La raison d’être des vestiaires et des toilettes non mixtes (soit pour femmes et pour hommes) est d’assurer la sécurité des femmes dans des lieux où elles sont particulièrement vulnérables puisqu’elles doivent s’y dévêtir, en totalité ou en partie.
Cette norme sociale a traditionnellement permis de limiter les regards indiscrets, le voyeurisme, l’exhibitionnisme, les harcèlements et les agressions sexuelles envers les femmes.
Aujourd’hui, ces endroits protégés sont remis en question par les personnes transgenres qui ne se sentent pas à l’aise dans les vestiaires ou toilettes spécifiquement « masculins » ou « féminins », voire qui craignent être ostracisées si elles utilisent des installations neutres parfois offertes en complément.
Parmi les solutions proposées, le remplacement de tous les vestiaires et toilettes réservés à chacun des deux sexes par des lieux mixtes, soit sans distinction garçons et filles.
Cette option porte atteinte à l’intimité, à la sécurité et à la dignité des femmes et mine de ce fait, leur droit à l’égalité. Voici un état de la situation.
Dans les universités
Après avoir adopté exclusivement des blocs sanitaires mixtes pour ses résidences, l’Université de Toronto a dû faire marche arrière en 2015 pour répondre à des plaintes de voyeurisme de la part d’étudiantes. Elle a ainsi réaménagé ses installations pour offrir des blocs sanitaires pour femmes et pour hommes, en plus d’en offrir un mixte par étage et par résidence.
En 2024, l’Université de Montréal a limité l’accès au vestiaire pour femmes seulement, lors d’une réfection majeure de la piscine du CEPSUM, les invitant à utiliser des vestiaires mixtes pendant les travaux. En seulement un mois, trois femmes se sont plaintes de la situation indiquant des malaises, des enjeux d’intimidation ou des regards insistants. Il a alors été décidé que le vestiaire mixte serait uniquement accessible aux femmes jusqu’à la fin des travaux, en complément du vestiaire pour hommes toujours en fonction.
Dans les écoles publiques québécoises
En 2024, l’école secondaire La Calypso à Amos inaugurait ses blocs sanitaires mixtes équipés de caméras de surveillance « parce qu’il y aurait du racisme et de l’intimidation dans les toilettes mixtes. »
Des parents ont alors lancé une pétition pour (1) permettre aux ados d’aller dans leurs salles de bain respectives (filles/garçons) sans vivre avec le malaise de croiser un étudiant du sexe opposé en sortant de la cabine; et (2) retirer les caméras afin de leur laisser leur entière intimité et leur enlever le malaise d’être filmés en entrant et en sortant de leur cabine.
Ces parents ont tenu à préciser que leurs demandes n’enlevaient pas de droits à « ceux qui se sentent non genrés ou autres » puisque ces personnes ont toujours eu accès à des toilettes individuelles sur les étages. L’école n’a pas encore réagi à cette pétition.
En Angleterre
Après avoir fait la promotion de toilettes mixtes et avoir reçu de nombreuses plaintes de la part de femmes, l’Angleterre a fait marche arrière et statué que tous les nouveaux bureaux, écoles, hôpitaux et lieux de divertissement d’une certaine taille devront désormais proposer des toilettes séparées, non mixtes, soit des toilettes distinctes pour hommes et femmes.
Parmi les éléments ayant justifié cette décision, notons les inquiétudes de nombreuses femmes liées au respect de leur vie privée, lors de l’utilisation des toilettes mixtes.
Position du gouvernement québécois
Le gouvernement Legault a fermé la porte à l’idée de transformer, dans les écoles, les toilettes en blocs mixtes, en publiant, le 1er mai dernier, une directive aux Centres de services scolaire visant à assurer la sécurité, le bien-être, le respect de la vie privée et l’inclusion de tous les élèves, quels que soient leur identité de genre, leurs besoins en matière d’accessibilité ou leurs particularités .
Il est donc dorénavant interdit de concevoir des toilettes ou vestiaires mixtes dans tout projet de construction ou de rénovation de bâtiments scolaires, mais néanmoins tenu d’y prévoir aussi des toilettes individuelles, universelles et accessibles sans restriction de sexe.
Questionnement
Le respect de la dignité des personnes et l’égalité entre les femmes et les hommes font partie des fondements de notre société. Les femmes doivent se sentir en sécurité en tout temps pour l’atteinte d’une égalité réelle entre les sexes au Québec
La directive du gouvernement constitue certes un bon pas en ce sens en protégeant, dans les écoles, l’intimité, la sécurité et la dignité tant des filles que des personnes trans.
Mais qu’en est-il des vestiaires et des toilettes se trouvant dans nombre d’autres institutions publiques et privées québécoises, dans les commerces ?
Le gouvernement se doit de trouver une solution pérenne pour toutes et tous et pourrait sans doute s’inspirer des pratiques internationales pour y parvenir.
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal