Camarades, bienvenue à toi dans cette première salve de Tu la connais, celle-là ?, une version personnalisée de mes anciens entretiens En réaction [1].
Pour ce faire, vous avez le droit à un rhéteur de choix : Lounès Darbois.
Toujours en quête du Bien, du Beau, du Vrai et du Juste, que ces citations – parfois tombées dans l’oubli et que j’espère vous faire (re)découvrir – ainsi que leurs réactions vous fassent réfléchir, méditer et réagir à votre tour !
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Lorsque le gouvernement d’un pays est tombé aux mains de la canaille, il serait logique que les « bons » citoyens vraiment patriotes souhaitassent la défaite militaire de leur pays. Le défaitisme est alors la seule forme intelligente du patriotisme : mieux vaut un pays morcelé mais sain qu’un pays où la fortune des armes consolide le triomphe des voyous et le perpétue. Brunswick vainqueur à Valmy et la France était sauvée du pire. Mais ce sont des vues auxquelles bien peu de gens sont capables d’accéder. Elles bousculent trop de routines. Elles exigent trop de courage intellectuel. Les « bons » citoyens sont voués à toujours se faire tuer aux frontières pour que leurs seuls ennemis jouissent en paix de leurs rapines.
Pierre-Antoine Cousteau, Intra muros (écrits de prison, 1950), 2017
Lounès Darbois : Un passage des Illusions perdues dit la même chose en substance, lorsque Rubempré au désespoir rencontre Herrera qui lui dit « pensez comme l’histoire aurait pu être autre si Jeanne d’Arc avait échoué », etc. Cousteau probable lecteur de Balzac !
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On n’a jamais vu une grande nation de gens débraillés.
Abel Bonnard, Ce monde et moi, 1991
Lounès Darbois : Mon cher Arthur vous attaquez nos chers compatriotes ? La grande nation n’a plus le temps, voilà tout. On n’a plus le temps. La part de temps libre consacrée aux écrans, aux commandes en ligne, aux appels téléphoniques, augmente et ce sont autant d’heures qui n’iront pas aux « travaux de rotation » d’une chemise par exemple. La lessive, le séchage, le repassage, le pliage… pour la porter une seule journée, c’est trop, surtout pour un homme seul. Le survêtement n’est pas un signe de manque de goût mais de manque de temps. Se saper « bien » coûte de l’argent et beaucoup, beaucoup de temps.
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Sapaudia : Deux pour le prix d’une, tirées de mon petit dernier : les Morceaux choisis de la Correspondance de Nietzsche.
[…] Il est grand temps que je vienne à nouveau au monde comme Français.
Friedrich Nietzsche à Jean Bourdeau (brouillon), Turin, autour du 17 décembre 1888
Il n’y a d’autre culture que la culture française.
Friedrich Nietzsche à August Strindberg Turin, 18 décembre 1888
Lounès Darbois : Il faudrait faire lire ces citations à Macron, qui dit qu’elle n’existe pas !
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La banlieue, faut pas l’arranger, faut la crever, la dissoudre. C’est le bourrelet d’infection, la banlieue, qu’entretient, préserve toute la pourriture de la ville. Tout le monde, toute la ville à la mer ! sur les artères de la campagne, pour se refaire du sang généreux, éparpiller dans la nature, au vent, aux embruns, toutes les hontes, les fientes de la ville. Débrider toutes ces crevasses, ces rues, toutes ces pustules, ces glandes suintantes de tous les pus, les immeubles, guérir l’humanité de son vice infect : la ville…
Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre, 1937
Lounès Darbois : Les villes continuent à s’étendre, oui, mais donnent une impression de vide. Rues vides, centres commerciaux vides, stores fermés, etc. Partout des entrepôts, des hangars, des immeubles de bureaux, vides, des commerces en faillite. Vivre à la campagne c’est la solitude, le froid, la boue. Vivre en bord de mer, donc ? Pouvoir choisir son mode de vie c’est le luxe ultime, or nous vivons des temps de disette.
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L’art crée le monde des sens, la science le détruit, c’est pourquoi l’artiste est érotique et sexuel, mais le savant asexué. L’optique anéantit la lumière.
Otto Weininger, Des fins ultimes, 1907
Lounès Darbois : Le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. Ainsi peut-être est-on passé de la cosmogonie à l’astrologie puis à l’astronomie, puis à ce que Lovecraft appelle « l’horreur cosmique », angoisse qui n’est pas difficile à se représenter si l’on veut vraiment jouer à l’apprenti-astrophysicien. J’ai toujours été stupéfait du profil des « passionnés par l’espace et les extra-terrestres ». En ce qui concerne la science comme outil de compréhension du monde, on constate que presque toute la sagesse athée matérialiste et raisonnable aboutit au néant et à l’absurde. En somme la plus grande intelligence, celle des Blancs, aboutit au plus grand désespoir, le suicide des Blancs (très, très « assisté »). Ce nihilisme-là, cette philosophie du soupçon des « génies de la pensée » a tué le monde civilisé par un désespoir d’arrière-plan monté de plus en plus au premier-plan. Et pourtant nous sommes inhibés par ce nihilisme rationnel, nous sommes écrasés par le vieil oncle à table qui balayait d’un revers de main avec sa grosse voix nos enthousiasmes chrétiens de jeune scout : « Mais mon vieux, tes trucs religieux là, qui peut encore croire à cela ? Tu ne comprends pas qu’il n’y a rien, que la religion sert à engraisser le pouvoir et que c’est l’opium des peuples ? ». Nous avons honte de notre joie, de ce pur esprit d’enfance qui nous tient chaud même adulte. Petite flamme. Oui, l’optique anéantit la lumière ou plutôt le culte de l’optique anéantit la lumière. Parce que ce culte est idolâtre, comme beaucoup avant lui. Quelqu’un disait que l’absurdité de l’existence est la gueule de bois de l’ivresse scientiste et démocratique et c’est vrai.
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L’inégalité est une condition du développement de la culture.
Nicolas Berdiaev, De l’inégalité (1918-1923)
Lounès Darbois : Oui et elle porte des fruits magnifiques. Vive les inégalités, vive le développement particulier des talents particuliers de chacun. C’est très bien qu’il y ait des riches et des modestes. Le monde actuel organise une perversion toute autre, faite de prédateurs et de torturés. Dieu a voulu des inégalités, pas des injustices, nuance, craignez sa parole.
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Sapaudia : Une dernière pour la route, déterrée pour mon Considérations sur les femmes.
La femme est, en général, le plus précieux des sous-ordres et le plus dangereux des chefs.
Gustave Vapereau, L’Homme et la Vie (1896)
Lounès Darbois : C’est d’ailleurs marqué dans l’Évangile. « Femmes, soyez soumises à vos maris ». C’est le préalable à « maris, aimez vos femmes ». Le spectacle que donnent la plupart des femmes mariées après deux ou trois ans est effrayant. Le poids, le négligé, la domination sournoise, les hurlements, la paresse, la basse manipulation. Cela dans l’espoir conscient ou non de voler les enfants et l’argent, à moyen-terme, avec l’accord des tribunaux. Au lieu qu’elles soient une aide elles sont un poids.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation