Un incident survenu en août 2024 à Ambarès-et-Lagrave, en Gironde, met en lumière les défis auxquels sont confrontées les forces de l’ordre. Alors qu’un gendarme a été blessé en tentant de maîtriser un automobiliste ayant refusé d’obtempérer, il se retrouve aujourd’hui lourdement sanctionné. Une situation qui relance le débat sur les conditions de travail des gendarmes et leur traitement administratif.
Retour sur l’incident : un contrôle qui tourne au drame
Le 10 août 2024, lors d’un contrôle routier à Ambarès-et-Lagrave, une voiture refuse d’obtempérer, déclenchant une course-poursuite périlleuse. Le conducteur de la Mercedes multiplie les infractions : circulation en sens interdit, manœuvres dangereuses, et passage en force sur un rond-point. L’échappée prend fin lorsque le véhicule heurte un trottoir, endommageant gravement sa roue avant.
Alors que les gendarmes tentent de maîtriser les deux occupants, le conducteur redémarre, piégeant l’un des militaires entre les portières. Le gendarme, blessé au torse et à la main, sort son arme par peur pour sa vie avant de parvenir à récupérer les clés du véhicule. L’arrestation révèle que le conducteur est un jeune homme de 18 ans sans permis, accompagné d’un passager de 14 ans.
Le militaire a subi des blessures sérieuses, dont une déchirure ligamentaire à la main et un stress post-traumatique, entraînant 10 jours d’incapacité totale de travail (ITT) et plus de 100 jours d’arrêt maladie.
Des sanctions administratives controversées contre le gendarme blessé
Malgré son statut de victime, le gendarme est aujourd’hui sanctionné pour avoir tenu des propos jugés inappropriés lors de l’arrestation. Bien que ces remarques ne contiennent aucun caractère raciste ou discriminatoire, elles ont été rapportées dans un compte-rendu officiel. Résultat : une sanction de 30 jours d’arrêt avec dispense d’exécution, inscrite dans son dossier pour quatre ans.
Cette sanction pourrait freiner considérablement sa progression de carrière. À cela s’ajoute un projet de mutation géographique, perçu comme une double peine.
Soutien de l’APNM : un signal d’alarme pour les gendarmes
Marc Rollang, porte-parole de l’Association Professionnelle Nationale Militaire Gendarmes et Citoyens (APNM), dénonce ce qu’il considère comme une injustice :
“Ce gendarme est sacrifié sur l’autel de la moralité. La moindre erreur est aujourd’hui sur-punie, ce qui envoie un signal dangereux à ceux qui risquent leur vie quotidiennement.”
Selon lui, cet incident s’inscrit dans une tendance plus large où les forces de l’ordre sont systématiquement sanctionnées, au détriment de leur engagement et de leur moral.
Un recours pour contester les sanctions
Le gendarme concerné a décidé de déposer un recours contentieux auprès du tribunal administratif pour contester la sévérité des sanctions. Cette démarche pourrait créer un précédent et soulager d’autres militaires confrontés à des situations similaires.
Un déséquilibre entre sanctions des forces de l’ordre et des délinquants
Cette affaire illustre une problématique récurrente : pourquoi les sanctions envers les forces de l’ordre semblent-elles parfois plus lourdes que celles visant les délinquants ?
Le conducteur de 18 ans impliqué dans cet incident sera jugé en 2025 devant le tribunal correctionnel. Cependant, les conséquences personnelles et professionnelles pour le gendarme blessé apparaissent déjà plus lourdes.
Un climat délétère pour les forces de l’ordre
Au-delà de cette affaire, les gendarmes dénoncent un climat de répression interne qui fragilise leur mission et leur engagement.
“Nous sommes utilisés comme boucs émissaires dans un contexte où la délinquance ne cesse d’augmenter”, déplore Marc Rollang.
Ce cas met en lumière un malaise croissant au sein des forces de l’ordre, où les militaires, déjà soumis à des risques élevés, doivent désormais composer avec une pression administrative parfois jugée excessive.
Source : Frontières média
Source : Police & Réalités
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