A la demande générale nous vous présentons ici l’article complet signé par Hélène Banoun, à partir duquel deux publications vous ont déjà été présentées. On ne peut pas contempler les chatoyantes couleurs de l’été sans s’interroger sur ce qui nous attend à la rentrée, par exemple pourquoi le directeur financier de BioNTech, Jens Holstein, s’épanche-t-il dans les médias en annonçant que son groupe, actuellement déficitaire, pense pouvoir augmenter son chiffre d’affaire d’un facteur quinze avant la fin de l’année? (*) En vendant quoi? Qui veut-on vacciner avec ces nouveaux vaccins contre la grippe aviaire uniquement testés sur furets? Quelques clés de compréhension ici, bonne et studieuse lecture.
Résumé
Une nouvelle épidémie de grippe aviaire chez les oiseaux sauvages a été détectée depuis 2020 et elle prend de l’ampleur en 2023. Les experts craignent une possible pandémie humaine due au clade 2.3.4.4 du virus H5N1. Le CDC-US recense 4 cas humains chez des employés de laiterie ou d’élevage de volailles mais aucun cas grave. Aux USA les vaches sont contaminées ainsi que le lait. Classiquement les souches H5N1 se transmettent difficilement à l’homme (seules les types H1N1, H2N2 et H3N2 ont donné des pandémies). Les seuls cas graves de grippe aviaire chez l’homme ne sont pas répertoriés dans les pays occidentaux et sont survenus par le passé avec des souches virales différentes de celle qui circule actuellement. Pour donner une pandémie, cette souche doit s’adapter à l’homme, soit par des aller-retours entre homme et animal d’élevage (volaille, bovins, porcs) soit par manipulation génétique en laboratoire. Ces manipulations existent depuis 2010 aux USA et en Hollande. Les premiers virus transmissibles aux mammifères ont fait l’objet d’une publication en 2012 et les craintes suscitées ont conduit au moratoire US sur les gains de fonction de 2014. Des experts craignent que la prochaine pandémie soit due à ces expériences de gains de fonction (comme cela s’est produit avec la Covid-19). Certains pensent même que le virus qui circule actuellement chez les oiseaux provient de passages en série chez les canards colverts, d’autres experts affirmant que sa capacité de passer chez les mammifères résulte d’une évolution naturelle. Il est donc difficile de conclure de façon certaine sur le rôle des expériences de GoF (Gain of Function = Gain de Fonction) dans l’émergence du nouveau virus aviaire, mais il faut rappeler que les recherches sur les caractéristiques moléculaires nécessaires à l’émergence d’un virus grippal aviaire pandémique ont commencé en 2008 ; en 2012, deux équipes ont obtenu des virus aviaires capables de se transmettre entre mammifères ; à partir de 2012 de nombreux réassortiments sont apparus parmi les virus d’oiseaux sauvages ; les épidémies avaient diminué entre 2009 et 2013. Depuis le 1er avril 2021, l’USDA collabore avec la Chine pour des passages en série du virus sur des canards colverts et sur des cailles chinoises, espèce indicatrice du potentiel de passage des oiseaux aux mammifères. Avant 2021 il n’y avait pas de virus H5N1 dans le clade 2.3.4.4b.
La vaccination des canards est obligatoire en France depuis octobre 2023, bien qu’au niveau international on craigne qu’une vaccination non stérilisante ne favorise l’émergence et la diffusion de variants plus pathogènes. En France deux vaccins sont autorisés : un vaccin classique sous-unitaire et un vaccin à ARNm auto-amplifié. Les essais ont montré que ces vaccins n’empêchent pas la diffusion du virus ; la protection contre la maladie n’est pas démontrée (les animaux non vaccinés et inoculés n’ont pas présenté de signes cliniques graves).
Malgré l’occasion de développer les vaccins ARNm donnée par la pandémie de Covid-19, les essais pour des vaccins humains contre une nouvelle pandémie grippale sont toujours en essai et aucun résultat n’est publié (Pfizer, Moderna, Sanofi, Merck…). Les essais de vaccins sur des furets réalisés en laboratoire BSL-3 sont dangereux car ils pourraient donner naissance à un virus adapté aux mammifères qui pourrait s’échapper. Les seuls vaccins approuvés et déjà déployés sont, soit identiques aux vaccins pandémiques de 2009 dont la toxicité est reconnue, soit produits sur cellules de reins de chien (comme le CSL Seqirus). Les mêmes adjuvants toxiques que ceux utilisés en 2009 sont contenus dans ces vaccins 2024. Le seul essai contre placebo mené sur l’homme avec ce nouveau vaccin produit sur cellules a montré un taux inquiétant de décès dans le groupe vacciné.
Pourquoi les vaccins ARNm ne sont-ils pas favorisés par les autorités ? Ont-elles finalement des doutes sur leur efficacité et innocuité depuis le fiasco des ARNm anti-Covid ? Ou bien vont-ils surgir à partir de l’automne 2024 ou bien si une pandémie humaine est déclarée?
Cet article a été publié sur researchgate où toutes les sources sont consultables (110 références) :
10.13140/RG.2.2.35602.88004
Introduction
Il sévit une épidémie animale de virus de la grippe aviaire H5N1 aux USA, au Canada, en Australie : les vaches sont contaminées aux USA ainsi que le lait ; en Australie des poulets d’élevage sont abattus. Les experts français se font le relais de cette campagne d’« information » (ou plutôt visant à inquiéter les populations ?) à propos de la prochaine pandémie humaine annoncée de grippe aviaire. Le professeur Bruno Lina (qui a été membre du Conseil Scientifique gouvernemental pendant la crise Covid et est maintenant membre du COVARS, Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires) affirme que le risque pandémique est réel, bien que le virus trouvé aux USA ne circulerait pas en Europe (sic). Contrairement à ce qui est affirmé par le Pr Lina, le clade 2.3.4.4 circule aussi bien en Europe qu’aux USA .
Histoire récente de la grippe aviaire 2024
Cas humains
En 2013 l’OMS avait recensé 39 cas humains confirmés en laboratoire, principalement chez des enfants d’âge médian de 5 ans au Cambodge avec 64 % de cas mortels. Il s’agissait des clades 1.1.2 à 2.3.4. La transmission s’est faite à partir de volailles malades ou mortes. L’OMS rappelle que 248 cas d’infection humaine au virus H5N1 avaient été rapportés dans la région du Pacifique-Ouest entre 2003 et 2024 avec une mortalité de plus de 50 %. Depuis 2021, il y a eu dans le monde 28 cas humains sans transmission inter-humaine.
Plus récemment, selon le CDC il y a eu 4 cas humains aux USA entre 2022 et 2024 : un en 2022 chez une personne en contact avec des volailles infectées, 2 en 2024 chez des employés de fermes laitières. En 2022, un employé qui abattait des volailles infectées a été testé positif H5N1 avec une fatigue qui a duré quelques jours. Le CDC précise qu’il est possible que le test positif soit le résultat d’une contamination de la membrane nasale par un fragment de virus mais conclut quand même à un « cas » de H5N1. C’est la seule personne en contact avec des volailles contaminées qui a été testée positive en 2021 et 2022. Il y a eu 880 cas d’infection H5N1 depuis 2003 mais la souche actuelle est différente. Par le passé les souches circulantes ont causé des infections modérées à graves.
La souche actuelle n’a pas causé d’infection grave. Et on n’a jamais détecté de passage d’homme à homme pour les virus H5N1.
En 2024, 3 cas ont été détectés (2 au Texas et 1 au Michigan) chez des employés de laiterie. En avril 2024 un employé d’une laiterie a été infecté et a développé une conjonctivite. Un autre a eu une légère toux sans fièvre et une gêne à l’œil. L’OMS confirme bien que le prétendu décédé de grippe aviaire au Mexique en avril 2024 est bien mort de ses maladies chroniques et pas du virus comme annoncé précédemment. La souche trouvée chez lui (H5N2) n’était pas la souche qui circule chez les oiseaux et il n’a transmis son virus à personne de ses contacts. En mars 2024 un foyer de grippe aviaire a été détecté au Mexique dans un élevage ; le patient n’avait eu aucun contact avec les volailles. L’OMS rappelle que le risque pour les humains est faible.
Le 18 avril 2024, Jeremy Farrar, scientifique en chef de l’OMS, tire la sonnette d’alarme au sujet du H5N1. Il dit que le H5N1 a un très haut taux de mortalité parmi les personnes infectées (il ne reconnaît pas que les humains infectés par la souche actuelle n’ont développé que des symptômes légers). Il souligne que le développement des vaccins et des méthodes de diagnostic n’est pas suffisant face à la menace. Farrar a joué un rôle clé dans le récit sur le SRAS-CoV-2 en dissimulant l’origine réelle du SRAS-CoV-2 en laboratoire.
Cas animaux
En 2023, 3 cas de chats contaminés ont été rapportés ; ils ont été euthanasiés à cause du pronostic défavorable : ils présentaient des lésions pulmonaires, vasculaires et neurologiques et le virus a été retrouvé dans ces organes. Les scientifiques suivent la diffusion du virus qui est transporté autour du monde par les oiseaux migrateurs ; le virus atteint aussi des mammifères : visons d’élevage, ours, phoques, lions de mer, avec une forte létalité. Les volailles d’élevage représentent 70% de la biomasse aviaire : les virus pathogènes émergeraient dans les élevages et passeraient ensuite aux oiseaux sauvages qui le répandent, le virus disparaît ensuite puis réapparaît quelques années après. Le premier type H5N1 a été découvert chez une oie domestique en 1996, il est passé aux oiseaux sauvages en 2005 où une nouvelle souche a émergé, et en 2020-2022 cette souche est devenue endémique chez les oiseaux sauvages et s’est étendue en 2023. La nouvelle souche aurait circulé silencieusement entre 2005 et 2020 chez les oiseaux sauvages.
La vaccination des volailles empêche la détection rapide de la maladie.
Le CDC-US suit les volailles infectées depuis début 2022. Un site web permet de suivre les oiseaux sauvages contaminés au Canada.
Passage des animaux à l’homme
Des tests PCR sur du lait et sur un écouvillon nasal provenant d’une vache sont revenus positifs pour le virus qui circule actuellement chez les oiseaux. La souche circulant en mai 2024 a émergé chez les oiseaux en 2022 et été détectée chez des vaches aux USA en mars 2024, c’est la première fois qu’une souche aviaire est détectée chez les vaches. La BARDA et son directeur Rick Bright alertent sur le risque d’une pandémie de grippe aviaire (BARDA = Biomedical Advanced Research and Development Authority, qui est chargée au Ministère la Santé US de développer les « contre-mesures » contre les urgences de santé (dont les pandémies) en partenariat avec les industriels). Il évoque 3 cas humains chez des travailleurs agricoles dont l’un a eu des symptômes respiratoires (toux) (Michigan) alors que les 2 autres n’ont eu qu’une conjonctivite ; il confirme qu’il n’y a pas de transmission inter-humaine mais laisse entendre que cela pourrait arriver. Le gouvernement n’a pas accès aux fermes car ce sont souvent des immigrés clandestins qui y travaillent et qui ne se feront pas tester spontanément ; les fermiers craignent aussi qu’on leur enlève leur personnel et qu’on abatte leur troupeau. Le gouvernement doit donc indemniser les fermiers et donner une assurance maladie aux travailleurs clandestins.
La FDA vient de demander une rallonge de 670 millions de $ sur 5 ans au Sénat pour se préparer à la prochaine pandémie en 2025 et il s’agit bien de la grippe aviaire : cette préparation fait partie de la « biodefense » et soutient le développement de diagnostics, d’équipements de biosurveillance, d’antiviraux et de vaccins. La FDA, chargée de la surveillance du lait, le Ministère de l’Agriculture, chargé du bétail et le CDC chargé de la santé des employés de l’industrie laitière travaillent ensemble selon le concept « One Health » (une seule santé animale et humaine). 20% du lait testé contient des fragments de virus mort. La FDA surveille particulièrement les mutations possibles du virus qui le rendrait capable d’infecter les poumons humains. Le Dr Califf souligne aussi la résistance des éleveurs aux inspections. Le testage des vaches n’est pas encore obligatoire. Les employés de laiterie sont en contact étroit jusqu’à 12h par jour avec les vaches et le lait : ils peuvent facilement être contaminés [et le virus pourrait s’adapter à l’homme chez eux]. Le 22 mai le Ministère de l’Agriculture annonce 98 millions $ pour lutter contre la grippe aviaire ; en particulier en augmentant la capacité de dépistage des CDC et de la FDA. Les vaches laitières ne sont pas affectées par la maladie mais leur production de lait peut chuter (100 à 200 $ de perte par vache). Les éleveurs sont peu enclin à signaler les cas et il faut les inciter financièrement (en finançant les équipements de protection et les indemnisations en cas de troupeau touché).
Le gouvernement US envisage de payer 75$ les fermiers pour se faire tester et prévoit des indemnisations pour les coûts vétérinaires et les pertes de lait. L’indemnisation peut atteindre 28 000$ par ferme. Les fermiers sont réticents aux tests (beaucoup n’ont pas d’assurance de santé et s’ils sont testés positifs ils ne pourront plus travailler). Les testés positifs seront traités au Tamiflu. La plupart des employés sont souvent des immigrés (parfois clandestins) et cette campagne peut conduire à un rejet des immigrés (comme en 2009 avec la grippe H1N1 censée provenir du Mexique) .
Les mêmes ficelles que pour la Covid-19 sont utilisées pour la grippe aviaire.
Les experts officiels (CDC, OMS…) se plaignent de la lenteur de la mise en place des tests généralisés : ils y auraient trop de contraintes réglementaires empêchant le développement et la fabrication. Ils argumentent que « les gens ont besoin de savoir s’ils sont infectés » !
On peut craindre le testing des « asymptomatiques » comme pendant la Covid-19 et l’explosion du nombre de « cas ».
Aux USA en mai 2023, selon le CDC, le virus de la grippe A (sans distinction de sous type) a été retrouvé dans des sites de surveillance d’eaux usées (281 sites sur 689 avec 1% des sites avec un taux élevé) : ceci ne préjuge pas de sa provenance animale ou humaine.
En Californie , la présence de virus H5N1 a notablement augmenté dans les eaux usées en mai 2024, ceci n’est associé avec aucune notification de maladie humaine. Classiquement la circulation du virus dans les eaux usées diminue après le pic hivernal.
Donc pour l’instant, les seuls cas graves de grippe aviaire chez l’homme ne sont pas répertoriés dans les pays occidentaux et sont survenus par le passé avec des souches virales différentes de celle qui circule actuellement.
Gains de fonction sur H5N1
Le Professeur Simon Wain-Hobson (ex-professeur Institut Pasteur, Biosafety.org) nous alerte sur les dangers des manipulations de virus en laboratoire et des recherches de gain de fonction. Les grippes aviaires sont des infections de l’intestin chez les oiseaux (et respiratoires chez l’homme, les récepteurs du virus sont effet différents et sont situés dans l’intestin chez les oiseaux et dans les poumons chez l’homme). Les oiseaux migrateurs font des aller-retours entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe et le long des fleuves en Amérique et en Australie-Asie. Les oiseaux font leurs besoins en volant et les mammifères marins peuvent attraper le virus à la surface des océans (baleine, dauphin, phoques). Les pandémies grippales humaines sont rares et dues à 3 types de virus : H1N1, H2N2 et H3N2. La surveillance virologique mondiale détecte parfaitement les cas isolés dus aux autres sous-types (par exemple un cas de H6N1 en Thaïlande) : dans ces cas le virus ne se transmet pas à d’autres humains (soit le virus est tué par le patient soit il succombe avec lui). Il est très difficile pour les types H5N1 et H7N9 de se transmettre entre humains. Il ne faut pas confondre ces cas d’infection sans issue avec la grippe saisonnière qui infecte une part importante de la population mondiale. Il faut garder un équilibre entre la vigilance et la propagande anxiogène. Les virus mutent et se reproduisent rapidement. Un virus aviaire conçu par l’homme pour devenir transmissible entre humains par voie respiratoire pourrait faire le tour du monde en quelques semaines, infectant des centaines de millions de personnes. Pourquoi attendons-nous qu’un accident se produise et qu’il y ait des décès attribuables à un virus manipulé en laboratoire ? Les virus de la grippe aviaire pleuvent sur la planète tous les jours depuis des siècles – et nous avons survécu, bien qu’au prix de pandémies régulières. Nous n’avons pas besoin de créer des super virus.
Comme je l’ai déjà expliqué les virologistes prétendent anticiper les pandémies humaines et leur gestion en modifiant des virus en laboratoire pour anticiper leur évolution naturelle : ceci est absurde d’un point de vue évolutionniste et risqué car des virus adaptés à l’homme peuvent facilement s’échapper et provoquer une pandémie comme ce qui s’est déjà produit plusieurs fois, le dernier événement étant l’échappement du virus de la Covid-19.
Financement par la B&M Gates foundation
En mars 2008 Yoshihiro Kawaoka de l’Université du Wisconsin reçoit 1,3 millions de $ de la B&M Gates Foundation pour financer la recherche permettant de comprendre les caractéristiques moléculaires qui peuvent mener à une pandémie de grippe, c’est-à-dire qui permettent le passage du virus de l’oiseau à l’homme ; ceci dans le but de développer des vaccins . En novembre 2009 la même équipe reçoit 9,5 millions de $ du même donateur pour identifier les récepteurs humains qui pourraient se lier au virus de grippe aviaire ou faciliter leur réplication chez l’homme.
Le virus H5N1 peut passer à l’homme occasionnellement et a été mortel
En 2011, 499 cas de passage à l’homme étaient documents avec un taux de létalité de 60% ; il s’agit de passage de volailles à l’homme avec parfois transmission d’homme à homme.
Les experts pensent en général que seuls les sous-types A/H1, H2 et H3 seront capables de causer une pandémie dans le futur car aucun autre type n’en a causé dans le passé ; les autres sous-types sont associés seulement à des épidémies chez les volailles ; des experts pensent aussi que les virus d’oiseaux ne peuvent pas causer directement des pandémies mais doivent passer d’abord aux porcs comme hôte intermédiaire, ou alors par des réassortiments génétiques entre les virus d’oiseaux et de mammifères. Tous les virus pandémiques sont transmissibles par aérosols et gouttelettes respiratoires selon tous les experts. Pour qu’un virus H5N1 cause une pandémie il faut des changements moléculaires qui permettent la transmission efficace d’homme à homme.
Quels sont les déterminants de la transmission inter-humaine ?
C’est la glycoprotéine de surface HA des virus humains qui se lie à un acide sialique (α 2,6-Sia) exprimé dans les voies aériennes supérieures des humains ; inversement chez les oiseaux le virus se lie à un acide sialique (α 2,3-Sia) exprimé dans l’intestin. Donc une dérive de la spécificité de HA de α 2,3 Sia vers α 2,6 Sia est nécessaire pour la réplication efficace et la transmission entre humains. Mais les changements qui augmentent l’affinité pour le récepteur humain ne suffisent pas à rendre transmissible le virus par aérosols. Un changement dans la polymérase est aussi nécessaire qui va permettre au virus de se multiplier à la température des voies respiratoires supérieures (33°C) qui est plus basse que celle de l’intestin des oiseaux.
Des expériences de réassortiments entre H5N1et H1N1 ou H3N2 (responsables de pandémies), de passages en série et de mutations dirigées ont échoué à produire un virus H5N1 capable de se transmettre par aérosols entre mammifères.
Le chercheur Néerlandais Ron Fouchier a réussi en 2012 à obtenir cette capacité après des passages en série sur des furets d’un mutant du virus A/H5N1 : grâce à ces passages répétés d’animal à animal de laboratoire, le virus a acquis des mutations lui permettant de devenir transmissible par voie aérienne chez ces animaux (qui ne mouraient pas de la grippe cependant). Une substitution de 4 aminoacides dans le RBD (domaine de liaison) de l’HA (hémagglutinine, une protéine de membrane du virus) et une dans la polymérase (l’enzyme virale qui permet sa réplication) sont présentes dans le virus muté. Le rôle de la NA (la neuraminidase, l’autre protéine de membrane du virus) est de cliver les récepteurs cellulaires et doit interagir avec HA : un réassortiment génétique qui introduit une NA humaine dans un virus H5N1 aviaire rend le virus transmissible entre mammifères.
En 2012 Kawaoka et son équipe font un réassortiment de virus H5 avec le H1N1 de la pandémie de 2009 ; ce virus chimère ne se transmet pas mais il en devient capable après des passages en série chez les furets. Kawaoka a construit le virus chimère par génétique inverse à partir d’un plasmide d’ADN, les expériences sont menées en BSL-3. Kawaoka et Fouchier concluent qu’un équilibre subtil entre les mutations associées aux différentes fonctions de l’HA (telles que la spécificité de liaison aux récepteurs et la stabilité de la protéine HA) est probablement nécessaire pour une transmission efficace des virus A/H5N1 chez les mammifères. Un virus A/H5 peut devenir transmissible par les aérosols ou les gouttelettes respiratoires chez les mammifères avec un nombre faible de mutations. Cela peut aussi être obtenu en introduisant des segments de virus humains circulant actuellement dans des virus A/H5N1 dans un virus H1N1. Fouchier et Kawaoka favorisent dès 2013 les GoF plutôt que les loss of function (pertes de fonction) pour élucider les mécanismes de la transmission ce qui est donc plus dangereux.
En résumé, on identifie étape par étape les mutations nécessaires au potentiel pandémique, on fait des mutations dirigées et ensuite des passages en série chez des furets car les mutations identifiées actuellement ne suffisent pas à obtenir un virus pandémique (c’est la différence avec le SC2 pour lequel les mutations nécessaires pour obtenir un coronavirus pandémique ont été identifiées il y a quelques années).
Ces expériences de Fouchier et Kawaoka ont été à l’origine du moratoire de 2014 sur les recherches de gain de fonction (Banoun, op cit) auquel s’était opposé A Fauci. Il y a eu des incidents de fuite de virus à l’Université du Wisconsin-Madison’s en 2013 et 2019, où sont créés les virus chimères H5N1 : c’est le laboratoire dirigé par Y Kawaoka. La fuite de 2013 a contribué à la décision du Président Obama d’instituer le moratoire.
Gain de fonction non recherché par création de poulets génétiquement modifiés
Des chercheurs britanniques ont utilisé la technologie CRISPR pour altérer l’ADN de poulets pour tenter de les rendre résistants aux virus de grippe aviaire de type H9N2. 10 poulets ont été modifiés mais lorsqu’ils étaient soumis à des doses de virus équivalentes à celles qui circulent dans les élevages industriels les virus sont retrouvés chez 5 poulets. Ni les poulets sauvages ni les poulets mutés ne développent de maladie et ils ont tous une croissance normale ; donc l’expérience est réalisée avec un virus qui ne rend pas les poulets malades. Les poulets mutés excrètent moins de virus et contaminent moins d’autres poulets lorsqu’ils sont infectés par le virus. Les virus collectés chez les poulets modifiés avaient muté et avaient acquis la capacité de se multiplier dans des cellules humaines. Donc non seulement l’expérience a partiellement échoué mais elle a produit un virus dangereux pour l’homme par gain de fonction. L’ADN des poulets a été modifié pour muter la protéine ANP32A qui est utilisée par le virus pour se répliquer. Devant les résultats décevants, les auteurs ont supprimé cette protéine dans le génome : le virus est bien empêché de se répliquer dans les œufs mais il est sans doute impossible d’obtenir un poulet viable à partir de ces œufs !
En Chine entre 2012 et 2017 des expériences similaires sont menées, les virus du clade H5N1 2.3.2 trouvés sur des oiseaux aquatiques sont testés sur des poulets : certaines souches sont capables de tuer les poulets et de se transmettre à d’autres poulets.
Emergence et distribution du clade 2.3.4.4 HPAI H5Nx
Le premier virus H5N1 à haut potentiel pathogène chez les oiseaux (HPAI) a été isolé en 1996 chez une oie domestique en Chine. Le virus a ensuite évolué en différents clades. Les épidémies ont diminué entre 2009 et 2013. Il n’y a pas eu de réassortiment de HA et NA avant 2008 ; des nouveaux virus HPAI H5Nx portant des protéines NA uniques sont apparus. À partir de 2012 de nombreux réassortiments sont apparus et ont conduit à une nouvelle classification par l’OMS/FAO : le clade 2.3.4.4 regroupe les virus H5Nx (sous-types H5N2, H5N5, H5N6, H5N8, et 2.3.4.4 H5N1). Le site de clivage de HA est la clé de la pathogénicité : Tous les virus H5Nx partagent la séquence d’acides aminés -RRRKR/G- au niveau du site de clivage de l’HA entre HA1 et HA2, ce qui suggère que ces sous-types sont hautement pathogènes. Les auteurs de l’article cité ne sont pas surpris par le réassortiment du H5N1 récemment apparu dans le clade 2.3.4.4. car cela se produit naturellement dans divers hôtes et environnements. Les clades H5N1 2.3.4.4 ont été retrouvés en Amérique, Asie et Europe et pas en Afrique.
Quatre vagues intercontinentales de transmission de virus aviaire fortement pathogène ont eu lieu : le clade 2.2 H5N1 en 2005, le clade 2.3.2.1c H5N1 en 2009, le clade 2.3.4.4A H5Nx en 2014 et le clade 2.3.4.4B H5Nx en 2016. Les virus H5N8 des clades 2.3.4.4A et B se sont propagés d’un continent à l’autre ; le clade 2.3.4.4A a provoqué des flambées en Asie, en Europe et en Amérique du Nord en 2014-2015, et le clade 2.3.4.4B H5N8 a provoqué des flambées en Asie, en Europe et en Afrique en 2016-2017. À l’automne 2016, des virus H5N6 du clade 2.3.4.4C ont provoqué des flambées en Corée du Sud et au Japon. Donc il n’y avait pas de virus H5N1 dans le clade 2.3.4.4b avant 2021. Le clade 2.3.4.4b en question dans la pandémie aviaire de 2023-2024 est identifié au printemps 2021 en Europe. Entre octobre 2021 et février 2022, le clade 2.3.4.4b connaît une expansion géographique explosive parmi les oiseaux migrateurs et domestiques, en Asie, Afrique, Europe. Il est détecté au Canada (îles de l’est) en décembre 2021 aux USA à la fin de 2021. Ce clade s’est recombiné avec les virus circulant en Amérique du Nord et a acquis des mutations dans le gène de la ribonucléoprotéine. Ces gènes sont connus pour provoquer des maladies neurologiques sévères chez les mammifères. Des scientifiques américains ont recueillis des virus aux USA et les ont inoculés à des furets et des poulets : les virus tuent les poulets et se transmettent difficilement de poulet à poulet. Les furets ne transmettent pas aux autres furets. Une des 2 souches recueillies cause des maladies neurologiques sévères chez le furet : cette souche très pathogène a subi un réassortiment par rapport à la souche européenne (gènes de la polymérase et de la NP). Ces virus causent aussi des symptômes neurologiques chez la souris.
L’OMS a rapporté 26 cas d’infection humaine à partir de ce clade (Chine et UK, USA, un cas avec des symptômes bénins). Ces expériences ne sont pas directement des gains de fonction mais le seul fait d’opérer ces passages sur animaux et sur des cellules de mammifères (chien et homme) peut modifier le virus sauvage et le rendre plus adapté à l’homme.
Le clade 2.3.4. a été identifié la première fois en 2014-2015 a ensuite disparu, il avait subi des réassortiment mais n’était pas plus pathogène pour les mammifères.
Actuellement, trois entités US au moins travaillent sur des gains de fonction sur le virus H5N1 qui infecte actuellement le bétail aux USA et sur le clade particulier 2.3.4.4 : le CDC, la BARDA et l’université du Wisconsin. Christine Oshansky qui a infecté des cellules pulmonaires humaines avec le virus aviaire en 2011 est maintenant chef de programme à la BARDA et dirige les études sur les vaccins contre les virus émergents dont ceux de la grippe ; Yoshihiro Kawaoka est officiellement collaborateur de l’OMS qui a agréé en 2012 le Centre pour l’Evolution des Pathogènes qu’il dirige à l’Université de Cambridge . Il a cofondé une compagnie de vaccins grippaux . Il possède 78 brevets principalement sur les vaccins et les protéines des virus de grippe aviaire H5N1 et H7N9 .
Peter McCullough nous alerte sur les gains de fonction sur les virus de grippe aviaire . Depuis le 1er avril 2021, l’USDA collabore avec l’Académie Chinoise des sciences pour faire muter le virus H5N1 de la grippe aviaire par un passage en série dans des espèces de canards colverts, d’oies chinoises et de cailles japonaises. Il s’agit d’expériences de gain de fonction puisque l’approche envisagée est entre autres, le passage en série de canards colverts à oies chinoises et à cailles chinoises ( espèce indicatrice du potentiel de passage à des hôtes mammifères en raison de leur expression de récepteurs de l’acide salicylique (SA) pour les virus de la grippe aviaire (a-2,3) et mammifère (a2,6). Le colvert est le canard le plus abondant et le plus répandu sur terre, et il peut se croiser avec 63 autres espèces. Les colverts sont également des porteurs asymptomatiques bien connus de la grippe aviaire, c’est-à-dire qu’ils la transportent, mais ne sont souvent pas malades. Ainsi, le colvert est littéralement l’espèce idéale pour transporter un agent pathogène infectieux aussi loin que possible. La majeure partie de la recherche de l’USDA (« in-vivo challenge work ») est menée au Centre national de recherche sur la volaille des États-Unis, au Laboratoire de recherche sur la volaille du Sud-Est (SEPRL) à Athens, en Géorgie. Quelques mois après le début de cette tentative de gain de fonction, un nouveau virus H5N1 (clade 2.3.4.4b) est apparu chez les oiseaux sauvages aux États-Unis, entraînant les épidémies actuelles.
Les chercheurs proposent que les virus H5N1 actuels soient arrivés en Amérique du Nord à partir de populations d’oiseaux migrateurs sauvages en provenance d’Asie. Cette hypothèse a été avancée dans un article publié en 2022 (Propagation transatlantique de l’influenza aviaire hautement pathogène H5N1 par des oiseaux sauvages de l’Europe vers l’Amérique du Nord en 2021). Fouchier fait partie des auteurs, ils suggèrent que ces virus ont pu être transportés à travers l’Atlantique via l’Islande, le Groenland/l’Arctique ou des voies pélagiques par la migration des oiseaux sauvages. Cette hypothèse se fonde sur le fait que le virus aurait été trouvé chez un goéland brun malade dans un étang à St. John’s (Terre-Neuve). Cette hypothèse semble douteuse à P McCullough et ses co-auteurs, car les goélands marins qui vivent en Amérique du Nord ne sont pas connus pour migrer entre l’Europe, le Groenland et Terre-Neuve, mais vers le sud, le long de la côte est de l’Amérique du Nord. P McCullough conclut qu’il faut remettre en question toute représentation officielle de l’origine des agents pathogènes infectieux suite à l’émergence du SRAS-CoV-2. Le sous type (clade 2.3.4.4b génotype B3.13) affectant divers animaux et causant des infections humaines sporadiques en 2024 est proche de celui qui vient de passages en série sur des colverts à l’USDA de Athens (USDA Southeast Poultry Research Laboratory (SEPRL) , Georgie en avril 2021.
Le clade clade 2.3.4.4b H5N1 a été détecté en octobre 2020 en Hollande et s’est rapidement répandu dans le monde alors qu’auparavant les virus aviaires se répandaient lentement. Fouchier mène ses expériences à Rotterdam depuis 2012 et collabore avec l’USDA de Géorgie; une mutation (de la polymérase PB2) a été retrouvée dans une épidémie chez des visons, c’est ce type de mutation qui est étudiée par Fouchier. Cette mutation est présente chez le virus H1N1 pandémique de 2009. Dans les semaines précédant l’identification du foyer de visons, plusieurs cas d’HAIP H5N1 ont été signalés chez des oiseaux sauvages trouvés malades ou morts [25 fous de Bassan et 2 mouettes] le long des côtes près de La Corogne et dans la province voisine de Lugo. Aucun employé de la ferme à visons n’a été contaminé (pas de symptômes et PCR négatives). Ce virus a été testé chez des furets : sans mutation supplémentaire il se transmets entre furets par contact direct et par l’air. Encore une fois ces expériences sont menées en BSL-3 par le CDC et USDA (Atlanta, Géorgie).
Concernant le même clade découvert en 2022, il semble peu probable qu’il ait été transporté par les oiseaux migrateurs mais il a été détecté tout près du laboratoire USDA en décembre 2021. Les mutations portées par ce clade pourraient provenir d’expériences à l’USDA menées depuis 2008, elles pourraient aussi être apparues naturellement mais le saut des oiseaux au dauphin est un sujet d’inquiétude. Selon Kwon , le clade H5N1 2.3.4.4 isolé d’une épidémie de visons en Espagne est hautement pathogène pour le porc mais celui-ci ne transmet pas le virus à ses contacts; des mutations de la polymérase (PB2) émergent à basse fréquence chez les porcs infectés. Ces expériences sont menées en BSL3 dans le Kansas. Les passages de l’homme au porc et vice-versa sont fréquentes dans les élevages.
En 2014 le CDC a révélé des manquements dans la sécurité des laboratoires opérant les GoF ayant abouti à la contamination d’un échantillon de virus faiblement pathogène par un HPAI H5N1. Ces laboratoires sont classés BSL-3.
Les craintes des scientifiques prudents sont exprimées dans une conference de Peter Sandman (consultant en communication du risque) en 2013 pour la Fondation Mérieux et l’INSERM. La recherche de GoF sur le virus de la grippe est dangereuse : le virus peut s’échapper d’un laboratoire. Les scientifiques ne veulent pas discuter de cela avec le public, mais ils veulent seulement « éduquer » le public et censurent les informations honnêtes. Kawaoka a mené des expériences sur Ebola dans un labo BSL-3 alors que BSL-4 est exigé, son travail était financé par le NIH : comment croire ces scientifiques lorsqu’ils affirment que les règles de sécurité sont respectées ? En privé les scientifiques critiquaient Fouchier pour ses recherches mais les défendaient en public ; celui-ci a modifié son discours officiel après ces critiques, sans doute pour rendre ses expériences plus acceptables.
Robert Redfield, ancien directeur du CDC, craint que la prochaine pandémie soit due à une fuite de laboratoire travaillent sur l’humanisation des virus de la grippe aviaire . Ces laboratoires travaillent toujours en même temps sur le développement de vaccins contre la grippe. En mai 2024 le gouvernement US a promulgué un nouveau règlement sur les GoF qui sera effectif en mai 2025 : il s’agit de contrôler les travaux sur les virus pandémiques . Mais le 14 mai le gouvernement US a allégé la réglementation sur le H5N1 : Les orientations révisées, demandées par l’Association des laboratoires de santé publique, visent à réduire les charges bureaucratiques et à permettre au personnel des laboratoires de se concentrer sur les tests, en se préparant à l’éventualité que le virus acquière la capacité de se transmettre facilement entre humains.
Cependant pour le virologiste Etienne Decroly qui a été l’un des rares a questionner l’origine du SARS-CoV-2, il n’y a aucune preuve que le virus qui circule actuellement chez les bovins américains résulte d’expériences de gains de fonction ; le fait qu’il infecte un large spectre de mammifères est inquiétant. Il pense « que l’on a au contraire un exemple caractéristique de zoonose avec des franchissements multiples et progressifs de barrières d’espèces. On observe actuellement des événements répétés de transmission des oiseaux vers les mammifères marins puis vers les mammifères terrestres et les animaux d’élevages comme les bovins, avec des virus qui sont aujourd’hui encore mal adaptés aux infections humaines. Il y a quelques infections sporadiques mais pas encore de transmission inter-humaine. Donc on est typiquement dans ce processus de franchissement qui ne se fait pas d’un coup mais avec des étapes multiples et une évolution progressive du virus depuis les oiseaux vers les mammifères. »
Il est donc difficile de conclure de façon certaine sur le rôle des expériences de GoF dans l’émergence du nouveau virus aviaire, mais il faut rappeler que les recherches sur les caractéristiques moléculaires nécessaires à l’émergence d’un virus grippal aviaire pandémique ont commencé en 2008 ; en 2012, 2 équipes ont obtenu des virus aviaires capables de se transmettre entre mammifères ; à partir de 2012 de nombreux réassortiments sont apparus parmi les virus d’oiseaux sauvages ; les épidémies avaient diminué entre 2009 et 2013. Depuis le 1er avril 2021 l’USDA collabore avec la Chine pour des passages en série du virus sur des canards colverts et sur des cailles chinoises, espèce indicatrice du potentiel de passage des oiseaux aux mammifères. Avant 2021 il n’y avait pas de virus H5N1 dans le clade 2.3.4.4b.
Vaccins pour animaux
La vaccination des volailles : devenue obligatoire alors que reconnue inefficace !
Extraits d’une conférence du Pr Jean-Luc Guerin, professeur à l’école Vétérinaire de Toulouse à la Chambre d’agriculture de Dordogne du 10 novembre 2022 destinée au éleveurs.
La grippe aviaire (due au virus hautement pathogène IAHP H5N1) est présente dans 24 pays, il n’y a plus d’intersaison (l’alerte est permanente), dans la faune sauvage et dans les élevages. Le risque s’accentue pendant les périodes de migration des oiseaux sauvages. Le virus (clade H5 2.3.4.4b) circule à l’échelle mondiale et il est apparu en Asie du Sud-Est il y a 8 à 10 ans, il voyage par les oiseaux migrateurs. L’expansion des virus H5NX date de 1996. Des vaccinations peu efficaces qui ont fait se multiplier des variants plus pathogènes ont conduit à des pressions internationales contre la vaccination. La réponse au virus est l’abattage des élevages contaminés et le confinement des cheptels. Aux USA tous les animaux sont confinés et le virus se répand quand même, on ne trouve jamais l’oiseau qui contamine l’élevage, on suppose donc que le virus est présent en permanence dans l’environnement. La seule solution proposée est la vaccination puisque le confinement ne suffit pas à empêcher la contagion. Un éleveur de canes pondeuses rapporte son cas : 13000 têtes ne pondaient plus ; un test positif à l’Influenza Aviaire a été effectué ; au bout de trois semaines, elles se sont remises à pondre, pas un seul animal n’est mort, au bout de trois mois, l’abattage a été quand même imposé. Il s’agissait de canards vaccinés.
Les vaccins animaux en France
En septembre 2023, seul le vaccin Boehringer Ingelheim est sélectionné par l’ANSES pour lutter contre la grippe aviaire, alors que 2 vaccins ont été testés : le vaccin à ARNm du français CEVA a été écarté pour des raisons logistiques (conservation nécessaire à très basse température). 80 millions de doses seront fournies, le vaccin a été expérimenté en France sur des canards mulards. C’est un vaccin sous unitaire H5 inactivé (le sous type H5 est la souche prévalente en automne 2023 en France), il est commercialisé depuis plus de 10 ans.
En mars 2024 cependant les autorités changent d’avis et commandent 27 millions de doses de vaccin ARNm Ceva et 34 millions de vaccins classiques Boehringer pour une vaccination obligatoire des canards depuis octobre 2023 (en 2023 les 80 millions de doses avaient été attribuées à Boehringer). Ceva aurait modifié les conditions de stockage, allégeant les contraintes thermiques. La vaccination comprend 3 doses de vaccin. Boehringer et Ceva se partagent les doses.
Le vaccin CEVA est à ARNm auto-amplifié codant pour H5 du H5N8 enrobé dans des nanoparticules ferriques, il contient du squalène (soupçonné de toxicité chez l’homme). L’(auto)-injection accidentelle peut provoquer de fortes douleurs et un gonflement, notamment en cas d’(auto-)injection dans une articulation ou un doigt de la main, et, dans de rares cas, conduire à la perte de ce doigt si un examen médical n’est pas effectué rapidement .
Les vaccins Boehringer et Ceva ont été évalués par l’Ecole vétérinaire de Toulouse: la conclusion officielle est que les 2 vaccins réduisent le niveau et la durée de l’excrétion virale par voie respiratoire et fécale et réduisent la transmission entre volailles. Mais l’excrétion cloaquale chez les vaccinés et les non vaccinés dure 14 jours bien que réduite chez les vaccinés par rapport aux témoins. À la lecture du document complet de l’École Vétérinaire, il est clair que l’excrétion est seulement légèrement diminuée chez les animaux vaccinés, en quantité mais pas en durée. C’est pourquoi en général de nombreux pays refusent l’importation de volailles vaccinées qui peuvent propager la maladie silencieusement. Le peu de signes cliniques obtenus après inoculation de la souche d’épreuve dans les conditions expérimentales utilisées, y compris chez les canards mulards non vaccinés, ne permet d’obtenir que peu d’éléments relatifs à la protection clinique. Néanmoins, les seuls signes cliniques observés l’ont été chez des sujets non-vaccinés.
L’utilisation des vaccins chez les oiseaux peut favoriser l’émergence de mutants
Ceci est connu pour la maladie de Marek des volailles . La vaccination peut aussi augmenter la diffusion du virus H5N1 et une protection incomplète au niveau des oiseaux peut entraîner une propagation silencieuse du virus. Les vaccins peuvent exercer une pression immunologique de sélection sur les souches en circulation : les souches non ciblées par le vaccin sont favorisées et parmi elles peut émerger un variant ayant un potentiel de pathogénicité accru chez l’homme. En Chine, malgré un programme obligatoire de vaccination de toutes les volailles à partir de septembre 2005, le virus de la grippe H5N1 a provoqué des épidémies chez les volailles dans 12 provinces entre octobre 2005 et août 2006. L’analyse génétique a révélé qu’un mutant du virus H5N1, qui est une sous-lignée du virus H5N1 non caractérisée auparavant, était apparue et était ensuite devenue le variant prédominant, remplaçant les multiples sous-lignées précédemment établies dans le sud de la Chine. D’après une publication chinoise de 2023, un vaccin contre H5N1 pour les oiseaux, fondé sur la technologie VLP (virus-like particule à partir de baculovirus d’insecte : le baculovirus recombiné avec les gènes du virus aviaire est cultivé sur cellules d’insectes) et adjuvanté protège les poulets. Mais les poulets vaccinés excrètent encore le virus lorsqu’ils sont infectés (en quantité inférieure aux non vaccinés). Comme ces poulets auront moins de symptômes que des poulets non vaccinés ils ne seront pas repérés et pourront continuer à excréter le virus et à le répandre.
La vaccination des volailles n’est pas reconnue comme utile dans le monde entier mais elle est pourtant imposée en France alors que les vaccins ne sont pas stérilisants et n’empêchent pas la diffusion du virus.
Vaccins pour l’homme
Comme je l’ai expliqué dans mon livre, le biopouvoir envisageait dès 2009 de remplacer les vaccins classiques contre la grippe fabriqués à partir d’œufs par des vaccins géniques (ADN et ARNm); en effet le peu d’efficacité des vaccins classiques est attribué au temps nécessaire pour la fabrication qui empêche de s’adapter à une nouvelle souche virale. Nous avons constaté que ce même défaut existe pour les vaccins ARNm qui sont toujours en retard par rapport à l’évolution des coronavirus. La pandémie Covid a permis de développer et commercialiser ces nouveaux produits en moins d’un an, pourtant les essais cliniques des vaccins grippaux à ARNm sont toujours en cours ou bien leurs résultats ne sont pas publiés (voir aussi mon article sur la réglementation des ARNm: ).
Des vaccins à ARNm ?
En 2018, Pfizer et BioNTech avaient signé un accord pour développer un vaccin ARNm contre la grippe saisonnière et éventuellement contre une menace pandémique .
BioNTech et le futur Prix Nobel 2023 Weisman réalisent en 2018 un essai sur souris, furets et lapins avec un vaccin ARNm codant pour la protéine HA (hémagglutinine) du virus grippal de 2009 (H1N1): ce vaccin fait produire des anticorps anti-HA aux animaux. Les souris sont infectées avec le même virus 5 semaines après l’injection, elles sont protégées de l’infection et partiellement protégées lorsqu’elles sont infectées avec un virus H1N1 de 1934. Les souris vaccinées avec ce même ARNm (H1N1) sont aussi protégées contre le virus H5N1 alors que celles non vaccinées meurent .
Sanofi a annoncé en 2021 un essai de phase 1 sur un vaccin ARNm dirigé contre la protéine NA (neuraminidase) du virus de la grippe pour déterminer la dose d’ARNm à injecter en comparaison avec le vaccin tétravalent Fluozone à forte dose comme comparateur. Il s’agit de comparer les effets indésirables et les taux d’anticorps contre la NA (neuraminidase). L’étude est en cours depuis Juin 2022 ; elle est censée être terminée depuis janvier 2024 mais rien n’est publié. 233 participants ont été enrôlés.
En 2024, Weisman et son équipe, sponsorisés par NIH, Sanofi, Pfizer, Lumen, Novavax, Merck, Acuitas Therapeutics, testent un ARNm monovalent codant pour la protéine HA du clade 2.3.4.4b H5 sur des souris et des furets qui les protège d’une infection par ce même clade de virus H5N1 (celui qui circule chez les oiseaux depuis 2022). Les furets sont infectés 28 jours après la 2ème dose de vaccin. Les furets vaccinés perdent moins de poids, éliminent plus vite le virus des voies respiratoires supérieures (nez) et survivent ; les furets non vaccinés meurent tous ; donc le vaccin n’est pas stérilisant et n’empêchera sans doute pas la transmission. En 2022, la même équipe a déjà développé un ARNm multivalent codant pour H5 qui protège les animaux. Les expériences sont menées en labo BSL-3. Le virus est donc mortel pour les furets. Le fait de faire passer le virus sur des animaux proches de l’homme en ce qui concerne leur réaction au virus de la grippe s’apparente à un gain de fonction. Les auteurs font remarquer qu’ils n’ont pas testé le pouvoir protecteur du vaccin contre un virus proche mais appartenant à d’autres clades : les anticorps ont bien une réactivité croisée contre ces virus mais ces anticorps ne sont pas neutralisants, donc on peut supposer que le vaccin sera inefficace sur un mutant du virus. Il conseillent de tester leur produit sur des animaux pouvant servir d’hôte intermédiaire (porcs et bétail) : ce serait encore du gain de fonction de faire passer le virus chez ces animaux.
En novembre 2022 Moderna publie un résultat préliminaire de sa phase1/2 pour un ARNm quadrivalent contre la grippe saisonnière sur 880 participants. Le vaccin fait produire des anticorps et n’a pas d’effet indésirable dans les 7 jours suivant l’injection. En 2022 Moderna lance sa phase 3 pour un vaccin ARNm-1010 contre la grippe saisonnière sur 6 000 adultes en comparaison avec le vaccin classique. L’ARNm code pour les HA de 4 souches (A/H1N1, A/H3N2, B/Yamagata et B/Victoria) . En février 2023, Moderna annonce des résultats intermédiaires positifs . D’après la dernière mise à jour 8 400 participants ont été enrôlés et l’étude devrait se terminer le 24 juin 2024. Il s’agit seulement de surveiller les effets indésirables et de mesurer le taux d’anticorps liants induits. Moderna ne mentionne pas le vaccin contre la grippe aviaire dans son annonce 2024 mais communique seulement sur le vaccin combiné grippe-Covid.
Pfizer a lancé une étude de phase 3 pour un ARNm quadrivalent anti-grippal en septembre 2022 : c’est une comparaison avec le vaccin classique, il s’agit de tester l’efficacité sur la grippe confirmée en laboratoire (PCR et culture de virus) sur plus de 46 000 personnes de plus de 18 ans. L’essai est terminé en avril 2024 (après que la date ait été repoussée plusieurs fois) mais rien n’est publié.
Finalement les seuls vaccins commandés en 2024 sont des vaccins classiques. Mais une nouvelle technologie est autorisée pour contourner une éventuelle pénurie d’œufs de poule qui pourraient manquer en cas de pandémie aviaire : la culture sur cellules.
On peut facilement se perdre dans les différents produits approuvés en Europe et aux USA depuis des années en vue d’une pandémie H5N1. Ce sont des vaccins très proches de ceux utilisés en 2009 pour la pandémie H1N1 mais leurs noms commerciaux changent souvent. Les seuls tests d’efficacité pour les derniers produits approuvés concernent les taux d’anticorps obtenus (l’immunogénicité).
Valse des vaccins classiques
Depuis 2011, l’EMA autorise pour l’Europe un vaccin (Aflunov) chez l’homme pendant une épidémie de grippe aviaire chez les oiseaux en dehors de toute pandémie déclarée chez l’homme. Aflunov est dirigé contre les antigènes HA et NA du virus H5N1 de la grippe aviaire; il est obtenu par culture de virus sur œufs de poule, inactivation et purification de HA et NA . Aflunov (Fluad H5N1) est équivalent à Fluad, Focetria . Une demande d’autorisation Aflunov a été retirée par le fabricant Novartis en 2008 (l’EMA considérait alors que l’essai clinique n’avait pas été mené selon les bonnes pratiques et qu’il était sous-dimensionné pour détecter des effets indésirables survenant chez moins de 0,1% des vaccinés; les risques étaient identifiés; Risques démontrés :Névrite ; Convulsions (non fébriles) ; Réactions allergiques (graves) ; Syncopes ; Encéphalite (y compris myéloencéphalite) ; Thrombocytopénie ; Vascularite ; Syndrome de Guillain-Barré ; Paralysie de Bell ; Maladie auto-immune (par ex. sclérose en plaques, névrite optique, diabète sucré). Risque inconnu pour absence de données chez les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes, les patients présentant des comorbidités pertinentes et/ou immunodéprimés. Données de sécurité limitées à 6 mois). L’EMA l’a finalement autorisé en 2011 ! Je n’ai pas trouvé de nouvel essai clinique en dehors de tests d’immunogénicité. En 2015 un nouvel effet indésirable est notifié par l’EMA : syncope après injection . En 2022 l’EMA adapte le RMP (Risk management Plan) de Aflunov sans plus de précisions (données confidentielles) .
En outre, 4 vaccins pour la préparation à une pandémie de grippe aviaire sont approuvés et peuvent être rapidement transformés sans nouvel essai clinique pour répondre à une situation de pandémie: Aflunov, Astra-Zeneca (ex Medimmun H5N1), Baxter, Adjupanrix GSK et Foclivia-Seqirus (2019, 7,5 mcg HA, cultivé sur œufs, 9,75 mcg squalène, Contient des résidus d’œufs, de la kanamycine, neomycine, de l’hydrocortisone, peut provoquer de l’anaphylaxie. De nombreux effets indésirables sont connus).
Parmi ces 4 vaccins , l’EMA a donné l’autorisation de mettre à jour la souche de l’Aflunov pour qu’il soit dirigé contre le HPAI H5N1 A/Astrakhan/3212/2020 (H5N8) (clade 2.3.4.4b) qui est la souche ayant le plus fort potentiel de couverture contre les virus aviaires inquiétants. Seul l’antigène NA est modifié, le HA reste le même par rapport au vaccin approuvé (c’est toujours le H5). Le nouveau vaccin est approuvé seulement sur des critères de qualité et de capacité à faire produire des anticorps chez le furet, sans donnée clinique chez l’homme. Aflunov n’a pas été testé cliniquement car c’est le même que Fluad (avec le même adjuvant M59 contenant du squalène) ; l’adjuvant du Pandemrix de 2009 contenait aussi du squalène (selon le document du TGA de 2009 (agence australienne), le squalène est potentiellement toxique .
Fluad (vaccin inactivé trivalent adjuvanté avec le MF59C.1, destiné aux plus de 65 ans, approuvé en 1997), a été retiré en Italie en 2015 suite au décès de 3 personnes dans les 48h après injection (un arrêt cardiaque et 2 inflammations du système nerveux ; 13 cas de décès suspect ont été rapportés ; aucun n’a été reconnu comme lié au vaccin par l’EMA). Fluad est le premier vaccin contenant le MF59 autorisé, en 1997 pour les sujets âgés ; il ne donne pas plus de Guillain-barré que les vaccins non-adjuvantés ; il permet de réduire la quantité d’antigène en cas de pandémie, sa capacité à induire une réponse contre les hétérovariants du virus permet l’usage du MF59 pour un vaccin prépandémique, en particulier au début d’une « possible pandémie à virus H5 qui pourrait être catastrophique ». Selon une méta-analyse, le MF59 « ne pose pas de problème de sécurité ».
Le Pandemrix contenait l’adjuvant AS03 contenant du squalène, comme le MF59, il a été utilisé en 2009, il a été associé à des narcolepsies. La narcolepsie post-vaccinale pourrait être une maladie auto-immune due à un antigène du virus grippal commun avec une protéine humaine. Plusieurs études montrent le lien entre la narcolepsie et l’infection ou la vaccination antigrippale H1N1. Le Focetria, vaccin pandémique de 2009, contenant le MF59 n’a pas provoqué de narcolepsie.
En conclusion ces vaccins « classiques » déjà approuvés n’offrent pas toutes les garanties en matière de sécurité.
En 2024, l’EMA recommande en plus le CSL Seqirus Celldemic (Zoonotic influenza vaccine H5N1, antigène de surface inactivé, adjuvanté et préparé sur cellules de rein de chien MDCK) qui est destiné aux individus de plus de 6 mois pendant une épidémie aviaire et lorsque les autorités anticipent une possible pandémie humaine. La culture sur cellules permet de produire de grandes quantités de vaccins même en période de pénurie d’œufs de poule qui pourrait être occasionnée par une pandémie aviaire.
