Photo : Les accidents de la route, dont certains se produisant lors de refus d’obtempérer, sont parmi les premières causes de décès en service des gendarmes. (Photo d’illustration: PxHere)
par Pierre-Marie GIRAUD | Opérationnel
L’adjudant de 54 ans, marié et père de deux adolescents, du peloton motorisé de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes), mortellement blessé lundi soir près de Cannes, par un automobiliste lors d’un refus d’obtempérer, devait prendre sa retraite au mois de mai 2025 après plus de 30 ans de service. (article mis à jour ce mercredi en fin de matinée)
Eric Comyn a été heurté lors d’un contrôle sur la commune de Mougins, près de Cannes, à la sortie de l’autoroute A8. Le drame s’est produit vers 20h40, lundi 26 août 2024, quand un homme à bord d’une BMW noire a refusé un contrôle. Le véhicule a violemment percuté un des membres du peloton motorisé chargé de cette opération et a pris la fuite. En arrêt cardio-respiratoire, l’adjudant est décédé malgré l’intervention de ses camarades et des secours.
Né le 30 avril 1970 à Paris, Eric Comyn, après son service militaire dans la Marine nationale, est admis à l’Ecole des sous-officiers du Mans, en tant qu’élève-gendarme, le 11 janvier 1994. À l’issue de sa formation, il est affecté le 9 janvier 1995 à l’escadron de gendarmerie mobile (EGM 35/7) de Revigny-sur-Ornain (Meuse) jusqu’en 1998. En septembre 1998, il est affecté à l’EGM 27/7 de Lure (Haute-Saône). Après six ans de mobile, le sous-officier intègre en juin 2001, la brigade territoriale (BT) du Luc (Var).
Le 1er juillet 2007, il rejoint le peloton d’autoroute de Mandelieu-la-Napoule. Une unité qui a changé d’appellation pour devenir un « peloton motorisé » (PMO) par la suite. Il y sera nommé au grade de maréchal des logis-chef en 2022, puis adjudant en 2024. Il était titulaire de la Médaille de la Défense nationale (échelon or), et de la Médaille du Protection du territoire. Eric Comyn envisageait de prendre sa retraite en mai 2025 et de rejoindre la réserve opérationnelle.
Le chauffard étranger interpellé
Immédiatement après sa mort, une vaste opération de recherche avait été mise en place par les gendarmes et les policiers de la région. Le dispositif incluait notamment un hélicoptère et l’appui de gendarmes des groupements voisins. Des contrôles ont ainsi été réalisés sur les axes de circulation.
Plus tard dans la nuit, le conducteur du véhicule, soupçonné d’avoir percuté le gendarme a finalement été interpellé à Cannes. Selon Gérald Darmanin, l’arrestation du suspect a eu lieu vers 4h00 du matin. Le ministre a ensuite remercié « nos forces de l’ordre pour leur mobilisation ». Il a annoncé que l’homme était un « Capverdien en situation régulière », qui avait commis par le passé « de nombreux délits routiers, dont des refus d’obtempérer », parlant d’un « acte criminel ».
Selon le parquet de Grasse, cet homme âgé de 39 ans, compte 10 condamnations à son casier judiciaire pour « des infractions à la circulation routière » et « des atteintes aux personnes« . Il a été testé positif à un dépistage d’alcoolémie. Son véhicule a été retrouvé dans un box situé dans la commune de Vallauris, avec « des traces de ripage sur le capot« . L’enquête, ouverte pour « meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique », a été confiée à la brigade de recherches de Cannes et à la section de recherches de Marseille.
Un refus d’obtempérer toutes les vingt minutes
Les refus d’obtempérer des usagers de la route ont légèrement diminué entre 2016 et 2023, mais les faits les plus graves sont en hausse, selon des chiffres publiés au mois d’avril 2024 par le ministère de l’Intérieur. En moyenne sur cette période, la Police et la Gendarmerie ont constaté 25.700 délits de refus d’obtempérer routiers par an, selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), soit un toutes les vingt minutes.
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« Immense émotion », cagnotte et soutiens
Le président Emmanuel Macron a réagi quelques heures après le drame. « Je partage la peine profonde de sa famille et de ses camarades du peloton autoroutier de Mandelieu-la-Napoule », a-t-il écrit sur X. « La Nation se tient à leurs côtés et exprime sa gratitude aux gendarmes qui la protègent. » « Ceux qui s’en prennent à ceux qui nous protègent ne doivent jamais connaître le répit », a commenté sur X le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal. Dans l’après-midi de lundi, des camarades d’Eric Comyn et des anonymes sont venus lui rendre hommage devant la brigade de Mougins, la compagnie de Cannes et surtout devant le peloton motorisé de Mandelieu-la-Napoule où des nombreux bouquets de fleurs ont été déposés.
D’après nos informations, il s’agit du sixième gendarme décédé en service depuis le début de l’année 2024. En mai 2024, le lieutenant-colonel Bellomia, cadre de l’Ecole des officiers de la Gendarmerie, avait perdu la vie dans un accident lors d’un stage de recyclage motocycliste.
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La Fondation Maison de la Gendarmerie a ouvert dès mardi matin une cagnotte au profit de la famille. Les dons récoltés iront à l’épouse de l’adjudant Comyn, Harmonie, et leurs deux enfants, Valentin (15 ans) et Marie (11 ans).
Par ailleurs, pour « exprimer la solidarité » de la grande famille des gendarmes, la fondation versera ^prochainement une série d’aides à la famille comme elle le fait en cas de décès. Il s’agit du versement d’un allocation de solidarité décès (3.600 euros) pour couvrir les frais d’obsèques et de l’envoi – avec l’accord de la famille – d’une gerbe de fleurs avec ruban « Fondation Maison de la Gendarmerie ». Le versement d’une allocation solidarité orphelin (1.700 euros par enfant à charge) et d’une allocation financière (3.000 euros) à la conjointe du sous-officier sont également prévus.
(Article mis à jour ce mercredi en fin de matinée avec éléments biographiques et premiers hommages)
PMG (avec LP et l’AFP)
Source : L’Essor de la Gendarmerie
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Pour participer à la cagnotte : https://www.fondationmg.fr/don/deces-adjudant-eric-comyn
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