Procès de l’affaire Jean-Michel et Brigitte Trogneux : les mensonges et les multiples omissions des médias

Procès de l’affaire Jean-Michel et Brigitte Trogneux : les mensonges et les multiples omissions des médias

Auteur(s). Romain, pour France-Soir Publié le 24 juin 2024 – 16:24

Emmanuel et Brigitte Macron. ALEX WONG / AFP

REVUE DE PRESSE – Le Figaro, l’AFP, Ouest France, Marianne, Le Parisien, 20 minutes, CNews, Le HuffPost, TV5Monde, le Nouvel Obs, Elle, … Au lendemain de la comparution de Natacha Rey et de Delphine Jégousse, les deux principaux protagonistes de la révélation de l’affaire Jean-Michel Trogneux, les médias mainstreams se penchent sur cette affaire… à leur façon.

Ce mercredi 19 juin, au tribunal judiciaire de Paris, la plaignante Brigitte Macron, Trogneux de son nom de jeune fille, constituée partie civile dans cette affaire, était absente et représentée par son avocat, Me Jean Ennochi. Son frère, Jean-Michel, partie civile, n’était pas non plus présent. L’épouse d’Emmanuel Macron citait en diffamation, la journaliste Natacha Rey et Delphine Jégousse pour avoir réalisé une vidéo diffusée sur internet sur plusieurs canaux. 

Dans cette interview, Natacha Rey, journaliste indépendante, rappelait la théorie selon laquelle Brigitte Macron, épouse du président de la République, serait en fait son frère Jean-Michel, usurpant par là même l’identité de sa sœur tout en ayant changé de sexe. 

Jeudi 20 juin, les médias mainstreams, pour quelques-uns seulement dans la salle, ont en grande partie reprit une dépêche de l’Agence France Presse (AFP), qui évoque une « infox » (information délibérément mensongère) en parlant de cette théorie, avant même que le tribunal n’ait rendu son verdict. 

Pour certains, cette affaire est une enquête judiciaire comme une autre, n’apportant pas de spéculation ou de catégorisation spécifique selon les intervenants. Dans cette catégorie, on retrouve TV5monde, le Figaro et Marianne

De l’autre côté, certains s’octroient plus de liberté avec les faits, en attendant la décision de justice, à l’image de 20 minutes se portant en juge de l’affaire, faisant le parallèle avec la « PizzaGate », affaire liée à Hillary Clinton aux États-Unis, et n’ayant aucun lien avec l’affaire Jean-Michel Trogneux. Pour le quotidien gratuit, cette affaire « agite la sphère complotiste », un terme bien avéré fourre-tout. 

Ouest-France et le Parisien semblent également avoir des informations que d’autres n’auraient pas, puisque selon ces quotidiens, les documents de Natacha Rey seraient une « fausse information » et, la communication de la plaignante de rapporter que cette théorie était jugée « complètement farfelue ». 

Le Huffington Post titre carrément : « cette fausse information au cœur d’un procès à Paris. » 

Contrairement à ces derniers, le Figaro et Marianne semblent respecter la neutralité journalistique et traiter objectivement la question. Il ne ressort de ces articles que la plainte pour diffamation, sans entrer dans les détails. En effet, la diffamation ne porte que sur les éléments de langage apportés lors de l’émission, et sur des attestations de naissance. Or sur les réseaux, beaucoup se demandent pourquoi la diffamation ne porterait pas sur l’accusation de mensonge à la population française quant à l’identité de Brigitte Macron. 

Diffamation ? L’omission déterminante des médias 

Ce qui n’apparait dans aucun média se trouve être le point clé de ce procès : la citation en « diffamation », mais pour quelle diffamation ? La partie civile ne porte pas plainte sur cette théorie selon laquelle Brigitte Macron serait à l’origine un homme, celle-ci porte en réalité sur les allégations de mesdames Rey et Jégousse qui auraient affirmé que les médias et les biographes « mentaient » en bidonnant l’histoire de la rencontre d’Emmanuel et Brigitte. À aucun moment, les accusées ne sont attaquées sur la théorie émise que cette dernière serait Jean-Michel. Ces femmes dénoncent également l’histoire officielle de la rencontre du couple dans sa version racontée par les amoureux eux-mêmes, dont Mme Rey doute de la véracité. Pourtant, encore une fois, la partie civile n’a pas souhaité étudier la question, savoir si Brigitte est en réalité son frère.

Depuis 2017, de nombreux articles et documents ont mis en avant une histoire du couple Macron.

On peut se demander pourquoi ce point n’est évoqué dans aucun média. Une question que partage l’avocate de Delphine Jégousse, Me Maud Marian, qui a répondu à nos questions par téléphone, à la suite de l’audience : « Si la partie civile gagne le 12 septembre prochain, les médias seront tentés d’écrire que le procès conclu que la théorie de Natacha Rey était fausse, alors que ce procès n’a porté que sur des spéculations de mensonges des médias à leur auditoire. Peu importe donc l’issue à cette date, personne ne saura ce qui advient réellement de cette théorie. Alors même que les propos de Tiphaine Auzière, une des filles de Mme Macron, affirmaient que la question de la transsexualité de sa mère serait tranchée. Et, c’est faux, puisque ce n’est pas la question juridique qui est mise en avant ». 

Les médias mainstreams oublient alors un point clé en ne définissant pas la diffamation en question, pire, cela engendre déjà dans la population une croyance selon laquelle le procès porterait sur des propos de Natacha Rey, concernant le genre de Brigitte Macron. 

Son avocat, maître Danglehant, a d’ailleurs demandé de recadrer le débat sur ce postulat, au travers d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). En effet, pour les avocats de la défense, cette affaire ne peut pas être jugée sur les spéculations liées aux conclusions du postulat de départ. Mais doit être jugée sur l’hypothèse initiale : « Le parquet a dit qu’il ne pouvait pas étudier la question, car la partie civile n’a pas choisi ce terrain-là », explique Me Maud Marian. 

Un autre propos omis dans le discours médiatique est que Maitre Danglehant s’étonne que la loi du 20 mars 2020 ne soit pas utilisée, car, rajoutée par le gouvernement Macron, trois ans après son élection, cette loi sur la liberté de la presse préconise que « sera punie des peines prévues la diffamation commise envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou identité de genre ». La défense ne comprend ainsi pas pourquoi la plainte ne concerne pas l’identité de genre de la Première dame. 

Également joint par téléphone, l’avocat des parties civiles, Me Jean Ennochi, était indisponible pour parler des faits au moment de la réalisation de cet article. Nous espérons avoir un retour sur cette question dans les prochaines heures. 

Seule protagoniste présente au tribunal, Delphine Jégousse, dit Amandine Roy, animatrice de la chaîne « Mediumnisation » qui avait accueilli le témoignage de Natacha Rey, s’est montré dépassée par les évènements. Affirmant qu’elle souhaitait que ce soit les médias mainstreams qui apportent la contradiction aux propos de son invité, au travers de travaux d’investigation, elle fait face aujourd’hui à l’enquête judiciaire.

Actes de naissance : le hors-piste hors sujet. 

20 minutes rapporte que Maître Ennochi a ainsi présenté en fin de soirée les actes de naissances de ses deux clients, Jean-Michel et Brigitte Trogneux, ainsi qu’un document qui comporte la date de mariage et de divorce de l’épouse du président. Pour l’avocat, ces documents sont infalsifiables « à moins que cela soit la CIA », affirmait-il ironiquement. Me Ennochi, a également apporté la carte d’électeur du frère de Brigitte Trogneux, expliquant que celui-ci aurait voté aux dernières élections européennes, ce mois-ci.

Un non-sens encore pour les avocats de la défense qui ne comprennent pas ce que viennent faire ici des éléments répondant à une « interprétation de l’affaire » : « Natacha Rey n’a jamais dit que Brigitte Macron aurait falsifié ses actes”, rapporte Me Maud Marian, “Ce qu’elle suggère est que Brigitte Macron aurait changé de sexe, ce qui lui aurait permis de faire changer son état civil ». L’avocate poursuit et évoque un autre point déterminant dont personne ne parle : au moment de l’émission réalisé en 2021, la mairie d’Amiens avait affirmé à Mme Rey, plusieurs fois, qu’il n’y avait pas de Jean-Michel Trogneux, né dans cette ville. On peut lire sur les deux lettres ci-dessous que la commune lui a renvoyé les 15 avril et 5 mai 2021 : « nous regrettons de ne pouvoir vous adresser votre extrait […] Cet acte n’étant pas en notre possession. »

Natacha Rey recevra finalement l’extrait près d’un an plus tard, mais entre-temps n’importe qui peut comprendre que cette information de la mairie ait contribué au doute qu’avait la journaliste indépendante sur le sujet. Pourtant, encore une fois, aucun média n’évoque cet élément documenté. 

Pourquoi le terme de transphobie chez les médias ? 

Enfin, il est à noter que certains journaux emploient toujours l’expression de « transphobe » en caractérisant les affirmations de Natacha Rey et Delphine Jégousse. Il semblerait que ces dernières pourraient à leur tour attaquer ces médias pour diffamation car à aucun moment ces personnes n’ont émis de jugement sur l’éventuelle transidentité de Brigitte Macron, comme nous le confirme Me Maud Marian après l’audience.

Ainsi, on compte dans cette catégorie, les quotidiens le Dauphiné Libéré et La Dépêche, ainsi que les magazines Elle et Gala. Pour le Dauphiné, c’est encore plus pernicieux car il fait le parallèle avec d’autres histoires sans aucun rapport avec le sujet de Brigitte Macron. Pour rappel, selon la défense, le problème ne serait pas que Brigitte Macron soit un homme ou une femme, mais que les médias auraient menti à la population en jouant sur l’image de couple d’Emmanuel Macron.

Un procès qui développe plus de questions que de réponses, et qui n’apportera aucune conclusion finale lors du verdict. Verdict qui arrivera à la rentrée prochaine. Malheureusement, on constate que, les médias mainstreams, non seulement ne s’engagent pas dans une investigation sur la théorie de Rey, mais omettent clairement certains éléments et jugent les faits avant les juges eux-mêmes.

Source : France Soir

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À propos de l'auteur Profession Gendarme

L'Association Professionnelle Gendarmerie (APG) a pour objet l’expression, l’information et la défense des droits et intérêts matériels et moraux des personnels militaires de la gendarmerie et de toutes les Forces de l'ordre.Éditeur : Ronald Guillaumont

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