Le président qui déambulait

Le président qui déambulait

Le président qui déambulait

7 décembre 2024 (15H20) – J’avoue avoir eu bien du mal à trouver quelque intérêt qui m’aurait poussé à disserter dessus, à toute cette agitation avant et après la censure à l’Assemblée, cette dramatisation, ces proclamations, cette espèce de révolution en paroles, rien qu’en paroles, toujours en paroles, comme dix ou vingt fois depuis que Macron est “à la barre”. Mais, chemin faisant, j’ai rencontré un commentaire ou l’autre qui m’a semblé intéressant, et aucun ne portant sur ces conversations enflammées comme si la France se la jouait en une sorte de Convention révolutionnaire au son des rencontres de plateaux et des déjeuners enflammés en ville. Non, ils portaient sur des avis, des observations, des réflexions et des ironies sur ce personnage qui, lui, se la joue en Robespierre des salons.

J’ai pensé alors qu’il serait bon d’en réunir une sélection, trois en fait, avec des réflexions assez longues, portant donc sur le seul personnage qui porte tout l’intérêt de la situation tant il s’est chargés de toutes les causes et responsabilités de l’effondrement en accusant les autres d’en être la cause et le responsable. J’en ai réuni trois, dont un seulement est Français. Je leur emprunte leurs “causeries” parce qu’elles nous offrent chacune des facettes différentes du sujet qui nous importe. Certains nous content la chose comme un conte des mille et une nuits, telle autre comme un jugement ferme et sans appel, un autre comme un dévoilement de ce que ce personnage à la fois secondaire et inutile et pourtant mis en avant de tous les autres, représente comme félonie exécuté rien que pour se faire valoir…

Tintibéner à Notre-Dame

On commence par un Français, celui qui nous livre un conte venu des mille-et-une nuits. Il s’agit de Richar de Sèze, un collaborateur de ‘Valeurs Actuelle’, qui passe le 6 décembre à ‘Ligne Droite’… On dirait qu’il parle d’une sorte de Tintin, mais sans sa mèche, sans ses pantalons de golf, sans Milou (et sans Hergé)… Diable, c’est parfois aussi drôle et bien vu si l’on veut bien aller dans tous les sens cachés de la description, et ce que cela dit des psychologies diverses de Notre-Président : nous sommes en Arabie Saoudite et, pendant que la France explose, il assure à son audience internationale que la grande vertu qu’il a apportée à la France, lui, c’est la stabilité, absolument stable, et en plus d’une stabilité dynamique (“Start-up Nation, Man“)…

« Macron, il déambule donc en Arabie Saoudite ; là il vient de lancer une idée géniale c'est “on va régler le problème israélien”. Les gens ils n’y avaient pas pensé avant lui mais là il était avec Mohamed Ben Salam et donc ils se sont dit on va faire des choses ensemble, on a décidé de coprésider pour juin prochain une conférence pour les deux États avec l'idée que dans les prochains mois ensemble on multiplie et on fédère… alors on multiplie, on fédère nos initiatives diplomatiques pour emmener tout le monde sur le chemin…

» Et là et ben le monde s'est arrêté de respirer ils se sont dit “mais bon sang c'est bien sûr !”, en fait une solution à deux États on en avait jamais entendu parler et alors les journalistes ont dit mais c'est, c'est brillant votre truc, et qu'est-ce que qu'est-ce que vous comptez faire pour reconnaître l’État palestinien ?

» “Rien”, a répondu Macron “voilà, euh c'est pas le moment d'accord ?”

 » Donc je trouve que ça part super bien sur une initiative de paix où l’on reconnaît les deux États en commençant par ne pas reconnaître l’État palestinien mais il faudra que ce soit fait au moment utile, au moment où ça déclenche “des mouvements réciproques de reconnaissance”, et là Benjamin Netanyahou on le sent bien aligné avec Macron…

 » …et donc Macron il revient de Riad et il va repasser à Notre Dame parce que c'est un peu ce qu'il fait en ce moment il déambule un peu partout, il déambule chaque fois qu'il y a un monument, chaque fois qu'il y a un mort et donc là il a déjà déambulé auprès de Notre-Dame, c'est l'Élysée qui parlait de déambulation… C'est parce qu'on trouve ça un peu bizarre comme mot hein alors j'ai regardé,  – d'ailleurs moi “déambulation” ça me fait vraiment penser à déambulateur alors déambulateur ça s'appelle tintébin en Suisse d'accord… Ah voilà donc, on pourrait dire que Emmanuel Macron tintebine à Notre-Dame… »

