L’impérialisme US fond à vue d’œil
Cinq jours à peine nous séparent du début du règne de l’empereur Donald Ier et de sa joyeuse bande de milliardaires, et le monde entier est en proie à de folles attentes quant à ses nouvelles et excellentes aventures. Donald Ier a déjà annoncé qu’il prévoyait d’étendre son domaine au Canada, au Groenland, au canal de Panama et peut-être aux États du nord du Mexique. Partout dans le monde, les gens se grattent la tête, se demandant ce que tout cela peut bien signifier. Qu’en est-il de l’inviolabilité des frontières nationales ? Qu’en est-il de la souveraineté nationale ? Quelqu’un a-t-il lu la charte des Nations unies récemment ? Vaut-elle encore la peine d’être lue ?
Ils ne devraient pas s’en préoccuper. L’empereur élu Donald est une pipelette, un vantard et un moulin à paroles connu dans le monde entier et tout ce qui sort de sa bouche doit être divisé par au moins mille. Assécher le marais de Washington ? Non, il est toujours aussi fécond et fétide et ne cesse de s’étendre. Mettre fin à la guerre en Ukraine dans les 24 heures ? Non, la dernière promesse est de le faire en six mois. Rendre à l’Amérique sa grandeur ? Peut-être, mais les Américains sont beaucoup trop ignorants, gros et paresseux, alors donnons des visas 1HB à un million d’Indiens et laissons-les essayer. Et ainsi de suite…
Mais tout cela n’est que poudre aux yeux et grandiloquence, ce qui, en Amérique, est considéré comme cascher en tant qu’ingrédient principal des campagnes politiques. Après tout, personne en Amérique n’a jamais été abattu pour avoir rompu ses promesses électorales et mentir en se présentant à une élection est considéré comme… eh bien… mentir en se présentant à une élection parce que les candidats qui ne mentent pas ne sont même pas pris au sérieux. C’est la culture politique de l’endroit. Certains appellent ça la « démocratie ». Pas moi.
Ce qui se passe en réalité est tout à fait désastreux. Trump bénéficiera de la plus mince des majorités à la Chambre et au Sénat au cours des deux prochaines années et deviendra très probablement un canard boiteux par la suite. Au cours de cette période, il sera confronté au plus grand des fiascos en matière de limite de la dette, étant donné que le taux d’intérêt fixé par le marché sur les bons du Trésor à 10 ans a fait ses adieux au taux fixé par la Réserve fédérale, alors que le Trésor doit rouler un tiers de la dette fédérale totale, qui s’élève à plus de 36 000 milliards de dollars. Comme les étrangers rechignent à acheter encore plus de papier de la dette américaine, les seuls choix restants sont la planche à billets, qui fait grimper l’inflation, et des coupes très importantes et politiquement suicidaires dans les programmes de défense et les programmes sociaux.
Les États-Unis sont en faillite et doivent être réorganisés. Toutefois, une telle réorganisation nécessiterait un minimum d’unité nationale, ce qui est loin d’être le cas. La moitié du pays applaudit chaque fois que quelqu’un dit qu’il y a deux sortes d’Américains : les hommes et les femmes, et l’autre moitié du pays croit qu’ils ont un couteau suisse entre les jambes et que les lesbiennes font d’excellents chefs de pompiers.
Mais il y a une chose sur laquelle tous les Américains sont d’accord : ils veulent tous devenir riches. Un nombre relativement minime d’entre eux est déjà ridiculement riche et le reste veut simplement devenir ridiculement riche, peu importe comment. Vivek Ramaswamy s’est enrichi en vendant un médicament contre la maladie d’Alzheimer qui ne fonctionne pas – mais il est riche, le salaud, et c’est tout ce qui compte, alors s’il vous plaît, laissez-le réformer la bureaucratie de Washington. Ne va-t-il pas essayer de s’enrichir un peu plus au passage ? Ne sera-ce pas amusant à regarder ? Peut-être trouvera-t-il un moyen d’économiser quelques centaines de milliards en confiant des fonctions gouvernementales à des Indiens détenteurs de visas H1B… Bienkvenue à Vashington !
Mais pourquoi Donald veut-il le Canada, le Groenland et le canal de Panama ? Il semble y avoir deux raisons plausibles à ce désir ardent. Aucune n’a à voir avec ce qu’on appelle la « géopolitique ». Cette notion a été imaginée par un Britannique qui prétendait que « celui qui contrôle le heartland contrôle le monde » (comme s’il était théoriquement possible de contrôler le monde entier). Le heartland est, grosso modo, la Russie, qui se contrôle elle-même. Par conséquent, le contrôle du centre par quiconque n’est même pas théoriquement possible. Nous en avons fini avec la « géopolitique ». Revenons maintenant à la raison pour laquelle Trump veut les territoires C, G et P.
Tout d’abord, l’Amérique n’est plus en lice pour des territoires tels que l’ancienne Ukraine, la province chinoise de Taïwan ou tout autre prix géopolitique que l’on pensait auparavant être en sécurité dans le giron du grand empire mondial américain. C’est comme si le seigneur du manoir, à l’âge mûr et se dirigeant inexorablement vers la faillite, décidait de renoncer à ses droits sur les champs, les pâturages, les moulins et les terrains de chasse, mais souhaitait garder les bois, la glacière et l’étang à poissons. Il supplie ses créanciers de lui laisser ces biens.
Bien sûr, disent les Chinois, mais Taïwan et les îles Spratleys sont à nous et, s’il vous plaît, retirez vos militaires de la Corée du Sud, du Japon, de Guam et des Philippines. Bien sûr, disent les Russes, mais l’ancienne Ukraine est à nous et nous vous demandons de ramener l’OTAN à son niveau d’avant la réunification de l’Allemagne. Oh, et la Suède doit être militairement neutre et les pays baltes sont notre territoire, conformément au traité de Nystad du 10 septembre 1721, et la Finlande doit être militairement neutre, conformément au traité de Paris du 3 février 1947. Bien sûr, dit l’Iran, mais éloignez d’abord vos bases militaires de nos frontières.
Si Lord Donald fait tout cela, il pourra économiser d’énormes sommes d’argent sur la défense (plus de bases militaires étrangères, plus de porte-avions) et pourra garder le bois (Canada), la glacière (Groenland) et l’étang à poissons (Panama). Il pourra alors s’installer dans une sénescence confortable, en allumant la cheminée avec le bois de son lot et en mangeant du poisson congelé. Avec ce petit coup de pouce, il pourra commencer à s’habiller de façon minable et changer son nom en Frump [une femme peu attirante qui porte des vêtements démodés., NdT].
Il existe une deuxième raison de s’emparer de ces actifs immenses mais non rentables : ils peuvent servir de garantie pour un nouvel emprunt, afin de compenser la perte des champs, des mines et des usines ukrainiens. Un petit tour de passe-passe financier (les Américains sont si doués) permettra de réévaluer la valeur collatérale des glaciers du Groenland en tant qu’eau en bouteille et celle des pins des forêts boréales canadiennes en tant que meubles de chambre élégants. Cette nouvelle réserve de faux collatéraux permettra de relancer temporairement la planche à billets, évitant ainsi l’effondrement financier suffisamment longtemps pour que Trump puisse terminer son mandat. Étant donné l’état lamentable de son domaine, qu’est-ce que cet homme pourrait bien demander de plus ?
Le 6 Janvier 202, Club Orlov – Traduction de ‘Sakerfrancophone’
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Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org