De Elon à Musk, via l’AfD

De Elon à Musk, via l’AfD

De Elon à Musk, via l’AfD

5 janvier 2025 (20H50) – Elon Musk est un drôle de numéro. Il est devenu bien difficile de se faire une religion à son propos alors qu’auparavant on le classait dans le tiroir fourre-tout des faiseurs de fric et des allumés de l’avenir post-humanisé avec week-end organisé sur Mars, – et le tour était joué. Aujourd’hui, le cas est devenu moins facile. Les antiSystème/anti-UE les mieux certifiés et les plus pragmatiques ne l’expédient plus à la poubelle mais se saisissent en chantant de ce qu’ils découvrent d’excellent chez lui et pour eux, dans ses propos et ailleurs. Il suffit d’écouter Philippot nous en parler, d’ailleurs et chaque fois avec son avertissement d’un index levé, – “Ce n’est pas pour autant que j’approuve tout ce qu’il dit et fait”.

Vrai ou faux ? Réalité ou simulacre ? “On s’en fout”, répondent ceux-là, on prend ce qu’il nous donne. On se passe désormais les détails de ses démêlés anti-UE, de son soutien à ‘Reform UK de Farage (non sans quelques anicroches avec lui), de ses interventions en faveur de l’AfD allemande (mentionné dans notre texte sur ‘Reform UK’) ; on le voit agir, n’est-ce pas, d’une façon qu’on est accoutumée de nommer “ingérence politique” depuis que Poutine est au pouvoir et n’en fait rien… Mais une “ingérence politique” à ciel ouvert, à-la-Trump, sans prendre de gants.

Arrêtons-nous à ce dernier acte de la tragédie-bouffe en cours. Musk fait beaucoup parler de lui outre-Rhin, notamment chez certains conservateurs traditionnalistes qu’on pensait à cent mille lieux de lui, – et qu’ils l’étaient, sans doute, et le reste, peut-être ; – mais dans ces temps de vitesse hypersonique, tout va si vite…

Tenez, prenez le cas d’une plume de haute tenue qu’il nous est déjà arrivé de citer, Constantin von Hoffmeister. Grand admirateur de Nietzsche, conservateur révolutionnaire affirmé, adversaire absolu de la modernité, et la suite. En tête de son texte du 29 décembre 2024, il cite un Dr. Maximilien Krah, sur X le 28 décembre :

« Le soutien d’Elon Musk à l’AfD change la donne. Musk n’est pas seulement l’homme le plus riche du monde, il incarne l’avenir – de Tesla à SpaceX en passant par X. Le complexe politico-médiatique allemand incarne la stagnation et l’incompétence. Entre les deux, il y a le pare-feu. »

Von Hoffmeister ne nous semble pas un acharné-allumé partisan de l’AfD comme si c’était l’extrême-droite. Il est bien loin de ces classifications politiques. Dans certains de ses points de vue, les plus intéressants, c’est un traditionnaliste pur. Sa défense de l’AfD ressemble plutôt à une classique plaidoirie pour la tradition :

« L’AfD ne dit pas non à l’immigration, elle dit qu’il faut la contrôler. L’intégration, la sécurité, la préservation de ce qu’on appelle la germanité. Pas la xénophobie, mais l’identité (100 % identité – 0 % racisme), le fil invisible qui relie un peuple à son histoire, sa terre, ses ancêtres, son passé et son avenir. L’AfD se dresse contre une avalanche de mauvais acteurs, de super-méchants et d’idées démentes – le mythe de la globalisation selon lequel tout peut être pareil sans rien perdre. »

Bien sûr, on sait combien tout cela est inutile par rapport aux divers “jugements de Nuremberg” que les divers puissants de nos corruptions inimaginables et autres causeurs de la vertu moderniste ont l’habitude de prononcer, comme des robots déguisés en accusateur global. Je laisse tout cela de côté, côté caniveau ; s’y attarder, c’est tomber à leur niveau et alors, bien sûr, très peu pour moi. Cela n’apporte rien, ni à l’argument, ni à la sûreté de soi.

Par contre, ce qui m’intéresse plus et mieux est ce qu’il est dit à propos de l’intervention de Musk, ce piètre pékin postmoderne transformé en gaillard d’avant de la volonté populaire et de l’identité des peuples, avec toutes les outrances de l’emportement de l’éloquence du nouveau-converti à l’action politique, – peu importe…

« Et puis, Elon Musk. Le milliardaire, l’innovateur, l’agent du chaos. Musk n’est pas un homme, c’est une force d’influence à lui tout seul, de la taille d’une superpuissance. Tesla a réécrit notre façon de penser les voitures. SpaceX a brisé les limites du possible, visant à quitter définitivement le berceau terrestre et à grandir parmi les étoiles. X a transformé le monde en scène pour Musk (pour lui, comme Shakespeare l’a si bien dit, “le monde entier est une scène”). Aujourd’hui, il regarde l’Allemagne, l’AfD, et dit : “Seule l’AfD peut sauver l’Allemagne.” Non pas avec un murmure timide, mais avec un tweet laconique – un coup de feu numérique entendu dans le monde entier.

» La voix de Musk compte. Il est vraiment formateur ; c’est un visionnaire comme Nikola Tesla ; il représente l’avenir multiplanétaire. Quand Musk parle, les marchés bougent, les idées évoluent, les gens écoutent. Et le voilà qui pointe du doigt l’Allemagne, l’AfD, et qui dit que c’est là que se déroule la conversation. Son alignement avec l’AfD perturbe les récits obsolètes et sûrs de l’élite politique. Soudain, le pare-feu – la barricade qui empêche l’AfD de tenir un discours poli – commence à se fissurer. Selon Musk, “les partis politiques traditionnels en Allemagne ont complètement trahi le peuple”.

» Ce pare-feu n’est pas une métaphore. Il est bien réel, construit brique par brique par la classe politique et médiatique allemande pour faire taire la dissidence, pour exclure les alternatives, pour imposer un consensus fragile. L’AfD ne fait pas seulement face à l’opposition ; elle est confrontée à l’effacement, à la diabolisation, à une campagne incessante pour la dépeindre comme inadmissible. Et pourtant, la présence d’Elon Musk est un coup de massue contre cette structure, une force déstabilisatrice qui oblige les gens à regarder à nouveau, à se demander qui a construit le mur et pourquoi.

» Elon Musk n’a pas peur des murs. Il construit des fusées pour les franchir. Son alignement avec l’AfD ne consiste pas à approuver chaque point de sa plateforme ; il s’agit du principe, de la question plus large de ce qui se passe lorsqu’une nation se perd au nom d’une supposée “supériorité morale”. Son message est simple : un pays sans identité n’est pas un pays ; c’est une marchandise, interchangeable et jetable sur le marché mondial.

» L’Allemagne, l’AfD, Elon Musk – ils sont pris dans la même tempête. L’ordre ancien s’effondre sous son propre poids, traînant les pieds tandis que le monde change plus vite que ne peut le comprendre l’establishment libéral idéaliste et égaré. Elon Musk représente un nouveau type de pouvoir, qui n’attend pas la permission et ne se soucie pas des règles polies. En se rangeant du côté de l’AfD, Elon Musk défend le droit de l’Allemagne à se protéger ; il lance un défi à toutes les nations qui se débattent avec les mêmes questions d’identité et de survie à l’ère d’une déshomogénéisation artificielle.

» Ce n’est pas un moment de calme ; c’est le glas de la désintégration de l’Occident dominé par la gauche. C’est l’avenir qui perce les fissures de l’ancien. Elon Musk, l’AfD et l’effondrement du pare-feu – c’est le moment où l’Allemagne décide de ce qu’elle veut être. Une nation avec une colonne vertébrale, s’accrochant à sa culture tout en faisant face à l’avenir, ou un espace vide sur la carte, ses frontières ouvertes, son identité oubliée, son peuple à la dérive dans une mer de bavardages dénués de sens. Elon Musk ne se contente pas de prendre parti. Il pose la question : que voulez-vous être ? Il se tourne vers le guide faustien de l’Occident lorsqu’il proclame : “L’AfD peut conduire le pays vers un avenir où la prospérité économique, l’intégrité culturelle et l’innovation technologique ne sont pas seulement des souhaits mais une réalité.”

» Qu’est-ce qui façonne l’âme, le noyau de la nation ?
» Un passé embrassé, mais qui aspire encore plus.
» La lumière de l’avenir éclipsera-t-elle l’ancienne,
» ou fusionnera-t-elle les flammes, à la fois brillantes et audacieuses ?
» Par la force enracinée, les étoiles s’élèvent –
» L’identité et le progrès se mélangent. »

Décidément et même si l’on se répète, ce n’est pas tant la bataille de Musk pour l’AfD qui m’intéresse, – j’en pourrais dire autant de celle de Musk avec ‘Reform UK’. Je dirais que je ne suis pas là non plus pour prendre position par rapport à ce qu’on pourrait désigner comme “la politique de Musk”. Je ne suis pas là pour prendre parti pour un parti ni pour une personne de parti, l’enjeu est d’un autre niveau et d’une autre mesure. Ce qui m’intéresse, c’est le retournement de la chose retournée une première fois, – et ainsi retrouvant sa forme. La chose invertie, invertie à son tour, la déconstructuration déconstructurée à son tour, – et ainsi, les formes retrouvées après une plongée dans des enfers qu’il est nécessaire de connaître pour mieux les affronter.

En d’autres termes qui permettent d’éclairer le propos : avant que Musk ne devienne Musk-comme-on-le-voit, il était un Musk comme les autres ; et il était coutume de dire que le monde était dirigé par ces grandes fortunes industrielles et technologiques, manipulant leurs pantins politiques pour faire cette politique du néant, de la cancellation totale de toute pensée qui vous pousse à vouloir le chaos et au-delà du chaos, – le rien, le vide. Mercouris, poussé par son complice à parler de la politique de Biden faite en Ukraine, et en cadeau à Trump, et cela en bonne part et autant que sa propre folie de la bêtise pour satisfaire les revenus des trusts du complexe militaro-industriel, – Mercouris donne l’effrayante réponse :

Alex Christoforou : « … Et alors, tout est plongé dans le plus grand chaos…

Alexander Mercouris : « C’est du nihilisme, un nihilisme absolu élevé au rang de la direction suprême de l’État… »

C’est bien là où l’on voit du neuf avec Musk, un basculement qu’on pourrait presque qualifier de “ complet” je pense. Certes, il y a déjà eu, avant lui, des cas similaires ; mais lui, il le fait, par sa fonction même, au plus haut des haut-parleurs de la communication, en pleine lumière, sans le moindre égard pour toutes ces élites-Système qui se roulent depuis si longtemps, et presque avec la volupté du devoir bien accompli, dans l’excrément du mensonge et l’insulte totale du simulacre.

J’ignore bien ce que tout cela nous apporte, ce que porte en soi cet étrange volte-face que les enquêteurs des bonnes intentions ont déjà installé sur leurs détecteurs de complots, avec des signaux d’alerte incessants. Il me suffit de m’enquérir du fait lui-même, de tout ce qu’il déclenche, de cette incroyable instabilité qu’il nous signale dans un espace et une époque où la puissance colossale du Système devait et devrait nous figer dans l’immobilité de la mort-vivante.

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À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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