Un bloc bourgeois durablement déstabilisé, une union de la gauche sans dynamique populaire — Michel MARTI

 Voici comment a varié (2ème tour par rapport au 1er) le corps électoral des principales coalitions de partis, en nombre de voix :
RN : – 634833
LFP : – 1 990 207
Macron : + 111 899
LR : – 681 516
Abst+blancs+nuls : + 2 782 542.
En détaillant seulement blancs et nuls : 1er tour : 850 711 2ème tour : 1 588 046 soit + 737 335

On constate qu’entre le 1er et le 2ème tour, les reports de voix à double sens, gauche-Macron, ont très peu influé sur le score Macron qui gagne peu, par contre on constate bien une explosion abstentionniste. Signe que l’électorat du NFP a refusé en majorité à rejoindre Macron. Le grand perdant de cette stratégie en nombre de sièges cette fois a été LFI qui garde le même nombre de sièges (72) quand tous les autres groupes progressent sauf le PCF : PS : + 40, Ecolos :+10 , PCF : – 3 . A noter que LFI a opté pour le plus de désistements au sein du NFP : retrait de plus d‘une centaine de circos.

Pour le bloc bourgeois en déconfiture, l’inversion du rapport de force de LFI dans la coalition va être prise en compte : les 72 LFI sur 131 Nupes sont passés à 72 LFI sur 178 NFP.

En face, nous n’avons malheureusement pas grand-chose : la fracture sociale qui divise le pays entre électorat RN et NFP ne semble pas prête à se colmater. Et la participation du NFP, LFI comprise, à l’entreprise de renflouement non seulement du PS, mais surtout des macronistes va rester dans la mémoire des électeurs RN.

Le casse tête n’est pas seulement le lot d’un pays sans majorité pour gouverner. Il est aussi celui de l’Union Européenne et de l’Otan.

A lire les gros titres des journaux, ils veulent faire croire, et s’intoxiquent eux-mêmes (comme d’hab), que c’est un Front Républicain qui a gagné, à savoir une coalition centre-gauche (PS, les verts, Macron) qui se dessine. Rien n’est moins sûr : du RN à NFP, personne ne veut prendre spontanément la place du mort dans le tacot Macron.

Le groupe Macron est d’ailleurs le premier à ne pas vouloir de Macron. (Veran sur TF1 : « je n’ai pas voulu de cette dissolution »).

Le PS serait bien tenté mais trahir ouvertement serait carrément suicidaire.

Or, le capital financier qui domine le système neo libéral avait jusqu’ici un représentant naturel en la personne de Macron. Celui-ci gérant la fonction dévolue en mode extrême droite. En s’adossant idéologiquement au RN qui se nourrissait en retour au sein macroniste. Le bébé a profité, passant en 25 ans de 700 000 voix dites protestataires à 10 millions de voix quasiment stabilisés !

Sauf que maintenant ce parti fait peur à un bloc bourgeois fragilisé : sans boussole, sans expérience, sa base sociale populaire à laquelle le RN devra des comptes dès son accession au pouvoir est redoutée.

Dès lors, il est certain que l’Union Européenne, tenant compte de l’endettement de la France, du rôle croupion mais quand même central qu’elle joue internationalement (financement de la guerre en Ukraine alors que l’OTAN patauge sur le terrain), ne peut pas rester passive face à la paralysie politique du pays.

D’autant que les nuages noirs s’accumulent de partout : Biden est en bien plus mauvaise posture que Macron : sa sénilité est maintenant de notoriété publique dans son pays !

Aussi faut-il s’attendre à des pressions énormes pour débloquer coûte que coûte la situation et permettre au bloc bourgeois de retrouver une quelconque assise.

Là, toutes les hypothèses possibles et imaginables sont ouvertes : un gouvernement « technique » UE comme en Grèce ou en Italie, un retournement désespéré d’un PS sous pression.

Ce qu’il y a d’à peu près certain, c’est que toutes les mesures du pg NFP seront d’abord passées au crible de l’UE. En commençant par la retraite à 60 ans qui peut se négocier en versions diverses ( 60 ans mais à taux minimum avec rattrapage progressif étalé à 62 ans ou plus etc.).

Mais tous ces palliatifs passeront difficilement : c’est là qu’on peut, peut-être, entrevoir une montée populaire contre l’UE et la main mise américaine sur l’Europe.

A nous de nous y préparer.

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

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