Humiliation de Poutine et des antisystèmes
Tout s’est passé comme à la parade – et à la méthode dure des américains a succédé leur méthode molle qui a réussi, la méthode de Séraphin Lampion (Hergé toujours) : dans la facilité et dans la rigolade on fait succomber un régime qui ne reposait plus sur rien (essayez de vivre sans eau, sans gaz, sans argent, etc.) Assad en Russie est déjà menacé par l’ONU pour la liste de crimes de sa belle dynastie. A la défaite stratégique piteuse et sans égale de Poutine, s’ajoute pour notre géopoliticien de génie une défaite cuisante morale. C’est comme ces 500.000 ukrainiens-nazis tués pour rien (pour être désarmés…) moins par l’Otan que par la Russie tout de même (cause matérielle, mon cher Douguine, dirait Aristote), dans ce qui promettait d’être une promenade militaire. Eh bien les islamistes sont rentrés en Syrie comme dans du beurre, pas les russes en Ukraine. Cela apprendra à croire comme Cerise que les ukrainiens sont des russes sous hypnose. Etant marié à une ukrainienne, je vous garantis que cela n’est pas le cas (voyez le livre de Tetyana sur la poésie patriotique ukrainienne). L’antisystème s’auto-hypnotise comme tout le monde.
Cela fait des années que pas mal d’esprits mettent en doute les capacités et les méthodes de Poutine : votre serviteur, qui officia dans la pseudo-presse de pseudo-propagande russe, mais aussi Paul Craig Roberts (insulté par tous les Orlov et Martyanov de la place), Modeste Schwaz, Riley Waggaman, etc. On ne met pas seulement en doute ses méthodes, mais aussi ses objectifs. Poutine roule en outre comme les autres – et sans doute plus vite ! – pour le Grand Reset et le totalitarisme informatique et monétaire, et il a échoué dans pas mal de ses objectifs positifs : la démographie russe est une catastrophe, et comme disait Obama, personne n’a envie d’émigrer en Russie, sauf vingt distraits dit-on pour des raisons idéologiques. Ce régime cerné et acculé aurait dû composer parce qu’on a vu avec les Brics que tout le montage anti-occidental ne mène pas très loin : voyez Lula, son Mercosur et ses vaccins, voyez l’Inde et ses rodomontades prudentes, voyez la Chine moins fiable que jamais, qui n’a ni la volonté stratégique ni le savoir-faire militaire pour se faire respecter (oui je sais ils vont inventer des dollars et ruiner l’Amérique en trois mois). Quant à l’économie ; on va juste rappeler deux chiffres que l’on peut glaner partout : les russes fabriquent 700.000 voitures, les américains dix millions. Certes ils ont les canons mais ils ont toujours eu les canons nos russes, et leur manque de vista géostratégique (sans oublier leur impopularité séculaire, car ils sont vraiment impopulaires, on n’a pas eu besoin des ricains pour la créer cette impopularité en Europe) les mène toujours finalement à des guerres catastrophiques : beaucoup de sang pour rien, telle est notre devise (et si c’était aussi des occidentaux les russes, simplement mal placés au milieu de l’Eurasie de nulle part qui fait rire Jarry ?). Pour le reste invasion migratoire comme partout : lisez ria.ru. ou Craig Murray qui a rappelé que les sunnites veulent en finir avec les chiites plus que les ricains ou les israéliens ; ceux qui voulaient de l’islam traditionnel en seront pour leurs frais, Guénon le premier. On a vu aussi depuis vingt ou trente ans les prodigieux progrès de la mondialisation. Tout s’est américanisé et robotisé partout, le modèle Manhattan est mondial avec Netflix comme opium du peuple. L’Amérique est une puissance apocalyptique car sa matrice a produit un spectacle apocalyptique dont tous se repaissent.
Mon ami Guyénot a rappelé dans son indispensable Malédiction papale la piste noire de la papauté dans la quête noire de la guerre territoriale et pseudo-spirituelle occidentale. Mais la Russie n’a jamais été en reste avec cette troisième Rome, et la guerre perpétuelle à l’est de l’Europe le rappelle. Soljenitsyne le rappelle quelque part : on aurait dû ignorer la Serbie et traiter un peu mieux la petite-Russie ukrainienne. On a vu comment tout cela a abouti. Laurent rappelle au début de son livre la destinée ratée de la Chine impériale et militaire (n’accusez pas encore l’occident ) : les empereurs n’ont pas poussé au quinzième siècle leur avantage maritime (voir l’expédition de l’amiral Zheng en 1405, résume Laurent) ou militaire (poudre, arbalètes, compas, cartes, canons, etc.) et ils ont donc fini en slip au vingtième siècle, humiliés par une poignée d’occidentaux puis ruinés par un communisme imposé de l’extérieur qui réduisit le PNB de la Chine à celui des Pays-Bas. Volkoff écrivait que le bolchévique c’est celui qui en veut plus. On voit à travers l’histoire que seul l’occidental, sioniste ou autre, en veut plus. Sun Tsu est cité par les Américains, même par les traders de Wall Street, visiblement pas par les chinois. D’ailleurs le Dow Jones va passer à cinquante mille et aura ridiculisé tous les experts antisystèmes, Bill Bonner, Delamarche, Béchade, etc. On peut toujours prendre des paris sur la chute du dollar : en quelle monnaie ? 40% du Dow Jones appartient aux riches des pays des Brics, a rappelé Zerohedge.com. Et on va nous faire croire que… ? La seule vraie guerre actuelle c’est du riche contre le pauvre (Laurence Guillon).
Ce n’est pas très neuf non plus.
On s’est tous gargarisés de l’effondrement occidental avec le petit succès de Todd en librairie, moi le premier. En réalité ça va être beaucoup plus compliqué que cela, si cela voit le jour. Un lecteur hilare m’écrivait ce matin, me sortant de mon sommeil de l’histoire (« l’histoire est un cauchemar dont je tente de m’éveiller », murmure l’Ulysse de l’autre) :
« L’axe de la résistance est en train de prendre un sacré coup sur la tête au Proche et Moyen-Orient… le Hamas écrabouillé, le Hezbollah humilié, l’Iran tétanisé, et le « grand joueur d’échecs » moscovite décrédibilisé… le véritable « Axe du Mal » reprend du poil de la Bête. Nos « Anglo-Saxons » sont increvables…"
Qui survivra verra. Je maintiens ma vision du présent perpétuel : on a gardé les années cinquante avec un camp occidental dominé par les « anglo-saxons » (en réalité cette peuplade anglo-saxonne fut ruinée et liquidée en 1066 par nos croisés franco-normands, lisez Augustin Thierry pour vous rafraichir la mémoire) et de l’autre pseudo-camp anti-impérialiste dominée par de deux grosses et maladroites puissances semi-tyranniques de toujours, Chine et Russie. Après c’est à chaque supporter dans ce stade de fous de gober le spectacle et l’équipe qui lui plaît.
Le stade (la prison) reste le même.
Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org