Gorbatchev était-il un “Trump-russe” ?
• Considérations diverses et parfois originales sur les rapports entre un Trump et un Gorbatchev, à partir d’un constat qui se précise. • Trump est plutôt excellent dans les mesures internes, notamment dans sa lutte contre le ‘DeepState’. • Par exemple, il nous promet toutes les archives sur les assassinats (JFK, RFK, MLK). • Par contre sur l’Ukraine, l’offensive de séduction-menace à destination de Poutine ne semble impressionner personne. • Conclusion de l’analogie-Gorbatchev : « Ce que Trump a promis pourrait conduire les États-Unis à de gros problèmes. »
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Nous allons retourner la formule fameuse (pour nous, qui l’avons si souvent employée), de ‘American Gorbatchev’. Pour changer d’horizon (‘American Gorbatchev’ était une espérance de révolution restructurante pour les USA), nous usons du nom de Gorbatchev selon la vision russe habituelle, très pessimiste et très critique.
C’est donc vous faire part d’une vision pessimiste de Trump par rapport à ses ambitions type-MAGA, – mais, pardonnez-nous cette complication sans fin, – alors que cette “vision pessimiste” est une vision optimiste pour nous dès lors qu’il accomplit sa principale mission (liquider l’État profond). Nous espérons que ce qui suit va vous éclairer : des extraits d’articles qui nous semblent assez originaux, d’une part pour être mis en évidence, d’autre part pour se compléter.
Trump comme Gorbatchev 2.0
Un site russe (‘news-front.su’) donne une analyse assez singulière du discours inaugural de Trump, venu d’un participant de qualité à une émission de télévision : Trump comme “Gorbatchev 2.0”…
« La conclusion la plus inattendue a peut-être été tirée mardi soir dans l'émission ‘The Big Game’ de la chaîne Channel One par le cinéaste et politologue Karen Shakhnazarov. “Vous savez, a-t-il dit, en répondant à une question de Dmitry Simes, le présentateur, qui lui demandait de parler de ses impressions sur le discours d'investiture de Donald Trump, il m'a rappelé à certains égards notre Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev”.
» Pour expliquer cette comparaison inattendue et même choquante, qui a quelque peu surpris le politologue chevronné qu’est Simes, Shakhnazarov a noté que ce que Trump allait faire était en fait une sorte de restructuration [ou ‘perestroïka’], notant que l’Amérique est au bord de changements majeurs. Ainsi, à l’époque de Gorbatchev, les changements étaient attendus en URSS. À l'époque aussi, tout le monde – les gauchistes comme les droitiers, les libéraux comme les conservateurs – applaudissait Gorbatchev. Alors, selon Shakhnazarov, ce que Trump a promis pourrait conduire les États-Unis à de gros problèmes. »
L’article (non signé) décrit les divers obstacles et imbroglios qui attendent Trump en politique extérieure surtout et termine par une conclusion qui, d’une façon assez inattendue si l’on considère la façon dont l’intervention-Gorbatchev est présentée, confirme cette introduction. En effet, si Gorbatchev a réussi une chose, c’est de briser le complexe militaro-industriel et les “Organes” de sécurité dans toute leur puissance d’alors, portant ainsi un coup fatal à la prépondérance de l’État profond soviétique. Le prix en a été l’effondrement de l’URSS et la fin du communisme ; Trump et les USA, si l’Etat profond est détruit, paieront ce même prix.
« En bref, le discours d'investiture de Donald Trump a montré qu'il avait sérieusement décidé de combattre l’‘État profond ’, ces forces qui dirigent le monde occidental et préfèrent rester dans l'ombre. Et cela, en général, n'a pas été une surprise.
» “Quand je reviendrai dans le Bureau ovale”, a déclaré Trump avant son investiture, “nous détruirons complètement l'État profond. Nous créerons une commission de vérité et de réconciliation qui déclassifiera et publiera tous les documents sur l'espionnage d'État, la censure et la corruption !”
