Mise au point d’ISM-Palestine réfutant les informations propagées par les médias mainstream, 7 septembre 2024. Après l’annonce de l’assassinat de notre camarade Aysenur, des médias se sont empressés de répercuter la version israélienne de l’incident ayant entraîné sa mort : les militants de l’ISM auraient jeté des pierres sur les soldats d’occupation pendant la manifestation pacifique à Beita. Tous les témoignages oculaires réfutent cette affirmation. Aysenur était à plus de 200 mètres de l’endroit où se trouvaient les soldats israéliens, et il n’y a eu aucune confrontation là-bas pendant les minutes qui ont précédé le tir qui l’a tuée. Quoi qu’il en soit, à une telle distance, ni elle, ni personne d’autre n’aurait pu être perçu comme constituant une menace. Elle a été tuée de sang froid.
Lors de la manifestation hebdomadaire à Beita, en Palestine, le matin du 6 septembre 2024, l’armée israélienne a intentionnellement tiré sur et tuéAyşenur Eygi, une militante des droits humains du Mouvement de solidarité internationale (ISM).
La manifestation, qui consistait principalement en des hommes et des enfants en prière, a été réprimée par la force de l’armée israélienne stationnée sur une colline. Dans un premier temps, l’armée a tiré une grande quantité de grenades lacrymogènes, puis a commencé à utiliser des balles réelles. Ayşenur, que nous considérons comme une martyre de la lutte, est la 18e manifestante à être tuée à Beita depuis 2020. Elle était une citoyenne étasunienne d’origine turque.
Les forces israéliennes ont tiré deux balles. L’une a touché un Palestinien à la jambe. L’autre a été tirée sur les militants internationaux des droits humains qui observaient la manifestation, touchant l’une militant d’entre eux à la tête. Eygi est décédée peu après avoir été transportée dans un hôpital local à Naplouse.
Mariam Dag (pseudonyme), une autre militante de l’ISM, était sur place et a été témoin de la blessure mortelle de sa camarade. Elle a déclaré :
« Nous manifestions pacifiquement aux côtés des Palestiniens contre la colonisation de leur terre et la colonie illégale d’Evyatar. La situation s’est aggravée lorsque l’armée israélienne a commencé à tirer des grenades lacrymogènes et des balles réelles, nous obligeant à battre en retraite. Nous étions debout sur la route, à environ 200 mètres des soldats, un sniper était clairement visible sur un toit. Notre camarade se tenait un peu plus en retrait, près d’un olivier avec d’autres militants. Malgré cela, l’armée lui a intentionnellement tiré une balle dans la tête.
Ceci n’est qu’un autre exemple des décennies d’impunité accordées au gouvernement et à l’armée israéliens, renforcés par le soutien des gouvernements étasunien et européen, qui sont complices du génocide à Gaza. Les Palestiniens souffrent depuis bien trop longtemps du poids de la colonisation. Nous continuerons à être solidaires et à honorer les martyrs jusqu’à ce que la Palestine soit libre. »
Une amie de la militante des droits de l’homme assassinée et collègue de l’ISM qui ne souhaite pas que son nom soit divulgué a déclaré :
« Je ne sais que dire. Ce n’est pas facile. J’aimerais pouvoir dire quelque chose d’éloquent, mais je ne peux pas à cause de mes sanglots… Mon amie, camarade et partenaire de voyage en Palestine, vient d’être abattue d’une balle dans la tête par les forces d’occupation israéliennes. Qu’elle repose en paix. Elle est désormais l’une des nombreuses martyres de cette lutte. »
Beita est un village de Cisjordanie où, il y a quelques semaines, Amado Sison, un autre volontaire américain, a été touché par une balle réelle à l’arrière de la jambe. Beita a une longue histoire de résistance contre l’occupation israélienne et a été un point focal de violence dirigée contre les résidents palestiniens par les forces israéliennes. Situé à proximité de plusieurs colonies israéliennes illégales, le village organise régulièrement des manifestations. En raison de l’escalade des agressions des forces israéliennes, les résidents s’abstiennent actuellement de marcher ou de chanter des slogans, se rassemblant plutôt sur le terrain et priant.
Ces dernières années, Beita a été le théâtre de manifestations continues, notamment contre la construction de nouveaux avant-postes israéliens illégaux sur les terres du village. Par exemple, l’avant-poste d’Evyatar (photo ci-dessus), sur la montagne Sabih, a été établi sur des terres palestiniennes. En juin, le cabinet de sécurité israélien a approuvé la « légalisation » d’Evyatar, ce qui a incité les habitants de Beita à renforcer leur résistance populaire.
Les habitants de Beita ont récemment repris leurs manifestations hebdomadaires du vendredi pour résister au vol supplémentaire de leurs terres. Alors que les manifestations avaient presque cessé depuis le 7 octobre 2023, elles ont repris le 5 juillet 2024, en raison de l’escalade de la violence des forces d’occupation israéliennes, lorsque des dizaines de Palestiniens, accompagnés d’activistes internationaux et israéliens, ont marché depuis la montagne adjacente, à travers la vallée et vers l’avant-poste.
Ces derniers mois, les militants internationaux ont été témoins d’une forte augmentation de la violence de la part des forces israéliennes et l’occupation doit en être tenue responsable. La femme martyrisée aujourd’hui était une militante du Mouvement de solidarité internationale (ISM), une organisation dirigée par des Palestiniens qui assure une présence protectrice et solidaire en Cisjordanie. L’ISM a été fondé en 2002 et maintient depuis lors une présence constante en Palestine, soutenant la lutte populaire palestinienne contre l’occupation.
Notre camarade s’ajoute aux 17 manifestants palestiniens déjà tués à Beita :
**Manifestants palestiniens martyrisés à Beita**
– Mohammed Hamayyel, 15 (March 11, 2020)
– Islam Dwikat, 22 (April 9, 2020)
– Karam Amin Dwikat, 17 (October 15, 2023)
– Issa Sliman Barham, 40 (May 14, 2021)
– Tareq Ommar Snobar, 27 (May 16, 2021)
– Zakaria Maher Hamayyel, 25 (May 28, 2021)
– Mohammed Said Hamayyel, 15 (June 11, 2021)
– Ahmad Zahi Bani Shamsa, 15 (June 16, 2021)
– Shadi Ommar Sharafa, 41 (July 27, 2021)
– Imad Ali Dwikat, 38 (August 6, 2021)
– Mohammed Ali Khbeissa, 27 (September 24, 2021)
– Jamil Jamal Abu Ayyash, 32 (December 1, 2021)
– Fawaz Ahmad Hamayyel, 47 (April 13, 2022)
– Immad Jareh Bani Shamsa, 16 (October 9, 2023)
– Mohammed Ibrahim Adili, 13 (November 23, 2023)
– Maath Ashraf Bani Shamsa, 17 (February 9, 2024)
– Ameed Ghaleb Said al-Jaroub, 34 (March 22, 2024, décédé des suites d’une blessure par balle à la tête subie le 21 août 2023
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir