Statistiquement, ça doit être vrai. Les millions de Français concernés directement ou indirectement par le conflit israélo-palestinien sont majoritairement pro-Palestine ou anti-Israël, mais contre l’entité israélienne dans sa version actuelle, c’est-à-dire colonisatrice, terroriste et génocidaire.
C’est ce que tente de démontrer l’avocat sans frontières (ni limites) Gilles-William Goldnadel dans sa tribune du Figaro du 23 septembre 2024, une chronique hebdomadaire, s’il vous plaît. Pour une fois, on est d’accord avec lui, et d’ailleurs le magazine Challenges admet qu’Israël a perdu la bataille (de modération) des réseaux sociaux.
C’est certain, la bataille de l’image est perdue. La chronique de GWG étant en accès libre, on ne va pas tout recopier, juste reprendre quelques exagérations, inversions et fake news. En exergue de son papier, GWG dénonce le positionnement du chef de l’État :
À aucun moment, le président n’a eu un mot pour les civils israéliens. Surtout, en tant que protecteur traditionnel du Liban, il n’a pas eu un mot critique sur le Hezbollah, responsable du calvaire de ce pays en lambeaux et à la souveraineté perdue.
Le lobby israéliste français accuse notamment Macron de « mettre Israël et le Hezbollah sur un pied d’égalité », pleure Radio J :
Macron, malgré un Noël 2023 très communautaire avec Korsia – le grand-rabbin qui a récemment fait son outing génocidaire –, n’en fera jamais assez pour le lobby israéliste, on dirait. Poursuivons.
Assez rapidement, on débusque une grosse fake news :
Il devrait être inutile d’avoir à rappeler la nocivité d’une organisation terroriste créée par la République Islamique des mollahs d’Iran. Celle-ci a juré la destruction de « l’entité sioniste cancéreuse ». Elle est responsable, en liaison avec des Iraniens recherchés par la justice, de plusieurs attentats antisémites en Argentine, notamment contre l’AMIA le 18 juillet 1994, organisation caritative juive de ce pays, ayant causé la mort de 85 civils.
Faux, l’enquête – sauf l’enquête communautaire locale – n’a jamais conclu formellement à la responsabilité de l’Iran, l’attentat tombant curieusement au moment où l’Argentine reprenait contact diplomatique avec l’Iran, ce que reprend Guyénot dans son Comprendre le 11-Septembre. Citons le bas de page 93 :
Le 18 juillet 1994, une nouvelle bombe fait 85 morts et plus de 300 blessés à l’AMIA (Association mutuelle israélite argentine) de Buenos Aires. Les juges argentins font à nouveau l’expérience d’entraves à la justice et de faux témoignages de la part de la communauté juive, et émettent les mêmes soupçons d’un attentat commandité par Israël dans le but de rompre les liens émergents entre l’Argentine et l’Iran.
Ensuite, GWG tente l’inversion accusatoire :
Nous devrions en effet faire l’économie de la réaction onusienne, condamnant Israël de manière pavlovienne et automatique.
Il faut savoir que l’ONU condamne les exactions israéliennes sur la base des lois qui fondent la justice internationale. Si Israël n’agissait pas en colonisant et en massacrant ses voisins de manière pavlovienne et automatique, l’ONU ne sortirait pas son carton rouge (ses résolutions) du matin au soir.
Arrive un point qui illustre la borgnitude de GWG :
Ici habite en effet la différence essentielle entre les adversaires : le terroriste islamiste cible uniquement le civil juif et se protège derrière les siens tandis que l’État Juif agressé cible uniquement le terroriste en tentant d’épargner les civils trop souvent touchés.
« Uniquement »… « En tentant d’épargner »… Si les bombardements israéliens sur les deux millions de civils palestiniens n’avaient pas fait dans les 50 000 ou 100 000 morts, et peut-être 190 000, la phrase prêterait à rire.
Une pointe d’humour ensuite avec « la station BFM, ordinairement objective », et la sempiternelle surdiabolisation de la gauche propalestinienne ou anti-génocidaire, quand GWG dénonce « des prises de position sans surprises de députés de La France insoumise, acquis désormais à la cause des ennemis les plus fanatiques et antisémites de l’État Juif ».
Le chroniqueur sauve un Français dans le tas, en louant le courage de Ménard, qui a osé montrer sa joie sur Europe 1 après l’opération terroriste israélienne contre les propriétaires de bipeurs.
« D’abord je suis content, de la raclée que Israël – on va pas jouer sur les mots, je vois pas qui d’autre l’a fait – vient de faire au Hezbollah. Chaque année dans ma ville, je commémore vous savez, l’attentat du Drakkar. »
Ménard se prend un peu les pieds dans le tapis persan en confondant Hamas et Hezbollah, mais surtout, en croyant que les services israéliens n’avaient rien vu ou prévu de l’intrusion des combattants du Hamas le 7 octobre 2023…
« Je trouve que pour nos amis israéliens c’est une bonne nouvelle, parce que quand même après ce qu’il s’était passé le 7 Octobre où on s’est demandé comment ils avaient pu passer à côté de la préparation du pogrom du 7 Octobre, là tu vois que quand même l’État israélien et les services israéliens sont capables de faire des choses que peu de services peuvent faire. »
Il ne vient pas à l’idée du maire de Béziers que les choses peuvent être un peu plus complexes que son esprit. Quant à Goldnadel, moins primaire, il sait mieux déformer la réalité à son avantage et à celui de son camp. Faire la guerre à tous ses voisins et accuser ses voisins de haine, il faut du talent pour vendre ça, même à des idiots !
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation