Le grand jeu continue et n’est pas près de finir

Le grand jeu continue et n’est pas près de finir

Par Emmanuel Leroy − Le 9 Janvier 2025

A quelques jours de l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, la situation dans le monde évolue à grande vitesse et l’on assiste en direct à un véritable basculement du monde. Parmi les faits les plus notables, on a pu voir ces derniers mois les défaites électorales successives du président français Emmanuel Macron, du chancelier allemand Olaf Scholtz, du renversement du président Sud Coréen, la démission du Premier ministre du Canada Justin Trudeau, l’annulation de l’élection présidentielle en Roumanie au motif que le candidat « populiste » Calin Giorgescu était arrivé en tête au premier tour devant les candidats mondialistes, les tricheries dans les élections en Moldavie pour maintenir au pouvoir la présidente Maïa Sandu au service des intérêts occidentaux, la chute de la coalition gouvernementale autrichienne au bénéfice d’un parti populiste réputé pro-russe. Ces bouleversements se succédant à vitesse accélérée constituent indéniablement un revers certain pour les défenseurs de l’Occident collectif et de leur ordre fondé sur des règles.

Seule exception à cette longue liste de changements ouvrant la porte à un nouveau monde multipolaire, la chute de Bachar el Assad en Syrie qui représente la seule victoire notable du camp occidental de ces derniers mois mais qui pourrait bien se transformer en défaite à terme, en cas de confrontation directe entre les volontés antagonistes d’Israël et de la Turquie désormais en contact direct.

Il serait faux de croire que Donald Trump est responsable à lui seul de ces événements, car il représente plutôt un symptôme de la décadence accélérée du monde occidental et il tente d’y mettre fin en voulant « refaire l’Amérique grande comme avant ». Le rêve de Trump est le retour de la grande Amérique du temps de John Wayne où l’industrie et la haute technologie US n’avaient quasiment pas d’égales dans le monde. Le problème pour lui, comme pour toutes les autres nations occidentales, c’est que les Etats-Unis ont bien conservé leur high tech, mais que leurs usines – et le savoir-faire qui les accompagne – sont partis en Chine ou en Inde et qu’il faudra des décennies avant de réindustrialiser les USA.

Concernant le phénomène Trump, je crois qu’il convient de bien séparer deux points apparemment contradictoires.

Le premier est sa volonté affichée de restaurer aux USA un ordre moral fondée sur des valeurs chrétiennes et conservatrices et de mettre un terme à la culture « woke » qui est en train de saper les fondements de la domination anglo-saxonne sur le monde. Du point de vue de la défense des valeurs traditionnelles, il y a une convergence certaine avec les positions du Kremlin mais il ne faudrait pas que le peuple russe se laisse abuser par cette connivence car cette restauration idéologique et morale restera toujours au service de la volonté impérialiste des Anglo-saxons dont le but final est la conquête du monde et qu’ils appellent dans leurs clubs feutrés ou leurs forums de Davos ou du Bilderberg, le Grand jeu.

Le second point justement est que cette volonté des équipes de Trump de retour aux valeurs morales de l’empire américain est faite dans un esprit de conservation du leadership mondial au détriment d’un ordre multipolaire qu’ils voient se dessiner avec angoisse tout comme leurs adversaires Démocrates. Les annonces hallucinantes de Trump sur l’annexion du Canada, du canal de Panama et du Groënland vont dans ce sens et témoignent de la fin de l’équilibre du monde hérité de la Seconde guerre mondiale et du retour de la force dans le champ géopolitique au détriment du droit international. Les prémisses de ce changement fondamental depuis 1945 remontant très précisément à la guerre contre la Serbie déclenchée en 1999 en violation de toutes les conventions internationales, tout comme la guerre contre l’Irak en 2003 et la Libye en 2011.

Mais la puissance, même déclinante de Washington, ne doit pas nous faire perdre de vue que l’oligarchie anglo-saxonne est une internationale qui réunit les élites de l’anglosphère, mais qui a également subverti et corrompu la plupart des élites du monde occidental comme on a pu le voir depuis le début de l’opération militaire spéciale (OMS). Et le cœur, et même la matrice de cette oligarchie internationale ne se trouvent pas à Washington mais à Londres où on continue à influer sur les affaires du monde et notamment en Ukraine où, de Boris Johnson à Keir Stammer, on a pu observer que c’était les Britanniques qui étaient les plus acharnés dans leur détestation de la Russie et dans leur volonté de prolonger la guerre à tout prix.

Car ce Grand jeu que les Anglais ont inventé voilà très longtemps et qui siècle après siècle a vu tomber dans leur escarcelle ou dans leur zone d’influence les plus grandes nations occidentales, cette guerre – car ce Grand jeu est une guerre sans merci – ne s’arrêtera que lorsque la Russie sera tombée ou bien lorsque la Russie aura définitivement coupé la tête de l’hydre qui se trouve sur les bords de la Tamise.
Voilà tout l’enjeu de la guerre qui se déroule aujourd’hui en Ukraine et qui oppose les forces de l’OTAN – avec ces malheureux Ukrainiens transformés en chiens enragés russophobes et envoyés à l’abattoir – contre l’armée russe.

Malgré toute sa présumée bonne volonté de mettre un terme rapide au conflit, Trump, même s’il arrive à « nettoyer le marais » chez lui, ne pourra résister à la puissance formidable des élites – y compris conservatrices – de Londres et de Washington pour qui Moscou représente le dernier ennemi qu’ils n’ont jamais réussi à abattre.

Après avoir annoncé qu’il mettrait fin à la guerre en 24h, Donald Trump et ses équipes laissent entendre maintenant qu’ils règleront la question avant Pâques 2025, ce qui prouve qu’ils n’ont pas bien compris la nature existentielle de ce conflit pour la Russie car il se déroule sur les terres historiques de la « Rouss » et que les Russes ne peuvent accepter une Ukraine hostile sur son flanc sud. Les élites ukrainiennes qui ont vendu leur âme – et leur pays – à l’Occident en jouant la carte anglo-saxonne auraient dû réfléchir à deux fois et se souvenir du sort des « alliés » de l’empire US depuis la déroute du Vietnam jusqu’à la débâcle de l’Afghanistan.

Il en sera de même pour Zelensky et ses amis qui finiront leurs jours au mieux dans un exil doré en Floride et au pire exécutés dans un cachot de leurs « camarades » bandéristes.

Quoi qu’il en soit, le Grand jeu n’est pas fini et il ne finira que lorsque Londres, comme Carthage, sera détruite.

Emmanuel Leroy

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