Ce16 septembre a coïncidé avec le 42 e anniversaire des massacres de Sabra et Chatila, perpétrés par Israël et alors qualifié par l’ONU d’acte de génocide. D’un génocide l’autre, c’est l’heure atroce de celui commis à Gaza et en Cisjordanie occupée. Jacques-Marie Bourget était témoin de cette barbarie de Sabra et Chatila orchestrée par Ariel Sharon.
Q.Vous avez couvert en tant que reporter, ces massacres qui nous rappelaient d’autres massacres sionistes comme celui de Dyr Yassine. Quelle lecture faites-vous aujourd’hui sur ces tueries par rapport au génocide d’aujourd’hui de Gaza ?
Jacques- Marie Bourget : En vivant le massacre de Sabra et Chatila en direct, puisque j’étais alors dans les camps, je n’imaginais pas que j’étais en train de vivre l’un des épisodes historiques d’une politique sioniste délibérée : l’éradication des Palestiniens.
Sabra et Chatila, Tall el Zaatar, la Karantina, l’épisode de la Nakba en 48, n’étaient qu’une étape dans cette volonté secrète d’élimination. Gaza n’est que la suite, horriblement et intense, de cette feuille de route : les Palestiniens doivent disparaitre. Partir ou mourir. Aujourd’hui les choses sont claires. On attribue en général l’échec des « Accords d’Oslo » – qui disaient vouloir construire une paix – à Yasser Arafat. C’est abusif puisque jamais les sionistes n’ont envisagé la création d’un Etat palestinien. Comme on le sait maintenant.
Q. Le génocide du peuple palestinien entamé depuis le 7 octobre relègue les massacres de Sabra et Chatila au second plan. Quels sont selon vous les moyens appropriés pour arrêter le génocide perpétré par l’entité sioniste dans la bande de Gaza ?
Jacques- Marie Bourget : Les moyens n’existent pas puisque ce sont les Etats-Unis et la lâcheté de trop nombreux Etats, y compris arabes, qui autorisent implicitement le nouveau massacre. Je rappelle qu’en décembre 1982, l’Assemblée générale de l’ONU a déclaré Sabra et Chatila comme « acte de génocide ». Et alors ? Rien . Pas de jugement pas de sanctions, pas de protection pas d’Etat de Palestine.
Tout est suspendu à une bagarre en deux menteurs, et deux sionistes, Trump et Harris, qui revendiquent le pouvoir de ce qu’ils croient être la maîtrise du monde. Tant que les sionistes seront alimentés en armes et en dollars, le génocide « must go on », comme on dit à Hollywood.
Q. La voie diplomatique et de médiation est impuissante face à l’arrogance du génocidaire Netanyahou et sa caste de l’extrême droite sioniste. Ne pensez-vous pas que l’émission de mandats d’arrêt internationaux par la CPI à l’encontre de Netanyahou et Gallant pourrait mettre un terme à ce génocide ?
Jacques- Marie Bourget : Vous avez noté que la courageuse attitude de la Cour Pénale Internationale qui a mis 3 semaines pour délivrer un mandat contre Poutine, alors que rien ne se passe quand il s’agit des barbares de Tel-Aviv engagés à Gaza et en Cisjordanie. Je suis pourtant convaincu qu’un mandat contre ces bourreaux aurait un effet symbolique puissant. Mais, chaque jours, la CPI reçoit des suppliques venant des sionistes du monde entier, qui se disent « amis de la Cour » et qui veulent la dissuader d’envoyer le gang de Netanyahou en prison.
Q. En évoquant les massacres de Sabra et Chatila de1982 et de Gaza d’aujourd’hui, il est nécessaire de revenir à votre expérience personnelle vécue par ce malheureux souvenir d’octobre 2000, en tant que victime de l’armée sioniste. Quel message adressera Jacques-Marie Bourget, dans la foulée du génocide des Palestiniens de la bande de Gaza, et l’assassinat de dizaines de martyrs ?
Jacques- Marie Bourget : Mon message est celui de mon expérience, pendant un demi-siècle j’ai parcouru le monde pour en rapporter toutes les horreurs. Or, je n’ai rien connu d’aussi fourbe, cruel et injuste que le sort réservé aux Palestiniens, victime d’un siècle de colonisation dans une totale indifférence. L’Holocauste intervenant comme justification à partir de 45, alors que les indigènes de Palestine ne sont pour rien dans un massacre commis par des européens.
Je suis surpris que cet état de fait n’entraine pas plus de réprobation, d’indignation alors que, heureusement, la colonisation est un système qui a disparu de la planète . Je dis donc, ne voyez pas autre chose en Israël qu’un Etat colonial qui, à long terme, ne peut aboutir qu’à une expulsion, comme l’ont fait les Algériens. En ces heures Israël creuse sa propre tombe et provoque une montée de l’antisémitisme dans le monde entier.
Q.En France, la nomination de Michel Barnier comme premier ministre par Emmanuel Macron n’a fait qu’augmenter les dissensions et les divergences au sein de la classe politique française. Quel devenir politique à court terme selon vous pour la France, en difficultés d’influence dans plusieurs régions du monde ?
Jacques- Marie Bourget : Pour qui aime la démocratie, la nomination de Michel Barnier est une sorte de farce (il représente 7% des électeurs), une farce aussi pour la France qui, pourtant, n’a pas honte de prêcher la vertu au monde entier.
Barnier est un grand méchant mou, faux conciliateur mais vrai réactionnaire, qui n’hésite pas à se promener avec un drapeau sioniste à la boutonnière. Il va continuer la politique de Macron, qui est de détruire les fondements de la République Française, pour en faire un morceau d’Europe sans âme. Les lois continueront de passer à coup d’article 49.3 qui rend caduque le rôle du Parlement. Dans le monde la France n’a plus d’influence puisqu’elle est guidée par une sorte d’adolescent qui change sans cesse d’idées, se veut un jour important en « reconstruisant le Liban » pour le lendemain « faire la guerre au Hamas » puis déclarer « le Sahara Occidental propriété marocaine », tout cela sans cohérence ni préparation, comme s’il s’agissait d’un jeu de salon.
Texte original publié sur le site ALGERIE 54
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir