Dans sa chronique du 9 novembre dans Le Devoir sous le titre «Tirer sur les blessés», Jean-François Lisée tire à boulets rouges sur les pourfendeurs de Kamala Harris qui « par incompétence ou aveuglement idéologique, a laissé s’échapper la victoire». Et, dans cette foulée, il cite le journaliste américain réputé Murray Kempton: «Un critique, c’est quelqu’un qui entre sur le champ de bataille après la fin de la guerre et qui tire sur les blessés.»
Or tous les sondages pré-électoraux prédisaient une lutte serrée entre Kamala Harris et Donald Trump. Mais que s’est-il donc passé pour que le candidat républicain, en plus de remporter l’élection, ait mis la main sur le vote populaire, le Sénat et la Chambre des représentants? Pourquoi Kamala Harris a-t-elle essuyé un échec aussi cuisant malgré les sondages qui, jusqu’à la fin de la campagne, la plaçaient nez à nez avec Donald Trump? À mon sens, Kamala Harris a été une victime circonstancielle reliée notamment à une arrivée précipitée dans la course à la présidence due au départ en catastrophe de Joe Biden à la tête d’un gouvernement impopulaire dont elle faisait partie à titre de vice-présidente.
Toutefois, je suis d’avis que ses stratèges, dans la foulée des attaques personnelles contre elles de la part de Trump, ont manqué nettement de vision en lui suggérant de mordre à l’appât de Donald Trump en lui répliquant du tac au tac au lieu de l’ignorer complètement pour se concentrer sur ses politiques économiques préconisées eu égard à la classe ouvrière, une stratégie qui lui aurait permis de se rapprocher des électeurs moins nantis et, par ricochet, de se défaire de la facette élitiste des démocrates.
En revanche, malgré sa défaite, Kamala Harris aura su remonter la cote de popularité du parti démocrate dans un contexte où Joe Biden, manifestement, n’était plus en mesure de suivre le rythme d’une campagne contre le verve et le dynamisme de Donald Trump. En bref, je salue la détermination sans borne de Kamala Harris qui, somme toute, peut se retirer la tête haute avec la satisfaction du devoir accompli.
https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/823359/chronique-tirer-blesses
Henri Marineau, Québec
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