L’autrice est retraitée de la Commission canadienne des droits de la personne.
Le Conseil du statut de la femme est l’organisme gouvernemental d’étude et de consultation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Or, bien que ce soit sur la base du sexe qu’a été reconnu le droit des femmes à l’égalité, ici et dans le monde1, il est troublant de constater que le Conseil est silencieux sur les défis liés à l’identité de genre2.
Des enjeux négligés
Ainsi, le Conseil ne s’est jamais prononcé sur l’impact de l’inclusion des personnes trans dans les espaces traditionnellement réservés aux femmes sur leur sécurité (ex. toilettes, vestiaires, refuges, prisons) ou dans les domaines visant l’équité (ex. santé, sport féminin, matière d’emploi). Il n’a déposé aucun avis à l’égard des changements législatifs permettant d’amalgamer le sexe et le genre dans les statistiques et les documents d’identification officiels. Aucune réaction, non plus, sur l’émergence du vocabulaire niant la réalité biologique des femmes (ex. personne avec un vagin, qui menstrue ou qui allaite).
De plus, le Conseil ne semble pas se préoccuper des filles et des femmes s’identifiant au genre masculin. Soulignons qu’en plus de l’augmentation importante des demandes de transition de genre ces dernières années, la majorité des demandes est maintenant le fait de filles s’auto-identifiant au genre masculin alors qu’elles représentaient seulement de 25 à 33% des demandes avant 20153. Il est donc étonnant de constater qu’aucune étude n’a été réalisée par le Conseil pour chercher à mieux comprendre pourquoi tant de jeunes filles rejettent leur sexe ni pourquoi elles sont de plus en plus nombreuses à le faire.
Or plusieurs auteures, dont l’historienne Marie-Jo Bonnet et la gynécologue et endocrinologue Nicole Athea, font valoir que des jeunes filles s’auto-identifiant au genre masculin tentent en fait de fuir une condition physique ou sociale qu’elles peinent à contrôler4. On pense à la métamorphose pubertaire, aux maux de ventre, aux harcèlements, aux regards insistants, à la prévalence de l’hyper-sensualisation, viols et féminicides dans la société, etc. D’autres chercheraient à bénéficier des avantages liés à la prééminence sociale du masculin. Pour ces auteures, proposer à des filles des procédures de transition, alors qu’elles sont en pleins tourments de l’adolescence, constitue une nouvelle forme de violence qui participe à un féminicide social.
Aucune étude différenciée selon le sexe n’a non plus été menée sur les politiques d’inclusion liées à l’identité de genre. Or, il appert que, contrairement aux hommes s’identifiant au genre féminin, les femmes s’identifiant au genre masculin s’intègrent aux équipes sportives féminines. De plus, celles qui sont détenues ne désirent pas être transférées dans des prisons pour hommes5.
Actions requises
Le Conseil se doit de revenir à son mandat de défense du droit à l’égalité des femmes (soit un humain de sexe féminin) aux plans social, politique et économique pour une société plus juste et inclusive, ce qui implique:
1. La reconnaissance des femmes et des hommes en tant que groupes distincts, qu’il ne faut pas confondre avec le concept fluide de l’identité de genre;
2. L’élimination des stéréotypes sexistes qui limitent les choix sociaux de tout un chacun, les empêchant ainsi de vivre leur plein potentiel;
3. La prise en compte de la réalité des femmes dans le développement de politiques publiques;
4. L’adoption de mesures assurant le bien-être physique des femmes en matière de santé et de sécurité, afin qu’elles puissent s’épanouir et contribuer à la société;
5. L’adoption de mesures d’équité sociale répondant à leurs caractéristiques physiologiques (par ex. sports féminins, droit à l’avortement, congés de maternité, etc.)
La prévalence actuelle de l’identité de genre sur l’identifiant sexe, dans les politiques publiques, a pour effet d’invisibiliser les femmes. Les Québécoises et les Québécois comptent donc sur le Conseil pour défendre adéquatement le droit des femmes à l’égalité afin que l’égalité de droit devienne une égalité de fait au Québec.
1. https://www.un.org/fr/universal-declaration-human-rights/
2. https://csf.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/Plan_strategique_22-26.pdf
3. La transition légale en chiffres : analyse des statistiques sur les changements de mention de sexe au Québec du point de vue des politiques publiques – Chaire de recherche du Canada
4. Marie-Jo Bonnet et Nicole Athea; Quand les filles deviennent des garçons; Éditions Odile Jacob; 2023.
5. https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/2023-02-26/cr…
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