RapSit-USA2024 : le Canal de Panama et le Groenland ?
Il semble, d’après bien des échos savamment distillés pour paraître officiels tout en étant officieux, que les ambitions opérationnelles de Trump-II sont considérables et tout à fait originales. Deux d’entre elles, glissées par tel ou tel moyen de communication original, – Musk est un conseiller essentiel à cet égard, – nous communiquent notamment :
• …Que les USA envisagent clairement de reprendre complètement en main le contrôle du Canal de Panama. L’argument est aux deux tiers financier et un tiers géopolitique. Trump en a assez de voir la gestion « indirecte et partielle » du Canal confiée aux Chinois, ce qui occasionne des frais considérables (droits de passage) à la flotte marchandé US et à la livraison de diverses marchandises aux USA. Saviez-vous que la Chine avait posé quelques-unes de ses griffes sur le Canal de Suez ? Cela n’étonnera personne, et surtout pas les USA qui ont appris au monde à agir de la sorte.
• … Que les Etats-Unis doivent considérer que le contrôle complet de Groenland par eux-mêmes est peut-être une chose très importante, – disons “pour la paix du monde”, et tout est bien… Ce que Trump a vraiment dit est ceci : « Pour des raisons de sécurité nationale et de liberté dans le monde entier, les États-Unis d’Amérique estiment que la propriété et le contrôle du Groenland sont une nécessité absolue. »
Andrew Korybko qui fait un texte assez court, – la sensation de ces nouvelles et de ces possibilités par ailleurs assez minces est assez grande pour ne pas nécessiter de longs commentaires, – termine assez joliment son chapô d’introduction par ce commentaire absolument trumpien, sinon trumpiste :
« Les deux [le Canal et le Groenland] sont à sa disposition s’il les veut vraiment, mais on ne sait pas vraiment s’il le veut vraiment. »
Bien entendu, tout cela est considéré par Korybko comme essentiellement d’essence géopolitique, plutôt que de caractère financier et commercial. L’ensemble, qui est pure piraterie et impérialisme du type-XIXème siècle et américaniste, renvoient à l’isolationnisme le plus agressif, – ‘America First’ et ‘America Only’.
Il est bien difficile de savoir « vraiment s’il le veut vraiment ». Ces idées sont du pur-Trump, mais nul ne sait s’il n’y a pas derrière une manœuvre, beaucoup plus intérieure qu’extérieure, qui serait par exemple conseillée par Elon Musk.
Note de PhGBis: « Après tout, Trump a déjà montré le bout de son nez, – nez de clown ou nez du profil grec d’un guerrier de Sparte, – avec l’annonce faite à Justin que le Canada ferait aussi bien de devenir le 51ème État de l’Union. Rougeur de jeune fille pudique du jeune Trudeau, avant l’amorce de l’effondrement complet de son gouvernement. Est-ce vrai ? ‘Se non e véro…’. »
Nous notons par ailleurs ces remarques de Martin Armstrong à la fin d’une interviewqu’il a donnée à Greg Hunter, de ‘USA Watxhdog’, et qui concernent quelques-unes de ses prévisions pour l’immédiat 2025 :
« Armstrong affirme que les monnaies numériques qui suscitent beaucoup d’attention ces derniers temps ne sont qu’un mécanisme de contrôle. Armstrong soutient que l’argent numérique mettra fin aux paniques bancaires. Armstrong pense toujours que le monde sera en guerre d’ici avril ou mai 2025. Armstrong dit de surveiller la Turquie avec son énorme armée conventionnelle. Armstrong affirme que la Jordanie et le Liban pourraient également être conquis, et que, comme la Syrie, c'est la Turquie qui orchestrera cette opération. Armstrong affirme que le Moyen-Orient se prépare à un conflit majeur à partir de 2025, et qu'il y aura des destructions. Armstrong prédit également que l’Europe sera perdante lors de la prochaine guerre mondiale.
» En conclusion, Armstrong déclare : “Ils ne peuvent pas empêcher Trump de prendre ses fonctions, mais ils peuvent le retarder avec la loi martiale. La loi martiale a été promulguée 60 fois aux Etats-Unis… Les néoconservateurs ont peur à mort de Trump et veulent vraiment le piéger dans une guerre avant qu'il ne prenne ses fonctions. »
L’idée serait alors, avec ces deux buts d’expansionnisme isolationniste tel que le Canal et le Groenland, – et d’autres possibles, de la même eau isolationniste, – de mettre en accusation les neocon pour des projets de guerre au Moyen-Orient et en Europe, loin de la zone de sécurité des USA. Bien entendu, c’est un isolationnisme exacerbé, qui semble tout à fait dépassé et improbable ; mais pas “dépassé et improbable”, et même moins, que les guerres stupides et absurdes que les neocon infligent aux USA depuis un demi-siècle. Contre l’hégémonie globaliste des USA, Trump avance l’idée de l’hégémonie isolationniste des USA… Rien pour nous étonner !
