L’Orient-compliqué et la catastrophe moderniste

L’Orient-compliqué et la catastrophe moderniste

L’Orient-compliqué et la catastrophe moderniste

• Damas est tombé… • Le choc a été à mesure de la rapidité qui y a conduit, à cause de l’effondrement d’une armée syrienne qu’on s’était accoutumé à juger très efficace et souvent héroïque. • Désormais, c’est un groupe djihadiste, HTS, commandité par la Turquie et soutenu par Israël et les USA, qui tient la Syrie . • L’ancien diplomate britannique Craig Murray fait un article sur cette affaire, à partir de Beyrouth où il séjourne. • L’événement, énorme du point de vue de la communication, est peut-être d’importance moindre qu’il eût été il y a dix ans, au sommet de la guerre de 2012-2019.

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Nous nous sommes dit “au début” de l’actuelle phase-éclair qu’il faudrait bien parler de la Syrie, après avoir aussitôt constaté qu’il serait bien difficile d’en dire quelque chose de nouveau dans les premiers jours. Comme dit la chanson : « C’est comme si out recommençait »… Nous voulons dire, cette fausse-vraie “guerre” sans fin de Syrie, comment ajouter des commentaires originaux, constructifs dans ce drame sans fin ? Donc, laisser passer les premiers jours pour laisser s’éclaircir la situation… A la surprise générale devant la dissolution complète de l’armée syrienne qu’on avait vue si ardente entre 2012 et 2019, il s’est avéré tant les choses s’enchaînèrent littéralement à la vitesse de l’éclair, que les “premiers jours” pouvaient plus justement se nommer “les derniers jours”. Hier soir les djihadistes du groupe HTS entraient dans Damas….

Mais d’autre part, nous sommes en 2024 et non plus en 2011-2019. Dieu, qu’il s’est passé tant de choses, d’événements, d’incidents, durant ces cinq années entre 2019 et 2024 ! Ce qui apparaît sûrement comme la même chose au premier coup d’œil (la même guerre qu’en 2012-2019) se révèle également, dans les moments qui suivent et permettent un peu de réflexion, comme une chose complètement différente,  n’est-ce pas juste ?

Pour cette raison, rien ne s’est passé comme ce qui s’était passé, en Syrie, entre 2011 et 2019. Le texte ci-dessous de l’ancien diplomate britannique Craig Murray nous donne une explication et un éclairage sur tous les événements en cours, et une thèse sur leur probable effet de bouleversement à venir de la zone, avec la disparition de cette merveille de pluralisme, quel que fut l’“infâme dictateur” en place, qui subsistait au cœur de ce Moyen-Orient étouffé par les radicalismes religieux. Craig Murray est un homme d’honneur et un professionnel ; diplomate en poste d’ambassadeur, il eut le courage de démissionner parce que son gouvernement lui interdisait de protester contre les pratiques de torture connues de tous du fait du gouvernement du pays d’accueil.

Murray, qui a ouvert son propre site, nous donne un long article à partir d’un séjour qu’il effectue au cœur de la mêlée, à Beyrouth. Il le dit et il l'a siouvent écrit, il n'était certainement pas un partisan d'Assad mais il sait faire la différence entre le Mal accidentel ou occasionnel et le Mal substantiel que porte la modernité poussée à l'extrême de soin simulacre de carnaval comme elle le fut et l'est pour discréditer Assad. Ce qu’écrit Murray  se résume ainsi alors que vont sans doute se former deux voisins qui ont fait alliance pour conquérir Damas mais se déchireront bientôt : le Grand Israël des extrémistes de Netanyahou et le Grand Califat de Syrie mis en place par le groupe HTS des esxtrémistes djihadistes :

« Ce sont les États-Unis qui promeuvent la cause de l’extrémisme religieux et de la fin, partout au Moyen-Orient, d’un pluralisme sociétal semblable aux normes occidentales. C’est bien sûr une conséquence directe de l’alliance des États-Unis avec les deux centres de suprématie religieuse que sont Israël et l’Arabie saoudite.

» Ce sont les États-Unis qui détruisent le pluralisme, et c’est l’Iran et ses alliés qui le défendent. Je n’aurais pas vu cela clairement si je n’étais pas venu ici. Mais une fois vu, c’est d’une évidence aveuglante. »

Quel bouleversement exactement ?

En nous appuyant sur l’hypothèse de Craig Murray, que peut-on déduire pour la situation générale métapolitique et pour la GrandeCrise ?