Pour les gens précis, de Sèze a obtenu la définition de “déambuler“ de l’Élysée où l’on a longuement insisté sur la nécessité er le bien-fondé de ce mot qui donne au président une allure très-humaine de voyageur, d’observateur, comme Chateaubriand, Stendhal, Maxime Du Camp et Flaubert, et tant d’autres, au XIXème siècle. Bon, “déambuler”, c’est ceci :« marcher sans but précis, au gré de sa fantaisie. »

A l’insu de son plein gré, Macron est un fantaisiste. Cet homme-là ne cesse d’amasser les vertus.

Une thérapie de chic et de choc

Passons maintenant à une courte et percutante séance de psychothérapie. La personne consultée, qui est belle comme une Russe peut l’être, n’a pas sa langue dans sa poche et n’a pas besoin de divan pour traiter ses patients. Avec elle, Macron passe à l’impitoyable moulinette d’une porte-parole qui a plus qu’à son tour sa propre parole.

L’affaire relève d’une interview faite à Saint-Petersbourg le 5 juin 2024 mais elle garde toute sa fraîcheur et n’a cessé de se justifier dans les mois qui ont suivi, comme le bon vin bonifie :

« Cela fait longtemps que la France n’a pas connu une honte telle que celle qu’elle connaît aujourd’hui. »

« Je suis encline à croire qu’il est si égoïste qu’il est prêt à tout mettre en jeu, à savoir l’histoire de la France, le bien-être des  Français, la sécurité des Français, uniquement pour la satisfaction de ses ambitions personnelles, pour ses ambitions de carrière, pour des ambitions de ce qu’il croit être une carrière mondiale… En  revanche ces ambitions ne concernent que lui-même. Je ne veux pas entrer dans les détails de sa vie personnelle, de sa vie privée, de ses bizarreries, mais il est évident que c’est un homme ayant de graves problèmes psychologiques… Peut-être que, pour lui, c’est un moyen d’échapper à ses problèmes personnels... »

On dira : d’autres ont déjà parlé dans le même sens, mais jamais une personne occupant une telle fonction et parlant  pour la Russie. Zakharova est une singulière porte-parole : on la croirait le bras droit de Lavrov, complétant en langage très direct ce que Lavrov laisse entendre déjà bien clairement. Ce disant, elle officialise sur la scène internationale un problème psychologique, psychiatrique et pathologique bien plus grave que celui de Biden devenu un cas classique, presque un ornement sans prétention de son époque.

Macron vu par Zakharova sur la grande scène des choses, c’est le fou échappé de l’asile dans des conditions qui feraient croire que Dieu a décidé de punir la “Grande Nation” bien qu’il ait semblé au début la privilégier de sa bénédiction (‘Heureux comme Dieu en France’, écrivirent plusieurs écrivains selon le proverbe yiddish « men ist azoy wie Gott in Frankreich » devenu, – sacré chemin tortueux, – un très-célèbre proverbe allemand : «  glücklich wie Gott in Frankreich »).

Moi, noterais-je, j’avais avancé (en décembre 2019, déjà infecté-Covid) une autre version, et il est vrai que l’une et l’autre ont leur place dans la métahistoire qui mêle la vérité du passé à la réalité du présent pour constituer l’énigme de l’avenir :

« 2020, dit-on, sera un grand millésime. Qu’est-ce qu’on en sait donc ! Rien, sauf que les dieux m’ont dit, – on a les sources qu’on peut, – que “le Patron”, Là-Haut, n’en avait pas fini avec nous. C’est le grand déballage, la mise à plat, l’audit universel. On a été un peu trop loin, une histoire de “ligne rouge à ne pas dépasser”, vous voyez ? On a perdu la trace de cette ligne marquée dans le feu grondant de l’histoire à partir de laquelle il importe de ne plus aller trop loin.

» Ainsi les choses rentrent-elles dans l’ordre de la métahistoire. Les événements vus de cette façon, la France est à sa place et tient son rang. Sa catastrophe intérieure, son chaos sans fin, ses hoquets de fureur et de désordre, tout cela autant de signes du Ciel. Dieu n’est plus heureux en France, désormais Dieu est furieux en France. »

Le globaliste qui s’ignorait

Cette histoire de Dieu-heureux devenu Dieu-furieux nous ramène nécessairement au galopin-vaurien qui nous importe ici, puisqu’il est cause de cette fureur. Macron, l’implacable-stable.

Ici, je fais appel à ma doublette favorite, Mercouris-Christoforou, qui font un programme commun sur Macron le 5 décembre. Les deux en pleine forme, Macron étant un magnifique punching-ball qui ne cesse d’en redemander encore et encore, de connerie en connerie. Voici quelques mots de Mercouris, que je compléterai plus loin par le développement de son propos, jusqu’à ses prévisions pour la France qui met Dieu en fureur.

« …mais je pense que vous commencez à voir l'effondrement en France du projet globaliste qui, soit dit en passant, a été en partie, vous savez, conçu et mis en œuvre et imposé à nous tous par divers intellectuels français, vous savez ce n'est pas juste quelque chose qui est complètement étranger à la France, je veux dire qu'il y a des éléments de la société française à Paris et vous savez, quelles que soient les bureaucraties qui ont travaillé pour euh vous savez le genre de système globaliste européaniste euh depuis très très longtemps… Mais je pense que c'est enfin, comme je l'ai dit, que cela atteint son point d'effondrement final maintenant…

» Il a prétendu quand il est devenu président qu'il serait l'agent de ce changement, mais la réalité est au contraire qu’il a été le président du système, c'est pourquoi il a vraiment été élu, pour cela, vous savez que c'est le cas […]

» …Ce que macron veut, c'est continuer la voie [globaliste] que la France a essentiellement empruntée depuis des décennies où tout ce qui est français, propre à la France est fondamentalement sacrifié au projet européen et les réformes qu'il était censé mener sont destinées à faciliter le projet neocon maintenant étant donné que le projet neocon est le système [globaliste en marche…] […] Nous pouvons voir qu'il est en fait un défenseur de ce système et non un promoteur du changement. »

Mercouris nous offre une appréciation complètement débarrassée des salades et autres cochonneries des querelles politiques-politiciennes en France qui ne servent qu’à brouiller la vision. Il a parfaitement compris, d'une façon très originale, que les concepteurs-inspirateurs de la globalisation sont les philosophes déconstructeurs français, – Deleuze, Derrida, Foucault, etc. (sur Derrida, voir le 10 février 2020 et le 3 novembre 2022).

Il a parfaitement repéré que Macron était un candidat globaliste mis en place pour ne rien changer dans la marche déjà entreprise depuis des décennies pour transformer la France en modèle de transformation en machin globaliste. Jusqu’ici, il (Macron) a complètement échoué au niveau socio-psychologique et mis en grave danger l’ensemble du projet. Pour Mercouris, il va donc jouer son va-tout, et voici comment inotre commentateur l’envisage :

• faire durer l’actuelle pétaudière avec éventuellement un machin technocratique en fait de gouvernement, en attendant (31 mars 2025)  le verdict d’inéligibilité de Marine Le Pen dont il espère qu’il entraînera l’éclatement du FN.

• Opérer son regroupement centriste-globaliste pour de nouvelles élections en juillet et remporter in extremis la palme d’or en désignant un successeur globaliste pour 2027 tout en instituant en France une ‘troïka’ de l’UE, comme en Grèce en 2015.

« C’est son plan », et tous deux, Mercouris et Christoforou, tous deux Grecs, de s’exclamer : aucune chance pour ce que cela marche, même si cela est conduit comme Macron l’espère jusqu’en juillet 2025. Aucune chance qu’un pays comme la France, incroyablement plus puissant, plus complexe, plus sophistiqué, plus identitaire, plus central à l’Europe que la France connaisse le sort de la Grèce. Au contraire, pensent et disent Mercouris-Christoforou « C’est la recette assurée pour une crise absolument colossale, qui emportera l’UE ! »

A l’Ouest, rien que du nouveau…

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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