ENCORE 3 JOURS POUR REGARDER CE DOCUMENTAIRE D’ARTE !
Vous avez jusqu’au 24 octobre 2024 pour visionner en accès libre ce documentaire diffusé sur Arte depuis septembre dernier. Les « ministres du chaos » en Israël sont Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, respectivement ministres des Finances et de la Sécurité intérieure dans le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou depuis le 29 décembre 2022.
Ce documentaire de 70 minutes est intéressant car il montre le parcours militant de ces deux ministres de l’extrême-droite sioniste la plus radicale, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, depuis leur jeunesse jusqu’à aujourd’hui.
https://www.arte.tv/fr/videos/115065-000-A/israel-les-ministres-du-chaos
Après les élections législatives anticipées du 1er novembre 2022, Benjamin Netanyahou, chef de la formation de droite dure, Likoud, a dû former son sixième gouvernement en s’alliant avec d’autres partis d’extrême-droite et de tendance religieuse ultra-orthodoxe : le Parti sioniste religieux, Shas, Judaïsme unifié de la Torah, Force juive et Noam. Cette coalition dispose de 64 député.es sur 120 à la Knesset (parlement), soit 53,3 % des sièges.
Benyamin Netanyahou était en 2022 poursuivi pour corruption et abus de confiance : en redevenant premier ministre, il est parvenu temporairement à échapper à la justice. Les deux hommes qui sont le sujet du documentaire d’Arte, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, sont issus des franges radicales de l’extrême droite israélienne, franges dont l’idéologie se répand de plus en plus dans la société israélienne. Bezalel Smotrich, à la tête du parti sioniste religieux, a hérité du portefeuille des finances et de l’administration civile des colonies tandis qu’Itamar Ben-Gvir, patron de la formation suprémaciste Otzma Yehudit (Force juive), s’est vu confier la sécurité intérieure.
Réforme judiciaire tyrannique qui a soulevé la contestation populaire pendant des semaines, distribution illégale d’armes aux colons, provocations envers les Israéliens arabes, complaisance vis-à-vis de la violence envers les Palestiniens : ces deux hommes qui depuis des années brandissent ouvertement le drapeau du sionisme le plus pur et le plus négationniste (par rapport à la nature coloniale d’Israël) ont pour stratégie de semer le chaos, avec en ligne de mire l’annexion des territoires occupés et l’instauration d’une théocratie autoritaire en Israël : rappelons qu’il n’y a aucune femme dans aucun des partis religieux orthodoxes…
Le documentaire d’Arte retrace l’itinéraire des deux hommes et montre la permanence et la clarté de leurs convictions sionistes.
Obsédé par l’idée d’expulser les Arabes d’Israël, Itamar Ben-Gvir est un disciple du rabbin Meir Kahane, le fondateur de l’ex-parti raciste Kach : il y a fait ses classes en manipulant des jeunes sans repères. Parmi eux, le journaliste Gilad Sade, aujourd’hui repenti, reconnaît avoir, sans son adolescence et sur les »conseils » d’Itamar Ben-Gvir, avoir fabriqué des prospectus haineux et vandalisé des voitures palestiniennes. Il considérait alors Ben-Gvir comme son grand frère…
Un autre modèle idéologique de Ben-Gvir est Baruch Goldstein, l’auteur du massacre d’Hébron en 1994. Ce militant sioniste américano-israélien est entré, le 25 février 1994, dans la mosquée du Caveau des Patriarches à Hébron, en Cisjordanie occupée : vêtu de son uniforme de capitaine et armé d’un fusil mitrailleur, massacra 29 Palestiniens musulmans qui étaient en prière et en blessa 125 autres. Tandis qu’il rechargeait son arme, les survivants le neutralisèrent et le battirent à mort. Itamar Ben-Gvir a longtemps eu un portrait de ce terroriste dans son salon : il l’a fait disparaître il y a quelques années pour se »dédiaboliser » et pouvoir être élu député.
Bezalel Smotrich, lui, est soupçonné d’avoir planifié un attentat, à 24 ans en 2005, pour protester contre l’annonce du retrait des forces occupantes israéliennes de la Bande de Gaza et de l’évacuation musclée de 8000 colons par l’armée. En 2015, Smotrich disait déjà ouvertement qu’il fallait affaiblir l’Autorité palestinienne en Cisjordanie pour empêcher la création d’un état palestinien et qu’un des moyens était de faire financer à Gaza (par l’état du Qatar notamment…) le parti religieux du Hamas : Smotrich affirmait que l’étiquette de »terroristes » collée au Hamas empêcherait que ce mouvement de résistance armée fût pris au sérieux par la communauté internationale.
Le documentaire montre comment ces deux ministres ultra-sionistes usent de divers leviers pour instaurer un « Grand Israël » au mépris du droit international : force, intimidation, bataille des idées, mais aussi procédures et lois, tous deux étant juristes. Leur volonté est de créer brutalement, par la force et la violence de la guerre, un fait accompli de nettoyage ethnique de la Palestine occupée, voire d’extermination de la population à Gaza, afin de pouvoir annexer la Cisjordanie et Gaza, comme l’état d’Israël l’a fait en 1981 avec le plateau du Golan syrien, en violation des résolutions des Nations-Unies.
Pour ces deux hommes et pour leurs partisans, l’attaque menée par plusieurs groupes de résistance palestiniens, dont le Hamas, le 7 octobre 2023, a été une bénédiction : la présentation de cette attaque comme le fruit de la barbarie et de la sauvagerie arabes leur a permis de légitimer la campagne d’extermination contre la population civile de Gaza depuis plus d’un an.
C’est d’ailleurs dans la présentation de cette attaque que le parti pris des auteurs du documentaire saute aux yeux, en faveur d’Israël : le passage entre 53’00 et 57’33 reprend des informations fausses sur la prétendue sauvagerie des terroristes et minimise la guerre génocidaire de l’état sioniste. Déjà, au début du film, le commentateur avait mentionné la Naqba ( »Catastrophe » en arabe) de 1948 sans indiqué que les milices sionistes puis l’armée israélienne avaient, cette année-là, forcé à l’exode 750.000 Palestien.nes…
Tout en consciente de ce parti pris, je pense qu’il est important que vous regardiez ce documentaire avant qu’il ne soit plus en accès libre sur Arte le 24 octobre 2024 : il est riche en images d’actualité et d’archives et en vidéos amateurs, et il donne la parole (pas à des antisionistes bien sûr!) à.es : nombreux intervenant.es : Dvir Kariv, un ancien du Shin Bet (renseignement intérieur israélien), les anciens premiers ministres Ehud Barak et Ehud Olmert, la physicienne Shikma Bressler, devenue l’égérie de la contestation contre la réforme judiciaire, Gil Dickmann, qui se bat pour la libération des otages, des journalistes, militants ou des historiens, et même un Israélien arabe qui parle en hébreu !
Quant à une information plus objective sur ce qui s’est réellement passé le 7 octobre 2023, je vous recommande :
- le livre de Jacques Baud paru cette année, Opération Déluge d’Al-Aqsa : la défaite du vainqueur, et cet entretien avec son auteur le 7 avril 2024 : https://www.youtube.com/watch?v=6-7UXQwnK4M
- ce documentaire d’enquête diffusé sur AlJazeera en anglais en mars 2024 : https://www.aljazeera.com/news/2024/3/21/october-7-forensic-analysis-shows-hamas-abuses-many-false-israeli-claims
- VOSTF : https://odysee.com/@ERTV:1/7-Octobre-%28Al-Jazeera%29:9?r=DvPsBaT9Cjpz8JNdzb7oYAD92y1gobrv
- version française : https://odysee.com/@PointBleu:d/7-octobre-fr-aljazeera:7
Jocelyne Chassard
Source: Lire l'article complet de Profession Gendarme