Bayrou a réussi son pari : détacher le PS du Nouveau Front Populaire. Refusant le vote de confiance de l’Assemblée Nationale, le premier ministre a obligé le NFP à déposer une motion de censure pour savoir qui est dans l’opposition à la politique macroniste. Jusqu’au dernier moment, le PS a cherché un accord de non censure que Bayrou leur a concédé dans une lettre adressée quelques minutes avant la séance parlementaire. Ce n’était pas un « plat de lentilles » comme l’avait déclaré Mélenchon mais une poignée de lentilles sans sel ni poivre. Un véritable régime sec. le PS s’en est contenté en décidant de ne pas voter la censure.
Conséquence de cet acte : le PS balaie ses propres engagements devant les électeurs de gauche qui souhaitent un front uni pour chasser Macron et sa politique néfaste pour le pays. Position irrémédiable ? Nous obtiendrons la réponse lors du vote du budget, budget plus austéritaire que celui de Barnier. Le coup de Jarnac, il s’agit bien d’un sale coup, affaiblit la gauche et renforce Macron. Deuxième béquille de la macronie après celle du Rassemblement National, Bayrou peut surfer pendant quelques temps. Sauf retournement de situation avec les objectifs concrets contenus dans le budget. Ce sera l’heure de vérité.
Le conclave proposé par Bayrou consiste à piéger les syndicats ouvriers. Unis contre la réforme des retraites, les voilà divisés sur cette fumeuse conférence qui n’a pour unique but d’enfumer les participants puisque sur la question de l’âge de départ en retraite, les positions opposées sont connues. Le patronat n’acceptera jamais le retour à 62 ans. Sur la pénibilité, peu d’amélioration à attendre. Pareil sur l’emploi des séniors. S’il n’y a pas d’accord, la réforme actuelle se poursuivra. Couleuvres que certains syndicats envisagent d’avaler.
Macron espère gagner du temps. En nommant Bayrou, il piétine le résultat de l’élection législative tout en brisant le peu qui reste de moralité en politique. Depuis juillet, le compte à rebours s’est enclenché. La crise politique devient crise institutionnelle. Seul le retour devant les électeurs peut la solutionner. Toute autre solution ne peut que renforcer la chienlit dont Macron est le seul responsable avec sa dissolution de l’Assemblée. Se soumettre ou se démettre demeure la question qu’il doit dénouer. Plus vite sera le mieux pour le pays.
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