La prodigieuse a 283 millions d’abonnés sur Instagram. Autant dire que si elle demande à ses swifties d’aller acheter du miel bulgare en pots de trois litres, il n’y a plus un pot en rayon dans un rayon de 500 000 km.
À moins de deux mois de l’élection présidentielle américaine de novembre, Kamala Harris a reçu le soutien de la chanteuse Taylor Swift à l’issue de son duel avec l’ancien président américain. Un appui de poids dans une course à la Maison Blanche particulièrement serrée. (Le Monde)
En politique, les choses sont un peu différentes : quand Taylor Swift a révélé sa kamalarité le soir du 10 septembre 2024, après le débat Kamala-Trump, les intentions de vote n’ont pas bougé d’un clito. C’est normal : le public moyen de Tay Tay a 14 ans (ça oscille entre 11 et 18 ans). Et si les pré-ados influencent leur maman quand ils se baladent avec elle au supermarché, pour ce qui est du vote, c’est une claque dans la gueule, au sens propre et au sens figuré : on n’a jamais vu un môme piquer une crise pour que maman ou papa votent Fifou ou Foufi.
« Je voterai pour Kamala Harris et Tim Walz lors de l’élection présidentielle de 2024. Je vote pour Kamala Harris parce qu’elle se bat pour les droits et les causes qui, selon moi, ont besoin d’un guerrier pour les défendre. Je pense qu’elle est une dirigeante ferme et talentueuse et je crois que nous pouvons accomplir bien plus dans ce pays si nous sommes dirigés par le calme et non par le chaos. J’ai été tellement réconfortée et impressionnée par sa sélection du colistier Tim Walz, qui défend les droits LGBTQ+, la FIV [fécondation in vitro, NDLR] et le droit des femmes à leur propre corps depuis des décennies. » (Taylor Swift sur Instagram)
Ainsi, quand Tay Tay a débarqué dans la campagne avec ses légions de sous-humains, pardon, on voulait dire de sous-adultes, les kamalistes (à ne pas confondre avec les partisans de Mustafa Kemal) ont pleuré de bonheur : les jeux étaient faits, le violeur fasciste enfoncé, l’élection gagnée.
Deux mois plus tard, la prise de position de la starlette multirefaite a sombré dans le canal et le ridicule. Les droits des femmes, l’ouvrier de l’Illinois n’en a rien à battre, il veut juste du boulot, une fiche de paie décente et pas de concurrence déloyale à trois dollars de l’heure venue du Sud. D’Amérique du Sud, pas du Sud américain.
Game changer de rien du tout
De l’autre côté de l’Atlantique, le ralliement de Tay Tay et ses légions d’immatures a ravivé les espoirs d’une première femme noire, lesbienne, alcoolique et sotte à la tête de l’État américain. Françoise Giroud avait dit que l’égalité serait atteinte quand une femme sans talent arriverait tout en haut, ou un truc dans le genre, sous-entendu y a plein de gros cons en haut de la société. La Giroud, de son vrai nom Gourdji, avait raison : en 2022, on a eu Hidalgo et Pécresse qui se sont crêpé le chignon pour un marché global de 6 % des voix. Deux gourdjistes, quoi. Le féminisme, ça ne marche pas en politique, c’est même un handicap.
Nous, si on était handicapés et qu’un handicapé se présentait, on ne voterait pas pour lui parce que ça nous ramènerait à notre handicap. L’essentialisme est un réductionnisme.
En France, les journalistes de gauche – une association absurde quand on y pense, autant dire des borgnes – ont pleuré de joie. Un tel poids lourd people ne pouvait que faire pencher la balance en faveur du bien (de la bienne ?). C’est bien mal connaître les nobodys, les gens de peu, les invisibles, qui eux, ont des considérations plus terre-à-terre que de se sentir en communion de pensée avec des people souvent complètement déconnectés du réel, justement. La liste des stars de la musique et du cinéma qui se sont rangées derrière Kamala est impressionnante, mais à l’arrivée, ils valent exactement mille fois moins que les 200 000 électeurs musulmans pro-Trump du Michigan. Ces islamistes ont flingué le vote démocrate dans cet État ouvrier.
Et Beyoncé ? La star qui refuse de vieillir (elle stagne autour de quarante ans depuis dix ans), preuve d’une immaturité pathologique, restera l’auteur d’un discours qui restera dans les annales de l’insipide.
« Je ne suis pas là en tant que célébrité, je suis là en tant que mère ! »
Ces célébrités n’auront servi qu’à une chose : à se rassurer, à conforter son public cible, mais à faire fuir les derniers indécis qui attendaient du sérieux. Si les femmes font de la politique comme ça, à la Hidalgo ou à la Kamala, elles mettront des siècles à diriger le monde et à l’adoucir. Pour l’instant, être (une) femme ne suffit pas : il faut d’autres qualités, on allait dire il faut des qualités.
Inévitablement, Radio France accuse la misogynie, une bonne raison de ne pas se remettre en question. Nous, on est misogynes en diable (parce qu’on connaît ces vipères de gonzesses) et pourtant, on voterait à deux mains Marie-France Garaud, ou même Marine avant sa transformation en mamie à chats. On le répète, le problème de Kamala ce n’est pas qu’elle était une femme dans un monde misogyne, mais bien qu’elle était trop légère dans une élection de ce calibre.
À force de rire comme une conne du matin au soir – ce qu’on reproche aux femmes (non féministes !) qui gloussent devant les hommes quand elles pigent rien –, Kamala est vraiment passée pour une conne. Pas pour une femme, pour une conne. Et même le dernier des cons n’a pas envie de voter pour une conne. Il restera d’elle l’image étrange d’une gobeuse de mouches paralysée de la mâchoire. En plus, à cause d’elle, depuis la libération, les collaboratrices se font raser.
Des millions de femmes gauchistes ont décidé se raser la tête pour protester contre l’élection de Donald Trump.
Qu’est-ce que cela va changer ? pic.twitter.com/44dhtn86GB
— Trump Fact news (@Trump_Fact_News) November 8, 2024
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation