Neo.media existe depuis 2020 et a été fondé par Stéphane Simon, l’ancien producteur des émissions de Thierry Ardisson. Cette plateforme de vidéos courtes ressemble étrangement à Brut, cofondé en 2016 par l’ex-producteur du Grand Journal Renaud Le Van Kim et deux comparses de Canal+. Il déclarait que ses journalistes étaient libres et que Brut était « sans ligne éditoriale ». Or, il y a toujours une ligne éditoriale.
Télé refuge
Depuis 2023, Brut a du mai à se développer à l’international et fait levée de fonds sur levée de fonds, avec des Niel, des Saadé et des Pinault qui mettent la main à la poche.
Si Brut n’était pas directement politique, mais quand même bien gaucho-compatible, surtout depuis le direct promotionnel avec Macron en décembre 2020, Neo fait dans le souverainisme avec comme slogan : « Le média populaire et positif qui raconte la France et ceux qui la font ». Nous dirons qu’il s’agit d’un jeune contre-Brut.
Sur le TikTok de Neo, on peut trouver La tatin au boudin noir, Miss et Mister Moule 2024, Comment manger le poil à gratter, C’est le savon de notre enfance, Où finissent les coquilles de moules de la Braderie de Lille ?, Y a de la moule bien fraîche (décidément), Le coin de France préféré de Lambert Wilson, Tuto comment faire la voix de Gollum… Bref, la deuxième révolution nationale attendra.
Feel-good et fast-food sont dans un bateau…
Les sujets partent dans tous les sens, sans aucune structure : on dirait un JT de TF1 ou de France 2 avec l’empilement des sujets-pizzas. C’est voulu : cela va contre la pensée synthétique, c’est de la consommation « d’infos » biodégradables. Seule la structure n’est pas biodégradable.
On appelle ça du feel good, ça permet de passer un petit moment sympa, piquant, plaisant ou nostalgique (voir la prolifération des comptes c’était-mieux-avant sur Facebook), et surtout, ça décroche de la guerre en Ukraine, du génocide des Palestiniens et de la destruction de la France.
En ce sens, c’est éminemment politique puisque ça dépolitise, histoire de mieux soumettre à un pouvoir qui réduit ainsi son opposition.
C’est vrai que les sujets anxiogènes sont aujourd’hui légion, et on peut comprendre que de nombreux Français dans la panade, économique et sociale, aient besoin de souffler un peu, quitte à regarder des conneries.
Le souci, c’est de trop décrocher du réel, c’est-à-dire de la lucidité, et de commencer à vivre dans un monde virtuel – avant on disait faux – qui rassure, qui désangoisse, qui fait lien, qui fait communauté (la communauté des moutons ?). Pourquoi pas, mais il est possible d’être heureux en étant lucide. Cela demande juste plus d’information et de courage.
On remarque que la chute inexorable du média télé a créé du TF1 (Neo) et du France 2 (Brut) sur le Net : la propagande et le divertissement, ces deux sœurs siamoises par la tête, ont tout simplement migré, en changeant de forme, sur le Net.
« Je suis toujours à la recherche de mon enfance »
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation