Diplomatie d’influence et cyberconflits

Diplomatie d’influence et cyberconflits

Rapport des Artistes pour la Paix Nadia Alexan et Pierre Jasmin présents à l’UQAM.
Date : Jeudi 26 septembre, 12h30-14h30
Lieu : Salle R-3570 du Pavillon des Sciences de la gestion (R) et en ligne

Pour amorcer sa programmation 2024-2025, placée sous le thème des insécurités et des polycrises, l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) a convié la communauté uqamienne et le public à une importante midi-conférence sur la diplomatie d’influence et les cyberconflits, avec un regard particulier sur les stratégies adoptées par l’Ukraine et la Russie (événement organisé en collaboration avec l’Observatoire des conflits multidimensionnels de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques).

Modérateur : Danny Gagné, nouveau docteur en sciences politiques de cette année, chercheur en résidence, Observatoire sur les conflits multidimensionnels.

Discours d’entrée : François Audet, directeur de l’IEIM.

C’est par un discours d’ouverture très simple et chaleureux que la quarantaine de personnes présentes furent accueillies par M. Audet que les Artistes pour la Paix connaissaient en tant que directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire. À ce titre, le 12 octobre 2023 à 7 h 30 à la télévision de Radio-Canada, il avait livré une courageuse intervention, dictée par un louable souci humanitaire d’avertir de l’imminence d’un massacre, faute du respect par Israël-Tsahal d’un corridor humanitaire pour laisser entrer, via l’UNRWA, eau, vivres et médicaments pour la population gazaouie. « On ne peut pas punir ainsi deux millions de personnes civiles, elles-mêmes prises en otages par le Hamas » avait-il urgemment déclaré.

Compte-rendu par l’UQAM de la midi-conférence

La conférence rassemblait trois panélistes :

-Karine Pontbriand, candidate au doctorat en cybersécurité et relations internationales à l’Université de New South Wales en Australie ;

-Simon Hogue, professeur au Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et chercheur en résidence à l’Observatoire des conflits multidimensionnels de la Chaire Raoul-Dandurand ;

-Anne Leahy, ex-ambassadrice du Canada en Russie et fellow de l’IEIM.

La modération était assurée par Danny Gagné, chercheur en résidence à l’Observatoire sur les conflits multidimensionnels, qui dans son propos liminaire a fait un rappel de la thématique avec son lien à l’actualité du conflit en Ukraine.

Karine Pontbriand a d’abord développé son exposé autour d’une série de questions : Comment le cyberespace transforme les conflits? Comment la guerre en Ukraine le matérialise et quelle sont les leçons à tirer? Quel est le rôle de la cyberdiplomatie? « On constate que le cyberespace est venu donner une nouvelle option aux États dans les conflits. Cette nouvelle tendance vient remettre en question ce continuum de guerre et paix entre les États. On constate bien évidemment que la cyberdiplomatie n’a pas empêché la guerre en Ukraine. L’utilité de la diplomatie [est] à la base d’offrir des négociations, de s’entendre sur les normes et bonnes pratiques à mettre en avant. S’il n’y avait pas de cyberdiplomatie en amont, il n’y aurait pas d’outils pour dénoncer ni d’outils de sanction en cas de non-respect des normes. »

Simon Hogue a articulé sa présentation sur l’utilisation des réseaux sociaux par l’Ukraine pour passer des messages aux populations des pays occidentaux afin de convaincre ceux-ci de lui apporter leur soutien. « Ce qui est intéressant avec UNITED24 est qu’il reprend les discours officiels du gouvernement ukrainien et les rend intéressants pour plein de personnes qui ne suivent pas les médias traditionnels, et ne sont pas touchées par les discours de géopolitique […]. L’intérêt maintenant est de regarder ce qu’ils font comme usage des médias sociaux. Ils adaptent leur discours à trois normes de la culture numérique : le divertissement, l’authenticité et l’interactivité. C’est le repackaging du discours.»

Anne Leahy s’est finalement intéressée dans sa présentation à la Russie, qui est en guerre psychologique contre les pays occidentaux. « Le but d’une guerre est d’avoir un effet sur nos cerveaux, c’est-à-dire, sans même qu’on se rencontre, qu’on se mette à penser, à tirer des conclusions, à remettre en question ce qu’on croyait jusqu’à maintenant, tranquillement, à changer notre façon de voir les choses, de penser. […] Par exemple, lorsque les Russes parlent des attaques des Ukrainiens, c’est toujours en disant que ceux-ci utilisent « les armes de l’OTAN », puis les journalistes américains tombent dans le panneau, ils répètent cette formule en la normalisant. »
 

Voici notre conclusion à Nadia Alexan et moi en ce 18 octobre

Madame Pontbriand a, selon ses propres dires, une clientèle principale de soldats australiens, donc membres d’AUKUS, qui veulent mieux comprendre le rôle du cyberespace et le brouillage des messages par la Russie et la Chine. Sa présentation, comme celle de M. Simon Hogue qui s’est concentré sur l’aspect contemporain d’UNITED24, sans trop en critiquer l’aspect outrageusement propagandiste ukrainienne, était factuelle et évitait de prendre position.

Mais la présentation de Madame Leahy était une honteuse propagande. Lorsqu’elle a vu Pierre Jasmin, professeur honoraire de l’UQAM, arriver au micro, elle s’est lancée dans une dénonciation à l’emporte-pièces de la Chine « qui a kidnappé les deux Michael ». J’allais au micro seulement pour me présenter comme secrétaire des Artistes pour la Paix et poser une question, mais j’ai dû promptement rectifier comment l’un des deux Michael a poursuivi l’autre pour espionnage ayant mis sa vie en danger par ignorance de ce rôle, ce qui a conduit le Canada à offrir beaucoup d’argent au non-espion pour qu’il abandonne sa poursuite très dommageable pour le Canada et sa crédibilité face à la Chine.

N’ayant pas le temps d’expliquer cela à la salle en fin de conférence, j’ai insisté sur le fait que ce kidnapping n’aurait jamais eu lieu sans l’action commandée par Donald Trump à Chrystia Freeland de retenir prisonnière deux ans et demi la vice-présidente de Huawei, madame Meng Wanzhou (articles sur www.artistespourlapaix.org) que M. Biden allait déclarer innocente en décembre 2022, avec aucune réaction de la part du gouvernement canadien honteux.

Quant à Nadia Alexan, elle a vivement réagi en déplorant combien cette sortie de madame Leahy était typique d’articles de journaux qui n’expliquent jamais l’origine historique des guerres : jamais elle ne se serait attendue à trouver chez des chercheurs universitaires respectables un tel manque de curiosité ou une telle lâcheté par complaisance envers les autorités compromises par leur soumission à l’OTAN.
 

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Source: Lire l'article complet de L'aut'journal

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