La démission du ministre Fitzgibbon est une bonne occasion pour tenir un débat national sur la façon d’orienter l’économie québécoise moins tournée vers les transnationales et autrement que dirigée par des hommes d’affaires. Déjà, le Premier ministre vient de ce milieu qui n’est pas caractérisé par un grand sens de l’État. De plus, il est opportun de se demander si la manière de diriger l’économie québécoise vers un virage accru en direction d’une mondialisation qui s’essouffle était la bonne.
Se fier sur les transnationales pour un développement national n’est pas du tout la bonne chose à faire. Même du point de vue de la filière batterie, nous avons les centres de recherche, les universités, les ingénieurs (il s’agirait de rattraper le retard dans leur formation) pour développer ce créneau par nous-mêmes et contribuer au développement mondial, sur une base nationale, sans toujours compter sur Ottawa et indépendamment des États-Unis, de tout le secteur de la transition écologique.
Il s’agit donc de profiter du retrait d’un acteur affairiste économique important du développement du Québec pour effectuer un virage nationaliste, qui le soit vraiment, pour orienter tout le secteur énergétique du Québec vers des initiatives autocentrées qui soient à la hauteur d’un projet national ambitieux.
Les demi-mesures ont fait leur temps. Avec Legault, il n’y a pas de volonté d’orienter le Québec, la nation entière, vers des objectifs qui mettent en valeur toutes nos capacités comme peuple. Si nous sommes « un grand peuple », il est temps de mettre en œuvre le potentiel de notre main-d’œuvre, de nos ressources naturelles, de notre génie, de toutes nos facultés nationales pour apporter notre contribution au monde moderne tel qu’il s’annonce.
Il faudrait commencer par remettre en cause le pouvoir politique de ce gouvernement de la CAQ à courte vue, qui ne sait aucunement compter sur toutes nos capacités et le potentiel national. Il s’appuie d’abord sur une économie de marché toute tournée vers le Canada et les États-Unis.
Ça prend des élections pour renouveler le personnel politique qui présidera à ce tournant. Déjà, l’alternative est là selon les sondages. Même si les programmes du PQ et de QS ne sont pas ajustés à ce que cela prend, un débat de toutes les forces qui s’apprêtaient à se prononcer sur le méga projet de Loi du ministre démissionnaire permettrait d’en fixer les balises.
Moi-même je propose un virage qui soit du type du projet « Maitre chez nous » des années soixante (Je participerais d’ailleurs ainsi au débat électoral) en commençant par les nationalisations des mines de lithium et des industries de transformation, le lancement d’un plan de l’État qui cesse de compter sur l’entreprise privée pour le développement d’une filière batterie indépendante, des investissements massifs dans la recherche en électricité et la chimie et dans la formation d’ingénieurs compétents, une fiscalité qui permette de mobiliser les fonds nécessaires à cette entreprise nationale.
Déjà se dessinerait les avenues d’un développement autocentré misant sur les ressources et une intervention de l’État qui favoriserait une prise en charge de l’économie par nos propres moyens : ceux d’un État se dirigeant vers son indépendance des autres nations du monde qui ne cherchent qu’à nous spolier, en commençant par le Canada et les États-Unis, qui n’ont de visées sur nos ressources et notre main-d’œuvre que pour les exploiter à leur profit.
Des élections donc sont de mise pour un débat qui soit d’abord politique sur la manière d’impulser un développement différent que tout ce que la CAQ a entrepris comme gouvernement soumis aux forces du marché pour nous déposséder de nos acquis comme société. Hydro-Québec, notre compagnie nationale, pourrait être le centre moteur du projet. Pour que soit pour proposer un développement à la hauteur des capacités des Québécois de se mobiliser dans une entreprise qui leur soit propre et qui enthousiasme tous les secteurs intéressés par un projet national ambitieux et qui mette définitivement au rebut un projet de loi sans envergure qui rabaisse nos capacités nationales à l‘État de dépendance envers les autres pays qui dominent le monde.
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