• D’une façon générale, cette transformation radicale du Moyen-Orient devrait être beaucoup moins importante qu’elle aurait été si elle avait eu lien en 2012-2015. Le Moyen-Orient n’est plus le centre fondamental de cette situation générale  même s’il joue un rôle important au niveau énergétique. D’ailleurs, dans ce domaine, il n’sst nullement assuré que le bouleversement aura un effet déstabilisateur considérable.

• Au contraire, cette évolution rend encore plus importante les autres centres de crise qui ont acquis une singulière importance ces dix dernières années, – essentiellement la guerre en Ukraine et l’hostilité avec la Chine.

|• Les Etats-Unis sont dans une phase de transformation radicale qui ne cesse de se renforcer à la veille de l’arrivée au pouvoir de Trump. Celui-ci a fait un long message sur la chute de la Syrie où il a repris tous les refrains attristants du simulacre US sur Assad, la Russie et le reste (très attristant pour ses partisans) mais où il termine par cette affirmation capitale qui montre la nécessité où il se trouve de réformer ses services de renseignement totalement impliqués, dans l’aventure, – comme d’habitude :

« La Syrie est un désastre, mais elle n’est pas notre amie, ET LES ÉTATS-UNIS NE DEVRAIENT RIEN AVOIR À VOIR AVEC ELLE. CE N’EST PAS NOTRE COMBAT. LAISSONS-LE SE DÉROULER. NE VOUS IMPLIQUEZ PAS ! »

• La Russie justement… Elle n’a rien voulu faire ou rien pu faire ? Selon Mercouris,  il y a d’une part une inattention de la Russie depuis quatre ans parce qu’elle est complètement tournée vers l’Ukraine et le continent eurasiatique. D’autre part et surtout, la Russie a réagi avec fureur et dégoût devant la conduite de l’armée syrienne et les partisans de désengagement ont facilement convaincu le pouvoir à Moscou :  “Si ces gens ne sont pas capables de se battre pour leurs terres, ce n’est pas nous qui le feront”. Cette explication est plus acceptable qu’une Russie impuissante à agir à cause de ses pertes en Ukraine (Trump a repris le chiffre absolument hallucinant de 600 000 morts russes !). Même les bases russes et Syrie ne sont pas vitales, d’autant qu’un pays comme l’Algérie est prêt à un arrangement avec les Russes. Plus encore, le missile ‘Orechnik’, qui fascine Poutine au-delà de tout par ses capacités, représente le moyen du futur de la projection de puissance sans risque de nucléaire.

• C’est bien l’essentiel pour nous : le terrible choc au Moyen-Orient aura comme effet de montrer que le centre, ou les centres de la GrandeCrise, les principales subcrises, ne passent plus par cette région. L’un des principaux effets se trouvera dans certains comptes qui devront être réglés comme, par exemple, l’entrée de la Turquie dans les BRICS, où la Russie tient un rôle central.

L’article de Craig Murray

Publié sur son site, l’article de Craig Murray « La fin du pluralisme au Moyen-Orient » du 6 décembre 2024 est repris par Eric Zuesse sur ‘TheDuran’. On le prendra comme la description attristée de l’effondrement des valeurs de pluralisme que l’Occident voulaient installer dans cette région ; c’est-à-dire le contraire exactement de toutes les salades que la presseSystème s’est empressée de touiller à notre intention…. Autrement dit, la chose fait partie du mouvement  général de l’effondrement de notre-civilisation.

dedefensa.org

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La fin du pluralisme au Moyen-Orient

Un véritable changement sismique se produit au Moyen-Orient à une vitesse fulgurante. Au cœur de ce pacte se trouve un pacte avec le diable : la Turquie et les États du Golfe acceptent l’annihilation de la nation palestinienne et la création d’un Grand Israël, en échange de l’annihilation des minorités chiites de Syrie et du Liban et de l’imposition du salafisme [fondamentalisme sunnite] dans tout le monde arabe oriental.

Cela signifie également la fin pour les communautés chrétiennes du Liban et de Syrie, comme en témoignent le démantèlement de toutes les décorations de Noël, la destruction de tous les alcools et l’imposition forcée du voile aux femmes à Alep.

Hier, des avions de combat air-sol américains Warthog ont attaqué et sévèrement réduit les renforts qui, à l’invitation du gouvernement syrien, étaient en route vers la Syrie depuis l’Irak. Les frappes aériennes israéliennes quotidiennes et constantes sur les infrastructures militaires syriennes depuis des mois ont été un facteur majeur de la démoralisation et de la réduction des capacités de l’armée arabe syrienne du gouvernement syrien, qui s’est tout simplement évaporée à Alep et Hama.

Il est très difficile d’envisager un retournement de situation en Syrie. Les Russes doivent maintenant renforcer massivement leurs bases syriennes avec des troupes au sol ou les évacuer. Face aux exigences de l’Ukraine, ils pourraient choisir la deuxième option, et on rapporte que la marine russe a déjà quitté Tartous.

La rapidité avec laquelle la Syrie s’effondre a pris tout le monde par surprise. Si la situation ne se stabilise pas, Damas pourrait être assiégée et l’EI de retour sur les collines au-dessus de la vallée de la Bekaa d’ici une semaine, compte tenu de la vitesse de son avancée et des courtes distances impliquées.

Une nouvelle attaque israélienne sur le Sud-Liban, qui coïnciderait avec une invasion salafiste de la vallée de la Bekaa, semblerait alors inévitable, car les Israéliens souhaiteraient évidemment que leur frontière avec leur nouveau voisin de la Grande Syrie, de type taliban, soit aussi au nord que possible. Ce pourrait être une course pour Beyrouth, à moins que les Américains n’aient déjà organisé qui l’obtiendrait.

Ce n’est pas une coïncidence si l’attaque contre la Syrie a commencé le jour du cessez-le-feu entre le Liban et Israël. Les forces djihadistes ne veulent pas être vues comme combattant aux côtés d’Israël, même si elles combattent des forces qui ont été bombardées sans relâche par Israël, et dans le cas du Hezbollah, qui sont épuisées par le combat contre Israël.

Le Times of Israel n’a aucun scrupule à dire à haute voix la partie silencieuse, contrairement aux médias britanniques.

En fait, les médias israéliens disent beaucoup plus de vérité sur les forces rebelles syriennes que les médias britanniques et américains en ce moment. Voici un autre article du Times of Israel :

Alors que HTS a officiellement fait sécession d’Al-Qaïda en 2016, il reste une organisation djihadiste salafiste désignée comme organisation terroriste aux États-Unis, dans l’UE et dans d’autres pays, avec des dizaines de milliers de combattants.

Sa montée soudaine fait craindre qu’une éventuelle prise de contrôle de la Syrie ne transforme le pays en un régime islamiste de type taliban – avec des répercussions pour Israël à sa frontière sud-ouest. D’autres, cependant, voient l’offensive comme une évolution positive pour Israël et un nouveau coup porté à l’axe iranien dans la région.

Comparez cela avec les médias britanniques, qui, du Telegraph à l’Express en passant par le Guardian, ont promu le récit officiel selon lequel non seulement les mêmes organisations, mais aussi les mêmes personnes responsables de tortures et d’exécutions de masse de non-sunnites, y compris des journalistes occidentaux, sont désormais des libéraux câlins.

Cela n’est nulle part plus évident que dans le cas d’Abu Mohammad Al-Jolani, parfois orthographié Al-Julani ou Al-Golani, qui est maintenant présenté dans les médias occidentaux comme un dirigeant modéré. Il était le chef adjoint de l’EI, et la CIA a mis sa tête à prix de 10 millions de dollars ! Oui, c’est la même CIA qui le finance, l’équipe et lui fournit un soutien aérien.

Les partisans des rebelles syriens tentent toujours de nier qu’ils bénéficient du soutien israélien et américain – malgré le fait qu’il y a près de dix ans, un témoignage public au Congrès américain a déclaré que, jusqu’à ce moment-là, plus d’un demi-milliard de dollars avaient été dépensés pour aider les forces rebelles syriennes, et que les Israéliens ont ouvertement fourni des services médicaux et autres aux djihadistes ainsi qu’un soutien aérien efficace.

L’une des conséquences intéressantes de ce soutien conjoint de l’OTAN et d’Israël aux groupes djihadistes en Syrie est une nouvelle perversion de l’État de droit national. Prenons l’exemple du Royaume-Uni : en vertu de l’article 12 de la loi sur le terrorisme, il est illégal d’exprimer une opinion qui soutient, ou pourrait conduire quelqu’un d’autre à soutenir, une organisation interdite.

L’abus de cette disposition par la police britannique pour persécuter les partisans palestiniens qui auraient encouragé le soutien aux organisations interdites Hamas et Hezbollah est notoire, et même des références indirectes conduisent à des arrestations. Sarah Wilkinson, Richard Medhurst, Asa Winstanley, Richard Barnard et moi-même sommes tous des victimes notables, et la persécution a été grandement intensifiée par Keir Starmer.

Pourtant, Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS) est également un groupe interdit au Royaume-Uni. Mais les médias grand public britanniques et les médias musulmans britanniques font ouvertement la promotion et l’éloge de HTS depuis une semaine – franchement beaucoup plus ouvertement que je n’ai jamais vu quelqu’un au Royaume-Uni soutenir le Hamas et le Hezbollah – et pas une seule personne n’a été arrêtée ou même avertie par la police britannique.

C’est en soi la plus forte indication que les services de sécurité occidentaux sont entièrement derrière l’attaque actuelle contre la Syrie.

Pour mémoire, je pense que c’est une loi épouvantable, et personne ne devrait être poursuivi pour avoir exprimé une opinion dans un sens ou dans l’autre. Mais l’application politiquement biaisée de la loi est indéniable.

Lorsque l’ensemble des médias d’entreprise et d’État occidentaux (presseSystème) diffusent un récit unifié selon lequel les Syriens sont ravis d’être libérés par HTS de la tyrannie du régime Assad – et ne disent absolument rien de la torture et de l’exécution des chiites qui s’ensuivent, ni de la destruction des décorations et des icônes de Noël – il devrait être évident pour tout le monde d’où cela vient.

Et pourtant – et c’est une autre répercussion intérieure au Royaume-Uni – un nombre très important de musulmans au Royaume-Uni soutiennent HTS et les rebelles syriens, en raison du financement injecté dans les mosquées britanniques par des sources salafistes saoudiennes et émiraties. Cela est lié à l’influence des services de sécurité britanniques également exercée par l’intermédiaire des mosquées, à la fois par des programmes de parrainage et des « think tanks » bénéficiant aux dirigeants religieux approuvés, et par l’exécrable programme coercitif Prevent.

Les médias musulmans britanniques qui se sont montrés ostensiblement pro-palestiniens – comme Middle East Eye et 5 Pillars – soutiennent avec enthousiasme les alliés syriens d’Israël dans leur volonté de détruire la résistance au génocide des Palestiniens. Al Jazeera alterne entre des articles détaillant les massacres effroyables en Palestine et des articles vantant les mérites des rebelles syriens qui ont instauré un régime allié à Israël en Syrie.

Parmi les mécanismes qu’ils emploient pour concilier ces deux réalités, ils refusent de reconnaître le rôle vital de la Syrie dans la fourniture d’armes iraniennes au Hezbollah. Ces livraisons sont désormais interrompues par les djihadistes, pour le plus grand plaisir d’Israël, et en conjonction avec les frappes aériennes israéliennes et américaines.

En fin de compte, pour de nombreux musulmans sunnites, tant au Moyen-Orient qu’en Occident, l’attrait semble être plus fort de la haine sectaire envers les chiites et de l’imposition du salafisme que d’empêcher la destruction définitive de la nation palestinienne.

Je ne suis pas musulman. Mes amis musulmans sont presque tous sunnites. Personnellement, je considère que la division persistante autour de la direction de la religion il y a plus d’un millénaire est profondément inutile et constitue une source de haine continue et inutile.

Mais en tant qu’historien, je sais que les puissances coloniales occidentales ont consciemment et explicitement utilisé la division entre sunnites et chiites pendant des siècles pour diviser et régner. Dans les années 1830, Alexander Burnes rédigeait des rapports sur la façon d’utiliser la division du Sind entre dirigeants chiites et populations sunnites pour aider l’expansion coloniale britannique.

Le 12 mai 1838, dans sa lettre de Simla exposant sa décision de lancer la première invasion britannique de l’Afghanistan, le gouverneur général britannique Lord Auckland a inclus des plans pour exploiter la division chiite/sunnite au Sind et en Afghanistan pour aider l’attaque militaire britannique.

Les puissances coloniales le font depuis des siècles, les communautés musulmanes continuent de tomber dans le piège, et les Britanniques et les Américains le font en ce moment même pour poursuivre leur remodelage du Moyen-Orient.

En termes simples, de nombreux musulmans sunnites ont subi un lavage de cerveau les poussant à haïr les musulmans chiites plus qu’ils ne haïssent ceux qui commettent actuellement un génocide contre une population majoritairement sunnite à Gaza.

Je parle du Royaume-Uni parce que j’ai été le témoin direct de ce phénomène pendant la campagne électorale à Blackburn. Mais la même chose est vraie dans tout le monde musulman. Pas un seul État dirigé par des musulmans sunnites n’a levé le petit doigt pour empêcher le génocide des Palestiniens.

Leurs dirigeants utilisent le sectarisme anti-chiite pour maintenir le soutien populaire à une alliance de fait avec Israël contre les seuls groupes – l’Iran, les Houthis et le Hezbollah – qui ont réellement tenté d’apporter aux Palestiniens un soutien pratique dans leur résistance. Et contre le gouvernement syrien qui a facilité l’approvisionnement.

Le marché tacite mais bien réel est le suivant : les puissances sunnites accepteront l’anéantissement de toute la nation palestinienne et la formation du Grand Israël, en échange de l’annihilation des communautés chiites en Syrie et au Liban par Israël et les forces soutenues par l’OTAN (y compris la Turquie).

Il y a bien sûr des contradictions dans cette grande alliance. Les alliés kurdes des États-Unis en Irak ne seront probablement pas ravis de la destruction par la Turquie des groupes kurdes en Syrie, ce que Erdoğan a gagné grâce au rôle militaire très actif de la Turquie dans le renversement de la Syrie – en plus d’étendre le contrôle turc sur les champs pétroliers.

Le gouvernement irakien, ami de l’Iran, aura encore plus de mal à accepter l’occupation continue par les États-Unis de pans entiers de son pays, car il comprend qu’il est la prochaine cible.

L’armée libanaise est sous le contrôle des États-Unis, et le Hezbollah a dû être grandement affaibli pour avoir accepté le désastreux cessez-le-feu avec Israël. Les milices fascistes chrétiennes traditionnellement alliées à Israël sont de plus en plus visibles dans certaines parties de Beyrouth, même si l’on peut se demander si elles seraient assez stupides pour faire cause commune avec les djihadistes du Nord. Mais si la Syrie tombait entièrement sous le joug des djihadistes – ce qui pourrait arriver rapidement – ​​je n’exclus pas que le Liban suive très rapidement et soit intégré dans une Grande Syrie salafiste.

Il est difficile de savoir avec certitude comment les Palestiniens de Jordanie réagiraient à cette tournure désastreuse des événements. Le Royaume hachémite fantoche britannique est la destination désignée pour les Palestiniens de Cisjordanie ethniquement nettoyés dans le cadre du plan du Grand Israël.

Tout cela revient potentiellement à la fin du pluralisme au Levant et à son remplacement par le suprémacisme. Un Grand Israël ethno-suprémaciste et une Grande Syrie salafiste et religieusement suprémaciste.

Contrairement à de nombreux lecteurs, je n’ai jamais été un fan du régime Assad ni aveugle à ses violations des droits de l’homme. Mais ce qu’il a indéniablement fait, c’est maintenir un État pluraliste où les traditions religieuses et communautaires historiques les plus étonnantes – y compris les sunnites (et de nombreux sunnites soutiennent Assad), les chiites, les alaouites, les descendants des premiers chrétiens et les locuteurs de l’araméen, la langue de Jésus – ont pu coexister.

Il en va de même pour le Liban.

Nous assistons à la destruction de ce système et à l’imposition d’un régime de type saoudien. Tous les petits détails culturels qui témoignent du pluralisme – des sapins de Noël aux cours de langue, en passant par la fabrication du vin et le dévoilement des femmes – viennent d’être détruits à Alep et pourraient l’être de Damas à Beyrouth.

Je ne prétends pas qu’il n’y a pas de véritables démocrates libéraux parmi l’opposition à Assad. Mais ils ont une importance militaire négligeable, et l’idée qu’ils pourraient avoir une influence sur un nouveau gouvernement est une illusion.

En Israël, qui prétend être un État pluraliste, le masque est tombé. L’appel musulman à la prière vient d’être interdit. Des membres de la minorité arabe de la Knesset ont été suspendus pour avoir critiqué Netanyahou et le génocide. De nouveaux murs et de nouvelles portes sont construits chaque jour, non seulement dans les territoires illégalement occupés, mais dans « l’État d’Israël » lui-même, pour imposer l’apartheid.

J’avoue avoir eu l’impression que le Hezbollah était lui-même une organisation de suprémacisme religieuse ; la tenue et le style de ses dirigeants semblent théocratiques. Puis je suis venue ici et j'ai visité des endroits comme Tyr, qui est sous le contrôle du gouvernement local élu par le Hezbollah depuis des décennies, et j'ai découvert que le port du maillot de bain et l'alcool sont autorisés sur la plage et que le voile est facultatif, alors que les communautés chrétiennes y sont totalement indemnes.

Je ne reverrai plus jamais Gaza, mais je me demande si j'aurais été surprise de la même manière par le régime du Hamas.

Craig Murray

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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