Jean-Marie Le Pen est mort, vive Jean-Marie Le Pen !

Jean-Marie Le Pen est mort, vive Jean-Marie Le Pen !

Celui qui écrit ces quelques modestes lignes croît bien connaître Jean-Marie Le Pen. Pas seulement pour l’avoir rencontré plusieurs fois, en particulier chez lui ou chez sa femme Jany – où celui-ci avait élu domicile ces dernières années. Non, cela serait bien présomptueux. Mais plutôt de la façon dont on connaît intimement un personnage à qui l’on s’est attaché à peine adolescent et dont, cinquante années durant, l’on a suivi attentivement le parcours, rageant de ses défaites, vibrant de ses victoires.

Le Pen est de ces rares personnages qui draine avec lui l’histoire qui, comme une glaise, se façonnerait à l’empreinte de son passage. Même ses détracteurs, surtout ses détracteurs peut-être, n’y peuvent rien : plus ils l’ont attaqué, plus ils ont creusé le sillon d’argile, rendant sa marque indélébile.

C’est ainsi le caractère des grands hommes que d’être nécessaires là où la plupart de ses contradicteurs furent contingents. Lorsque Emmanuel Macron dit que Jean-Marie Le Pen est « désormais soumis au jugement de l’histoire », il n’a pas tort, comme la boussole qui indique le sud. De fait, il est des acteurs secondaires inoubliables comme il est des personnages centraux dont on peine rapidement à retenir le nom, comme pour les oublier.

Le Pen, c’est un petit bout de France, très à l’ouest, et un grand morceau de l’histoire de la IVe puis de la Ve République. Traversant le vingtième siècle, éprouvant plusieurs guerres, s’y portant même volontaire, plus jeune député, entrepreneur, Jean-Marie est le produit d’une vie dure qu’il traversa pourtant toujours comme si elle ne l’était pas.

Car on ne vit pas 96 ans sans une âme conjuguant une forme d’insouciance et une philosophie stoïcienne plutôt que de la rancœur et du ressentiment. « Je pardonne facilement », disait-il. Or, l’on pardonne d’autant plus aisément que l’on a une conscience aiguë de la vanité de toutes choses. Lors d’une de ses dernières interviews, il concluait ainsi : « Vous savez, l’on regarde les galaxies, et puis… ».

Jean-Marie Le Pen fut donc aussi un philosophe, parce qu’il était d’abord un poète, un chansonnier et un fin connaisseur de notre langue. Cette maîtrise était tout à l’œuvre dès ses premières réunions politiques avec Tixier-Vignancour. Elle ne le quitta plus, ce tribun qui, toute sa carrière durant, embrasa des meetings électoraux aussi bien qu’il savait en découdre dans notre poste de télévision – et à fleurets pas toujours mouchetés – face à ses opposants politiques.

À l’aube de l’existence, qu’est-ce que la vie d’un homme, et plus encore d’un homme politique ? Est-ce l’ensemble des plaisirs et des satisfactions personnels qui la constituent mais qui sombrent aussitôt dans le néant ou n’est-ce pas plutôt aussi – et surtout – les faits publics et, mieux encore, l’héritage qu’on a réussi à transmettre ?

En bon marin, Jean-Marie Le Pen a pendant 70 années tenu à bout de bras, contre vents et marées, la petite flamme patriote que de nombreux souffles ennemis cherchaient à éteindre. Il sera poussé à la faute souvent, et quand il ne le sera pas on montera des cabales contre lui. Mais peu nombreux sont ceux qui peuvent s’enorgueillir d’avoir semé tant de graines, fait naître plusieurs générations de patriotes dont on voit poindre aujourd’hui la possible victoire des idées.

Le monde change et un vent nouveau semble souffler sur lui, aux États-Unis comme en Europe. C’est comme si maintenant, le fruit était mûr et que la mission du Menhir était arrivée à l’heure du passage de témoin. Jean-Marie Le Pen ne meurt pas, il transmet.

C’est ainsi que ce 6 janvier, alors que l’on venait de fêter l’anniversaire de Jeanne d’Arc (qu’il convoqua tant de fois), celle-ci se pencha sur son lit d’homme affaibli par l’âge. Elle lui souffla quelques mots. Puis, considérant peut-être ce qu’elle lui avait dit, et alors qu’un peu plus loin sur Terre les orthodoxes en ce 7 janvier s’apprêtaient à fêter Noël, il décida de nous quitter.

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À propos de l'auteur Égalité et Réconciliation

« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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