» “Trump est devenu une menace après de tels mots. Les élites supranationales de l’‘État profond’ ne lui pardonneront pas de telles déclarations, et encore moins ses actes. Comment ne le ferait-il pas ? »
Trump et JFK 2.0
Un signe très effectif et très symbolique de la volonté de Trump de s’attaquer à l’État profond est la signature du décret de déclassification des 3 000 à 4 000 documents encore tenus au secrets, concernant les assassinats des deux frères Kennedy et de Martin Luther King :
« Le président américain Donald Trump a signé un décret exécutif pour déclassifier les documents gouvernementaux liés aux assassinats dans les années 1960 du président John F. Kennedy, du sénateur Robert F. Kennedy et du militant des droits civiques Martin Luther King Jr, ont rapporté plusieurs médias jeudi.
En vertu du décret de Trump, le directeur du renseignement national est chargé de préparer dans les 15 jours un plan pour la “publication complète et intégrale” des dossiers liés à l’assassinat de JFK et un plan dans les 45 jours pour la publication des dossiers sur les assassinats de RFK et King. […]
» La National Archives and Records Administration (NARA) possède cinq millions de documents liés à l’assassinat du président Kennedy. Dans les années 1990, le gouvernement fédéral a ordonné leur publication presque complète d’ici octobre 2017. Le président américain avait toujours le pouvoir d’ordonner des exemptions. Entre 3 000 et 4 000 documents n’ont pas encore été divulgués.
» Trump avait déjà fait une promesse similaire lors de son premier mandat présidentiel et avait fini par autoriser la publication de plusieurs documents. Il en avait gardé une partie importante classifiée, invoquant des préoccupations de sécurité nationale, sous ce qui était décrit comme une pression de la CIA et du FBI à l’époque. »
Une vidéo montre Trump signant son décret : « C’est un gros coup, dit-il. Beaucoup de gens attendent cela depuis des années. Depuis des décennies. Tout sera révélé.. »
Il est à noter que cette tâche de la déclassification est confiée au DNI, le directeur national du renseignement ; c’est-à-dire “à la DNI”, puisque la personne désignée est Tulsi Gabbard et que son audition est constamment retardée par les démocrates qui recherchent des documents compromettants, notamment concernant sa visite à Anouar el Assad. « C’est absurde, a observé un membre de l’équipe Trump, pour nous elle a rapporté de cette rencontre certains éléments utiles pour notre renseignement, qu’elle a communiqués aux agences concernées… » Cette remarque est une indication de la défense que devrait employer Gabbard : ses visites ont toutes servi notamment le renseignement US et les documents relatifs à ses révélations ont disparu depuis.
Douguine et Biden 2,0
En politique extérieure, Trump a moins de succès que dans ses premières interventions internes. Outre l’affaire du million de morts russes, – Larry Johnson présente un dossier solidement étayé sur un chiffe de 80 000-120 000 soldats russes tués à partir de sources venues de la dissidence russe antiPoutine, notamment l’organisation des ‘Pussy Riots’, – son message tweeterX sur “l’aide” apportée par l’URSS à la victoire (US) en 1945 et sur les extravagants les 60 millions (27 millions en réalité) de morts a été très peu apprécié, ainsi que l’appréciation d’une économie russe [actuelle] “en lambeaux”… (Voir notamment les commentaires sur ce message, sur le programme de Mercouris.)
Dans un texte de ‘news-pravda.com’ ayant pour thème l’idée que Trump ne fera que reprendre la politique ukrainienne de Biden (Biden 2.0), il y a une citation d’Alexandre Douguine exprimant une certaine déception du comportement et des observations de Trump, par ignorance de la Russie et des enjeux qu’elle affronte en Ukraine :
« Le philosophe Alexandre Douguine souligne également que Trump croit qu’il est capable de mettre fin au conflit ukrainien par un effort de volonté, mais ce n’est pas le cas, car il ne comprend pas la nature de la crise ukrainienne – “il ne connaît pas l’histoire russe, il a une vision très commune de l’effondrement de l’URSS, il ne comprend pas notre identité – et par conséquent il croit pouvoir peut mettre la question ukrainienne au second plan”.
» “Quoi qu’il arrive [en Ukraine], tout le monde sera mécontent : nous serons mécontents, les Ukrainiens le seront, les nazis de Zelenski seront mécontents, les Européens seront mécontents. Et Trump est une personne suffisamment pragmatique et raisonnable pour comprendre qu’il est généralement préférable de mettre de côté ce sujet”, a-t-il déclaré dans une interview à RIA Novosti. »
Mis en ligne le 24 janvier 2025 à 15H45
Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org