La station Trump n’est pas le terminus
• Les choses allant très vite, la victoire étourdissante de Trump nous ouvre deux voies : celle de l’évolution intérieure US et celle de la politique extérieure. • Il va être nécessaire de modifier nos méthodes d’observation et d’identification, dans un affrontement qui devient très rapidement civilisationnel et ouvertement culturel. • On nous parle certes de géopolitique mais il faut admettre que les opportunités stratégiques sont de moins en moins déterminées par des choix géostratégiques, et de plus en plus par des inclinations psychologiques et culturelles.
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L’élection est faite mais, certes, pas grand’chose n’est encore fait qui puisse nous laisser penser ce que va être précisément l’administration Trump-II si elle parvient à se mettre en place selon les plans, – annoncés, sinon prévus. Il va donc y avoir deux fronts qui nous intéressent : à l’intérieur, la bataille pour installer l’administration contre le bloc progressiste-bureaucratique en place ; à l’extérieur, pour faire pivoter une politique extérieure de différentes façons. Sur certains points, une façon qui aurait des aspects satisfaisants pour l’extérieur européen, si cet extérieur-là est capable de penser en “européen” ; d’autre part, pour certains autres aspects qui, pour être moins brutaux n’en seraient pas moins très difficiles si l’on a affaire à une Amérique choisissant un “isolationnisme agressif”. Il n’est nullement assuré, tant s’en faut, qu’une Amérique dirigée par Trump, et mettant à part les embarras intérieurs qui conduiraient à une attaque de composants du ‘DeepState’, conduirait à un retour à des relations internationales respectueuses et pacifiées… Nous en sommes encore bien loin
Nous voulons dire par là, d’une façon plus générale, qu’une politique Trump bien maîtrisée nous confronterait
à des choix parfois difficiles, alors que les européens sont dans la plus complète confusion, selon des tactiques et des idéologies complètement stupéfiantes et incroyablement dépassées. Ainsi voit-on le gouvernement allemand confronté à une crise interne brutale, tandis que les ‘Gründ’ qui y participent se montrent particulièrement intransigeants sur les champs extérieurs ; ce camp qui, après avoir déclaré la guerre à la Russie avec un zèle époustouflant, envisage avec entrain d’y ajouter un état de quasi-guerre avec les États-Unis :
« Les Verts ont exprimé leurs regrets face à cette évolution, mais ont déclaré qu’ils souhaitaient rester au sein d’un gouvernement minoritaire, soulignant la nécessité pour l’UE – et l’Allemagne en particulier – de démontrer sa capacité d’action après l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis.
» “Je tiens à dire que pour nous cela [la crise gouvernementale] nous semble particulièrement malvenue en un jour presque tragique comme celui-ci, où l’Allemagne doit montrer son unité et sa capacité d’agir en Europe”, a déclaré mercredi soir le vice-chancelier et ministre de l’Économie Robert Habeck dans un communiqué de presse conjoint avec la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock.
» “Ce n’est pas un bon jour pour l’Allemagne et ce n’est pas non plus un bon jour pour l’Europe”, a ajouté Baerbock… »
On voit donc qu’il s’agit d’un monde complètement nouveau, qui porte bien des stigmates et des infamies du monde d’avant, disons celui qui existait depuis 2021-2022. Il y a notamment les initiatives très précises qui nous conduisent sur le champ de l’affrontement culturel dans son sens le plus large, comme le décrit ce rapport du SVR russe (services de renseignement extérieur) sur la situation en cours de développement en Arménie. Il s’agit d’une action de pur wokenisme et de social-progressisme mené par le département d’État, sur lequel l’équipe Trump est loin de mettre la main et d’y imposer son empreinte (ce qui est d’ailleurs légalement le cas jusqu’au 20 janvier 2025 et l’investiture de Trump-II).
Ce rapport du SVR est clairement orienté vers l’observation et le renseignement de l’action culturelle des USA. Il s’agit d’une évolution certes stratégique pour la Russie, mais plus essentiellement pour l’observation générale, d’une évolution de type civilisationnel, de ce type qui devrait caractériser les attaques d’un Elon Musk s’il est dans le gouvernement, contre Soros et sa “société ouverte” patronnés par le département d’État.
« Les États-Unis sont déterminés à forcer l’Arménie à emprunter une voie antirusse et à la conduire au “suicide national”, a averti jeudi le Service russe de renseignement extérieur (SVR).
» Le département d’État américain encourage les “structures pro-occidentales de la société civile” de l’ancienne république soviétique à agir, cherchant à pousser les élites politiques arméniennes “à accélérer la réorientation complète vers le format de développement pro-occidental”, a déclaré le SVR dans un communiqué. Les méthodes utilisées par Washington ont déjà été testées en Ukraine et en Moldavie.
» Le personnel affilié aux États-Unis formera des responsables arméniens dans des agences gouvernementales clés et “assurera une large représentation de conseillers étrangers” pour guider Erevan sur la voie préférée de Washington. Cela sera inévitablement antagoniste envers la Russie.
» “Pour atteindre le ‘noble objectif’ de rejoindre la soi-disant société civilisée dirigée par les États-Unis, le peuple arménien… devra renoncer à ses propres traditions, à ses normes sociétales nationales et à ses liens commerciaux stables” avec d’autres pays de la région, a indiqué le communiqué. “Washington pousse fortement l’Arménie vers le suicide national”, a-t-il ajouté. »
On aura, avec l’exemple arménien, une démonstration convaincante de la forme que doit prendre la bataille en cours, en se demandant si l’équipe Trump saura distinguer que l’action bureaucratique US va contre les principes qu’elle veut défendre, ou se contentera-t-elle de suivre la pente des soi-disant “intérêts nationaux US” ; pente complètement trompeuse puisque l’acquis renforce le camp globaliste dans une autre forme de bataille.
C’est dans ce sens qu’il convient, à notre point de vue de lire le très intéressant billet de Martino Mora ; court, ramassé sur l’essentiel, fixant les points fondamentaux de l’affrontement civilisationnel derrière l’apparat du langage géopolitique de « La mer contre la terre », et malgré l’utilisation de cet apparat. En effet, Mora devrait préciser l’affrontement en cours aux USA avec l’élection de Trumpo, par exemple avec l’affirmation d’un Musk, libertarien convaincu, qui s’oppose frontalement au globaliste Soros, – mis dans ce texte, un peu vite et sans raison sérieuse, dans le camp des thalassocraties de la modernité. La mise en scène du simulacre anglo-saxon brouille considérablement les perspectives et les identifications de cette nouvelle bataille qui s’engage désormais à front découvert ; mais elle les brouiller aussi bien pour eux-mêmes que pour nous. Le texte de Mora permet de réaliser, malgré quelques réserves qu’on peut avancer ici et là, les conditions qu’il va falloir désormais déterminer dans l’affrontement qui se développe.
Le texte est emprunté dans sa traduction à ‘euro-synergies.hautefort.com’, et dans l’expression originale à ‘ariannaeditrice.it’.
dedefensa.org
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La mer contre la terre
C'est précisément parce que les valeurs matérielles, et donc économiques, dominent en son sein que l'Occident actuel ne fait pas la guerre au reste du monde pour des raisons strictement économiques.
Ce n'est qu'un paradoxe apparent. L'Occident américano-sioniste actuel, qui vénère la matière et l'individu atomisé, déteste le reste du monde précisément parce que ce reste du monde ne vénère pas la matière et l'individu atomisé de la même manière. C'est pourquoi il n'a pas besoin de la perspective de gains économiques pour lui faire la guerre.
La guerre contre la Russie via l'Ukraine en est un exemple évident. La ploutocratie anglo-américaine déteste Poutine pour des raisons existentielles, pas pour des raisons commerciales. Il suffit de lire ce qu'écrit le financier et idéologue George Soros pour le comprendre. L'Occident ploutocratique déteste la Russie comme il détestait autrefois les autocraties tsariste, prussienne et habsbourgeoise.
Les marchands anglo-saxons détestent Poutine parce qu'il a subordonné les pouvoirs économiques des “oligarques”, qui ont débordé de démocratie démagogique dans les années Eltsine, à sa volonté politique. Il ne les a pas expropriés au nom du communisme (bien que certains cultivent la fixation d'un Poutine “bolchevique”), mais les a subordonnés au pouvoir de l'État, c'est-à-dire au sien, par la ruse ou par l'escroquerie. Il a donc rejeté, dans la pratique, le modèle sorosien de “civilisation ouverte”, dans lequel seul l'argent gouverne.
Le modèle de Poutine est donc un modèle “césariste” de civilisation et de pouvoir, dans lequel la politique subordonne à elle-même, en le contenant, le règne animal de l'esprit. Et dans lequel un rôle non marginal est également redonné à la dimension religieuse, ce qui est d'ailleurs intolérable pour les tenants de la « société ouverte ».
La Russie d'aujourd'hui n'est pas un modèle véritablement alternatif à la folie spirituelle de l'Occident, mais elle contient au moins les dégâts de la commercialisation à grande échelle de la vie sociale et de la dissolution panérotique des coutumes et de la famille. Ce n'est pas rien.
La haine contre l'Iran est encore plus évidente. Elle se fait passer pour de l'aversion envers le fondamentalisme islamique. Si la véritable aversion était pour le fondamentalisme, l'islam sunnite du Golfe devrait être beaucoup plus détesté que la théocratie chiite de l'Iran, dans laquelle non seulement les minorités chrétiennes et juives, mais aussi les femmes, propagande mise à part, s'en sortent beaucoup mieux. L'Arabie saoudite et le Qatar, ou peut-être le Pakistan ou le Soudan, seraient les principaux ennemis.
Certes, des raisons stratégiques d'alliance géopolitique entre l'américano-sionisme et ses adversaires jouent contre l'Iran. Mais en fin de compte, oublions cela, on en revient toujours là, au choc des civilisations. Le vrai, pas l'imaginaire. Et le choc des civilisations actuel, du moins le principal, est entre le nihilisme matérialiste et atomiste de l'Occident anglo-sioniste, qui a répudié le christianisme et sa Tradition (et s'enfonce donc de plus en plus vers le bas), et le reste du monde.
La mer contre la terre.
Martino Mora
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