Les routes de la soie et la communauté de destin par Jean-Pierre PAGE

Les routes de la soie et la communauté de destin par Jean-Pierre PAGE

Du 15 au 18 octobre l’Agence de presse chinoise Xinhua a organisé à Xi’an dans la province du Shaanxi le second Forum International sur Les Routes de la Soie. Jean-Pierre Page y a participé et a fait l’intervention suivante.

LGS

Xi’an est une des dix plus grandes villes de Chine, elle se trouve au centre du pays et compte une dizaine de millions d’habitants. Elle fût la première capitale de la Chine au moment de la dynastie Qin et de son premier empereur Qin (221 à 206 av. notre ère). En 1974 on y fit la découverte de son mausolée entouré de 8000 soldats et chevaux de terre cuite. Xi’an se trouve à proximité de Yan’an, cette cité troglodyte, haut lieu de la révolution chinoise ou après la Longue Marche de 10 000 kms Mao Zedong et ses camarades reconstituèrent l’Armée Populaire de Libération qui allait libérer toute la Chine.

L’anthropologue chinois Fei Xiaotong a souligné une fois qu’« une société n’est pas simplement une collection d’individus ; c’est un réseau complexe de relations et de pratiques culturelles qui lient les gens ensemble ». C’est là, me semble-t-il, une très bonne définition de ce qui correspond et doit correspondre à la finalité des Routes de la Soie (BRI).

Elles ne sont plus un projet mais une réalité concrète qui progresse à travers des réalisations qui contribuent à modifier jour après jour la modernisation non seulement de la Chine mais de nombreux pays pour lesquels développement et coopération ne sont plus des mots vides de sens mais des réalisations vivantes, des infrastructures concrètes permettant un développement économique et sociale souverain, partagé avec d’autres nations.

Cette vision favorise la réponse aux besoins par la justice sociale, la compréhension mutuelle, la démocratie et la paix. Les relations internationales s’en trouvent profondément modifiées, elles contribuent ainsi à faire progresser un autre état d’esprit. Nous avons donc la responsabilité de faire grandir cette démarche « gagnant, gagnant » dans une perspective de construction d’une « communauté de destin » et d’une multipolarité fondé sur le respect de la souveraineté et de l’égalité en droit de chaque état. Nous avons besoin d’une autre architecture des relations internationales que celle qui prévaut encore et qui demeure fondé sur l’hégémonie, l’unilatéralisme, la recherche de la conflictualité, le chaos et la violence.

De ce point-de-vue, les BRI favorisent une dynamique nouvelle, elles sont facteur de confiance et contribuent à démontrer dans la pratique qu’il n’y a pas de fatalité mais que l’on peut ensemble construire des alternatives crédibles pour l’humanité tout entière fondées sur la non interférence, la non ingérence, la solidarité, le respect de l’indépendance et de la souveraineté, la paix. On peut donc faire régresser ces obstacles que sont la recolonisation, la conflictualité, la subordination, les guerres et par dessus tout l’exploitation et le pillage par une petite oligarchie qui exploite et s’approprie la force de travail comme les ressources naturelles que sont les seules richesses dont disposent les peuples mais dont ils sont dépossédés par des siècles de domination impériale.

Car, face aux défis du développement et de la modernisation, des exigences inédites de coopération et de solidarité s’imposent à chacun et à tous comme autant de nécessités. C’est pourquoi nous nous devons de soutenir l’exigence d’une autre logique de développement comme celle à laquelle nous assistons avec la démarche dynamique des BRICS, celle du Forum de Shanghai, et celle de la Nouvelle Banque de développement dont l’existence et les choix novateurs participent à donner du sens et un contenu pratique aux Routes de la Soie (BRI). Cette articulation pratique et politique entre ces institutions nouvelles et pertinentes peut favoriser des changements profonds.

La prochaine réunion du sommet des BRICS à Kazan en Russie constituera une avancée nouvelle et une réponse appropriée à l’arrogance du capitalisme financier mondialisé dont l’hystérique fuite en avant dans sa logique mortifère est payée très cher par toutes les nations. Le temps n’est-il pas venu de réviser complètement le système dépassé des institutions de Bretton Woods et de leurs conditionnalités associées au Consensus de Washington ? La dictature d’un système financier international construit en référence exclusive au dollar est devenue anachronique. Cela d’autant qu’il participe par ailleurs à entretenir et faire grossir cette dette gigantesque sur laquelle les Etats-Unis s’engraissent au détriment du reste du monde. Il y a donc cette weaponisation du dollar dont abusent les Etats-Unis qui doit être contestée.

