Avec quatre lettres depuis 1 mois dans Le Devoir (voir plus bas), le « correspondant » Robert Campeau a fait avancer la cause des minorités sexuelles. Comme elles représentent 6, 7 ou 8 % de la population québécoise, c’est important qu’on parle d’elles, mais pourquoi diable leur accorder autant d’importance ?
À la fin juillet, j’ai envoyé une lettre au Devoir (voir à la fin) pour briser l’unanimisme de la critique relativement à la mise en scène 2SLGBTQ+ de Thomas Jolly aux JO de Paris, mais la rédaction l’a rejetée.
C’est effarant le nombre d’homosexuels et de lesbiennes se trouvant dans l’orbite du Devoir, surtout dans le domaine des arts et de la culture en général. Vous croyez que les lecteurs apprécient cette quasi-prise de contrôle du journal d’Henri Bourassa ? Détrompez-vous !
Sylvio Le Blanc, un abonné
P.-S. – L’image d’en-tête montre un texte d’Henri Bourassa écrit en 1919 et affiché sur un mur de l’église de Brouage en France.
____________________
Le Devoir
Éditorial, lundi 29 juillet 2024 316 mots, p. A6
L’été de tous les extrêmes
LETTRES
Comment ne pas être touché en découvrant les paysages apocalyptiques de Jasper et en entendant le cri du coeur de la première ministre d’Alberta, Danielle Smith, qui, au travers des sanglots, nous parle malgré tout d’espoir et affirme que «la magie n’est pas disparue et ne le sera jamais». Devant un tel jardin de cendres, le Canada est tout à coup un peu plus notre pays, et les barrières linguistiques perdent quelque peu de leur sens. Plus près d’ici — tellement tout près —, ce sont les tornades qui jouent les trouble-fête et nous rappellent qu’on fait toutes et tous désormais partie d’un nouveau monde avec, en toile de fond, des guerres qui se rient des conventions et n’en finissent plus de ne pas finir.
En ce jour d’ouverture de Jeux olympiques puisés à même la mégalomanie et après des semaines de politique américaine qui dépassent la fiction — et qui culminent par un Donald Trump survolté qui se targue d’avoir jeté les gants de sa récente conversion en traitant sa nouvelle rivale de «garbage» (vidange !) —, on se dit que ce nouveau monde exige plus que jamais de ne pas céder au cynisme ambiant, de se coller à l’essentiel et de cultiver son propre lopin de bien-être — si tant est qu’on a la chance d’en avoir un —, de cultiver la beauté tant qu’on peut et de croire plus que jamais à l’effet papillon de nos gestes et actions (au risque de se faire regarder de haut par ceux qui nivellent sans cesse par le bas…).
Comme le dit si bien le brillantissime metteur en scène des JO de Paris, Thomas Jolly, «à nous de poétiser ce méga show et de le rendre sensible sans pour autant nier la réalité de notre monde…».
Robert Campeau Le 26 juillet 2024
_______________________
Le Devoir
Éditorial, mardi 30 juillet 2024 368 mots, p. A6
À Paris, une boîte de nuit géante à ciel ouvert
LETTRES
Je l’avoue, je suis redevenu un enfant en regardant la cérémonie d’ouverture officielle des Jeux olympiques de Paris (que j’ai eu la bonne idée de visionner en différé, ce qui m’a permis de zapper les publicités !). Mes sens n’en avaient que pour ce spectacle grandiose et les visages irradiants des athlètes qui défilaient par milliers, sur une chorégraphie de bateaux qui ont fait de la Seine un tableau majestueux, qui restera longtemps gravé dans ma mémoire.
Tant de numéros magiques, émouvants : celui de femmes érigées en statues, dans une sorte de réparation de l’histoire (et qui, par un don à la Ville Lumière, sont vouées à la pérennité) ; celui du groupe heavy metal Gojira, associé à la chanteuse lyrique Marina Viotti, à même les balcons de La Conciergerie ; celui de la chanteuse Juliette Armanet interprétant la chanson Imagine sur un bateau à la dérive (et le piano littéralement en feu de Sofiane Pamart — le moment de grâce !) ; celui de cet athlète centenaire en fauteuil roulant, à qui on a passé le flambeau ; cette fête à l’honneur des dieux de l’Olympe personnifiés par des drag queens et l’impayable Philippe Katerine ; celui, éblouissant, d’une cavalière argentée, juchée sur un cheval métallique galopant sur l’eau ; celui de tous ces personnages habituellement figés dans leur musée qui sortaient prendre l’air pour saluer le monde entier… Une boîte de nuit géante, oui, à ciel ouvert. Sous une pluie soutenue, qui non seulement n’a pas eu raison de la magie, mais l’a souvent transcendée (la pluie rebondissant sur le piano d’Alexandre Kantorow interprétant Jeux d’eau, de Ravel : un pur moment de poésie !). Et bien sûr, «notre» Céline, dans une prestation magistrale qui forçait le respect, à qui on avait offert, pour habiller son Hymne à l’amour, rien de moins que la tour Eiffel ! Une tour qui s’en souviendra sans doute à jamais… Bref, une note parfaite (pour peu qu’on soit resté concentré sur cette explosion de créativité et qu’on n’ait pas trop consulté les réseaux sociaux !).
Robert Campeau Le 28 juillet 2024
_______________________
Éditorial, mercredi 14 août 2024 283 mots, p. A6
« Une parenthèse de bonheur absolu »
LETTRES
Ainsi s’exprimait un spectateur parisien des Jeux de Paris, dans le cadre d’un reportage de Tamara Alteresco, à Radio-Canada. Après tant de cynisme et de doutes sur la capacité de la Ville Lumière à générer un engouement pour ces Olympiades à sécurité maximum (et à coût exorbitant, il faut bien dire), voilà que les Français se sont laissé prendre «aux jeux» et les ont embrassés avec une ferveur qu’ils n’avaient pas anticipée. Cet événement festif, qui a superbement débuté (merci Céline !) et qui nous a fait découvrir le créatif metteur en scène Thomas Jolly (qui signe aussi la mise en scène de «notre» Starmania, présentement à l’affiche à la Place Bell, à Laval), nous aura fait assister au meilleur de nous-mêmes et rêver, une habitude que nous avions presque oubliée tant le climat, les nouvelles internationales et la misère grandissante nous bloquent régulièrement la vue. Soyons chauvins nous aussi : nos athlètes, galvanisés, reviennent avec 27 médailles, dont 9 d’or ! Cette «parenthèse de bonheur» (et ce saut à peu de frais dans la plus belle ville du monde !), ajoutée au fait que la campagne présidentielle américaine a pris une tout autre tournure et nous repose de la «trumperie» qui nous laissait sans cesse envisager le pire (il y a longtemps que nous avions entendu parler de «joie» et de l’art «d’élever les gens plutôt que de les rabaisser» chez nos politiciens du Sud), constitue une bouffée d’air frais qu’on voudrait bien voir s’étirer… À nous d’y travailler, portés par ces doses de grandeur et d’absolu plus que bienvenues.
Robert Campeau Montréal, le 13 août 2024
_____________________________
Le Devoir (site web)
Libre opinion, lundi 26 août 2024 – 04:00 535 mots
Quand Starmania s’écrit sous nos yeux
Robert Campeau
« Quand j’aime une fois, j’aime pour toujours », chante Richard Desjardins. C’est donc deux fois plutôt qu’une que je suis allé voir Starmania, cet opéra rock signé Luc Plamondon et Michel Berger dont le livret a été remis à l’avant-plan et au goût du jour par Thomas Jolly, ce génial metteur en scène (et artiste multidisciplinaire) français qui a également assuré la direction artistique de chacune des cérémonies des Jeux olympiques de Paris.
Entendons-nous : aller voir un opéra rock d’une quarantaine d’artistes et musiciens une fois est déjà un luxe. Aller le voir deux fois relève de la folie (folie douce, mais quand même), une folie peut-être héritée de l’époque où Diane Dufresne — dont on célébrait, incidemment, le quarantième anniversaire du spectacle Magie rose, donné au Stade olympique — conviait son public à être tout aussi extravagant et créatif qu’elle l’est elle-même. L’art éblouit, fascine, inspire, bouscule. Et l’argent qu’on y investit constitue, selon moi, un placement pour la vie.
Dimanche dernier, donc, s’éteignaient les projecteurs de la Place Bell sur la quatrième version de cette mégapole imaginée par deux êtres qui vivaient à fond leur époque et ressentaient profondément l’air du temps.
Tellement qu’ils ont fini par mettre au monde une oeuvre qu’on qualifie toujours, 45 ans plus tard, de « futuriste ». Une oeuvre en forme de miroir géant (et à peine déformant) tendu vers nous, dans laquelle ils ont mixé et magnifié nos doutes, nos peurs, nos fantasmes, nos violences, nos désirs, ponctués d’un tas de questions existentielles qui culminent par celle-ci : « Existe-t-il quelqu’un, dans l’univers, qui puisse répondre à nos questions, à nos prières ? »
Univers
C’est fou comme l’actualité rejoint la fiction. Au moment où cette mégaproduction prenait fin, le Parti démocrate américain entamait la grand-messe politique de sa convention, dans la foulée de laquelle les Américains finiront peut-être par donner la présidence à une femme, pour la première fois de leur histoire.
Ainsi, le milliardaire Zéro Janvier du livret de Starmania (auquel l’impayable Donald Trump fait immanquablement penser) pourrait bien être éclipsé par une femme noire qui, depuis à peine quatre semaines, insuffle un vent de « joie » et d’optimisme qu’on croyait jusque-là impensable et dont l’ascension fulgurante porte le sceau de « Kamalamania ».
Quand on pense que la France a échappé, il y a peu, au vent d’extrême droite que d’aucuns redoutaient, on peut affirmer, tout comme le couple Obama l’a fait avec éclat, que l’espoir est de retour. Du moins, un « vent de », une brise juste assez forte pour rallier autant le gauchiste Bernie Sanders que d’anciens présidents mainstream à un mouvement qui vise à barrer la route à un électron (un peu trop) libre, plus amer et imprévisible que jamais.
Ou, pour citer Stevie Wonder, qui a ajouté sa voix au concert, contribuer à un « higher ground ». C’est peut-être ça, finalement, qu’on appelle une vision. Cet ingrédient fabuleux qu’on échappe parfois dans un trou noir, qui a permis à Starmania de traverser le temps et qui fait qu’on qualifie aujourd’hui Plamondon et Berger de visionnaires. Vous ne pouviez mieux le dire, Messieurs : « Il se passe quelque chose à Monopolis… »
2024 Le Devoir. Tous droits réservés.
_________________________
De : Sylvio Le Blanc
Envoyé : 28 juillet 2024 12:04
À : Le Devoir (Opinion) <opinion@ledevoir.com>
Objet : Opinion
Montréal, le 28 juillet 2024
Une cérémonie d’ouverture woke
Le directeur artistique derrière la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, Thomas Jolly, a confié avoir été harcelé dans sa jeunesse du fait de son homosexualité : « C’est évidemment violent d’être victime de harcèlement. Mais ce qui a été surprenant, c’est que tout de suite, je me suis dit : « Je ne corresponds pas à ton modèle, mais ce n’est pas pour autant que j’en changerai. En réalité, tu dois faire le chemin pour m’inclure dans ton monde. » » [1]
Il a tout dit. Il nous a enfoncé dans la gorge son monde woke idéal, fait d’hommes féminisés, de femmes masculinisées et d’humains mélangés, multicolores et portant des vêtements unisexes.
Comme il estime vraisemblablement que les minorités ethniques sont aussi harcelées en France, il les a mises à l’honneur. Il commence la cérémonie avec deux Français d’origine maghrébine (Debbouze et Zidane) et la termine avec deux Noirs allumant la flamme olympique. Les minorités en France, l’espace d’une soirée, se sont transmuées en majorité.
Politiquement parlant, la cérémonie de Jolly est un joli pied-de-nez au Rassemblement national et un french kiss à La France insoumise.
Personnellement, cette cérémonie m’a donné la nausée. Les spectateurs de la planète qui l’ont appréciée sont probablement ceux qui se sont endormis devant leur écran en la regardant.
Sylvio Le Blanc
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec