Invité à présenter son dernier film à Venise, « Beetlejuice Beetlejuice », qui ouvre la 81e Mostra, le cinéaste états-unien Tim Burton a déclaré : « J’adore les films doublés. » [1] Je suis agréablement surpris, car je crois savoir que ses compatriotes ne les apprécient guère.
En revanche, nous sommes des millions en terre francophone à préférer le doublage au sous-titrage. En effet, le grand public estime que les sous-titres le détournent de l’essentiel, à savoir l’image, avec tout ce qu’elle renferme (le jeu multiple des comédiens, les mouvements de caméra, la palette des couleurs, les décors, etc.). Des sous-titres qui appauvrissent aussi le texte (qui n’est jamais pleinement rendu par ceux-là) et qui, pour finir, balafrent l’image.
La cinéaste italienne Lina Wertmüller l’a dit autrement à Los Angeles : « Je crois totalement au doublage. Les sous-titres ont un effet désastreux sur un film. Au lieu de vivre un film à travers les images, on est constamment interrompu par la lecture des sous-titres et on passe son temps à baisser et lever la tête, on perd tout le rythme de l’image. Naturellement, il y a des oreilles raffinées qui veulent entendre les voix originales des comédiens. Je comprends cela. Cependant, il ne faut jamais oublier que le cinéma est un art populaire, pour les masses. Je trouve très important que les gens puissent avoir accès à ces films grâce à un doublage. Le public américain perd beaucoup à ne pas être exposé à d’autres films. » [2]
Sylvio Le Blanc
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