

Préambule : Communiqué du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) * -Tunisie : Quand la justice devient une arme de répression – Le procès pour « complot contre la sûreté de l’État », prévu le 7 février et reporté au 4 mars, incarne l’autoritarisme grandissant de Kaïs Saïed. Sous prétexte de protéger l’État, le régime écrase l’opposition et étouffe la contestation. 40 figures visées : Journalistes, avocats, militants, et opposants politiques accusés sans preuves, sur des dossiers vides. Droits piétinés : détentions arbitraires, présomption d’innocence bafouée, restrictions aux droits de défense. Silence imposé : interdiction de médiatiser l’affaire, intimidations des avocats et mépris des recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme. Ce procès n’est pas une quête de justice, mais une manœuvre politique pour briser toute résistance dans un contexte de crise économique et sociale étouffante. L’enjeu dépasse les accusés : c’est l’avenir des libertés et de la démocratie en Tunisie qui est en jeu. La mobilisation de la société civile et la pression internationale sont cruciales.
Le complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État, « l’affaire des 17 », au départ, appelé
Par l’implication directe du chef de l’État dans sa genèse et son instruction, occupe une place privilégiée [1], [2]
« J’ai personnellement suivi la procédure hier jusqu’à minuit ou environ une heure du matin », a-t-il avoué
Et « ceux qui ont été arrêtés sont des terroristes », a-t-il déclaré, suggérant qu’ils sont, de fait, impliqués
Dans le projet de son assassinat. « L’histoire a prouvé qu’ils étaient des criminels bien avant que les tribunaux ne l’aient fait »
Se prononçant déjà sur leur culpabilité présumée et, « quiconque les acquitte est leur complice », a-t-il ajouté
« Cela s’apparente à une tentative de pression politique sur le pouvoir judiciaire [pour], une condamnation, imposer
Les seuls éléments portés à leur encontre sont des témoignages anonymes affirmant que, un coup d’État, ils préparaient »
Le rapport réalisé par le magistrat instructeur n’apporte pas beaucoup d’éclaircissements sur les faits reprochés
Rapport de 144 pages où les propos de « deux gorges profondes », par les noms de code « XX » et « XXX », désignées
Sont les seuls éléments à charge, ne contenant aucune investigation des services de la sécurité et de la sûreté
Dont le travail s’est limité à explorer le contenu des téléphones, ordinateurs et tablettes confisqués [1], [2]
Je disais donc, une tentative de pression politique sur le pouvoir judiciaire [pour], une condamnation, imposer
La présomption d’innocence qui devrait prévaloir, l’instruction à charge et à décharge avant de se prononcer
Sur la culpabilité de quiconque, quel qu’il soit, piliers de l’ État de droit, lui le juriste, il les a oubliées
Et, pour égayer cette terrible affaire, Bernard Henry Levy à été ajouté, parmi les inculpés
Dont le nombre a été porté, finalement, à une cinquantaine de noms de personnalités réputées
Mais, les accusations ne reposent que sur des spéculations, sans indices ; ils n’ont même pas essayé d’en fabriquer
Et le dossier de l’enquête continue à briller par l’absence de preuves concrètes et par diverses absurdités
Telle que l’affirmation que « les déplacements et contacts de tel prévenu ont pu faire pression sur l’américain Congrès
Et l’Union européenne pour qu’ils émettent des déclarations qui nuiraient à la diplomatie tunisienne et provoqueraient
Également un blocage dans les négociations avec le Fonds monétaire international » : qu’il est fort, l’intéressé ! [3]
Ces dits déplacements et contacts constituent, au vu de ce dossier, la seule et unique preuve de sa culpabilité
Qui pourrait le conduire, pour atteinte à la double sûreté de l’État, à être, à la peine capitale, condamné
Et la diffusion de la vidéo de la référence [2], dans toutes les prisons tunisiennes, a été censurée [4]
Pour priver les détenus, du dit complot, de suivre cette émission où leur culpabilité est fortement malmenée
Et, dans ce triste imbroglio judiciaire inédit, notre président n’a pas hésité à, fermement, déclarer [5]
« La justice est indépendante et je n’y interviens jamais, et je n’interviens dans aucune affaire », a-t-il précisé
« Que cela soit clair pour tout le monde », a-t-il ajouté : Ah si seulement, à joindre le geste à la parole, il arrivait
On ne verrait plus alors les tribunaux et les prisons fréquentés par ses opposants qui pourraient nuire à son projet
Par les voix critiques, réduites au silence, grâce à une instrumentalisation de la loi sur la cybercriminalité [6]
« De complot contre la sûreté [intérieure et extérieure] de l’État, de corruption, de blanchiment d’argent, accusés
Parmi lesquels on peut trouver des hauts fonctionnaires, des avocats, des juges, des journalistes, des membres des forces de sécurité
Incitation à la violence, offense contre le chef de l’ État », autres chefs d’accusation qui ont été considérés [7]
Quant au CRLDHT, « Complot contre la sûreté de l’État ou complot contre l’opposition », il a titré [8]
Les responsables de l’enquête sont en retard d’une longueur quant à leur connaissance de la politique actualité
Car, en dépit des alertes sur les violations des droits humains commises en Tunisie, le choix de l’Union européenne est fait :
Ses engagements en matière de droits fondamentaux, sur l’autel de la coopération migratoire, elle les a sacrifiés
L’époque où l’UE était championne mondiale en matière de droits humains, exigeant que ses partenaires doivent les refléter
Est bien révolue, depuis qu’elle a signé un accord migratoire avec la Tunisie, au détriment de ces droits et leur respect
L’externalisation des frontières de L’UE vers la Tunisie aurait même induit un trafic d’êtres humains parrainé
Par des « personnels en uniforme » ou des « miliciens en civil » où les victimes sont les subsahariens immigrés [9]
Même la France, pays des droits de l’Homme, attachée à la défense des libertés, face à ces graves atteintes, muette, est restée [10]
Face à la répression des opinions critiques, orchestrée par le régime, sous-tendue par son tristement célèbre décret
54, adopté en septembre 2022, qui nous a transformés en un peuple, par l’injustice, étouffé [6]
Utilisé comme un outil d’autocensure servant de prétexte juridique à l’emprisonnement de tout égaré
Salah HORCHANI
[1] https://inkyfada.com/fr/2023/03/24/complot-surete-etat-dossiers-opposition-tunisie/
[2] Voir la vidéo suivante, et, plus précisément, de la minute 32 : 20 à la minute 43 : 40, pour les déclarations de Kaïs Saïed citées dans le texte.
https://www.youtube.com/watch?v=-CnNKYXs2wc
[3] https://www.facebook.com/photo/?fbid=609166235038686&set=a.147936694494978
[4] https://www.businessnews.com.tn/affaire-de-complot–lemission-de-zied-el-heni-censuree-dans-les-prisons-tunisiennes,520,144840,3
[5] Voir la vidéo suivante, de la minute 21 : 20 à la minute 21 : 30.
https://www.facebook.com/Presidence.tn/videos/651791367416042/
[6] https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/240922/tout-sur-kais-saied-en-plus-de-8000-vers-qui-pourraient-me-condamner-aux-galeres
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/09/22/en-tunisie-un-decret-loi-menace-la-libre-expression_6142694_3212.html
[7] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/02/05/tunisie-deja-incarcere-rached-ghannouchi-condamne-a-vingt-deux-ans-de-prison-supplementaires_6533519_3212.html
[8] https://lematindalgerie.com/tunisie-complot-contre-la-surete-de-letat-ou-complot-contre-lopposition/
[9] https://afriquexxi.info/Crimes-tuniso-libyens
https://statetrafficking.net/
[10] https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/250924/tunisie-preuve-que-kais-saied-est-le-fossoyeur-de-la-democratie-et-de-la-republique
https://crldht.com/le-protocole-daccord-ue-tunisie-entre-enjeux-migratoires-et-preoccupations-sur-les-droits-humains/
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir