Par Alexandre Gerbi
Lors de cette campagne des législatives, le risque de guerre civile agité par Macron fut la cerise sur le gâteau. Mais on aurait tort d’oublier le gâteau lui-même. A savoir l’hallucinante propagande anti-RN déployée pendant trois semaines. Ce n’était pas une campagne : c’était un bourrage de crâne avec pistolet présidentiel braqué sur la tempe. Question : combien d’électeurs ont plié sous la menace ? Combien sont tombés dans le panneau ? Combien de points les villageois massacrés d’Oradour-sur-Glane ont-ils coûté au RN le 30 juin 2024 ? On ne le saura jamais. Reste à évaluer « grandeur nature », le 7 juillet, l’effet qu’auront sur le même RN ces torrents de crachats qui, n’en doutons pas, vont continuer de pleuvoir. A moins que lesdits crachats passent au-dessus de la tête des Français pour revenir caresser le visage de leurs auteurs. Description parmi les objets volants d’une élection déjà en partie volée. Mais peut-être encore gagnable. Malgré le mensonge triomphant…
Il fallait être solide pour voter RN le 30 juin. Avec la propagande qu’on s’est tapée pendant trois semaines, une certaine force de caractère était requise au moment de mettre le bulletin dans l’urne. Pas simple de donner sa voix au racisme et au fascisme ressuscité, arrosés de sauce nazie avec des rasades de Vichy. Le tout rabâché 24h sur 24, ad nauseam, par les médias aux ordres. Mais, ma bonne dame, puisqu’on vous dit que c’est pour la bonne cause !
Au vrai, l’opération a plutôt bien fonctionné. Partant d’un socle de 31 % aux Européennes, renforcé par LR-Ciotti (3 à 4%), bénéficiant de la quasi disparition de Reconquête (5 %), le RN était crédité logiquement de 36 à 38 % dans les sondages. Il a terminé à 33 %. Décevante victoire.
Certes, la mobilisation de la gauche cabrée et des macronistes apeurés peut expliquer en partie la contre-performance du parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella, que n’a pas compensée la mobilisation de leurs propres électeurs. Mais cette mobilisation, et cette non-mobilisation, sont elles-mêmes tributaires de la propagande précédemment évoquée. Notamment des procès en racisme et en fascisme.
« Vous êtes la jeunesse de la nation ! »
L’accusation de racisme, si elle n’était pas odieuse, serait amusante venant d’un Système qui, au début des années 1960, largua l’Algérie et l’Afrique pour éviter que la France ne soit « bougnoulisée », selon l’élégante expression in petto de l’irréprochable De Gaulle. Lequel viola la Constitution dans tous les sens, excusez du peu (voir par exemple l’effarante Loi 60-525). Avec la complicité d’à peu près tout le monde, communistes compris. Même Maurice Thorez ne parvenait pas à voir son frère, ni un électeur français valable, dans le docker de Dakar. Le reste du personnel politique de la IVe République, à de rares exceptions près, non plus…
En ces temps ancien dont presque aucun électeur ne se souvient, Jean-Marie Le Pen était jeune député. Il déclara à la tribune de l’Assemblée nationale, le 29 janvier 1958 :
« J’affirme que, dans la religion musulmane, rien ne s’oppose au point de vue moral à faire du croyant ou du pratiquant musulman un citoyen français complet. Bien au contraire, sur l’essentiel, ses préceptes sont les mêmes que ceux de la religion chrétienne, fondement de la civilisation occidentale. D’autre part, je ne crois pas qu’il existe plus de race algérienne que de race française. Je conclus : offrons aux musulmans d’Algérie l’entrée et l’intégration dans une France dynamique. Au lieu de leur dire, comme nous le faisons maintenant : « Vous nous coûtez très cher, vous êtes un fardeau », disons-leur : « Nous avons besoin de vous, vous êtes la jeunesse de la nation ! » »
En ce temps-là l’Algérie était une partie de la France, et Jean-Marie Le Pen comptait parmi les exceptions évoquées plus haut.
Le Pen défendait l’Algérie française, c’est-à-dire l’Algérie de l’Intégration, de l’égalité politique et sociale, de la citoyenneté pleine et entière pour tous les Arabo-Berbères. Quelques mois plus tard, la Révolution de 58 (effacée des mémoires dans notre beau pays de vérité) accomplit cette égalité, dans le sillage des préconisations de Jacques Soustelle, Claude Lévi-Strauss, Germaine Tillion et de l’avant-garde de l’école anthropologique française (également effacée).
Cette intégration égalitaire et fraternelle, qui fait rire à peu près tout le monde aujourd’hui (en particulier les plus prompts à fustiger le racisme…), cette intégration fraternelle, le personnel politique de la IVe République, ancêtre de notre personnel politique actuel, refusait de l’accorder aux Algériens, et encore moins aux Noirs africains.
Oui, vous avez bien lu : les glorieux ancêtres politiques de Macron, Hollande ou Sarkozy qui fustigent comme à plaisir le RN, toisaient de leur morgues les Arabes, les Noirs et les Jaunes, et refusaient, à de rares exceptions près dont Jean-Marie Le Pen, de leur accorder les mêmes droits qu’aux Français de métropole.
On comprend que nos médias, nos intellectuels et nos politiques préfèrent oublier ces temps reculés…
Avalanches de contrevérités
Ce n’est qu’un exemple. A vrai dire, pour qui connaît l’histoire autrement qu’à travers des clichés simplistes, souvent erronés, et des slogans spécieux, le narratif qui sert à diaboliser le RN repose sur beaucoup de mensonges et d’idées reçues, aussi fallacieuses que présentées comme des vérités premières.
Ainsi, au rebours de ce que prétend la gauche, la première résistance à l’envahisseur allemand en 1940 recruta beaucoup de ses membres à l’extrême droite. De Gaulle, lui même de filiation nationaliste, s’en plaignait.
Sous l’Occupation nazie, la gauche fournit aux milieux collaborationnistes certaines de ses figures les plus fanatiques ou caricaturales. A ce sujet, voir notamment les travaux de Simon Epstein.
Quant à Pétain et Laval, ni l’un ni l’autre n’étaient d’extrême-droite.
Enfin, mais cette liste de réalités historiques inversées est loin d’être exhaustive, quinze ans plus tard, pendant l’affaire d’Algérie, l’OAS était une partisane radicale de l’octroi de l’égalité pleine et entière, politique et sociale, aux populations arabo-berbères qui peuplaient les départements algériens (Touaregs du Sahara compris). La même OAS proscrivait radicalement et sévèrement le racisme. Au reste, le « quarteron de généraux en retraite » du putsch d’Alger de 1961 étaient tous de solides républicains. Pourtant, l’OAS est régulièrement citée de nos jours par nos belles âmes de gauche, notamment les ténors de LFI, comme une organisation d’essence fasciste et raciste (ce qui est rigoureusement faux), et par conséquent comme l’une des pires ignominie de l’histoire du RN. Bien que le FN n’existait pas à l’époque de l’OAS. Vous me direz, à l’époque de Vichy et d’Hitler non plus…
Tartuffe les bonnes affaires
La réalité, c’est que si l’on réservait le même traitement historiographique à la gauche, il apparaîtrait que ceux qui s’en réclament ne sont absolument pas en position de donner des leçons de morale à la droite, ni même à la droite nationaliste.
En matière de racisme, de collaborationnisme, de piétinement des droits de l’homme, de ravages humains à grande échelle, de violation de la démocratie ou de haute trahison, la gauche n’est pas une oie blanche. L’extrême gauche en particulier, qui domine avec Mélenchon le bloc de gauche, n’est pas vraiment la mieux placée pour donner des leçons en humanité à l’extrême-droite. Si tant est que le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella puisse encore être classé à l’extrême droite, ce que les intéressés contestent formellement. Sans d’ailleurs que leurs adversaires, quand on les interroge directement sur le sujet, sachent toujours très bien étayer leur thèse…
Devant tant de tartufferie, au regard de l’histoire réelle et non pas fantasmée du XXe siècle, celle qui vit des torrents de sang de centaines de milllions d’innocents broyés sur l’autel d’idéologies de gauche comme de droite, plus monstrueuses et criminelles les unes que les autres, il est sidérant et même à vrai dire assez révoltant, que cette comédie grotesque de la diabolisation du seul RN, au profit de gens qui ne sont pas plus purs, décide une nouvelle fois du sort des élections et de la conduite du pays.
Si les Français étaient bien informés, ou s’ils n’étaient pas abreuvés de caricatures, de fables et de légendes pseudo-historiques, la plupart d’entre eux réaliseraient que le RN, Marine Le Pen et Jordan Bardella ne sont pas plus racistes, pas plus nazis que le reste de la classe politique. Et que vous et moi. Et qu’ils ne sont pas un danger spécialement plus grand pour la démocratie et la république que Macron, Hollande ou Mélenchon.
Et dès lors, beaucoup d’entre ces Français donneraient volontiers leur voix au Rassemblement National. C’est-à-dire au seul parti qui permette d’espérer que le pays sorte de l’affreuse politique de destruction que conduit Macron avec beaucoup de complicités, en France comme à l’étranger, dans le prolongement des trahisons antérieures.
NFP : Faux tremplin mélenchonien, vrai cheval de Troie socialo-macroniste
C’est une évidence : le RN est le seul parti qui ne se soit jamais compromis avec le Système. Le Système le combat d’ailleurs de façon évidente et acharnée. Face au RN, un mur se déploie en permanence et au coup par coup, pour chaque fois l’empêcher d’accéder au pouvoir. L’entourloupe fonctionne sans anicroche depuis au moins un quart de siècle.
De manière tout aussi évidente et acharnée, le même Système a soutenu éhontément Macron en 2017 et en 2022. Comme il le soutient toujours, à travers le Nouveau Front Populaire (NFP).
Habilement, cette coalition de gauche n’hésitant pas à reprendre un nom ancien, datant justement des années 30, cette coalition se présente comme le tremplin de Mélenchon (premier à prendre la parole le soir du premier tour), alors qu’elle n’est que le cheval de Troie du PS, c’est-à-dire de l’aile gauche du parti états-unien en France (l’aile droite étant incarnée par l’actuel LR-Canal historique).
Si le RN n’a pas la majorité absolue le 7 juillet, il ne pourra pas gouverner. Aussitôt, les socialistes, verts et pourquoi pas communistes, élus grâce à la bannière NFP et les électeurs enragés de LFI, pourront entrer dans la majorité d’union nationale, où s’encastreront les LR-Canal historique revenant au bercail, qui permettra à Macron, par l’UMPS ainsi ressuscité et élargi, de continuer de piller la France, de paupériser le peuple et de ruiner l’État pendant trois années supplémentaires.
Le Nouveau Front Populaire aura bien joué son rôle d’attrape-nigauds de gauche, au profit de Macron et du Système. C’est-à-dire au profit de ce que le capitalisme a produit de pire et, disons-le, de plus vicieux et dégueulasse, comme disait Godard. De son côte, LR-canal historique jouera son rôle d’attrape-nigauds de droite. Chapeau l’artiste…
Le patriotisme, rempart contre la corruption
Parce qu’il est patriote par nature, ce qui limite en principe, par nature également, les excès et par conséquent les désastres de la corruption (actuellement à un sommet historique), seul le RN permet d’espérer que notre malheureux pays sorte des griffes des États-Unis, de BlackRock, des Ploutocrates et des fous furieux de Davos.
Là encore, réalité factuelle dont les médias se gardent de faire des gorges chaudes, le programme officiel de Davos préconise et annonce le Grand Redémarrage, qu’on nommerait mieux le Grand Dépouillement (en anglais « Great Reset »).
Ce programme ténébreux, délirant et scandaleux, bafouant les Droits de l’Homme et du citoyen de 1789, est annoncé noir sur blanc dans un livre cyniquement publié en 2020, à la fin du premier confinement, par Klaus Schwab, alors gourou du Forum Economique Mondial de Davos, auquel est lié étroitement Macron.
Le « Grand Redémarrage » consiste à dépouiller de tous leurs biens les citoyens, pour les basculer dans une société de contrôle orwellienne. Slogan : « Vous ne posséderez plus rien et vous serez heureux. »
Cette opération vers le meilleur des mondes, commencée depuis des lustres, touche avec Macron à sa phase finale.
Le seul espoir de la contrer réside dans l’arrivée de Bardella à la tête du gouvernement.
Faute de mieux, à ce stade du double règne, qui ne voit que Macron ruine le pays en profondeur, et que ses complices et prédécesseurs politiques sont parfaitement identifiables ? Dans un monde normal, le reste devrait couler de source…
Hurlez comme Garrido ! (enfin un peu moins)
Dimanche soir, lorsqu’elle a été accusée par la députée RN Laure Lavalette d’être favorable au Hamas, Raquel Garrido s’est mise à hurler. Ses hurlements ont fait pleurer de rire les réseaux sociaux. Il y a de quoi, et matière à ironie, puisque la gauche a le droit de traiter le RN de raciste et de fasciste en permanence, mais cette même gauche pète un plomb quand on lui rend le centième de ses insanités…
Plus sérieusement, les représentants du RN seraient bien inspirés de réagir comme Garrido (en gueulant certes un peu moins) quand on les traîne dans la boue. Dimanche soir, sur les plateaux de télé, les représentant RN traitaient les procès en racisme le plus souvent par un silence méprisant, comme s’ils espéraient mettre ainsi en évidence l’énormité de ces élucubrations. Dans la même veine, Marine Le Pen, dans sa déclaration, si elle a fustigé l’antisémitisme de LFI, n’a rien dit du racisme ou du racialisme (ce qui est en réalité la même chose) dont le petit monde de Méluche est farci. Ces silences sont une erreur. Car c’est la clef des échecs ou des succès électoraux…
Ces silences sont d’autant plus malvenus que sur toutes ces questions, la ligne de Marine Le Pen est d’une clarté limpide depuis de nombreuses années, et même depuis toujours. Rien ne peut être reproché à la fille de Jean-Marie Le Pen sur le terrain du racisme ou de l’antisémitisme. Elle s’est d’ailleurs brouillée avec son père sur ce genre de question. Même clarté à l’égard de l’islam, que la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale a toujours distingué de l’islamisme, obscurantisme qu’elle tient pour l’ennemi de la France et des musulmans eux-mêmes. Cette distinction entre islam et islamisme différencie Marine Le Pen d’Éric Zemmour, avec qui elle a justement refusé de s’allier.
Cette clarté interdit de laisser dire ce qui relève du mensonge et de la calomnie. Laisser dire sans réagir, c’est laisser à penser qu’il y a peut-être un fond de vrai dans ces procès en sorcellerie. Et dans un pays comme la France, et c’est l’une des grandeurs de notre peuple, le racisme comme l’antisémitisme est électoralement fatal.
Faites vos jeux
Les programmes des trois blocs sont connus. Il n’est pratiquement plus nécessaire d’en parler.
Cette dernière semaine de campagne devrait consister pour le RN à pourfendre les mythes infamants que le Système s’ingénie à lui coller à la peau.
Avec la même constance, Marine Le Pen, Jordan Bardella et tous les ténors du parti devraient s’employer à dénoncer haut et fort le déferlement de calomnies dont la presse se rend coupable chaque jour depuis des semaines, des années, des lustres. Notamment France Inter, radio nationale, qui bafoue les temps de parole et se livre à une propagande caricaturale, avec de surcroît la complicité inadmissible de l’ARCOM, qu’on a connu plus tâtillonne. Ici encore se pose la question du respect des règles de la démocratie et, ipso facto, de la république. En l’occurrence, le pécheur n’est pas le RN, chacun l’aura remarqué…
La prise de conscience collective que le RN n’est ni raciste ni fasciste est la clef de l’élection. C’est pour cette raison que la manipulation politico-médiatique s’emploie à l’empêcher. Il serait impardonnable que le RN, en ne le martelant pas jusqu’à ce que cela soit entendu, ne mette pas tout en œuvre pour ouvrir les yeux des Français, et les libérer de ces calomnies qui semblent dirigées contre le RN mais se retournent, à la fin, contre les Français eux-mêmes, contre la démocratie, contre la République et bien sûr contre la France. Encore et toujours, les rôles étant inversés, le Système qui se pare des vertus de la République et de la démocratie étant en réalité leur ennemi mortel…
A défaut de voter pour, ne pas voter contre
Tribuns du RN, hurlez contre ceux qui vous traitent de racistes ou de fascistes, comme Garrido en peut-être un tout petit peu moins fort, mais pas moins fermement, suivant le conseil du poète : « Si tu peux être dur sans jamais être en rage ».
Dénoncer la manipulation médiatique et les calomnies, tout en rappelant que l’idée de race est politiquement étrangère à la France, tout comme les principes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité vont de pair avec elle : tels devraient être les axes essentiels, pour ainsi dire uniques, de cette dernière semaine de campagne. Pour ouvrir autant d’yeux qu’il se peut en aussi peu de jours. Sans oublier, bien sûr, de renvoyer la gauche à ses propres turpitudes, ses propres crasses, ses propres hypocrisies.
A défaut de ce travail, de cette opération coup de poing, de ce grand déballage en famille, il nous restera à espérer que ceux qui n’ont pas encore compris que le vrai danger ne réside pas dans le RN, à défaut de voter pour lui, s’abstiendront de voter contre lui.
Dans ce cas, le RN peut avoir la majorité absolue dimanche prochain.
Si Marine Le Pen et Jordan Bardella sont bien les patriotes qu’ils prétendent, la France alors pourra, au moins l’espace d’un instant, espérer être sauvée.
Alexandre Gerbi
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