Nous sommes entrés dans une nouvelle période de civilisation. Le monde change vite et comme jamais auparavant, ce qui permet d’envisager d’autres issues, d’autres solutions. Cette stratégie des Routes de la soie (BRI) dont la Chine a été à l’initiative et qui bénéficie de l’implication de 150 pays est en soit un succès que l’on ne saurait sous-estimer, ou banaliser. Elle contribue à une évolution du rapport des forces en faveur de changements qualitatifs indiscutables.

Par conséquent, il faut se féliciter de cette rencontre internationale de Xi’an. De mon point de vue elle encourage les initiatives inédites bilatérales ou multilatérales qui cherchent à se dégager du despotisme des donneurs d’ordre qui eux demeurent cramponnés à une vision ancienne. Celle-ci fait l’objet d’un rejet qui grandit parmi les peuples, comment ne pas s’en féliciter. En fait, le moment est venu de réviser totalement l’héritage désuet et anachronique des conditionnalités économiques, sociales et politiques, des mécanismes de coercitions, des sanctions illégales et des ingérences imposées brutalement au nom de ce que l’on cache sous la définition de « bonne gouvernance », ce concept élaboré en son temps par la Banque Mondiale, le FMI et le Département du Trésor des EU dans les années 1980.

D’ailleurs la commodité de ce concept, est qu’on lui fait dire une chose et son contraire. En fait le but demeure le même, il s’agit de procéder à un réingénierie de l’Etat par la mise en cause de son fonctionnement démocratique permettant ainsi de transférer la souveraineté populaire, le pouvoir de contrôle des citoyens sur leurs institutions vers le monde des affaires au besoin par la force afin de les déposséder de leurs responsabilités. La « bonne gouvernance » est toujours associée avec d’autres concepts nébuleux qui, en fait, font la promotion d’un narratif fondé sur « la compétition », « l’individualisme », « l’exceptionnalisme étasunien », « l’état de droit », « la justice transitionnelle », la « juridiction universelle », « la responsabilité à protéger (R2P) » à travers « le droit d’ingérence » celui de « la communauté internationale » qui, dans les faits, se réduit à la « communauté » des seuls pays occidentaux. Ce sont là des concepts qui constituent de véritables dangers et des obstacles au besoin de compréhension d’un nouvel ordre économique mondial.

Les changements qui caractérisent la situation internationale ne sont évidemment pas indifférents à cette transformation profonde du monde et par conséquent ils ne sont pas sans réaction de la part de ceux qui voient leur pouvoir continuer à s’éroder. On assiste ainsi de la part des pays occidentaux, principalement des Etats-Unis et de l’Union Européenne à une véritable paranoïa qui les conduisent à multiplier les manipulations, les déstabilisations, les interventions unilatérales, les conflits et les « proxys wars », les interférences pour contrarier les progrès et les réalisations des BRICS et d’ambitieuses réalisations comme les Routes de la Soie (BRI).

C’est en particulier le cas en cherchant à déstabiliser la Chine dans sa région, en lui contestant l’appartenance de la province de Taiwan à son territoire comme vient de le faire le Parlement Européen, ou dans la zone des mers de Chine en s’impliquant directement dans des différents frontaliers et en instrumentalisant les règlements internationaux sur les lois de la mer, en suscitant des « régime change » comme on a pu le voir au Pakistan, et plus récemment au Bangladesh, au Sri Lanka, en multipliant les provocations militaires comme avec l’installation de missiles de longue portée au Philippines avec le soutien des autorités politiques et militaires de ce pays ou enfin en cherchant à empoisonner l’évolution positive des relations entre la Chine et l’Inde.

En fait, quand les occidentaux et les Etats-Unis parlent d’appliquer les règles, il ne s’agit rien d’autres que de leurs règles qui sont totalement à l’opposé des principes du multilatéralisme et du respect de la Charte des Nations Unies. Plus ils parlent de respect des droits humains, plus ils pratiquent cette politique de deux poids deux mesures et plus ils piétinent la dignité et même l’existence de peuples comme l’illustre actuellement le conflit au Proche orient, au Liban, en Palestine où un génocide est appliqué avec cynisme à Gaza par cet état criminel et paria qu’est devenu Israël, à travers sa politique d’extermination qu’elle pratique dans la plus totale impunité.

Par conséquent on ne saurait sous estimer le contexte international et l’influence sur celui-ci des guerres et du chaos voulus et organisés délibérément par les Etats-Unis pour entraver les progrès de ce nouveau mouvement d’émancipation auquel nous assistons. Les Routes de la soie (BRI) sont justement une réponse concrète en faveur d’une autre logique de développement et d’un nouvel ordre économique international. C’est pourquoi, les BRI sont aussi devenues une cible des médias occidentaux qui s’évertuent tantôt à minimiser ses réalisations, tantôt à les caricaturer parce que justement elles prennent le contre-pied de cette obsession US d’un full Spectrum domination sur toutes les activités humaines. Ainsi par exemple, en Europe nous assistons à des campagnes visant à discréditer les BRI en les désignant comme responsables de l’endettement de pays en développement en Afrique ou encore en Asie. C’est le cas au Sri Lanka avec la réalisation du port en eau profonde d’Hambantota. Ainsi, de prétendus experts expliquent que l’endettement vis-à-vis de la Chine serait une stratégie de celle-ci pour soumettre certains états en développement. En fait, les BRI permettent d’éviter les pièges de la dette et donc des diktats néolibéraux purs et durs du FMI et de la Banque Mondiale, comme ceux de l’oligarchie financière qui ruinent tant de pays.

L’ampleur de la crise systémique en Europe caractérisée par la récession de nombreux pays, sans évoquer ici les conséquences de la guerre en Ukraine, en particulier pour des états comme la France et l’Allemagne censés être les moteurs de la construction européenne ,témoigne du sectarisme, de l’arrogance et de l’alignement dogmatique des dirigeants européens sur la politique agressive de Washington bien que cela se fasse au détriment de l’industrialisation en Europe, du commerce, du plein emploi, des services publics, de la modernisation, de l’investissement, de la démocratie et des libertés publiques, de la paix. L’Europe a fait délibérément le choix de sa vassalisation et de sa soumission aux Etats-Unis. En fait, l’Occident collectif est confronté à son propre déclin et cette réalité est devenue un fait incontournable. Celui-ci est illustrée par la paralysie économique, les crises démocratiques, la montée des inégalités, la pauvreté de masse, la corruption, l’enrichissement d’une petite oligarchie, l’insécurité, les abandons de souveraineté, un effondrement des valeurs, l’escalade des intolérances et le recul de l’esprit critique, la recherche du chaos, la répression et la conflictualité.

Or, l’Europe dans sa politique d’investissement économique et commerciale pourrait jouer un rôle positif en faveur des besoins sociaux insatisfait des nations et des peuples du vieux continent à travers entre autre le choix d’une coopération mutuellement avantageuse avec les BRI. Mais les a priori idéologiques et politiques à l’égard de la Chine freinent et contrarient ces exigences. Et cela, au détriment de l’Europe elle-même. Il est donc un fait que les BRI doivent faire face à une bataille d’idées qui ne sauraient en aucun cas être sous-estimée mais qui implique une harmonisation de nos agendas pour y faire face collectivement.

Il y a donc besoin de clarifier de tels enjeux et ne pas les considérer comme des péripéties. Pour ma part, je continue à penser qu’entre risques et opportunités nous sommes engagés dans une période de clarification. Par conséquent nous avons besoin de mener cette bataille des idées ensemble en multipliant les initiatives et les échanges sous toutes les formes.

C’est pourquoi :

On ne saurait concevoir la promotion des BRI sans prendre en compte le nécessaire accès à la modernisation. Il faut renforcer la voix et la participation des pays en développement à la prise de décision économique à tous les niveaux, régionalement comme internationalement et il faut pour cela disposer de nouveaux instruments. Les BRICS et la Chine y contribuent en totale cohérence !

Ainsi :

1-Il est urgent d’assurer la promotion des transferts comme des échanges de technologies et du renforcement des capacités productives, ainsi que la coopération technologique et scientifique avec les pays en développement. Il s’agit là d’actions urgentes possibles et donc indispensables à toute volonté de modernisation.