CSL Seqirus, une société australienne, a racheté en 2015 la division Novartis vaccin ; CSL appartient à des grandes banques internationales ; CSL envisageait de collaborer avec B&M Gates Foundation . En 2016 Novartis/CSL a renoncé à demander la prolongation de l’autorisation de mise sur le marché à l’EMA pour son vaccin «Prepandemic influenza vaccine (H5N1) (surface antigen, inactivated, adjuvanted) » . CSL a signé un partenariat avec la BARDA et développe aussi un ARNm auto-amplifié contre la grippe (l’ARNm auto-amplifié du français CEVA est administré aux canards en France).
L’EMA a choisi également le CSL Seqirus Incellipan, destiné à être utilisé seulement en cas de pandémie déclarée : il est cultivé sur cellules MDCK (rein de chien), et contient le MF59. Celldemic et Incellipan (fabriqués par CSL Seqirus) sont les mêmes produits contenant la HA et la NA du virus H5N1 like (7,5 mcg/dose), le MF59C.1 (squalène, PEG80), ils sont produits sur cellules de rein de chien ; 2 doses à 21 jours d’intervalle sont nécessaires. L’EMA ne donne pas la référence des essais cliniques auxquels elle se réfère mais on peut supposer que ce sont les mêmes qui ont servi à la FDA pour approuver le vaccin Audenz qui semble similaire au Celldemic. Le produit AUDENZ peut contenir des protéines résiduelles provenant de la fabrication sur cellules de chien ainsi que de l’ADN de chien (en quantité inférieure à la dose maximale autorisée de 10 ng/dose). D’après le RMP (Risk Management Plan EMA), les risques importants sont des névrites, des convulsions, encéphalopathies, vasculites, Guillain-Barré, démyélinisation, paralysie de Bell, thrombocytopénie. Les vaccins n’ont pas été évalués chez les femmes enceintes et le seront en post-autorisation. Selon la notice de la FDA du vaccin AUDENZ (identique au Incellipan/Celldemic européen), un seul essai contrôlé avec placebo a été mené chez les adultes : on dénombre 11 décès (0,5%) dans le groupe traité et 1 décès (0,1%) dans le groupe placebo ; aucun décès n’étant attribué au vaccin. Chez les enfants de 6 mois à 17 ans, 8 enfants (2%) d’un essai non contrôlé ont subi des effets indésirables graves, non détaillés et non attribués au vaccin.
L’Europe a commandé en juin 2024 665 000 doses de vaccin prépandémique à CSL Seqirus (Celldemic) destinées aux personnels travaillant au contact d’animaux infectés ou susceptibles de l’être, avec une option pour 40 millions de doses.
Le gouvernement US détient un stock stratégique de vaccins approuvés par la FDA pour la réserve nationale. Ils sont tous fabriqués à partir de souches anciennes de H5N1 ; ils nécessitent 2 injections, seul le taux d’anticorps produits a été mesuré (pas d’autre mesure d’efficacité) et une proportion importantes des participants aux essais ne développaient pas suffisamment d’anticorps ; dans les notices sont listés des effets indésirables tels que Guillain-Barré, vasculite, AVC, embolie pulmonaire, cancer de la thyroïde,…
AUDENZ-Seqirus pour les plus de 6 mois est un vaccin monovalent cultivé sur cellules MDCK (rein de chien), l’HA est purifiée et il contient l’adjuvant MF59 (MF59C.1), du polysorbate 80-squalène, des résidus de protéines de MDCK, d’ADN de MDCK (<ou= 10ng), thimerosal, 25 mcg/dose dans les flacons multidoses. Le polysorbate augmente les risques de transfection d’ADN contaminant.
Le vaccin Sanofi est approuvé en 2007 : Influenza Virus Vaccine, H5N1 (isolé en 2004), pour les plus de 18 ans. Le virus est cultivé sur œufs, purifié, détruit, le vaccin contient 90 mcg de HA par dose, de la gélatine de porc 500mcg/dose, 98,2 mcg de thimerosal, du PEG. Les vaccins saisonniers contiennent seulement 15 mcg de HA.
Le vaccin GSK est fabriqué à partir de culture de virus sur œufs de poule, le virus est inactivé, purifié, détruit et adjuvanté par AS03 (squalène tocopherol, polysorbate 80), chaque dose contient 3,75 mcg de HA du virus H5N1, du thimerosal (<2,5 mcg), des résidus d’ovalbumine ; la dose pédiatrique (plus de 6 mois) contient 1,9 mcg de HA et la moitié des autres éléments de la dose adulte ; (la narcolepsie est citée dans les EI post-commercialisation).
En 2024 les USA ont aussi commandé à CSL Seqirus 4,8 millions de doses d’un vaccin prépandémique ( H5N8 et/ou H5N6). Le vaccin est fabriqué dans une usine de Caroline du Nord qui a un partenariat avec la BARDA depuis 2009 et est capable de fournir 150 millions de doses dans les 6 mois après la déclaration d’une pandémie. Un essai de phase 2 est lancé en juin 2023 pour ce vaccin cultivé sur cellules et adjuvanté avec le MF59 : il s’agit de mesurer l’immunogénicité de ce vaccin. L’essai devrait se terminer en octobre 2024. Ce vaccin semble très proche si ce n’est identique au vaccin Audenz précédemment décrit et approuvé en 2020, la seule différence résidant dans l’adaptation de la souche au virus pandémique (il contient le virus H5N8 ou H5N6 qui possède par définition la même HA que le H5N1 qui circule actuellement chez les oiseaux).
En avril 2024, Sanofi retire Efluelda (Fluzone aux USA) vaccin quadrivalent inactivé haute dose, non adjuvanté (il contient 4 fois plus d’antigènes que le Fluzone quadrivalent) réservé aux plus de 65 ans. Le retrait a lieu officiellement à cause d’un désaccord sur le prix avec la Sécurité Sociale. D’après le CDC, il est moins efficace que le trivalent Fluzone, on ne sait pas s’il est plus ou moins efficace que le vaccin adjuvanté et on sait que le trivalent provoque plus d’EI que les autres vaccin inactivés. Le quadrivalent provoque plus d’EI que le trivalent. Mais dans l’essai clinique on voit des effets secondaires graves chez 10% des patients (il n’y a pas de placebo : c’est le vaccin dosé normalement qui sert de placebo). Le concurrent est Fluad quadrivalent de Seqirus, adjuvanté avec le M59 (squalène). Les vaccins non adjuvantés sont plus chers car l’adjuvant permet de réduire la quantité d’antigène coûteux à fabriquer ce qui peut expliquer le désaccord sur le prix.
Conclusion
Un nouveau clade du H5N1, virus de grippe aviaire, a été découvert chez les oiseaux sauvages en 2020 et s’est répandu dans le monde entier en 2023, depuis 2022 il a aussi été retrouvé chez des volailles d’élevage et des mammifères (animaux d’élevage et animaux marins). Depuis début 2024 la campagne médiatique autour de cette épidémie animale s’amplifie. Les autorités sanitaires du monde entier semblent manquer d’imagination puisqu’elles utilisent les mêmes ficelles que pour la Covid-19 pour affoler les populations et les « préparer » à une prochaine pandémie alors que seulement 4 cas très bénins de transmission à l’homme et aucune transmission inter-humaine sont connus. En France la vaccination des canards domestiques est obligatoire depuis l’automne 2023 et les produits ARNm sont utilisés pour les « protéger » du virus émergent de la grippe aviaire. Pour les humains seuls des vaccins classiques sont recommandés : les ARNm anti-grippe sont toujours en essai et pas encore autorisés. Le fiasco des ARNm anti-Covid-19 freine-t-il les autorités sanitaires dans l’utilisation de ces mêmes produits chez l’homme contre la grippe aviaire, à moins que l’annonce de leur autorisation n’intervienne qu’à l’automne prochain ?
Hélène Banoun
Juillet 2024
Source : AIMSIB
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