À bas la culotte ou à bas la calotte ? par Claude SEMAL

À bas la culotte ou à bas la calotte ? par Claude SEMAL

J’ai regardé le numéro zéro de « Drag King » à la RTBiesse, avec le vieil illuminé en robe de mariée dans son handimobile transparente. Beaucoup de figurants, mais quels dialogues ! M’étonnerait qu’ils arrivent à boucler la Saison One.


Le « pitch » était pourtant alléchant.


Le Pape François (le vieux en dentelles qui se prend vraiment pour le pape) arrivait tout auréolé de deux encycliques sous les bras.


Ça sentait un peu la transpi et le séminariste argentin, mais enfin, ça dépoussiérait la catéchèse, ça dégageait les synapses et les sinus.


L’une : Laudato Si, une invitation à respecter la nature – une vraie petite bible pour écologistes.


L’autre : Fratelli Tutti, une sympathique exhortation à la fraternité, l’antiracisme et à l’anticapitalisme – presque du Mélenchon dans le texte.


Seulement voilà. Le problème avec les grands délirants, en ligne directe avec le Grand Manitou, c’est que tu ne sais jamais ce qu’ils vont te raconter demain. Ni ce qu’ils ont bu ou fumé la veille.


Et comme c’est « dieu » qui les inspire, ne t’avise pas de dire le contraire. Où Satan t’habite. Tous frères, peut-être, mais pas toutes sœurs. Faut pas exagérer.

François s’appelle en fait Jorge Mario Bergoglio.
Chez les papes, c’est un peu comme chez les scouts. On reçoit son totem en même temps que sa calotte blanche. Après, on peut s’habiller en robe avec des bagues de rock-star et un chapeau de Saint-Nicolas. C’est vachement sympa.


Mais arrivé au stade de football « Roi Baudouin » (le célèbre inventeur de l’Interruption Volontaire de Royauté), avec le fan-club papal installé dans les gradins, et une ronde d’enfants de chœurs prête à sucer l’hostie sur la pelouse, le pape François est parti en vrille en dénonçant la législation belge sur l’IVG comme « une loi meurtrière » et les médecins qui pratiquent les interruptions de grossesses comme des « tueurs à gage ». Bon, d’accord, il n’a a pas vraiment dit ces mots-là au Heysel.

C’était sur la tombe de Baudouin et dans l’avion du retour. Mais c’était durant le même voyage, et c’était dans le même esprit.


Une fois n’est pas coutume, je partage l’avis de Béatrice Belvaux, qui s’en offusquait ainsi dans l’éditorial du quotidien « Le Soir » (30 sept 2024) : « Il faut en finir avec l’ambiguïté qui consiste à recevoir, avec le statut de chef d’état, un chef d’église dogmatique, soudain prédicateur, qui défie les lois du pays qui l’a invité ».

Question sexualité, je m’étais pourtant dit que l’église cathodique allait peut-être la mettre un peu en sourdine. 330.000 abus sexuels dans l’église depuis 1950, rien qu’en France, chiffre officiel communiqué par l’Église elle-même ; et au moins 2000 enfants reconnus abusés en Belgique. Cela aurait dû faire réfléchir même un âne castré (1).


Avec la jurisprudence « Abbé Pierre » en piqure de rappel.


On l’admettra sans doute : se faire sucer par les enfants de chœur et engrosser les bonnes du curé, ce n’est pas vraiment une vie pour un saint-homme. Et ce l’est encore moins pour tous les enfants et pour toutes les femmes victimes de ces pratiques hypocrites et infâmes. Mais les puceaux séniles à la tête de l’église en ont décidé autrement.

Nous avons en Belgique une loi sur l’Interruption Volontaire de Grossesse, qui s’est lentement construite chez nous après des années de débats difficiles.


Je salue au passage la mémoire de Willy Peers, qui n’a pas fait que des avortements dans sa vie. Il a aussi donné naissance à des milliers d’enfants – dont ma sœur. Accoucheur et « médecin des pauvres », c’était son « vrai métier ».


J’aurais encore compris que le pape répète son « opposition » rituelle à l’avortement.


Je ne connais en fait personne autour de moi qui soit « pour » l’avortement.


J’en connais par contre beaucoup, y compris des catholiques, qui sont « pour sa dépénalisation ». Ce qui ne signifie pas la même chose.


La dépénalisation de l’avortement « n’oblige » personne à avorter.


Elle offre simplement la liberté de choix et de conscience aux femmes, dans un cadre législatif précis, régi par la loi et encadré par la médecine. Les « tueurs à gages », comme dit l’autre allumé.


Au contraire de l’Église Catholique, qui veux imposer à TOUTES, par PRINCIPE et en TOUTES circonstances, de NE PAS avorter.


Or ce qui est vraiment « criminel », pour moi, c’est d’obliger une femme à devenir « mère » contre sa volonté. Puisque c’est la réduire et la condamner à sa fonction « reproductrice » la plus animale, esclave d’une horloge biologique mise en route par quelques gouttes de sperme. Qu’elles ont rarement choisies. Et qui leur ont souvent été imposées.


Agir ainsi, contre la volonté des femmes, c’est prendre leur vie et leur corps en esclavage pendant des années, sans jamais se soucier, ni de leur avis, ni leurs envies, ni leurs besoins.


C’est une grande violence, et qui engendre souvent beaucoup de souffrance.


Une naissance, qui peut être un rêve ou un cauchemar, devrait toujours être voulue et choisie.

Le seul moyen d’éviter le recours aux avortements, on le connaît pourtant. C’est de développer massivement la contraception. Seulement voilà.


L’Église catholique, prisonnière de sa perverse et sénile théologie, et de son incompréhension ontologique de la sexualité, INTERDIT également la contraception.


Elle interdisait même l’usage des préservatifs quand une maladie alors mortelle, le SIDA, menaçait, dans le monde entier, tous les jeunes gens qui faisaient l’amour !


Ce qui en dit long sur le prétendu « amour de la vie » de l’Église catholique, qui exprime plutôt, à mes yeux, une haine obsessionnelle et névrotique de la sexualité et des corps.


« Répulsion » pourtant paradoxale, puisque l’église catholique est aussi devenue, de façon systémique, une structure qui produit et reproduit des abus sexuels de masse. Qui ose encore en douter aujourd’hui ?

Sans le droit à la contraception et à l’avortement, toutes les femmes, qu’elles soient ou non mariées, sont ainsi condamnées par l’Église, soit à renoncer à toute sexualité (ce qui est plutôt « contre-nature »), soit à mener à terme une dizaine de grossesses successives (avec un statut social proche de la vache à lait).


Or la sexualité dans l’amour est l’un des plus beaux cadeaux de la création. Et s’il est crétin de vouloir s’en priver soi-même, il est criminel de vouloir en priver les autres.

À l’échelle planétaire, la question de la contraception se pose avec encore plus d’acuité.


La fécondité « naturelle » des femmes, qui était peut-être biologiquement « nécessaire » à l’espèce humaine quand deux enfants sur trois mouraient en bas-âge, est aujourd’hui totalement incompatible avec la maîtrise d’une courbe démographique en pleine explosion exponentielle.


Ce que la médecine a gagné en espérance de vie en améliorant la santé périnatale et la lutte contre les maladies, elle doit donc impérativement le « compenser » en nous aidant à mieux maîtriser notre fécondité.


C’est une simple mesure de bon sens. Et il n’y a absolument aucune alternative.


A défaut, on pourra écrire toutes les encycliques Laudato Si que l’on veut, pour appeler au respect de la nature, de la planète et de toutes ses créatures. Si la population mondiale continue à doubler tous les dix ans, l’humanité ira nécessairement droit dans le mur – et se détruira elle-même en même temps que son écosystème. La planète, elle, survivra sans doute. Mais sans nous. Et sans papes.

Mais qu’est-ce qui me prend ? Quel est ce crétin naïf qui questionne par la logique, la raison et la morale des positions qui relèvent de « dieu » et de « la foi » ?
C’est-à-dire d’un postulat qui, par essence, n’a pas à être démontré, puisqu’il est sensé précéder toutes choses ?


Écoutez donc encore ceci, avant de m’envoyer écouter battre le cœur des fœtus.


Oh ! clergé catholique, si c’est la vie avortée de tous ces « non-être » qui vous préoccupe à ce point, pourquoi ne pas vous marier et enfanter, comme le font les religieux juifs, musulmans, hindous et protestants ?


Toutes ces pauvres Sœurs catholiques, qui chaque mois saignent leur ovule stérile, et tous ces milliards de spermatozoïdes à jamais perdus dans les mouchoirs sacerdotaux, ne condamnent-ils pas eux aussi des milliers d’enfants potentiels à la non-existence ?


« Ce n’est pas la même chose » ? Et pourquoi ça ? Parce que zizi panpan ? Parce que le machin dans la zézette ? Parce que l’enfantement comme punition et récompense du « péché de chair » ? Parce que ce furtif coït aurait engendré une étincelle divine que vous appelez « la vie » – et que rien ne pourrait dès lors légitimement arrêter ?

Mais c’est de la métaphysique, ça, les petits loups. Ce n’est ni de la science, ni de la morale.


La maternité, ce n’est pas un piège-à-loups, dont on ne pourrait plus retirer le pied une fois qu’on l’y a posé. Nous ne sommes plus au Moyen-âge.


Vous bien ? Tant mieux pour vous. Restez-y. Mais en attendant, retirez vos doigts de puceaux séniles, de vieux dégueulasses et d’exorcistes du ventre des femmes.


Nous, nous les réservons à nos amoureux, à nos compagnes, ou à nos médecins.


Car nous, êtres aimants et responsables, nous voulons (ou ne voulons pas) avoir des enfants désirés, que nous construisons dans nos têtes et dans nos cœurs autant que dans nos ventres. Et on vous emmerde.

Claude Semal, le 1er octobre 2024

NB : Merci à José Pérez pour m’avoir inspiré le titre.

»» https://www.asymptomatique.be/a-bas…

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

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