par Dominique Delawarde
Le sommet des BRICS de Kazan, sous présidence russe, s’est tenu du 22 au 24 octobre 2024 avec la participation de 36 pays représentant plus de la moitié de la population et de l’économie planétaire.
Les dix pays membres à part entière des BRICS ont co-signé le 24 octobre une déclaration finale commune de 33 pages, comportant 134 articles. En voici la version intégrale en anglais :
Les États membres ont décidé de marquer une pause dans l’élargissement, puisqu’aucun nouveau pays n’a été invité à se joindre aux BRICS cette année, alors qu’une trentaine de candidatures avaient été déposées. La création et les modalités de sélection d’une catégorie de «pays partenaires» des BRICS ont été approuvées.Une liste de treize pays «partenaires», dont deux pays du G20, et trois pays de l’Organisation de coopération de Shanghai, a été publiée ce matin 25 octobre. Ce sont : La Turquie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, l’Algérie, la Biélorussie, la Bolivie, le Vietnam, Cuba, l’Indonésie, la Malaisie, le Nigeria, la Thaïlande et l’Ouganda.
Des mesures d’organisation et des déclarations d’intention ont concerné de nombreux domaines et notamment celui de la finance et des transactions financières. Elles ne remettent pas en cause le système existant mais viennent en complément et se posent en système alternatif, permettant de s’affranchir du système en place, si celui ci vient à abuser de sa position dominante.
Sur le plan des relations internationales, la déclaration finale exprime des préoccupations et des condamnations très claires et très fortes des BRICS à l’égard d’Israël pour son action génocidaire en Palestine occupée, et ses crimes au Liban, mais aussi, sans les nommer, à l’égard des pays qui pratiquent des sanctions unilatérales tous azimuts et tous prétextes pour servir leurs intérêts et qui attisent les conflits en cours. L’Occident otanien est clairement et particulièrement visé.
La dernière réactualisation trimestrielle de l’état du monde et les prévisions à court et moyen termes communiquées par le FMI le 22 octobre 2024 indiquent que la part des pays BRICS 10 dans le PIB mondial 2024 passe de 36,69% dans les prévisions d’avril dernier à 37,53% dans les prévisions d’octobre, cette évolution est énorme en aussi peu de temps.
• https://www.imf.org/external/datamapper/pppgdp@weo/weoworld
À l’inverse, la part des pays du G7 passe de 29,64% à 29,08%. L’écart entre ces deux grands pôles économiques et géopolitiques, BRICS10 et G7, s’est donc creusé, selon le FMI, de 1,4% en 6 mois seulement, au profit des BRICS. Cet écart est lié aux prévisions du FMI, toujours trop complaisantes à l’égard des pays occidentaux et trop sévères pour leurs concurrents en début d’année et qui doivent toujours faire l’objet de rectifications pour s’aligner sur les réalités au fil de l’année.
Dans le même rapport du FMI, la prévision de PIB/PPA 2024 de la Russie passe de 5470 $/PPA en avril à 6910 $/PPA en octobre. C’est une correction énormissime de + 26% en 6 mois !??? Le FMI se rendrait-il enfin compte que la Russie est une grande puissance économique qui n’est pas isolée et que les délires du duo Macron-Lemaire qui proclamaient tous deux un effondrement imminent de l’économie russe en 2022 relevait d’un aveuglement stupide doublé d’une arrogance sans limite.
Le FMI a donc confirmé en octobre 2024 la place de 4ème puissance économique mondiale en parité de pouvoir d’achat de la Russie, place qui lui avait déjà été attribuée par la Banque mondiale en 2023.
Avec l’apport et la coopération des 13 pays partenaires, la part du PIB/PPA des BRICS 10 +13 passe à 46,31% du PIB mondial et, avec l’effondrement économique en cours de nombreux pays membres de l’OTAN, dont la France, cette part des BRICS et de la Russie ne pourra que croître rapidement. Sans nouvel élargissement d’ici 2029, les BRICS 10 + 13 feraient, selon le FMI, 48,5% du PIB mondial en 2029. C’est dire que la barre des 50% sera franchie bien avant 2029 et probablement lors du prochain élargissement des pays partenaires sous présidence brésilienne en 2025.
Structure initialement limitée à la coopération économique entre les pays membres et partenaires, les BRICS vont donc devenir, au fil du temps, un véritable pôle de puissance économique et géopolitique, dont l’Occident otanien, qui perd peu à peu son pouvoir de nuisance, devra forcément tenir compte. Cela met inévitablement un terme au «moment d’hégémonie unipolaire US-OTAN» qui aura tout de même duré plus de 30 ans.
Source : Reseau International
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