Comprendre la résistance palestinienne – Partie II : de 1967 à 1979

Comprendre la résistance palestinienne – Partie II : de 1967 à 1979

Comprendre la résistance palestinienne – Partie I : de 1967 à 1979

Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R !

Sommaire

– Première étape de l’évolution de l’Organisation de libération de la Palestine

– Septembre noir

– La guerre d’octobre 1973 et le double jeu de Sadate

– Les conséquences de la guerre d’octobre 1973 sur la résistance palestinienne

– Reconnaissance de l’OLP par l’ONU

– L’OLP et la Cisjordanie

– Les accords de paix et la radicalisation d’Israël

*

Ce second article d’une série de « Comprendre » est destiné à tous ceux qui ont lu mon livre Comprendre le conflit israélo-palestinien et qui désirent approfondir leurs connaissances et leur compréhension de ce vaste sujet.

Première étape de l’évolution de l’Organisation de libération de la Palestine

L’OLP, sous la direction d’Ahmed Choukeiry s’est doté d’une « Charte nationale palestinienne » le 2 juin 1964, lors de la réunion du premier Congrès national palestinien à Jérusalem. La première version comporte 29 articles et définit les objectifs et affirme l’appartenance à la « grande nation arabe » constituée avec les autres pays arabes, conformément au panarabisme nassérien.

La charte défend le droit au « peuple arabe de Palestine » d’avoir sa patrie, affirme la transmission héréditaire du caractère palestinien afin d’intégrer les réfugiés :

« Les Palestiniens sont les citoyens arabes qui résidaient habituellement en Palestine jusqu’en 1947, qu’ils en aient été expulsés par la suite ou qu’ils y soient restés. Quiconque est né de père palestinien après cette date en Palestine ou hors de Palestine, est également palestinien. » (article 5)

Elle dénonce le caractère illégale de la création d’Israël, le caractère national du judaïsme et l’imposture de la déclaration Balfour. Toutefois, l’article 6 dit que :

« Les juifs qui résidaient habituellement en Palestine jusqu’au début de l’invasion sioniste seront considérés comme palestiniens. »

La Charte est amendée en juillet 1968 lors d’une réunion du Conseil national au Caire. De nouveaux articles sont inscrits et précisent que chaque Palestinien doit être préparé par son éducation et par l’information à sacrifier ses biens et sa vie pour libérer la Palestine ; l’unité doit l’emporter sur les divisions partisanes afin de se consacrer à la lutte armée qui est la « seule voie menant à la libération » par l’action des commandos, autour d’un mot d’ordre, « unité nationale, mobilisation nationale, libération » [1].
Dans la nouvelle Charte, l’article 12 réduit l’importance de l’unité arabe et insiste sur la nécessité de « sauvegarder l’identité palestinienne ».

La lutte, d’après la Charte, doit permettre « d’éliminer le sionisme » qui est directement lié à l’impérialisme occidental, car Israël est illégal et la déclaration Balfour est nulle et non avenue. L’article 20 précise :

« Le judaïsme, étant une religion, ne saurait constituer une nationalité indépendante. De même, les juifs ne forment pas une nation unique dotée d’une identité propre, mais ils sont citoyens des États auxquels ils appartiennent. Les prétentions fondées sur les liens historiques et religieux des juifs avec la Palestine sont incompatibles avec les faits historiques et avec une juste conception des éléments constitutifs d’un État. »

Le sionisme est définit comme « raciste et fanatique par nature, agressif, expansionniste et colonial dans ses buts, et fascistes par ses méthodes » (article 22) [2].

L’article 19 est fondé sur l’histoire et le droit international :

« Le partage de la Palestine en 1947 et l’établissement de l’État d’Israël sont entièrement illégaux, quel que soit le temps écoulé depuis lors, parce qu’ils sont contraires à la volonté du peuple palestinien et à son droit naturel sur sa patrie et en contradiction avec les principes contenus dans la charte des Nations unies, particulièrement en ce qui concerne le droit à l’autodétermination. »

La Charte est complétée par un projet de Constitution qui mentionne « l’éradication économique, politique, militaire et culturelle sioniste » [3].
Le sionisme niant l’existence du peuple palestinien et de ses droits sur la terre de ses ancêtres, l’OLP prend la position symétrique vis-à-vis du sionisme et le rejette complètement.