2-Il y a également besoin de réformes en profondeur du système commercial afin d’investir dans des projets durables, lutter contre le changement climatique et ses effets négatifs, modérer les prix des denrées alimentaires en augmentant la production alimentaire afin de construire un système mondial dans lequel aucun pays ne sera laissé pour compte.

L’orientation stratégique globale des BRI sur le développement des infrastructures, non seulement en Eurasie mais aussi en Afrique, constitue un changement qualitatif majeur dans le contexte géopolitique. Pour de nombreuses nations, il s’agit d’une question d’intérêt national. Les puissances occidentales sont désespérées car leur « système de diplomatie d’alliance » est en déclin. L’écrasante majorité des pays du Sud est en train de se reconfigurer qualitativement en un nouveau Mouvement des Non-Alignés (MNA) et cela de manière dynamique et concrète. En ce sens, les BRI sont aussi un moyen crédible pour écarter toutes les tentatives visant à rétablir les mécanismes post-coloniaux.

Des universitaires chinois aiment à citer un manuel impérial du XIIIe siècle, selon lequel les changements de politique doivent être « bénéfiques pour le peuple ». S’ils ne profitent qu’aux fonctionnaires corrompus dit ce manuel, le résultat est le luan (« le chaos »). Car souvenons-nous, c’est en fait la dynastie Yuan qui offre une introduction fascinante aux rouages des BRI. Ce qui était décisif et totalement novateur c’est qu’à cette époque c’est-à-dire aux 13/ 14e siècles toutes les routes terrestres et maritimes étaient reliées entre elles. Les planificateurs des BRI du 21e siècle bénéficient de cette longue mémoire historique.

Il n’est donc pas difficile à prévoir et comme nous le constatons aujourd’hui que la production industrielle de la Chine va continuer à croître alors qu’aux Etats-Unis et en Europe, elle continuera à décliner. Il y aura de nouvelles innovations des scientifiques chinois, comme l’informatique quantique photonique. Et ainsi, l’esprit de la dynastie Yuan du XIIIe siècle continuera d’inspirer les Routes de la Soie (BRI).

L’histoire s’accélère comme jamais auparavant. Des changements fondamentaux émergent. Ils touchent à des choix de société, à l’exigence d’un autre état d’esprit fondé sur le dialogue, le multilatéralisme et le besoin d’une modernisation des relations internationales.

En fait, comme jamais auparavant l’humanité fait face à des défis qui appellent une autre approche de la coopération pour surmonter les obstacles qui entrave tout projet de modernisation et de coopération. Par conséquent, on ne saurait concevoir le contenu de celle-ci indépendamment d’« une vision commune positive » pour aboutir à des réponses collectives et utiles. Qu’il s’agisse par exemple de l’industrialisation, de la formation permettant de créer les conditions pour des transferts de technologie sans lesquelles il est vain de parler de modernisation. Cela exige surtout de sortir de cette vision néocoloniale fondée sur la poursuite du pillage et la sur exploitation des peuples des pays en voie de développement tout comme sur celle des travailleurs des pays capitalistes dont l’aliénation sociale est généralisée.

Une véritable rupture exige d’appréhender la réponse aux besoins de modernisation dans une approche dialectique. C’est aussi le cas dans le domaine de la démocratie dans les entreprises et de l’implication du travailleur dans les prises de décisions ce qui permettraient de rompre avec la déresponsabilisation, la démotivation, les délégations de pouvoir. Une démocratie ouvrière faisant le choix d’une autogestion ou d’une auto révolution véritable exigeante par une coopération plus étroite entre les producteurs depuis leur lieu de travail jusqu’au niveau d’un groupe professionnel à l’échelle nationale ou internationale. Les Nouvelles Routes de la soie (BRI) peuvent y contribuer

Dans ce but, il est nécessaire de concevoir des outils communs et des pratiques qui permettront aux peuples aux travailleurs et aux générations futures d’échanger et de mettre en commun. Le but étant de se sentir connectés au-delà des frontières physiques et culturelles et de mettre en œuvre des relations solides et durables. Ce n’est qu’en nous débarrassant de nos préjugés que nous pourrons apprécier et apprendre d’autres cultures.

Le 3e plénum du Comité Central du Parti Communiste Chinois, les réflexions pertinentes et les décisions de ce dernier sont des contributions qui vont nourrir la réflexion et l’action quant à la finalité de la modernisation en Chine et cela est inséparable de nos échanges. Cela est vrai à l’échelle d’un immense pays multiculturel comme l’est la Chine mais cela peut être également une contribution pour d’autres nations bien au-delà des histoires, des particularités, des différences, tout en rappelant que la Chine n’est pas un modèle mais un exemple dont l’action et les réalisations ont une valeur pédagogique éclairante.

La modernisation doit avoir pour finalité la justice sociale et l’amélioration du bien-être de la population. Si tel est son but nous avons tous à apprendre les uns des autres ?

C’est pourquoi, le concept de modernisation, n’est pas neutre, car il impacte directement notre mode de vie et notre manière de penser. Évidemment, la nature des réponses que l’on apporte dépend pour beaucoup du choix de société que l’on fait ! Ainsi placer les besoins du peuple comme finalité au cœur de la modernisation c’est confirmer le choix du socialisme. C’est là une approche qui oblige à articuler national et international, rapports de production et forces productives, interaction entre infrastructure et superstructure au sens ou l’entendait Marx. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie sociale, politique et intellectuelle. « Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience ».

C’est là le défi, auquel il faut faire face. Il oblige à anticiper, à voir loin ! Comme disait le Président Mao Zedong et que rappelait opportunément le Président Xi Jinping, il faut vérifier la justesse des approches par “la primauté de la pratique”. La mise en œuvre et la marche en avant des Routes de la soie (BRI) en est l’illustration.

Le progrès économique doit répondre aux besoins croissants de la population qu’il s’agisse de ses conditions de vie et de travail comme de l’environnement, comme de sa participation consciente à la vie sociale et politique de la cité. Pour cela l’innovation et l’esprit d’initiative doivent devenir les forces motrices du changement.

Vouloir faire de la Chine un grand pays socialiste moderne dans tous les domaines au milieu de ce siècle constitue une ambition. C’est ce que souligne l’importante résolution du 3e plenum du PCC qui ne constitue pas un catalogue mais des objectifs de combat qui s’articulent et sont dépendants entre eux en faveur d’une modernisation au service du peuple, par le peuple et pour le peuple. Ainsi, le concept de « nouvelles forces productives de qualité, » qui met l’accent sur le développement de technologies avancées telles que la biotechnologie, l’énergie verte, l’intelligence artificielle et l’aérospatiale représente un changement significatif, un pas qualitatif par rapport au modèle de croissance précèdent. Cette approche contribue à une réflexion et une action concrète bien au-delà de la Chine.

J’ai eu personnellement la chance voici un mois de visiter les impressionnantes installations des Routes de la Soie (BRI) depuis leurs points de départ à Kashgar et Urumqi dans la province du Xinjiang. Cela a été pour moi une révélation sur la pertinence et la cohérence de ce qui de mon point de vue constitue le plus vaste programme de coopération entre nations de l’histoire de l’humanité. Ce succès est une victoire incontestable du socialisme car comme je l’ai constaté et compris, seul un développement progressif des forces productives sous la direction du PCC a permis une telle transformation. Ce qui démontre la supériorité du concept de marché socialiste. Contrairement aux économies capitalistes ou la dérégulation et la privatisation dominent, la Chine a su conjuguer des réformes économiques avec un contrôle rigoureux par l’Etat et par une redistribution positive en maintenant un mode de production socialiste. Dans ce sens les exploits de la Chine ne sont pas seulement des victoires nationales mais des avancées pour le mouvement socialiste international qui démontre sa crédibilité au service de l’humanité et doivent nous faire tous réfléchir quand nous parlons d’alternative. Ces réalisations concrètes dont la modernité, l’utilité et l’efficacité sont des évidences démontrent qu’une autre voie est possible que celle de la dérégulation, des privatisations.

Il est donc possible de faire d’autres choix en faveur du devenir de l’humanité. Ce constat me fait ainsi penser à ce que le premier ministre Zhou Enlai déclarait de manière prémonitoire à Bandung, en 1955, c’est-à-dire il y a presque soixante dix ans : « Les puissances coloniales ne peuvent plus utiliser les méthodes du passé pour poursuivre leur pillage et leur oppression. L’Asie et l’Afrique d’aujourd’hui ne sont plus l’Asie et l’Afrique d’hier. Un grand nombre de pays de cette région ont fait le choix de prendre leur destin en mains après de longues années d’efforts.”

Les Routes de la Soie (BRI) sont en fait d’une simplicité qu’aurait apprécié Sun Tzu quand on l’applique à la géo économie. « Ne jamais interrompre l’ennemi lorsqu’il commet une erreur ». Dans les années à venir, ce qui sera décisif ce sont les réponses politiques à apporter au choix de développement comme à la préservation de notre environnement, ceux qui prennent en compte les besoins sociaux du plus grand nombre, la lutte contre la pauvreté de masse et surtout l’action contre l’explosion des inégalités, les gâchis et la corruption tout autant que la réflexion sur la finalité éthique de l’Intelligence artificielle.

Il faut prendre appui sur la dynamique des Routes de la Soie (BRI) et l’encourager. Il y a là une exigence à laquelle personne n’est dispensé de réfléchir : être capable d’anticiper les contours autant que le contenu d’une « communauté de destin », contribuant à donner confiance dans une alternative crédible et une ambition pour tous les peuples sans exclusive. N’est-ce-pas encore Sun Tzu qui disait que « Celui qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre ». C’est pourquoi il est essentiel de prendre en compte les cinq principes de coexistence pacifique que le président XI jinping a rappelé en juin de cette année, comme l’égalité souveraine, le respect mutuel, la paix et la sécurité, fédérer les forces de la prospérité, la justice et l’équité. En fait ces principes permettraient d’ouvrir une autre voie, celle du règlement pacifique « de défis historiques, en triomphant de cet esprit étroit recherchant la seule confrontation et l’antagonisme à travers l’existence de blocs politiques et de sphères d’influence ».

C’est pourquoi, nous nous devons d’encourager le développement et la concrétisation des Routes de la Soie (BRI). Pour cela, il y a une exigence, à laquelle personne ne saurait échapper : celle d’être capable d’anticiper les contours et le contenu de ce qui doit être « une communauté de destin » qui contribue à donner confiance en faveur d’une alternative crédible et d’une ambition pour tous les peuples sans exceptions. N’est-ce pas Sun Tzu une fois encore qui écrivait dans son Art de la guerre « Celui qui n’a pas d’objectifs ne saurait les atteindre ». C’est pourquoi, il est essentiel de montrer que les progrès de développement de la Chine sont le résultat de décisions politiques explicites qui contribuent à faire émerger des alternatives.

Le nombre important de pays souhaitant rejoindre les BRICS, l’accélération du mouvement en faveur de la dédollarisation, la nouvelle vague de décolonisations en Afrique et l’établissement d’une Alliance Anti-impérialiste des états du Sahel tout comme la création d’une Confédération des états du Sahel, au même titre que la résistance héroïque du peuple palestinien, sont en fait les manifestations et les signes révélateurs d’un monde en transition.

Il est significatif que l’essence même d’une civilisation nouvelle et globale exprimée par la Chine qui permette d’apporter des réponses convaincantes et alternatives aux concepts qui ont contribué à perpétuer un ordre brutal et injuste. Cette approche a maintenant reçu un soutien explicite à travers l’adoption d’une résolution votée par l’Assemblée Générale des Nations. Dans un contraste saisissant avec la vision anachronique et unilatérale du monde que défendent les Etats-Unis, la Chine fait la promotion d’un « monde ouvert et inclusif » prenant en compte la diversité et la richesse des civilisations, non comme « une source de conflits mais tout au contraire comme le moteur permettant de nouvelles avancées pour l’humanité ».

Ces changements considérables nous donnent une opportunité historique afin de relever le défi de cet ordre hégémonique qui a contribué à tant d’inégalités, d’injustices, d’exploitation, de domination, de conflits, de guerres et de pillages.

Toute la question est de savoir si nous sommes prêts à nous en emparer et à agir en faveur de ces opportunités qui correspondent aux défis de notre temps.

Jean-Pierre PAGE

Ancien responsable du secteur international de la CGT, Jea-Pierre Page est l’auteur de plusieurs livres sur la Chine dont :

 « La Chine sans oeillères », éditions Delga, 2021, livre collectif dont la direction a été assurée par lui et Maxime Vivas :

 et « Chine/USA la guerre imminente ? », éditions Delga, 2023, livre collectif dont la direction a été par lui, Aymeric Monville et Maxime Vivas.




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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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