Au nom du conseil d’administration du Mouvement des travailleuses et travailleurs chrétiens (MTC) de Montréal MTC.
Micheline Roy, présidente, Pierre Roy, Manuela Banfi, secrétaire
Serge Généreux, vice-président, Gaëtan Ouellet cosignent cette lettre les membres suivants du MTC de Montréal : Diane Brunet, Donald Haney, Marc Alarie, Marie-Thérèse Caron, Lucie Gauin
Messieurs,
La dernière Journée internationale des droits de l’homme (10 décembre 2024) ainsi que le Temps des Fêtes furent pour nous, membres du Mouvement des travailleuses et travailleurs chrétiens de Montréal (MTC), l’occasion de vous faire part de notre plus profonde préoccupation quant au respect des droits humains en Israël et en Palestine, dans le conflit qui oppose l’armée israélienne aux militants du Hamas.
Nous avons été indignés et choqués, en octobre 2023, par le massacre par des militants du Hamas de 1200 personnes en Israël, dont 800 civils, et par l’enlèvement de 251 personnes. Les responsables de telles atrocités doivent être punis par le droit international.
Mais nous sommes sidérés par l’ampleur de la riposte du gouvernement israélien qui apporte chaque jour son lot de destruction et de pertes de vies humaines, dont la grande majorité s’avère être des civils. En date du 20 décembre 2024, on comptait dans la bande de Gaza plus de 45 200 morts et 107 700 blessés sur une bande de terre d’à peine 40 km de long! Des pertes dont les femmes et les enfants paient un lourd tribut et qui relèvent des actes prohibés par la Convention sur le Génocide adoptée en 1948 par l’Organisation des Nations Unies et dont le Canada est signataire.
À l’article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, celui-ci se définit par « un quelconque des actes ci-après commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». L’article définit quelques-uns de ces actes :
– Meurtre des membres du groupe.
– Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale des membres du groupe.
– Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle.
– etc.
La reconnaissance ou non d’un génocide en appelle aux compétences d’organismes dont la crédibilité au niveau de la vérification des faits s’avère sans failles.
Nous ne fûmes donc pas surpris d’apprendre, le 14 novembre dernier, qu’un comité spécial de l’ONU chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes dans les territoires palestiniens occupés affirmait que les méthodes de guerre employées par l’État hébreu, depuis l’attaque du 7 octobre 2023, présentaient « les caractéristiques d’un génocide ». Le comité s’alarmait notamment « des pertes civiles massives » et de l’emploi « de la famine comme arme de guerre ».
Le 4 décembre dernier, Amnistie Internationale, par la voix de sa Secrétaire générale, Agnès Callimard, confirmait l’hypothèse du comité spécial de l’ONU et accusait formellement Israël « de commettre un génocide contre les Palestiniens » depuis le début de son offensive dans la bande de Gaza en octobre 2023.
Et trois jours plus tard, le 7 décembre, dans une lettre au Devoir, Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Oxfam-Québec, nous invitait à l’approche du Temps des Fêtes, à ne pas perdre de vue notre humanité commune en détournant notre regard de la « souffrance de 2,3 millions d’enfants, d’hommes et de femmes à Gaza ». Elle rappelait que les actions d’Israël dans les territoires occupés tels que l’accumulation de déplacements forcés massifs, le refus de l’aide humanitaire et la volonté de repeupler avec des colons le territoire ainsi vidé s’apparente à un nettoyage ethnique.
Mme Vaugrante nous rappelle que les pluies glaciales de l’hiver 2024 s’abattent sur des populations malades, affaiblies et au bord de la famine. Des demeures totalement détruites, des magasins fermés, des hôpitaux à peine opérationnels, privés des équipements nécessaires pour soigner les nombreux blessés, des infrastructures détruites à 60% par des bombardements à l’aveugle, des usines de traitement des eaux dysfonctionnelles, des coupures d’électricité planifiées…!
Voilà messieurs Trudeau, Poilièvre, Singh, Blanchet, ce sur quoi nous refusons de détourner notre regard. L’ONU, Amnistie Internationale, Oxfam-Québec, constituent des voix fortes qui crient dans les tranchées de notre conscience collective et qui en appellent à un sursaut de notre humanité commune.
Par sa signature de la convention contre le crime de génocide le 28 novembre 1949 et en la ratifiant pour adoption le 3 septembre 1952, le Canada doit assumer sa responsabilité de contribuer activement à ce que cessent de telles atrocités. Cela passe par un cessez-le-feu immédiat, par une protection accrue des civils, par la fin des déplacements de population, par la libre circulation de l’aide humanitaire, par la protection des infrastructures d’électricité, d’usines de traitement des eaux, des hôpitaux et par toutes autres mesures qui favorisent le respect et la promotion des droits humains des Palestiniens.
Dans l’esprit de cette Journée mondiale des droits humains et du Temps des Fêtes qui symbolisent un Temps de Paix qu’il nous revient de faire advenir, nous vous remercions de vous faire nos porte-voix sur la scène internationale vers un plus grand respect de ces droits. Car cela s’avère le seul chemin vers la paix.
Avec nos vœux les plus sincères d’un joyeux Temps des Fêtes.
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal