L’invariance anthropologique d’Haïti expliquée par les structures dissipatives de la gangstérisation polymorphe stratifiée de ses réseaux de pouvoir et de réussite par Erno RENONCOURT

L’invariance anthropologique d’Haïti expliquée par les structures dissipatives de la gangstérisation polymorphe stratifiée de ses réseaux de pouvoir et de réussite par Erno RENONCOURT

Voici la deuxième partie de l’analyse sur le vrai sens des sanctions internationales prises par la Communauté internationale, notamment les États-Unis, contre les parrains des gangs et les seigneurs de la drogue qui règnent sur les affaires économiques et pilotent la gouvernance politique d’Haïti. Et cela, malgré les sanctions. Un paradoxe qui s’explicite autant par la nature déshumanisante de la géostratégie que pratique la Communauté internationale que par la structuration des groupes sociaux haïtiens en gangs polymorphes stratifiés. Un binome indigent parfaitement dimensionné pour l’invariance.

Récapitulation

Précédemment nous avons postulé et, malgré quelques fautes malencontreuses dans le texte, mis en évidence de manière rigoureuse, des données contextuelles qui tendent objectivement à prouver que les récentes sanctions américaines, prises ce 20 août 2024, contre l’ex président haïtien Michel Martelly, ne sont qu’un pas de régulation d’un certain processus d’attrition stratégique (PAS).

Nous revenons dans cette deuxième partie prouver que derrière ce PAS, qui médiatise les sanctions, se dissimule l’un des 3 outils du modèle universel de gouvernance de procuration, par assistance interposée, choisi par cette crapulerie internationale, communément nommée la Communauté Internationale, pour affaiblir la résistance collective des peuples. Cet outil est le fameux processus d’enfumage ou de boites noires par lequel l’Empire américain, chef de file du grand barbare occidental (GBO), magnifie de pseudo valeurs qui vont attirer et séduire un maximum de gens, pour mieux les instrumentaliser, les embrigader, les verrouiller sur les finalités qui desservent ses intérêts. Puisque comme le disait Pierre Bourdieu, « l’essence du néolibéralisme n’est rien d’autre qu’un programme de destruction des structures collectives capables de faire obstacle à la logique du marché pur » (Le Monde Diplomatique, mars 1998, page 3). Évidemment, dans le cas haïtien, le marché que le GBO cherche à imposer est celui des services de l’expertise de l’assistance internationale.

Et pour ce faire, il ne recourt plus seulement à la violence, puisque depuis la guerre du Vietnam, il a appris que la puissance de feu n’est pas toujours déterminante devant la résistance collective des peuples. Ainsi, il exploite désormais les failles de la conscience et met en place un abrutissement massif, basé sur des outils innovants comme les droits humains, la fabrication de la renommée et la culture. Car la psychologie aidant, il sait, depuis l’expérience de Milgram postulant la thèse de la soumission aveugle à l’autorité ou l’incapacité de l’insoumission devant l’autorité, combien les foules sont prêtes à renoncer à leur essence, leur dignité, voire leur humanité tant qu’elles se trouvent dans une posture de corps suffisamment flexible qui leur permet d’avoir le museau dans la gamelle d’un succès minimal insignifiant confortable (SMIC). Un SMIC qui varie selon les peuples et qui combine astucieusement la réussite, la culture, la renommée et aussi le pouvoir politique. C’est ce que l’on appelle la guerre cognitive. Une guerre dont les enjeux sont si élevés que le GBO n’hésite pas à intégrer dans toutes valeurs qu’il promeut une ambivalence flagrante que seul un niveau d’insignifiance élevé peut empêcher de comprendre. Et c’est le second outil du modèle universel de gouvernance de l’Occident : le double standard : A chaque valeur promue par l’Occident se trouvent corrélés deux objectifs qui participent de l’invariante déshumanisation des autres à qui il refuse les mêmes droits que ses peuples :

• Briser la capacité d’insoumission des individus par leur anoblissement pour mieux briser la résistance des peuples (puisque les foules se projettent toujours dans les succès médiatisés des groupes dominants) ;

• Accroitre la puissance de l’Occident par sa domination sur les autres qu’il a sur rendre préalablement culturellement déficients.

Ce processus d’attrition stratégique englobe lui-même plusieurs sous processus intermédiaires corrélés et pilotés par des experts et des technocrates locaux influents qui, par leur dépendance vis-à-vis des ressources que procure le GBO, vont renoncer à toute intelligence, toute quête de sens et toute éthique, pour s’aligner, parfois jusqu’au bout de l’indignité, voire même à perte d’humanité, sur les injonctions des normes universelles de la bonne gouvernance. L’engouement des foules pour les droits humains, le LGBT, la course aux diplômes, la renommée culturelle ne relèvent pas d’autres enjeux que ceux de la guerre cognitive pour briser l’insoumission collective.

Contextualisation

Ainsi, dans le contexte haïtien, les sanctions constituent un petit pas capital dans le PAS, puisqu’il permet de boucler le cycle des turbulences socio-politiques qui ont concouru, de 2004 à 2024, à l’accélération de l’effondrement total d’Haïti, pour passer au cycle de l’émergence de l’indigence en Haïti prévue pour 2030 par les Nations Unies. Lequel cycle doit être médiatisé, selon le double standard, par des impostures de réformes institutionnelles et constitutionnelles qui seront conçues et définies par l’assistance internationale. Tel était d’ailleurs le vrai sens des propos du Premier ministre Gary Conille, quand, en juillet dernier, sur Radio France Internationale (RFI), il avait tenu exactement ces mots : « Avec cet accompagnement de la communauté internationale, nous allons réussir ». Puis, exalté, comme son ministre de la Justice qui, selon Le Nouvelliste, avait magnifié et encensé dans le même temps, à l’occasion de la commémoration de l’indépendance américaine : « le caractère fondamental du partenariat avec les Etats-Unis », le chef du gouvernement haïtien avait cru bon, de son côté, de proclamer, à nouveau, sa foi inébranlable et sa confiance totale dans ce partenariat en déclarant : « Haïti reprendra le contrôle de tout le territoire national ».

Modélisation

Si ce PAS final, qui se veut l’unité de mouvement d’un processus global d’errance visant l’atteinte d’une finalité d’invariance du local, est si mal interprété par une grande majorité d’analystes haïtiens et étrangers, c’est pour deux raisons. La première est qu’en amont, sa trajectoire globale erratique est floutée par des jalons intermédiaires tournoyants et virevoltants qui laissent miroiter au loin, par transition aléatoire, des reflets de changement, en décrivant un cycle d’impostures, qui est médiatisé comme des valeurs sûres. La seconde est que les gens oublient que le réel qu’ils perçoivent, à travers les faits qu’ils observent, n’est pas la réalité, et que cette réalité est construite par chacun selon une interprétation qui dépendent de sa pleine conscience et de son ancrage dans le contexte où se déroulent les faits observés. Donc, toute conscience effondrée et tout mauvais ancrage dans le contexte problématique ne peuvent conduire qu’à une occultation du réel.

Voilà pourquoi la géostratégie internationale recourt à des experts qui ne maitrisent pas les contextes problématiques sur lesquels ils interviennent et qui sont toujours en grande situation de déficience éthique. Or comme le dit Alex Muchielli dans Savoir interpréter. Comment les choses acquièrent leurs significations (2012, Armand Colin) : Un fait ne prend du sens que par une sommation d’interprétations intermédiaires qui dépendent du contexte, de l’observateur et de ses capacités cognitives. Les faits n’existent pas en eux-mêmes. Les choses n’ont pas de contenu en soi, mais leur contenu prend sens par rapport à ce qui les entoure. Et l’observateur n’est pas neutre, il interprète selon ses intérêts, ses compétences et son ancrage dans le contexte. Tout ceci, pour montrer la richesse de cette géométrie des données contextuelles que nous mobilisons intranquillement pour expliquer autrement, sans rayonnement académique, mais avec insolence et pleine conscience, l’effondrement multidimensionnel du shithole haïtien en recourant à la modélisation TIPÉDANTE.

Et c’est cette modélisation qui nous permet d’expliquer intelligiblement les faits que nous observons confirmant, s’il en était besoin le postulat de notre insolence assumée : quand votre problématique est en phase avec la complexité du réel, l’univers entier conspire et fait en sorte que le moindre mot, la moindre phrase, la moindre pensée peuvent être modélisées conceptuellement et représentées visuellement par des images.

Les cycles de l’ingénierie du chaos

Il y a lieu de rappeler, pour les amnésiques, que ces promesses d’assistance et leurs impostures de réforme avaient été déjà expérimentées en Haïti, entre 1994 et 2004, lors de la mise sous tutelle du pays par l’ONU en 1994. Et ce sont ces impostures qui se sont effondrées en 2021, car ce n’était que des rafistolages conçus pour mieux verrouiller sur la dépendance. Comme on peut le constater, sans surprise, on retrouve un certain pas de régulation :

• Coup d’État en 1991, carte blanche aux néo-macoutes et aux militaires pour décimer la résistance populaire ;

• Puis 3 ans plus tard, après le constat de la défaillance institutionnelle et l’enfumage du rêve démocratique de 1987, ils ont proposé en 1994 une assistance à la restauration de la démocratie, en magnifiant la promesse d’une réingénierie de l’État de droit.

• Et puis 10 ans plus tard, en 2004, ils ont réinitialisé les cycles de turbulences et de défaillance pour un nouveau cycle d’assistance par la MINUSTAH. Puis ils ont, sinon provoqué, du moins exploité le chaos du tremblement de terre de 2010 et ont ainsi engendré le cycle d’effondrement de l’écosystème haïtien entre 2011 à 2024.

Il est difficile de ne pas repérer la régularité des trois cycles qui structurent à chaque fois le PAS de ce processus d’attrition stratégique sur les différents jalons temporels de 1991 – 2004 (13 ans) et de 2011 à 2024 (13 ans) : cycle de turbulences politiques en amont, cycle d’assistance internationale en relais et cycle de défaillance écosystémique local en aval.

Chacun de ces cycles est sous le contrôle de pilotes locaux anoblis par la communauté internationale. Chaque cycle décrit, selon le profil médiocre dominant des pilotes qui le régulent par assistance interposée, une trajectoire d’errance opposée aux autres, donnant ainsi l’illusion d’un mouvement d’opposition et de résistance à l’errance multiforme que représente l’ordre mondial. Pourtant ces cycles sont dans une dynamique chaotique régulée et harmonisée. Leur mouvement relatif d’opposition, l’un par rapport aux autres, ne fait que créer un chaos (augmentation de l’entropie) pour mieux faciliter la dissipation de la dignité collective, qui est l’énergie propice à la cohésion de la société haïtienne. Or cette cohésion est la reliance indispensable à la fabrication de la recherche de sens pour la co-construction de l’intelligence collective.

Quand on les modélise intelligiblement, comme nous le faisons dans le manuscrit cartographiant des failles de l’invariance anthropologique haïtienne, les cycles de crise, qui ressurgissent en Haïti presque tous les 15 ans dans un siècle, rappellent étrangement l’enchevêtrement de la théorie des cordes, et de 2001 à 2024, nous pouvons formellement énumérer 6 cycles (que nous dévoilons dans notre manuscrit) qui ont permis d’exploiter les turbulences climatiques et de provoquer des turbulences politiques qui ont aggravé les précarités économiques pour mieux soumettre le collectif haïtien et le mettre au PAS. Ces cycles se structurent comme des boucles de turbulences dépendantes du temps et du contexte qui reconfigurent le formalisme de la théorie du chaos en ingénierie du chaos : le GBO exploite le contexte de valeurs propres à chaque écosystème pour soumettre son ordre chaotique et confirmer la loi du chaos permanent. Celle qui nous permet de postuler que les différents processus d’attrition stratégique que le GBO impose aux différents écosystèmes mondiaux procède d’une géostratégie performante de la déshumanisation.

Car dans l’esprit de ce grand barbare, le monde n’est qu’une masse informe de ressources à conquérir et de peuplades à abrutir, et à soumettre à un chaos permanent pour y extraire les produits de sa croissance et de son abondance à travers un triptyque géostratégique qui par une intelligente modélisation permet de réécrire prosaïquement l’équation chaotique de l’évolution du monde par l’ingénierie du chaos : accaparer les Matières du monde, déformer les Espaces en précarisant les écosystèmes pour trouver toujours plus de matières et comprimer le Temps pour toujours se mouvoir plus vite (urgence) et accéder en premier aux matières.

Le déplacement dans l’espace étendu et dans le temps contraint (mouvement accéléré) devient le moyen de domination sur la matière. N’est-ce pas cela le rythme qu’imprime au mon la géostratégie de la globalisation. D’où le raccourci qui nous propulse au cœur des mythes impériaux et de leur cortège de barbarie : ‘‘Donnez-moi de la matière et du mouvement, et je ferai un empire !’’

Il n’échappe pas au lecteur que cette dynamique impériale est le moteur barbare qui anime l’histoire, la politique et la culture mondiale, et son équation s’écrit avec les mêmes variables que l’équation quantique de la relativité : E=MC2 (Empire= Matières*Culture de la précarisation des espaces*Culture de l’inversion du temps).

Et cet empire, par la géostratégie de la déshumanisation qui est son essence, ne peut que conduire l’évolution selon un modèle qui magnifie ses savoir-faire barbares : Médiocrités, Corruption, Criminalité.

C’est donc au travers de la culture que tout se joue pour l’accès aux matières qui forment la richesse des écosystèmes. Voilà comment à partir d’une intelligible modélisation du chaos haïtien, nous pouvons modéliser l’évolution du monde. Il y a des années depuis que l’écosystème haïtien était un territoire d’expérimentation des projets douteux que l’Occident programme pour le monde. Mais, venant d’un quidam sans renommée académique, sans accointances médiatiques (sinon que les relais de quelques journaux et blogs en lignes qui font vivre nos contenus), une telle modélisation fait sourire et parait même arrogante, puisque révélant par sa rigueur analytique l’impensé de la culture dominante.

L’imaginaire culturel déficient

Et c’est la seconde chose que nous voulons prouver : il existe un contexte culturel, sous forme de valeurs médiocres (Malice) partagées et d’attractions de réussite, qui explique l’enlisement d’Haïti dans on invariance anthropologique et son instabilité séculaire. Le démiurge blanc que l’on croit tout puissant et que l’on prend, à tort ou à raison, comme bouc émissaire des malheurs locaux, ne fait que ce que fait tout bon jardinier rationnel : connaissant la nature des terres qu’il laboure, il choisit les plants à proposer aux fermiers du village, surveille les saisons de pluie et ensemence les grains qui germeront, croitront, fleuriront et produiront des fruits qu’il proposera à la foule des villageois lors des périodes de la moisson. Chacun y trouve pour son compte. Et c’est pourquoi les réseaux militants, académiques et culturels haïtiens, sont incapables d’assumer une pensée intelligente pour agir responsablement sur leur écosystème déliant.

Concrètement, c’est parce que le démiurge occidental blanc a repéré que la grande faille de l’imaginaire culturel haïtien est son attachement aux récompenses internationales, qu’il a choisi d’anoblir, par le pouvoir, la renommée, la richesse économique, tous ceux et toutes celles qui :

• Vivent dans le culte de la réussite personnelle ;

• Sont dépourvus de conscience et de dignité ;

• N’ont pas d’attachement authentique à Haïti.

Puis, à chaque contexte de crise, il les propulse au sommet du leadership national pour qu’ils agissent comme miroir déviant à travers lequel la grande majorité entrevoit l’avenir erratique du pays. A-t-on encore besoin de contrarier le dessein de ceux qui choisissent les médiocres à succès comme idoles à imiter ? Est-il besoin de faire la guerre à un pays pour le détruire, quand les sponsors médiatiques qui promeuvent sa culture nationale, notamment par les spectacles de livres en folie, sont les mêmes qui plébiscitent un cocaïnomane, délinquant et trafiquant connu de tous comme l’idole des jeunes haïtiens qui va devenir président, rien que parce qu’il a été choisi par la puissance étoilée ? Puissance devant laquelle 99.99% des Haïtiens se couchent et se dénudent pour trouver le succès minimal insignifiant confortable qui leur permettra de fuir le pays ou d’accéder au pouvoir pour échapper aux immenses et innombrables précarités du shithole ? Pour paraphraser Machiavel, ainsi fonctionne la géostratégie de la déshumanisation, dans son rôle d’assistance humanitaire (attracteur indigent), quand elle prépare l’e bouleversement et l’effondrement d’un pays, elle place des hommes abjects et vils capables d’en hâter la chute (Nicolas Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live, Préface de Claude Lefort, Paris : Bibliothèque Berger-Levrault, 1980, p.230). Autrement dit quand vous voulez que la charogne vienne festoyer dans un lieu, il suffit de placer sur son toit le plus élevé une pourriture et en moins de temps qu’il ne faut pour mourir étouffer, la meute sera au rendez-vous.

Voilà l’errance que programme l’assistance internationale pour les pays dont les groupes dominants ont l’imaginaire si déficient, qu’ils ne vivent que dans les rêves d’ailleurs en déracinement de leur écosystème. Ils oublient que tout déracinement produit de l’effondrement. Dans le contexte haïtien, le déracinement se fait à travers l’imaginaire collectif déficient : la communauté internationale n’a qu’à offrir des prix et des récompenses à n’importe quel fumier d‘ordures, à n’importe quel mécréant et quidam insignifiant, 99.99% des Haïtiens y verront un signe de succès de la culture nationale. Majoritairement, ils se bousculeront pour apporter aux affreux anoblis le quorum qui leur offrira les adjuvants de leur succès politique. Dans leur majorité, et les lettrés, et les quidams haïtiens ne prennent jamais de risques à penser à contrecourant de ce que veut la communauté internationale, ils suivent le mouvement des ressources et volent au bon moment au secours de la victoire. Et quand cela tourne au drame, en chœur, ils se retrancheront derrière leur amour dessalinien et n’y verront que la survivance de la haine du Blanc envers l’indépendance d’Haïti. Jamais, ils n’oseront questionner leur alignement vil et servile sur les injonctions du Blanc, jamais ils ne problématiseront leur dépendance vis-à-vis des ressources que le Blanc donne pour appâter et couillonner les peuples qui ont le goût effréné de la réussite en rêves blancs. Ils oublient que tout don entraine un contredon, et quand ce don vient d’un déshumanisateur, le contre don se paie cash par érosion de liberté et de dignité. Tout se passe avec Haïti comme dans une prise de judo où la chute infligée n’est qu’une simple technique de déséquilibre du poids mal positionné de celui qui tombe.

Martelly n’aurait jamais eu de succès politique et médiatique, si les groupes dominants de la société haïtienne n’avaient pas une appétence pour les réussites précaires et même pour les ordures à succès. En se bousculant vers les ressources, que le démiurge blanc a drainées volontairement vers les failles humaines que représentent les affreux et les mécréants du shithole, les groupes dominants haïtiens ont déplacé le centre de gravité de l’équilibre du collectif vers un centre d’intérêts précaire qui donne sur un vide stratégique. Et c’est dans ce vide que les groupes dominants laissent éroder la dignité collective., disloquant ainsi la société et la précipitant en mille morceaux fragmentés dans le gouffre abyssal

Comment ne pas rappeler que c’est l’Église Catholique qui, par la voix d’un Archevêque, avait demandé en 2011 à Martelly de gouverner le pays en enfilant sa défroque délinquante et d’utiliser les mêmes attributs de la goujaterie qui avaient fait son succès dans la musique ?

Faut-il taire la douloureuse vérité que le président haïtien, Jovenel Moise, alors qu’il était, en 2018, dans son rôle de successeur du régime politique corrompu et criminel de Michel Martelly, acculé, honni et rejeté par la population Haïtienne, avait reçu du Groupe de réflexion et d’action pour une Haïti nouvelle la prestigieuse organisation (GRAHN-Monde), dirigée par l’éminent professeur d’université Samuel Pierre,une tribune d’honneur pour présenter à l`Amphithéâtre Bernard-Lamarre, de l’Université Polytechnique Montréal « sa vision des technologies et de l’innovation comme moteur du développement d’Haïti » , alors même qu’il était conspué par la population pour son implication dans la dilapidation des fonds de PetroCaribe ?

Faut-il, pour ne pas mécontenter les gens de bien et ne pas être blacklisté dans les projets des ONG, oublier que c’est l’éminent infectiologue, le Dr William Pape, qui avait apporté son aura de médecin respecté et de grand bénéficiaire de subventions étasuniennes pour les centres de santé Geskyo, pour permettre au pouvoir corrompu et criminel de Michel Martelly dont Jovenel Moïse assurait la continuité d’avoir un support de la société civile pour se relancer et reprendre la main sur un pouvoir qui lui échappait, en profitant de la panique créée à dessein par la crise sanitaire ?

On peut dès lors comprendre que si le géostratège international imprime, par assistance (en mode GPS), ce mouvement chaotique, régulé à petits pas, aux groupes dominants haïtiens, qui pilotent les cycles du processus de l’attrition stratégique, c’est parce qu’il a étudié en profondeur les failles naturelles, structurelles et culturelles de l’écosystème haïtien. Lesquelles, étant multiples et enchevêtrées dans une déliance qui fissure la mémoire collective, permettent de segmenter la société haïtienne en plusieurs strates, les unes opposées aux autres et de les projeter dans un mouvement chaotique les unes contre les autres pour désagréger ce qu’il reste de dignité et de valeur à ce pays. C’est ce que, dans le cadre de cette axiomatique, nous appelons la gangstérisation polymorphe stratifiée (GPS) d’Haïti.

Conclusion

Dans une éventuelle troisième partie, nous pourrions revenir avec des exemples de cas pour prouver, au-delà des mots, combien l’imaginaire collectif haïtien est déficient. Une déficience que l’on retrouve :

• Non seulement dans les proverbes populaires, lesquels attestent du conditionnement déshumanisant du collectif haïtien à partir des blessures séculaires provenant de son passé meurtri par le Code noir. Une réalité qui permet de fonder la métaphore des racines de l’impuissance comme une explication de la résignation des masses à survivre aux conditions les plus inhumaines sans offrir de grande résistance ;

• Mais aussi dans les postures culturelles insignifiantes des lettrés anoblis. Lesquels sont hissés sur le toit du shithole, en raison de cette insignifiance, pour gouverner son errance et entretenir l’impuissance de sa population, d’où leurs postures de déracinement. Un déracinement que nous modélisons comme les ailes de l’errance par la disponibilité des lettrés haïtiens à vivre dans les rêves blancs d’ailleurs.

Nous avons là deux postures paradoxales, mais complémentaires qui montrent comment une bonne interprétation des données contextuelles, par une mobilisation de compétences systémiques, permet analytiquement d’expliquer la complexité haïtienne. Une posture de résignation, relative à la déshumanisation des masses populaires haïtiennes expliquant leur enracinement dans l’impuissance ; et une autre d’insignifiance, relatives à aux déficiences culturelles et médiocrités humaines des couches aisées haïtiennes, expliquant leur errance sur le territoire. Des racines de l’impuissance aux ailes de l’errance, nous retrouvons les brins métaphoriques de la complexité qui permet d’expliquer l’effondrement de l’écosystème haïtien et son invariance anthropologique. En contextualisant quelques-uns des enseignements de L’enracinement de Simone Weil, nous pouvons postuler que partout où il y a déshumanisation et déracinement, il ne peut y avoir qu’effondrement et invariance. Mais comme l’effondrement social ne vient que par l’effondrement de l’imaginaire, nous postulons aussi (insolemment) dans notre axiomatique que l’imaginaire indigent est la grande faille anthropologique drainant l’errance collective et structurant l’auto-effondrement de la société haïtienne par GPS assisté. Tous ces axiomes sont explicités, avec une riche cartographie, dans 6 manuscrits que nous avons modélisé à dessein comme 6 faces d’un cube de données pour l’innovation du shithole. Dommage que ceux qui dirigent Haïti n’ont pas de compétences épistémiques pour comprendre la richesse de cette axiomatique, dont nous ne cessons d’en donner écho, et que ceux qui sont dans la recherche universitaire et assistent les décideurs politiques n’ont pas de compétence éthique pour valoriser une thèse qui montre l’enfumage de leur rayonnement académique.

Mais nous espérons que nous finirons par trouver un éditeur compétent pour faire vivre cette axiomatique. Pour finir disons que nous ne revendiquons nulle intelligence supérieure aux autres, nous croyons seulement dans le pouvoir de l’intranquillité cognitive et du droit à la provocation par insolence modulée. Nous passons ainsi plus de temps à méditer sur les échecs que le système nous inflige pour notre assumation de l’authenticité et nous essayons de transformer nos aigreurs légitimes en vibrations PoÉthiques pour cartographier l’insignifiance, modéliser l’invariance et mather l’impuissance. Quand un écosystème décrit sur 220 ans une trajectoire erratique entre impuissance et insignifiance, l’intelligence stratégique veut qu’on ne se focalise pas sur ce qui est défaillant pour changer cet écosystème, mais sur ce qui est performant. Et comme c’est la culture haïtienne qui est performante, c’est donc de bonne méthode de se placer aux frontières de ses articulations pour repérer les fissures par où elle laisse dissiper, sous les contraintes de sa performance, l’énergie de l’intelligence collective. Comme dit le poète, puisque « rien ne se transmet de manière inchangée dans le temps et dans la nuit », c’est donc pour cela que c’est dans les consciences qu’il faut remonter, dans la nuit agonisante pour refonder l’imaginaire et lancer enfin le projet anthropologique haïtien dans la continuité de son envol historique, sans malice, sans insignifiance, sans fausse résilience.

Pour lire la suite éventuelle, patientez, nous allons finaliser nos manuscrits pour repartir à la quête d’un éditeur compétent

Et nous reviendrons.

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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