Septembre noir

La question palestinienne n’est plus une priorité pour les dirigeants arabes – même si elle demeure importante – tout particulièrement depuis la défaite de 1967, mais la résistance palestinienne reste un levier qu’ils peuvent utiliser contre Israël tout en évitant une confrontation directe.

La faiblesse des pays arabes et leur incapacité à obtenir une victoire contre Israël a radicalisé les organisations de la résistance palestinienne qui ont adopté, en mai 1970, via le Conseil national palestinien, un programme d’action politique et militaire en vue de la libération complète de la Palestine. La résistance palestinienne s’est donné le droit de mener la lutte à partir des pays arabes voisins (Égypte, Syrie, Jordanie, Liban) [4]. C’est ce qui a poussé le roi Hussein de Jordanie à perpétré les massacres de « Septembre noir » en 1970.

Le 12 septembre 1970, un conflit armé oppose l’armée jordanienne aux militants du Fatah. C’est le point d’aboutissement de tensions anciennes, lorsque, dès les années 1960, « les réfugiés palestiniens dans les camps s’organisent pour résister militairement à Israël. Leur nombre atteint 40 000 combattants après la guerre des Six Jours : ils multiplient les opérations en traversant le Jourdain, et en réaction, Tsahal mène des représailles en territoire jordanien » [5].

Cette situation met en péril la stabilité de la Jordanie et la souveraineté du roi. Yasser Arafat va jusqu’à appeler à son renversement. Le FDLP lance le mot d’ordre « tout le pouvoir à la Résistance ».

Pendant l’été 1970, le roi Hussein échappe à plusieurs attentats. Lors du détournement de trois avions civils à Zarka le 6 septembre, le chef du FPLP, Georges Habache, déclare que « le roi Hussein est un dirigeant réactionnaire, chef d’un État réactionnaire et donc un obstacle » [6].

C’est alors que le roi de Jordanie déclenche l’opération Septembre noir contre les résistants palestiniens. Son armée, composée majoritairement de Bédouins, libère les passagers des avions détenus dans un hôtel. Le roi proclame la loi martiale le 16 septembre et le lendemain les bombardements des bases palestiniennes et des camps de réfugiés commencent. Selon la Jordanie, ce massacre aurait fait 2 000 morts, 3 000 selon les Palestiniens.

L’affrontement s’interrompt le 27 septembre par l’accord du Caire, dont l’initiateur est Nasser. Cet accord, en quatorze points, signé par le roi Hussein, Yasser Arafat (OLP) et d’autres dirigeants arabes, prévoit notamment le départ progressif des combattants palestiniens. Un autre accord est signé le 13 octobre 1970 à Amman, mais l’armée jordanienne poursuit l’élimination de la résistance palestinienne sur son territoire jusqu’en juillet 1971, quand les combattants palestiniens sont expulsés vers le Liban.

Au Liban, les combattants palestiniens bénéficient d’un statut particulier. Par les accords secrets du Caire, signé en novembre 1969 et rendus publics en 1970, l’OLP a obtenu l’autorité sur les camps de réfugiés et l’autorisation d’utiliser le Sud-Liban comme base arrière pour mener des actions en Israël.

Le 28 septembre 1970 survient la mort du président Nasser, qui est remplacé par Anouar el-Sadate, son vieux compagnon.

En novembre 1970, arrive au pouvoir en Syrie Hafez el-Assad qui va mettre un terme à « l’instabilité politique du pays et va faire de la Syrie un acteur majeur de la géopolitique arabe » [7]. La Syrie bénéficie d’une aide financière des pays du Golfe qui lui permettra un développement économique et le renforcement de son armée en vue de la prochaine et inévitable guerre avec Israël.

La guerre d’octobre 1973 et le double jeu de Sadate

La guerre opposant Israël d’un côté, l’Égypte et la Syrie de l’autre, était inévitable, l’État hébreu occupant, depuis la guerre des Six Jours, le Sinaï égyptien et le Golan syrien. Cette guerre aura des répercussions énormes sur le Proche-Orient en général et la Palestine en particulier.

Assad et Sadate préparent dans le plus grand secret leur attaque surprise contre Israël pour récupérer le Sinaï et le Golan. Le but de guerre d’Assad est d’obtenir le retrait complet et inconditionnel des Israéliens de « tous les territoires occupés et la restauration des droits des Palestiniens » [8].

Ils lancent leur offensive le 6 octobre 1973 sur les deux fronts à la surprise des Israéliens qui diront par la suite qu’ils en avaient eu connaissance mais qu’ils ne souhaitaient pas mener une attaque préventive et ainsi apparaître comme agresseurs [9].

Les Égyptiens traversent le canal de Suez, détruisent la ligne de défense israélienne (la ligne Bar-Lev) et avancent dans le Sinaï. L’opération égyptienne, baptisée « Badr », est un grand succès. L’état-major égyptien s’attendait à des pertes « de l’ordre de 10 000 tués et 15 000 blessés, le bilan final n’est que de 208 morts » [10]. L’armée syrienne reprend quant à elle les hauteurs du Golan et avance vers le lac de Tibériade.

Le 7 octobre, Sadate divulgue à Kissinger, « et donc aux Israéliens, ses intentions » [11]. Dans une lettre adressée secrètement à Kissinger, Sadate affirme que l’Égypte n’a l’intention « ni d’approfondir l’étendue des affrontements ni d’élargie la zone des combats » [12].

Sadate a déjà probablement en tête l’objectif de négocier avec Israël et de se rapprocher des États-Unis. Il y avait un signe avant-coureur de l’ambiguïté de Sadate : alors qu’il préparait une guerre contre Israël, avec des armes soviétiques, il expulse, en juillet 1972, les conseillers militaires soviétiques [13].

Dans les jours qui suivent, le rapport de force s’équilibre puis bascule en faveur d’Israël – notamment grâce au soutien en armement des États-Unis – qui pénètre en territoire syrien et qui traverse le canal de Suez et encercle la troisième armée égyptienne stationnée à l’est du canal. Et alors que « la Syrie, profitant du soutien des pays arabes et d’un pont aérien soviétique, réorganise ses forces et prépare une contre-offensive sur le Golan, Sadate déclare, dès le 16 octobre, qu’il accepte un cessez-le-feu si Israël s’engage à se retirer de tous les territoires occupés en 1967 » [14].

Les pays arabes exportateurs de pétrole décident, le 17 octobre, d’imposer un embargo sur la livraison aux pays qui soutiennent Israël, à savoir les États-Unis, les Pays-Bas, le Portugal et l’Afrique du Sud. Mais les quantités livrées ne sont réduites que de 5 %. Le pacte de Quincy, qui assure la protection de la tribu des Saoud à la tête de leur royaume en échange du pétrole, est toujours en vigueur et le roi Fayçal ne peut se permettre de le remettre en question.

Le 20 octobre, les Soviétiques et les Américains engagent des négociations autour d’un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU afin d’obtenir un cessez-le-feu. Le 22 octobre 1973, alors que les Israéliens ont repris le contrôlent de tous les territoires occupés en 1967, le Conseil de sécurité adopte la résolution 338 (et 339 le 23 octobre) et demande aux parties au conflit de cesser le feu et de mettre en application la résolution 242 adoptée en 1967 après la guerre des Six Jours. L’Égypte accepte la résolution 338 le 23 octobre et la Syrie le 24 octobre.

Les Israéliens « ignorent la résolution et continuent de renforcer l’encerclement de la troisèmee armée égyptienne, ce qui provoque une menace d’intervention de la part des Soviétiques, et, en réponse à cette menace, une alerte nucléaire américaine » [15].

Le 25 octobre, le Conseil de sécurité décide, par la résolution 340, d’envoyer une « Force d’urgence des Nations unies » pour faire respecter les lignes de cessez-le-feu du 22 octobre 1973 [16]. Le cessez-le-feu est effectif le 25 octobre 1973 à 17 heures.

Les conséquences de la guerre d’octobre 1973 sur la résistance palestinienne

Les Israéliens, les Américains et Sadate sont favorables à un accord de paix. La perspective d’un retrait du Sinaï est acceptable pour les Israéliens. Mais ils ne veulent pas renoncer aux hauteurs du Golan ; une position stratégique à proximité de Damas et des villes israéliennes. L’objectif est d’isoler la Syrie, diviser le monde arabe, affaiblir les Palestiniens après avoir sorti de l’orbite soviétique l’Égypte.

Le basculement égyptien du côté occidental est irrémédiable et il s’officialisera pas à pas. En janvier 1974, l’Égypte et Israël signent un accord de désengagement en préparation de négociations de paix.

En mai 1974, la Syrie et Israël signent un accord de désengagement. Les Israéliens se retirent de la ville de Qunaytra après l’avoir totalement détruite. Une zone démilitarisée sous la surveillance d’une force de l’ONU est créée.

En octobre 1974, au sommet arabe à Rabat, les chefs d’États arabes rejettent tout accord de paix séparé avec Israël et affirment le droit du peuple palestinien au retour, à l’autodétermination, sous la direction de l’OLP qui est reconnue comme « le seule et légitime représentant du peuple palestinien » [17] sur tout territoire libéré. Le roi Hussein est ainsi officiellement dessaisi, au profit de l’OLP, de toute responsabilité sur la Cisjordanie.

Le 13 novembre 1974, Yasser Arafat est reçu à l’Assemblée générale de l’ONU [18], où il appelle à la pacification du conflit. L’OLP est reconnu par l’ONU comme seul représentant du peuple palestinien et a désormais le statut d’observateur. Ce gain politique « ne fait qu’accentuer la division de la résistance palestinienne car les positions d’Arafat sont jugées défaitistes par d’autres mouvements palestiniens » [19].

Le 22 novembre, dans sa résolution 3236, l’Assemblée générale de l’ONU reconnaît aux Palestiniens le droit à l’autodétermination, le droit à l’indépendance et à la souveraineté, le droit au retour.

En 1976, le Conseil de sécurité accueille l’OLP à ses débat « avec les mêmes droits que ceux conférés à un État membre » [20].

Parallèlement, la résolution 3379 de l’ONU (adoptée par 72 voix pour, 35 contre et 32 abstentions) déclare que « le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ». L’Assemblée générale annule en décembre 1991 la résolution 3379 par 111 voix pour contre les 25 voix des États arabes et musulmans. « Le sionisme n’a pourtant pas changé entre les deux dates, c’est la conjoncture politique qui s’est modifiée, mais elle n’a pas remis en cause le statut de l’OLP. » [21]

En septembre 1975, le président égyptien Sadate s’éloigne de la position des pays arabes prise au sommet de Rabat et signe un accord avec Israël stipulant la réouverture du canal de Suez aux navires commerciaux partant d’Israël et y allant. En échange, le Caire obtient un retrait limité d’Israël à l’est du canal et des champs pétroliers du golfe de Suez.

En mai 1977, les sionistes révisionnistes (Likoud) arrivent au pouvoir pour la première fois, et Menahem Begin (ancien chef de l’Irgoun) forme un gouvernement dont il est le Premier ministre. Le Parti national religieux a 12 députés dont plusieurs sont proches du Goush Emounim (le bloc de la foi).

Le 19 novembre 1977, Sadate fait une visite officielle à Jérusalem. Dans son discours devant la Knesset – et à côté du président du Parlement israélien, Yitzhak Shamir (ancien chef du groupe Stern) –, le président égyptien tend la main aux Israéliens :

« Je suis venu à vous aujourd’hui sur deux pieds assurés, afin que nous puissions construire une vie nouvelle, afin que nous puissions établir la paix pour nous tous sur cette terre, la terre de Dieu – nous tous, musulmans, chrétiens et juifs, de la même façon – et afin que nous puissions adorer Dieu, un dieu dont les enseignements et les commandements sont l’amour, la rectitude, la pureté et la paix. […] Je vous dis en vérité, que la paix ne sera réelle que si elle est fondée sur la justice et non sur l’occupation des terres d’autrui. […] Je vous dis : vous devez abandonner une fois pour toutes vos rêves de conquêtes. Vous devez abandonner aussi la croyance que la force est la meilleure façon de traiter avec les Arabes. Vous devez comprendre les leçons de l’affrontement entre vous et nous. » [22]

Le 17 septembre 1978 à Camp David, Sadate et Begin signent, sous l’égide du président américain Jimmy Carter, le premier volet d’un accord de paix (Camp David I) qui prévoit le retrait israélien du Sinaï et une autonomie administrative pour les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza avec un gel de la colonisation juive de ces territoires. Mais Israël reprend aussitôt la colonisation des territoires occupés dans un contexte de guerre froide entre l’Égypte et les autres États arabes.

Le 26 mars 1979, Sadate et Begin sont réunis par Carter à la Maison-Blanche pour signer le traité de paix définitif (Camp David II). L’accord prévoit le retrait total de l’armée israélienne du Sinaï pendant trois ans, la normalisation des relations entre les deux pays et la liberté de navigation d’Israël sur le canal de Suez.

Yasser Arafat accuse Sadate d’avoir « vendu la Palestine et les droits nationaux du peuple palestinien pour une poignée de sable du Sinaï » [23].

Reconnaissance de l’OLP par l’ONU

Après la guerre d’octobre 1973, la résistance palestinienne perd le soutien important de l’Égypte qui est intégrée au camp occidental.

Les effets sont quasi immédiats, et la normalisation de l’OLP se met en marche, étape après étape, dès 1974. La reconnaissance de l’OLP, par l’ONU (à Genève), comme seul représentant du peuple palestinien, est une première étape de sa normalisation.

Georges Habache forme un front du refus à toute participation palestinienne à la conférence de Genève et à la constitution d’un gouvernement palestinien en exil. Habache a le soutient de l’Irak où il est reçu avec les plus grands honneurs. Il rallie à lui le « petit Front de libération arabe, d’obédience irakienne, et surtout le FPLP-CG de Jibril, qui exceptionnellement prend ses distances avec la Syrie. Sadate pousse au contraire Arafat à entrer dans le processus de négociation » [24].

En réunion au Caire du 1er au 9 juin 1974, le Comité national palestinien adopte un nouveau programme qui stipule que la lutte se poursuit « notamment par la lutte armée » et « par tous les moyens », afin de créer une autorité nationale indépendante « sur toute partie du territoire palestinien qui sera libéré » et non plus sur toute la Palestine [25].

Un projet de résolution du Conseil de sécurité, en janvier 1976, affirmant le droit du peuple palestinien à créer un État, est bloqué par le veto des États-Unis. Parallèlement, les Israéliens intensifient la colonisation des territoires occupés.

Le programme du nouveau gouvernement (de Golda Meir, formé le 9 mars 1974) de coalition israélien, composé notamment de Moshe Dayan, Shimon Peres et du Parti national religieux, comprend la paix avec les voisins arabes, mais un refus définitif de revenir aux lignes du 4 juin 1967. Jérusalem est la « capitale éternelle » de l’État d’Israël, et « la création de colonies de peuplement « dans le pays », c’est-à-dire en Eretz Israël dans sa totalité, sera poursuivie. Il n’est pas question de négocier avec des « terroristes » et d’admettre la constitution d’un État palestinien… Eban, qui reste ministre des Affaires étrangères, justifie les revendications territoriales israéliennes par les besoins de la sécurité de l’État juif » [26].

Yitzhak Rabin (travailliste) succède à Golda Meir le 2 juin 1974, mais la politique de colonisation se poursuit.

L’OLP et la Cisjordanie

À la fin des années 1960, l’ONU reconnaît les mouvements de libération nationale en leur accordant le statut de « représentants uniques et authentiques » de leurs peuples. En novembre 1973 à Alger, la Conférence des chefs d’États arabes reconnaît l’OLP comme seul représentant légitime du peuple palestinien. Le 28 octobre 1974, le sommet de la Ligue arabe reconnaît l’OLP comme seul représentant du peuple palestinien, déniant à la Jordanie sa souveraineté sur la Cisjordanie.

Historiquement, le Fatah et les autres organisations de l’OLP ont d’abord mobilisé essentiellement des Palestiniens vivant en dehors de Palestine, et peu de Palestiniens de l’intérieur. Lorsque, quelques semaines après la guerre des Six Jours, Yasser Arafat entre clandestinement en Cisjordanie pour y développer le Fatah et mener des opérations armée, les « Palestiniens de l’intérieur s’engagent peu » [27].

En 1972, un « Front national jordano-palestinien » est créé à l’initiative du Parti communiste et en accord avec l’OLP pour organiser la résistance politique intérieure dans les territoires occupés. Sous l’impulsion du « Front national jordano-palestinien », en 1976, les municipalités cisjordaniennes élues sur des options nationales constituent le Comité d’orientation national qui se présente comme « une résistance à l’occupation militaire, à la colonisation, et revendique le droit à l’autodétermination. En rétorsion, le gouvernement israélien dissout les conseils municipaux et ajourne les élections. Le Front est actif jusqu’en 1977, lorsqu’il est dissous par l’OLP qui craint une concurrence. Par la suite, le Fatah freine les nouvelles initiatives d’organisations en Cisjordanie et tente de contrôler les manifestations nationales » [28].

Durant les négociations entre l’Égypte de Sadate et Israël, « les organisations populaires des territoires occupés » se réunissent à Beit Hanina, dans la banlieue de Jérusalem, le 1er octobre 1978. À cette occasion, la mobilisation réunit un large éventail d’organisations : des unions professionnelles, le président de la Cour islamique, des prêtres chrétiens, des maires de villes et villages, des sociétés de secours mutuel, des clubs et des associations qui groupent les universitaires, des syndicalistes signent un texte commun condamnant le traité de paix négocié à Camp David. Les étudiants de Ramallah signent le texte quelques jours plus tard.
L’OLP n’y participe pas, mais le 13 novembre 1978 elle transmet les déclarations signées à l’ambassadeur irakien auprès de l’ONU qui les transmet à son tour au secrétaire général de l’ONU et demande une inscription de la question palestinienne à l’ordre du jour de l’Assemblée générale. « S’opère progressivement une répartition des tâches entre Palestiniens de l’intérieur et Palestiniens de l’extérieur pour agir à tous les échelons, mobilisations locales et internationales. » [29]

Les accords de paix et la radicalisation d’Israël

Les accord de paix avec l’Égypte sont menés par un gouvernement israélien likoudnik. Menahem Begin (Premier ministre du 21 juin 1977 au 10 octobre 1983), ancien chef de l’Irgoun, est un radical intransigeant. Pour les Israéliens, la paix est synonyme de soumission, et cette soumission devient un acquis qui n’implique aucune concession israélienne. Au contraire.

Menahem Begin, à peine arrivé au pouvoir, « multiplie les signes forts en se rendant immédiatement à la colonie d’Eilon More, à proximité de Naplouse, considérée jusque-là comme illégale. Il annonce qu’il y aura de nombreux Eilon More sur la terre d’Israël libérée. Il fait interdire dans l’usage de l’administration et des médias officiels les termes comme Cisjordanie, remplacé par Judée-Samarie, et celui de Palestiniens, définis comme « les Arabes de la terre d’Israël » (donc étrangers). Il déclare à la presse internationale qu’Israël n’a pas à annexer ce qui lui appartient de droit. Il peut envisager des concessions sur le Golan et le Sinaï, mais non sur la terre d’Israël » [30].

L’une des premières décisions du gouvernement de Begin est de bombarder la ville importante du Liban-Sud, Nabatiyé à la fin juin 1977, faisant plusieurs dizaines de milliers de réfugiés.

Ayant neutralisé la gênante Égypte qui représentait une menace militaire et un soutien de premier ordre à la résistance palestinienne, Israël annexe en juillet 1980 Jérusalem-Est, et Jérusalem est déclarée « capitale éternelle du peuple juif ».

En décembre 1981, Israël annexe le Golan syrien. Le Conseil de sécurité adopte une résolution qui considère la décision israélienne nulle et non avenue. « Cette résolution, comme tant d’autres, sera ignorée par les Israéliens. » [31]

Youssef Hindi

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À propos de l'auteur Égalité et Réconciliation

« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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