Youssef Hindi est un être pudique et plein de charme. En l’écoutant, je découvre, amusé, que la petite chaperon rouge s’est fait dévorer par le loup : cette cruauté m’a aussi été cachée toute mon enfance.
Le mensonge recèle paradoxalement des vertus pédagogiques : il est fondateur et indispensable à la construction de l’équilibre psycho-émotionnel et à la structuration de la clarté mentale des enfants. En confrontant les tout-petits aux vérités du monde et à sa hideur (drag queens, perversité, massacres), nous tuons l’illusion qui engendre la pulsion de vie : nous faisons effraction dans le havre onirique qui donne aux enfants l’envie de rêver notre monde comme objet de désir.
Dès lors, introduire dans l’école un discours sur la sexualité et le plaisir adultes ou mettre l’enfant en présence de créatures hybrides, consiste à devancer inutilement leurs interrogations, à donner préséance à l’idéologie sur l’expérience : ce déni, par le politique, de l’immaturité du processus de cognition, de l’absence d’immunité émotionnelle et de l’illusion comme nutriment de la pulsion vitale, sont les marqueurs d’un négationnisme bien occidental de la vulnérabilité de l’enfant, voire d’une volonté de normaliser, sous couvert d’enseignement de la tolérance et de l’égalité, un rituel initiatique violateur.
La constitutionnalisation de l’avortement (alors que les femmes y avaient déjà accès sans limitation de nombre ni de prise en charge) et l’agression des paravents protecteurs de l’innocence par la sexualisation outrancière du discours éducatif, signalent une volonté d’entrer par effraction dans la zone protégée de l’enfance : la civilisation occidentale du XXIème siècle est en train d’ériger l’effraction dans les représentations du monde de l’enfance, donc un paradigme de viol, comme norme anthropologique.
La féérie, le merveilleux et le didactisme moral des contes des siècles passés devraient attirer notre vigilance sur l’inanité et l’immoralité de ce basculement de la transmission, qui substitue l’initiation, avec tout ce qu’elle charrie d’intrusif et de profanation des fragiles représentations du monde qui sont celles de l’enfance, à la formation des esprits. Les contes de Charles Perrault, libres de droits, nous rappellent à ce devoir.
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