RapSit-USA2024 : Que faire du soldat Trump ?
• Un coup d’œil, – ou un clin d’œil ? – sur des prévisions envisageables en cas de victoire de Donald Trump, qui reste l’hypothèse favorite depuis Butler, Pennsylvanie, et avant l’entrée en piste de Kamala ex-Biden, sans doute ce week-end. • Il s’agit des élections présidentielles les plus bouffes de l’histoire des USA. • Certains disent que Trump sera un “président de la paix” et un nouveau McKinley, président favori de Trump, de 1897 jusqu’en 1901 (assassiné). • D’autres pensent que l’État-profond s’en satisfera (de Trump).
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Aborder la question de la description, de la signification, des implications et des effets de l’attentat de Butler, Pennsylvanie, est une tâche impossible. Jamais, ô grand-jamais, un événement d’une telles extraordinaires importance et puissance, s’est trouvé aussitôt interprété , désossé, découpé en tranches, truffé d’aussi multiples appréciations, objet d’autant d’hypothèses complotistes et “flaseflagistes” . C’est dire que la question esquissée ci-dessus ne trouvera pas de réponse, ni dans l’immédiat ni dans l’avenir, et d’ailleurs sans qu’il faille nécessairement s’en désoler. L’attitude de l’inconnaissance que nous prônons et proposons est justement là pour éviter le trouble et le désarroi de telles impasses, sans risquer de provoquer hystérie de l’âme et fièvre de la psychologie.
Il reste ce qui est, ce qui existe bel et bien : la perception d’une tentative d’assassinat ratée de justesse, et héroïquement ratée dans le chef de la cible visée. Quels que soit les arrangements avec le réel, les manigances, les fabrications, peu nous importe dès lors que la perception existe, authentifiée par une photographie entrée dans la mythologie en quelques heures et devenue image-sainte d’une sorte de miracle qui bouleverse le courant de la politique.
Pour nous en tenir aux événements courants, il en résulte que le héros de l’aventure est désormais perçu, – toujours cette perception qui nous dispense de parler de la vérité, – comme le prochain président, simplement parce qu’il ne peut en être autrement (cela ne garantit nullement son élection mais nous parlons de “perception” et du “temps courant”). On ne parle quasiment plus du pauvre Joe et de ses gaffes qui font bouffe, ni de savoir s’il doit être remplacé et par qui.
C’est à cette lumière de l’humilité de la compréhension et de l’audace de la vision aux termes longs et aux principes affirmés que nous attachons de l’intérêt, notamment, à cet article de ‘SpunikNews’, à partir de l’émission ‘The Final Countdown’, où l’animateur et présentateur Ted Rall reçoit et interroge notamment le commentateur Ryan Cristian (texte de John Miles rendant compte de l’émission). Il s’agit d’examiner (en gros) la question :
« Donald Trump est-il le dernier espoir des élites pour sauver un empire américain moribond ?
» Alors que Biden s'efforce de projeter la puissance US, l'ancien président promet de tirer parti de la puissance impériale sous sa forme la plus crue. »
Une passion pour McKinley
C’est une thèse, et il faut la confronter avec les premiers échos d’un programme trumpiste qu’on trouve le 17 Juillet, dans une interview de Trump par Bloomberg gardée en réserve depuis le 25 juin. Alexander Mercouris s’est longuement arrêté à cette intervention dans deux programmes de ‘TheDuran’ hier, son propre programme et un duo avec Christoforou. Il faut insister sur ce fait que Mercouris, homme rationnel et supérieurement mesuré qu’on croirait être à l’inverse de l’exubérance vulgaire et narcissique de Trump, ne tarit pas d’éloge sur cette interview de Trump, et sur la forme et sur le fond.
« En réalité, cette interview c’est le programme de Trump. J’ai trouvé que c’était l’interview la plus intéressante d’un candidat à la présidence des États-Unis, remontant aussi loin que je me souvienne… »
Une des surprises dans la forme est que Trump prend appui sur une référence historique précise pour exposer ses intentions, ce qui lui donne un aspect érudit et structuré assez inhabituel. Sa référence, c’est le président McKinley, dernier président US du XIXème siècle (années 1890), un homme qui fit tout pour favoriser le développement d’une base industrielle US, franchement protectionniste pour favoriser ce développement interne, tourné vers les problèmes intérieurs et très rétifs aux aventures extérieures, – et qui plus est, comme signe assez lugubre du destin, qui termina son deuxième mandat commencé en mars 1901, assassiné en septembre 1901.
C’est sous sa présidence qu’eurent lieu les guerres hispano-américanistes, pour Cuba puis indirectement pour les Philippines, mais il désapprouvait ces politiques et n’y céda qu’à cause du “parti de l’expansion impériale” mené par son dernier vice-président Theodore Roosevelt, dont il avait besoin du soutien pour d’importantes réformes intérieures.
Effectivement, ce sont ces grandes tendances qu’on retrouve dans le programme de Trump : un protectionnisme réaffirmé, qui ne s’applique pas à des partenaires (ou des adversaires) précis mais qui devient une règle générale pour les USA ; un protectionnisme qui devient une posture économique générale des USA, idée complètement propre aux “American Firsters”. D’autre part, – et ceci complétant cela, – un refus des aventures extérieures, notamment l’Ukraine bien entendu, mais également la Chine dont on disait pourtant qu’elle serait une cible des pressions, y compris militaires, d’une présidence éventuelle Trump-II.
« Il ne veut pas entrer en guerre avec la Chine à propos de Taiwan. […]
» Il est très sceptique concernant l’engagement US à Taiwan. Il considère que Taiwan est un pays très riche, et il est sceptique sur le choix du soutien que lui apportent les USA pour sa défense… Et il considère que Taiwan est si loin des USA et très proche de la Chine, c’est une situation où les USA n’ont guère de chance d’être les vainqueurs et qui, d’autre part, ne les concerne pas….
» Cela surprendra plus d’un de ses soutiens… Sa conception est complètement différente de l’actuelle politique, qui dit que les USA défendront Taïwan contre l’agression chinoise...
» J’ai trouvé ses propos sur la Chine extrêmement intéressants. Il parle de ses relations personnelles avec Xi, dont il dit qu’elles sont très amicales. Son jugement général sur la Chine n’est pas du tout agressif, et essentiel économique… »
Il faut signaler que, dans les mêmes programmes, Mercouris et Christoforou signalent avec force que le vice-président J.D. Vance, dont le poids et l’orientation politiques vont compter dans le développement d’une éventuelle présidence Trump-II, est sur la même ligne que Trump sur la Chine (il l’a dit dans son discours à la Convention). On disait pourtant Vance partisan d’une politique de pression militaire contre la Chine ; eh bien l’on se trompait peut-être, et puis les paroles, dans Washington D.C., volent mais n’engagent personne…
L’inconnue israélo-palestinienne
Dans le registre des interventions à l’étranger en cours, que Trump et son VP semblent donc prêts à modérer sinon à abandonner, un sujet fait exception : la crise israélo-palestinienne. Voici ce que le duo Rall-Cristian dit de JD Vance, selon une ligne où Trump se montre plus discret mais a montré par tous ses actes, jusqu’ici, qu’elle était proche jusqu’à l’identique de celle de Vance :
« “JD Vance est un exemple de quelqu'un qui apaise les Never Trumpers”, a affirmé Rall, faisant référence au colistier de l'ancien président en matière de capital-risque. “Il est aussi agressivement pro-israélien, vous savez, et je pense que c'est quelque chose que nous devons prendre en considération. Je sais que beaucoup de gens ne veulent pas entendre ça. Ils ne veulent pas croire que cela puisse être le cas”.
» Bien qu’il se soit forgé une identité similaire à celle de Trump en tant que sceptique quant à l’intervention militaire américaine à l’étranger, Vance en tant que sioniste chrétien véhément, affirma un jour que sa foi religieuse l’obligeait à soutenir le gouvernement israélien. “L’idée selon laquelle il y aura un jour une politique étrangère américaine qui ne se souciera pas beaucoup de cette partie du monde est absurde”, a-t-il déclaré un jour dans un discours au Quincy Institute. »
C’est un point important, qui tempère (un peu) l’enthousiasme que des anti-interventionnistes pourraient avoir pour le programme de Trump. Mais surtout, il présente un risque pour une possible administration Trump-II, à cause de la position inconditionnelle de soutien à Israël des deux hommes : soutenir Israël, certes, mais quel Israël ? Celui de Netanyahou de plus en plus isolé dans son pays avec ses alliés hyper-extrémistes, et qui n’hésiterait pas à s’engager dans une guerre élargie où Israël en tant que chose existentielle risquerait le pire ? Celui de l’armée, confrontée à des semi-échecs qui constituent de graves humiliations pour elle, et de plus en plus portée à contester le pouvoir civil ? Celui d’une bonne partie de la population, excédée par la semi-dictature cde Netanyahou ?
En raison de la passion et de la corruption, – drôle de mélange ! – qui caractérisent les positions extrêmes des américanistes pro-israéliens, le conflit israélo-palestinien est la crise extérieure qui présente le plus de risques pour les USA, qui ne disposent pas dans ce cas du bouclier d’un proxy qui permet d’impliquer des États-vassaux sans trop risquer soi-même. L’enthousiasme pro-israélien de Trump a pu être bien mesuré lors de l’administration Trump-I, mais la situation générale était bien moins grave, tant en Israël et autour, qu’aux États-Unis même. Et donc et pour boucler la boucle, comme on le voit ce n’est pas Vance qui modèrera Trump.
Tenez, voici ce que nous promet Kevin Barrett à cet égard, le “conspirationniste” qui supplie ses lecteurs de lui prouver qu’il a tort :
« Avec un démocrate à la Maison Blanche, Netanyahou n'a aucun espoir de “finir le boulot” de génocide de la Palestine. Le massacre de quelques millions de Palestiniens et l'expulsion de millions d'autres ne pourraient avoir lieu que dans le “brouillard de la guerre” d'une confrontation totale entre les États-Unis et Israël et l'Axe de la Résistance. Et c'est ce à quoi Netanyahou a consacré toute sa carrière politique. Il n'y parviendra pas sans une autre présidence Trump. »
Après tout, pourquoi pas Trump ?
Plein d’enthousiasme quoiqu’en désaccord avec ce que l’on comprend, avec Mercouris, de l’interview-Bloomberg de Trump, Kevin Barrett nous informe également qu’il n’y a finalement pas de meilleur candidat que Trump pour “leur” guerre, – d’où le ratage hollywoodien de Butler, Pennsylvanie, – sans doute, non ? Décidément, c’est la patate…
« Si l'État profond veut réduire ses pertes et déplacer le front de la guerre de la Russie vers la Chine et/ou l'Iran, Trump est l'homme de la situation. Trump est entouré de fanatiques qui, comme Steve Bannon, bientôt gracié, croient que le destin des États-Unis est de vaincre la Chine dans une guerre chaude. Et il est encore plus entouré de fanatiques encore plus fous qui veulent faire exploser le monde en général, et l'Iran et ses alliés en particulier, au nom de l'aile la plus folle du projet de génocide sioniste. »
Cette idée rencontre, en termes plus apaisés certes, nos deux interlocuteurs Rall et Cristian. Ceux-ci croient que, dans les circonstances appropriées, – une bonne vieille guerre, donc, – les démocrates qui haïssent Trump en une simple querelle de personnes, rengaineront leur haine et s’aligneront pour l’offensive finale. D’ailleurs, eux aussi, sans doute, sont-ils sensibles à l’imagerie “Iwo-Jima 2.0” de la fameuse photo avec les acteurs du dernier blockbuster de Butler, Pennsylvanie :
« “Je pense que Trump est la solution, pour la direction de l’empire”, a suggéré Cristian. “Quelle que soit la force motrice, – sauf celle des démocrates contre les républicains, – Trump est en quelque sorte un choix pour ce qui se passera ensuite. C'est pourquoi ce serait cela à quoi nous aboutirons. C’est un grand point de bascule.”
» “C’est un système corrompu… Je serai clair. Je pense que c’est une question d’individus. Je pense que Pelosi, par exemple, déteste Donald Trump. Je pense que c’est très clair. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne seront pas poussés à accepter en commun des décisions plus fondamentales par le biais du lobbying et d’autres intérêts lorsqu’il s’agit de choses réelles comme la guerre, n’est-ce pas? »
Nos remarquables contradictions
On n’a pas été sans remarquer, dans ces divers propos et citations, des lignes de raisonnement qui non seulement divergent, mais purement et simplement, semblent se contredire. Alors quoi ? Nous pourrions répondre : rien de nouveau dans ce monde en folie, sauf que cette fois nous allons au cœur du cœur du plus dur.
Ces divergences & contradictions nous disent que Trump, s’il est un saltimbanques et un homme chanceux à l’oreille cassée, comme Tintin lui-même, n’est pas pour autant un Messie qui apaise la colère des hommes en distribuant de justes semonces et des “deals” qui satisfont toutes les parties et les dieux eux-mêmes. (Son livre favori ? ‘The Art of the Deal’, par Donald J. Trump.)
Certains des arguments contradicteurs ont de la peine à tenir, comme celui qui fait de la haine entre démocrates et républicains-trumpistes une simple saute d’humeur de personnages intempestifs. Cela n’a rien pour nous surprendre, comme non plus le nombre anormalement élevé de complots et de ‘falseflags’ exhumés pour enluminer le rodéo de Barnet, Pennsylvanie. Nous sommes alors conduit à conclure que rien, absolument rien n’est conclu, même pas la présence de “Joe Biden” dont nous devrions être privé dès ce week-end selon la rumeur, remplacé par la sémillante Kamala.
Tout cela, on en convient aussitôt, n’a finalement qu’une importance relative puisque ces choses se placent dans le flux du colossal tsunami qui bouleverse aujourd’hui l’exceptionnelle nation ; un tsunami d’une impériale exceptionnalité que personne ni aucun ‘deal’ ne peut apaiser, et où l’élection de novembre 2024 tient sa place sans disposer pour autant des clefs de l’énigme, comme une étape de plus dans la tempête qui ira jusqu’au bout du bout…
Mis en ligne le 19 juillet 2024 à 15H40
Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org