La scène a quelque chose d’absolument surréaliste.
Dans une arène de lutte, on voit une femme âgée asséner une formidable gifle à une autre femme qui, elle, tient un micro. Il s’avère que cette dernière est la fille de l’autre. La suite est encore plus irréelle. Un taupin hirsute s’empare de la vieille dame, la met à genoux et lui fait une clé de bras…
C’est cette femme, Linda McMahon, cofondatrice de la compagnie WWE, spécialisée dans les combats de lutte, que Donald Trump vient de nommer responsable du département de l’éducation ! On croit rêver… Dans une poursuite déposée en octobre au Maryland, elle est accusée d’avoir fermé les yeux sur des agressions sexuelles sur de jeunes garçons par un employé de la WWE qui agissait comme annonceur dans les spectacles de lutte. Elle s’est séparée récemment de son ex-mari qui a dû démissionner en janvier de son poste de PDG de l’entreprise pour cause… d’agression sexuelle. Eh ben! dis donc !
Après quelques dizaines de nominations plus loufoques les unes que les autres, le matamore, qui a quand même reçu 74 millions de voix, a atteint le paroxysme de la vulgarité. Dans ce nouveau cabinet, ce sont désormais des multi millionnaires et des vedettes de la télévision qui auront charge d’un pays ce qui a déjà été une démocratie.
Responsable du département de la santé et des services sociaux ? Une vedette de la télévision, Dr Oz. Qui prescrivait des endives pour soigner le cancer et se disait persuadé que « les signes astrologiques peuvent nous donner de précieuses informations sur notre santé… » Une belle équipe avec Robert Kennedy Jr, antivax notoire et qui est désormais secrétaire à la santé. Make America Healthy Again! C’est son programme.
À la Justice, une nomination qui a fait s’étrangler plusieurs élus républicains : Matt Gaetz. On l’accuse d’avoir eu une relation sexuelle avec une mineure, de consommation illégale de stupéfiants, de détournement de fonds de campagne. Il est opposé à l’avortement « sans exception ». La pression étant visiblement trop forte, Gaetz s’est finalement désisté.
Connaisseur en matière de crimes sexuels, Donald Trump semble avoir une grande estime pour des personnes à qui sont reprochés des comportements fort discutables. C’est ainsi qu’un ancien soldat de la Garde nationale et animateur de Fox News, Pete Hegseth, a été nommé secrétaire à la Défense. Celui qu’en certains milieux on qualifie de « mâle alpha » a versé, pour éviter un procès, une somme d’argent à une femme qui l’accusait de viol. Il aura sous ses ordres 1,3 million de soldats et 1,4 million de membres de la Garde nationale, avec un budget de 800 milliards $.
C’est le propriétaire d’une entreprise de fracturation hydraulique, Chris Wright, que Trump a nommé à l’Énergie. « Il n’y a pas de crise climatique et nous ne sommes pas non plus en pleine transition énergétique », estime ce prix Nobel. Sa solution pour sortir le monde de la pauvreté? Augmenter la production de combustibles fossiles. Ça promet!
La sécurité intérieure sera bien assumée par Kristi Noem, elle qui a tué à bout portant sa chienne et une de ses chèvres qu’elle trouvait trop agressive. Avec cette émule de Kit Carson, les immigrants illégaux, dont elle va s’occuper avec celui qui est chargé du contrôle de l’immigration, Tom Homan, et Stephen Miller, le chef de cabinet adjoint, n’ont qu’à bien se tenir. Ce dernier est en outre un partisan de la théorie du « Grand remplacement ». Le mandat confié à Homan? Renvoyer tous les immigrants illégaux dans leur pays d’origine, rien de moins !
Une autre nomination a fait tiquer les alliés des États-Unis, celle de Tulsi Gabbard à la direction du renseignement national. Ses prises de position contre l’Ukraine et son soutien à la Russie ne sont pas de nature à rassurer non plus les 18 agences de renseignement, dont la CIA et le FBI, qui seront sous sa direction.
Il n’y a pas que Paul Gobeil, un ministre de Robert Bourassa, à croire que l‘État devrait être « runné comme une business ». C’est l’intime conviction de Donald Trump. Et pour s’assurer que la démolition de l’État américain soit une réussite, il a mis en poste Elon Musk au département de l’efficacité gouvernementale. L’homme le plus riche au monde a contribué quelque 130 millions de dollars à la campagne du matamore. Le 6 novembre, la valeur de ses actions en bourse s’est accrue de 29,5 milliards. C’est ce qui s’appelle un bon retour sur l’investissement non?
En présence de Trump, la fusée de Musk a plongé le 19 novembre dans le golfe du Mexique alors qu’elle devait être récupérée. Visiblement, face à cet échec, ni Trump ni Musk n’avaient la banane.
Un signe annonciateur de l’avenir ?
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Matamore : faux brave, vantard, plus courageux en paroles qu’en actes, bravache, menteur, arrogant, fanfaron, hâbleur… Ça vous rappelle quelqu’un ?
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