En septembre 2015, Reinhilde Veugelers, professeure européenne accréditée, a publié une recherche sur l’immigration :
La véritable capacité d’immigration de l’Europe : ce que nous pouvons apprendre du système américain de la carte verte.
L’auteur fait une étude sur les capacités d’accueil de chaque pays européen, ainsi que l’Europe en entier, en comparaison avec la capacité d’accueil des États-Unis.
Dans le cas de l’Europe, elle projette une augmentation de l’immigration pour être en corrélation directe avec les États-Unis.
La Commission européenne a défini les critères suivants :
– la taille de la population (40 %) car elle reflète la capacité d’absorption d’un certain nombre de réfugiés ;
– le PIB total (40 %) puisqu’il reflète la richesse absolue d’un pays et est donc indicatif de la capacité d’une économie à absorber et intégrer les réfugiés ;
– taux de chômage (10%) comme indicateur reflétant la capacité d’intégration des réfugiés.
– nombre moyen de demandes d’asile spontanées et nombre de réfugiés réinstallés pour 1 million d’habitants sur la période 2010-2014 (10%) car il reflète les efforts consentis par une économie dans un passé récent ; [3]
Ces critères sont, comme le déclare la Commission elle-même, des critères objectifs, quantifiables et vérifiables qui reflètent la capacité de chaque pays membre de l’UE à absorber et à intégrer des réfugiés, avec des facteurs de pondération reflétant l’importance relative de chaque critère.
Nous constatons qu’il y a des critères, en Europe, pour déterminer la capacité d’accueil des immigrants, contrairement au Canada qui n’a pas ce genre de critères pour établir notre capacité d’absorption. Ici, au Canada et au Québec, nous parlons toujours de la « sorte » d’immigrant que nous voulons, au lieu de parler quelle est la capacité d’accueil de l’État qui reçoit ces mêmes immigrants. Jamais nous ne parlons ici de notre capacité d’absorption. L’immigration ici est toujours définie selon la personne qui arrive et non des personnes qui sont déjà ici. Nous ne parlons jamais de chiffres ici, que des critères d’admissibilité de la personne arrivant ; jamais des personnes qui accueillent ces nouveaux arrivants.
Elle rajoute ceci :
En utilisant la règle des quotas européens, nous constatons que l’UE devrait accorder le statut de résident permanent à environ 1 267 000 personnes par an, si elle veut accepter « autant » d’immigrants que les États-Unis.
Donc, elle propose pour l’Europe avec une population de 507M le même nombre d’immigrants que les États-Unis, mais avec une population de seulement 315 M.
(Vois le tableau ; ligne 1e en haut et 3e ligne du bas)
Le tableau
Le tableau comporte le nom de l’état et/ou l’union d’états.
Il y a une colonne pour les résidents ayant droit d’immigrer : pour le Québec et le Canada, ce sont les vrais chiffres d’accueil, pas un objectif. Ensuite, vous avez une colonne pour le pourcentage souhaitable pour chaque état pour maintenir la cohésion sociale en regard des critères déjà établis par l’Europe pour maintenir un ballant entre les gens déjà présents et les arrivants. L’échelle se promène de 0 ,19% à 1,7%, avec le Canada et le Québec ayant les plus hauts taux d’acceptation d’immigrants.
Et j’ai rajouté la dernière colonne sur les populations en date de 2023 pour illustrer les chiffres d’accueil d’immigrants en relation avec leurs populations.
Pour faire des comparaisons, regardez les rangées qui se terminent avec des carrés verts ; ce sont les États qui ressemblent le plus au Québec. Regardez pour chacun de ces pays le pourcentage et surtout le nombre d’entrées d’immigrants. Aucun montre une corrélation avec les chiffres stratosphériques du Québec et du Canada. Aucun. Le Canada et le Québec, les seuls deux États illustrés avec des carrés rouges (danger), car trop d’immigrants pour nos populations.
L’Autriche est le pays qui ressemble le plus au Québec. Regardez le nombre d’immigrants. Pour être au diapason des États-Unis et de l’Europe, il faudrait que notre chiffre d’immigrants par an soit de 28k. Nous avons un taux actuellement de CINQ fois plus haut que la norme des autres pays, soit plus de 120K.
À l’inverse, regardez la France, elle atteint 150k par année avec une population de 65M de personnes. Elle a légèrement un peu plus d’immigrants que le Québec qui a seulement 8M d’habitants.
Comment peut-on continuer de cette façon à accueillir des immigrants autant qu’un pays de 65M sans dire que ceci met en danger notre cohésion sociale, voire notre existence ?
Comment ? Personne, ici, ne semble vouloir parler de chiffres.
Pour être juste, je dois dire que la France est délinquante et qu’elle n’a pas suivi ces chiffres ; en 2021, elle a accueilli 733 000 d’immigrants, le même nombre que ses naissances. Drapeau rouge.
Regardez l’Italie. Ce pays accueil le même nombre d’immigrants que nous, mais à une population de 59M. Imaginez, un gros pays comme l’Italie, n’accepte pas plus d’immigrants que nous.
L’Europe a un taux de 0,25% de la population. Les États-Unis ont un taux de 0,39% de sa population. Ici au Canada et au Québec, nous avons des taux CINQ fois plus élevés avec des taux de 1,3% et 1,6%. Nous accueillons 5 fois plus d’immigrants, au prorata des populations, que tous ces pays ou entités d’états !
L’UE peut choisir elle-même le nombre d’immigrants qu’elle acceptera à l’avenir. Il peut choisir d’être plus ou moins accommodant que les États-Unis. Toutefois, il devrait tenir compte de sa véritable capacité d’immigration pour prendre sa décision.
Note : je vous suggère de garder les informations contenues dans cet article et ce tableau, car difficile d’obtenir des informations colligées sur autant de pays en un seul endroit.
L’auteur :
Reinhilde Veugelers
Prof. Dr. Reinhilde Veugelers est professeur ordinaire à la KULeuven (BE) au Département Management, Stratégie et Innovation. Elle est Senior Fellow à Bruegel depuis 2009. Elle est également chercheuse CEPR, membre de l’Académie Royale Flamande de Belgique pour les Sciences et de l’Academia Europeana. De 2004 à 2008, elle était en congé académique, en tant que conseillère à la Commission européenne (BEPA Bureau of European Policy Analysis). Elle a siégé au conseil scientifique de l’ERC de 2012 à 2018 et au groupe d’experts RISE conseillant le commissaire à la recherche. Elle est membre de VARIO, le groupe d’experts qui conseille le ministre flamand de l’Innovation. Elle est actuellement membre du comité des rédacteurs en chef de la revue Science et co-chercheuse principale sur l’initiative de financement de la science au NBER.
Sources :
https://www.bruegel.org/blog-post/europes-true-immigration-capacity-what-we-can-learn-us-green-card-system
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_population
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec