québécois. L'aut'journal au-jour-le-jour est en ligne depuis le 11 juin 2007.Le directeur-fondateur et rédacteur-en-chef de l’aut’journal est Pierre Dubuc.L’indépendance de l’aut’journal est assurée par un financement qui repose essentiellement sur les contributions de ses lectrices et ses lecteurs. Il ne bénéficie d’aucune subvention gouvernementale et ne recourt pas à la publicité commerciale.Les collaboratrices et les collaborateurs réguliers des versions Internet et papier de l’aut’journal ne touchent aucune rémunération pour leurs écrits.L’aut’journal est publié par les Éditions du Renouveau québécois, un organisme sans but lucratif (OSBL), incorporé selon la troisième partie de la Loi des compagnies.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You