Quoi qu’il en soit, si de tels projets sont sérieusement développés, la véritable effet sera, selon nous, que l’isolationnisme américaniste enfermera les USA dans une cuirasse de fer pour que ses populations règlent définitivement leurs comptes, sous toutes les formes qu’on veut, – désagrégation, sécession, guerre civile & hybride, etc. De tels événement constitueront non pas la fin d’un empire, ni même d’une époque, mais Bien la fin d’un cycle et la fin de la modernité qui l’a caractérisé.
L’article de Andrew Korybko est du 23 décembre 2024.
_________________________
« Si Trump veut le Canal et le Groenland, ils sont à lui
« Trump a menacé de reprendre le contrôle du canal de Panama par les États-Unis si celui-ci restait sous une gestion indirecte et partielle de la Chine et continuait à facturer aux États-Unis ce qu'il a décrit comme des tarifs de passage exorbitants. Il a ensuite posté brièvement après cela : « Pour des raisons de sécurité nationale et de liberté dans le monde entier, les États-Unis d’Amérique estiment que la propriété et le contrôle du Groenland sont une nécessité absolue. » Les deux sont à sa disposition s’il les veut vraiment, mais on ne sait pas vraiment s’il le veut vraiment.
En ce qui concerne le canal de Panama, l’impératif immédiat de Trump semble être de réduire l’influence chinoise sur cette voie navigable cruciale, dont il craint apparemment qu’elle puisse être exploitée par la République populaire pour interdire aux États-Unis les transports transocéaniques en cas de crise à Taïwan. Il pourrait également vouloir contraindre le Panama à fermer les routes de migration illégale vers les États-Unis via le Darien Gap. Ces deux propositions sont sensées du point de vue de sa vision du monde MAGA qui vise à restaurer l’hégémonie unipolaire des États-Unis.
Ses objectifs au Groenland pourraient être similaires dans le sens où il s’agirait de s’assurer que les entreprises chinoises n’obtiennent pas un monopole sur les réserves minérales critiques de l’île et d’empêcher la construction d’« infrastructures à double usage » qui pourraient un jour donner à Pékin des avantages militaires et de renseignement. . Le contrôle direct du Groenland, un territoire peu peuplé et pratiquement sans défense, qui fait encore officiellement partie du Danemark, est considéré comme le moyen le plus efficace d’y parvenir.
La menace de Trump sur le canal de Panama et sa revendication sur le Groenland visent également probablement à répondre aux attentes de ses partisans qui souhaitent qu’il « rende sa grandeur à l’Amérique » de manière géopolitique visible. Même s’il n’impose pas un contrôle américain formel sur eux, expulser l’influence chinoise des deux pays et la remplacer par l’influence économique américaine pourrait suffire à les rassasier. Cela pourrait également consolider son héritage et jeter les bases pour que son successeur, qui serait probablement JD Vance, établisse un contrôle formel un peu plus tard.
Ces deux territoires sont à la portée de Trump s'il les veut vraiment, car aucun des deux ne pourrait s'opposer de manière significative à l'armée américaine s'il autorisait une invasion. Il s’agirait d’opérations peu coûteuses, aux retombées économiques et politiques élevées, même si elles se feraient au détriment de la réputation internationale des États-Unis. La communauté internationale les dénoncerait comme des invasions impérialistes, mais personne ne s’opposerait aux États-Unis ni ne les approuverait par la suite. Tout ce qui pourrait suivre ne serait que de la rhétorique dure, rien de plus substantiel.
Trump veut remodeler « l’ordre fondé sur des règles » à l’avantage des États-Unis après que la Chine a magistralement utilisé les règles du système précédent contre l’Occident pour dynamiser sa trajectoire de superpuissance. Il emploiera donc explicitement deux poids deux mesures pour repousser la République populaire dans le but de construire ce que l’on peut décrire comme la « Forteresse Amérique ». Il s’agit de la réimposition de l’hégémonie américaine sur l’ensemble de l’hémisphère occidental après l’expulsion de l’influence chinoise et russe de cette région.
Il reste à voir sur quelles méthodes Trump comptera finalement s’appuyer pour réaffirmer l’influence américaine sur le canal de Panama et le Groenland, mais les moyens militaires ne peuvent être exclus en raison de la facilité avec laquelle il peut les utiliser pour atteindre ces objectifs si nécessaire. Il est prêt à accepter les conséquences pour la réputation internationale des États-Unis, car il préfèrerait de toute façon que son pays soit craint plutôt qu’aimé. À en juger par les remarques de Trump sur ces deux questions, MAGA 2.0 est sur le point d’être plus affirmé géopolitiquement que MAGA 1.0.»
Andrew Korybko
Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org